Remerciements
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Il est d'usage qu'un auteur distingue, parmi tous ceux qui l'ont aidé dans sa tâche, la personne « sans le précieux concours de qui cet ouvrage n'aurait jamais vu le jour ». L'auteur d'Ishi pense que les honneurs de cette mention doivent revenir à Robert F. Heizer qui, par son refus total d'avoir quoi que ce soit à faire avec la composition et la rédaction de ce livre, en a permis la naissance.
Heizer, professeur d'anthropologie et directeur des services de recherches archéologiques de l'université de Californie, portait la responsabilité, héritée de ses aînés, de veiller à ce que la biographie d'Ishi fût écrite avant la dispersion des souvenirs et des documents. C'est à cette fin qu'il avait depuis longtemps commencé à réunir une abondance de sources qu'il a mises à ma disposition lorsque je me suis sentie prête à tenter cette biographie. Heizer eût très bien pu penser qu'après avoir réuni et classé ce précieux bric-à-brac il avait un droit de regard sur l'usage que j'allais en faire, et c'est dans cet esprit que j'ai commencé à travailler. Heizer s'en est rapidement aperçu : « C'est votre livre que vous devez écrire, pas le mien, m'a-t-il dit. Travaillez comme vous l'entendez, pour votre satisfaction à vous, pas pour la mienne. » Je me suis donc trouvée seule et libre pour réfléchir, rêver, tâtonner, et absorber à ma façon, qui est celle d'une amibe. Peu à peu, la matière a pris forme, et l'ordre est venu dessiner petit à petit des contours, en un processus que je trouve être en partie ardu et lucide, en partie végétatif et subconscient. Lorsque j'ai écrit le mot Fin, Heizer a bien voulu se charger de la lecture critique du manuscrit.
Ma gratitude va également aux spécialistes des services de recherche archéologique de l'université de Californie, particulièrement Albert Elsasser, qui m'ont guidée parmi les livres et les cartes, sans ménager leur temps ni leurs attentions.
Je reste confortablement et durablement endettée envers William Bascom, directeur du Muséum d'Anthropologie, qui a mis à ma disposition les archives du muséum. Pour le reste, [339] je me souviens avec gratitude que c'est James Down qui a confirmé la date si importante de l'apparition d'Ishi, telle qu'elle est donnée par le journal d'Oroville du 29 août 1911 ; que Mrs T.T. Waterman a fourni des photographies introuvables ; que Samuel Barrett continue ses recherches dans l'espoir de retrouver le film sur Ishi ; que Jan Seibert et Evelyn Lilge, en tapant le manuscrit, m'ont fait profiter de leurs précieuses critiques ; enfin, que Jessie Rousseau a jalousement monté la garde pour que je puisse travailler sans être dérangée.
Il me faut aussi remercier les Presses de l'Université de Californie, en particulier Glenn Gosling, éditeur en chef, dont les aimables remarques après lecture du manuscrit m'ont renvoyée me battre une fois de plus avec des données historiques réfractaires, me forçant à faire moi-même un travail que j'avais injustement laissé au lecteur. Lucie E.N. Dobbie, éditeur, a chaperonné mon livre à travers les Presses de l'Université. Ayant appris très tôt qu'elle s'intéressait beaucoup à Ishi et souhaitait que son histoire fût bien racontée, je n'en ai eu que plus de plaisir à travailler avec elle.
Quant aux amis d'Ishi, il semble superflu de les mentionner ici. Cette histoire est en quelque sorte la leur, et c'est à travers eux que nous connaissons Ishi.
Septembre 1960
Theodora Kroeber.
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