RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Elli Köngäs Maranda, “Les formes élémentaires de l’art folklorique (1978)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Madame Elli Köngäs Maranda, “Les formes élémentaires de l’art folklorique”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Claude Dupont, Mélanges en l’honneur de Luc Lacoursière. Folklore français d’Amérique, pp. 263-270. Montréal: Les Éditions Leméac, Inc., 1978, 485 pp. [Autorisation formelle accordée, le 6 juillet 2005, par M. Pierre Maranda de diffuser ses travaux ainsi que tous ceux de sa défunte épouse, Mme Elli Köngäs Maranda.]

Introduction

Quand on célèbre un grand savant, on oublie souvent une moitié de son oeuvre : l'enseignement. C'est la partie presque invisible de son travail ; elle n'entre pas dans sa bibliographie. L'enseignement n'est pas « publié ». Pourtant, c'est par sa pédagogie que le savant communique, qu'il change le monde autour de lui ; il établit sa discipline à travers ses disciples.

Le professeur Lacourcière a dirigé cent thèses ; nous n'avons pas les moyens de calculer combien d'étudiants ont suivi ses cours pendant quarante ans. Par un calcul sommaire - jeu d'esprit spéculatif - de quatre cours par année, de quarante étudiants par cours, on arriverait à 6400 « trimestres personnels ».

Ceci simplement pour dire que l'influence d'un savant qui, comme Luc Lacourcière l'a fait, établit une discipline et la symbolise pour son auditoire, est immense. Ceci montre aussi l'importance de la formation générale humaniste : nulle société ne pourrait supporter financièrement tous les spécialistes d'une discipline qu'un professeur industrieux pourrait former, mais toute société a besoin de l'élargissement de l'esprit suscité par une participation à l'examen de sa propre culture.

Le programme de folklore que Luc Lacourcière a fondé et établi à l'Université Laval est le plus ancien et le mieux connu et respecté en Amérique du Nord. Sous sa direction et son inspiration, les Archives - sa création - sont devenues un fonds riche de culture traditionnelle franco-américaine. Elles demeurent un modèle pour les archives nationales et régionales, pas seulement parmi les francophones, mais aussi pour les autres groupes linguistiques. L'influence vivante et continuelle de monsieur Lacourcière est attestée par le fait qu'à peu près tous les directeurs et fondateurs des archives francophones de folklore en Amérique du Nord sont ses anciens étudiants.

Le programme de folklore à Laval est divisé en deux grands secteurs : littérature orale et culture matérielle. Avec une clarté classique (« âme-corps »), la culture traditionnelle est étudiée dans ses aspects spirituels et matériels. Et ce qui émerge d'une telle étude est une vision unifiée de la culture : la culture comme totalité, ses porteurs comme personnes intégrées, dont l'aspect spirituel s'exprime par des moyens matériels aussi bien que par des moyens oraux.

Luc Lacourcière a toujours porté son intérêt à ces deux aspects. Ses quarante ans « de terrain » ont créé un fonds extraordinaire de données de ces deux types. Sa collection d'objets d'art et d'artisanat populaires, encastrée dans sa maison ancienne, elle-même une oeuvre d'art exceptionnelle ; ses collections de littérature orale dans les Archives, toutes les deux témoignent de son dévouement à l'esthétique de l'expression traditionnelle et d'un grand raffinement de goût. L'homme est en harmonie avec son monde ; la vie devient une unité du perçu et du pensé, l'homme est son oeuvre ; et son oeuvre est sa vie.

Toute culture est communication. Nos actes affectent le monde directement, mais ils expriment aussi notre vision du monde. Il en est de même dans les arts folkloriques. Avec un goût sûr, Luc Lacourcière a axé son travail sur les arts expressifs, dont le produit suprême, parmi les franco-américains, est le conte merveilleux.

Dans la division symétrique, utilisée dans le programme d'enseignement à Laval, la littérature et l'art populaire sont, tous les deux, comme des sommets de l'iceberg. Mon problème ici est d'en trouver des propriétés communes. Si tout art est communication, si toute communication exprime quelque chose, si la chose à exprimer, le message fondamental, est la vision du monde, si dans la société traditionnelle cette vision du monde est relativement harmonieuse, les deux codes principaux doivent être utilisés de façon réciproquement traduisible. Et s'ils sont traduisibles, on devrait pouvoir y découvrir des mécanismes, des principes de base parallèles. Ces principes peuvent être très généraux - autrement, pourquoi utiliser des codes différents pour un même message ?

Je parlerai ici des principes structuraux des deux codes, l'expression verbale de la littérature orale et l'expression spatiale de l'art populaire. J'en souligne quelques phénomènes, sans aller loin dans la documentation. Mais la réflexion nous montre que ces phénomènes sont tous présents autour de nous dans notre expérience quotidienne des œuvres folkloriques.


Retour au texte de l'auteur: Michel Seymour, philosophe, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le dimanche 19 février 2006 16:30
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref