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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Monique Gauvin et Lizette Jalbert, “Percées et déboires du Parti acadien (1986)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Monique Gauvin et Lizette Jalbert (1943-1992), “Percées et déboires du Parti acadien”. Texte d’une communication présentée à l'ACFAS en mai 1986. Revue parlementaire canadienne, vol. 10, no 3, 1987. [Au moment de la rédaction de cet article Monique Gauvin fut étudiante et Lizette Jalbert fut professeur au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal]. [Autorisation accordée par Mme Céline Saint-Pierre, le 18 décembre 2003].

Introduction

C'est dans le contexte de la montée des luttes à caractère socio-économique, linguistique et culturel, confrontant à la fois les effets du programme "Chances égales pour tous" du gouvernement Robichaud, les politiques de développement régional ainsi que la politique linguistique issue du Rapport Laurendeau-Dunton, que naîtra le Parti acadien dans la région du Nord-Est du Nouveau-Brunswick alors en pleine ébullition.
 

Un Comité des sept est formé en janvier 1971, composé de cinq professeurs et de deux fonctionnaires. Le comité propose la formation d'un parti et entreprend de justifier son projet par la rédaction d'un manifeste. Presque au même moment, en mai 1971, Lin groupe de dissidents ouvre un débat, lors de l'assemblée annuelle de la Société nationale des Acadiens, sur la nécessité de se doter d'un instrument politique qui représenterait réellement les intérêts des Acadiens. À la suite d'échanges avec le Comité des sept, ce groupe abandonne son option de création d'un mouvement et choisit de diriger ses efforts en vue de la publication de la revue l'Acayen qui commence à paraître en 1972. 

De son côté, le Comité des sept organise des réunions publiques qui donneront lieu, en février 1972, à l'élection d'un comité provisoire chargé de préparer un projet de constitution et de mettre en branle la mobilisation populaire en vue d'un congrès de fondation. Le premier manifeste du Parti acadien paraîtra en mai 1972 et, au mois de novembre suivant, se tiendra le congrès qui marquera officiellement l'acte de naissance du Parti acadien. Euclide Chiasson, professeur au Collège de Bathurst, y sera élu président. 

La naissance du Parti acadien est marquée au départ par le rejet de l'Union des provinces maritimes et des partis politiques traditionnels. Il aura comme objectif l'élection de députés capables de faire valoir les intérêts des Acadiens à Frédéricton. Le Parti acadien se voudra également un parti décentralisé, reposant sur des structures locales et régionales (les régions délimitées étant les régions à concentration acadienne du Nord-Est, du Sud-Est et du Nord-Ouest), le tout chapeauté par une structure provinciale comprenant l'assemblée générale des membres, un conseil et un exécutif. 

Or, la création d'un parti politique dont le projet est de représenter les Acadiens à l'échelle provinciale arrive au moment même où le mouvement national acadien, antérieurement para-maritime, se provincialise. Cette tendance prendra forme sous la poussée tant du gouvernement fédéral, qui insiste sur la nécessité d'associations culturelles provinciales pour l'acheminement de certains octrois aux minorités, que du mécontentement des membres de la SNA, en majorité néo-brunswickois qui, à leur tour, réclament "la création d'une association conçue spécialement pour les Acadiens du Nouveau-Brunswick". La SANB sera donc fondée officiellement en juin 1972. Pour les néonationalistes acadiens, il va sans dire, la création de la SANB représente l'espoir de déloger les élites traditionnelles au sein du mouvement national. Il n'en reste pas moins que le nouvel organisme sera de plus en plus sous la coupe du gouvernement fédéral qui assure la majeure partie de son financement. 

Nonobstant ces ambiguïtés, la fondation du Parti acadien et de la SANB symboliseront l'affirmation d'un nouveau leadership acadien. Certains parleront de l'émergence d'une nouvelle élite, d'autres de nouveaux intellectuels, d'autres enfin, d'une nouvelle petite bourgeoisie. Car, en effet, le signe distinctif de ces deux nouvelles institutions réside dans l'appartenance de la majorité de leurs membres à cette nouvelle classe issue des secteurs d'activité en expansion dans les domaines public et parapublic. Cependant, à côté de ces nouveaux activistes politiques, tant modérés que radicaux, subsiste la vieille garde dans "une version fragmentée de l'élite cléricale" dont l'influence, bien que réduite, n'en continue pas moins de s'exercer. Il faut aussi souligner la présence depuis les années 1950 du capital acadien qui, dans le cadre d'une participation dépendante à l'économie, cherche à négocier sa place au soleil et à remplir un certain rôle sur l'échiquier politique. Peu visibles au sein du Parti acadien et de la SANB, ces propriétaires de capitaux se sont regroupés depuis 1963 à l'intérieur du Conseil économique acadien. Ils restent, parmi les éléments de la société acadienne, ceux qui ont entretenu historiquement les liens les plus étroits avec les partis libéraux fédéral et provincial, en plus de s'être rapprochés sensiblement du Parti conservateur provincial au cours des années 1970. 

Ce portrait laisse prévoir des polarisations inévitables au sein du mouvement national acadien. Nous allons voir comment l'autonomisation politique d'une fraction de la nouvelle petite bourgeoisie acadienne introduira une dimension neuve dans le panorama de l'Acadie des années 1970.


Retour au texte de l'auteure: Lizette Jalbert, sociologue (1943-1992) Dernière mise à jour de cette page le vendredi 17 mars 2006 10:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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