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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les transitions démocratiques. Actes du colloque international de Port-au-Princ, Haïti. (1996)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Laënnec HURBON, Les transitions démocratiques. Actes du colloque international de Port-au-Princ, Haïti. Paris: Les Éditions Syros, 1996, 384 pp. Une édition numérique réalisée par Rency Inson MICHEL, bénévole, étudiant en sociologie à l'Université d'État d'Haïti. [Autorisation accordée par l'auteur le 20septembre 2016 de diffuser ce livre en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[9]

Les transitions démocratiques.
Actes du colloque international de Port-au-Prince, Haïti.


Introduction

Une grande solidarité internationale s’est manifestée en faveur du peuple haïtien depuis 1986, année de la chute de la dictature de Duvalier. Pendant les trois ans qu’a duré le coup d’État sanglant, les instances internationales, dont notamment l’OEA et l’ONU, ont sans désemparer tenu à faire échec au retour d’une dictature militaire en Haïti, et ont fini par s’entendre pour autoriser les États-Unis à s’engager dans une intervention armée pour le retour du président légitime à ses fonctions. Cet événement sans précédent dans l’histoire des relations internationales ne peut manquer de susciter des interrogations. Un débat public, international s’imposait pour approfondir le sens d’un tel événement, non seulement pour Haïti, mais aussi pour tous les pays qui connaissent, au cours de cette décennie, de nombreuses difficultés pour accéder à la démocratie.

En prenant le risque de donner à cette période de l’histoire politique l’appellation « transition démocratique » nous étions conscients de céder à un optimisme que les faits ne semblent guère renforcer. La plupart des intervenants du colloque n’ont pas ménagé leurs critiques à propos de l’emploi du concept de transition démocratique. Mais justement, c’est là pour nous le premier résultat positif des confrontations des différentes analyses de cette période de l’histoire que nous traversons. Nous voulions avant tout, conduire à penser les incertitudes, les difficultés et mêmes les apories de la démocratie que d’aucuns veulent faire passer pour un régime - celui déjà établi dans les pays occidentaux - qu’il suffirait d’appliquer à d’autres peuples encore enfermés dans des traditions despotiques dictatoriales ou totalitaires. Le colloque tenu à Port-au-Prince, en juillet dernier, a choisi de se réaliser sous le signe de l’interrogation. Car nulle part encore, aucun régime démocratique ne peut se prévaloir d’être instauré une fois pour toutes. Seules les dictatures savent toujours déjà, se targuent de disposer de certitudes et ne souffrent point de contradictions. En ce sens, cet ouvrage ne saurait avoir qu’une prétention : contribuer à maintenir tous ceux qui luttent pour la démocratie sur le fruit du questionnement radical. Une telle réflexion n’est possible que si l’on accepte de sortir de l’étroite vision nationaliste pour se hausser au niveau même de l’enjeu mondial que porte le processus démocratique dans un pays particulier.

[10]

Que ce colloque ait eu Haïti pour pays d’accueil, cela se comprend encore au moins pour deux raisons principales. La première est qu’Haïti a connu l’une des plus longues phases de transitions démocratiques (ou si l’on veut de fin de dictature), soit 1986-1995 ; la seconde est que ce pays, bien qu’ayant eu son indépendance politique au cours des années de la proclamation de l’universalité des droits de l’homme, n’a connu, pendant près de deux siècles, que des régimes despotiques et se situe au plus bas de l’échelle des pays sous-développés économiquement. Mais nous avons voulu donner à ce colloque la forme d’un débat qui dépasse le seul cadre d’Haïti et d’abord qui vise à inscrire le problème politique haïtien dans le cadre de la Caraïbe et de l’Amérique latine auquel une partie importante de l’ouvrage est consacrée. Inauguré conjointement par l’ex-président de la République d’Argentine, Raoul Alfonsin, et par le président Aristide, ce colloque tentait de rendre hommage à toues les victimes des longues dictatures militaires, car ce sont les cris de tous ceux qui ont combattu pour la liberté, qui ont souffert toutes sortes de tortures, que nous voulions encore entendre à travers les analyses savantes des transitions démocratiques. Là où la mémoire des crimes commis par les dictatures et leurs alliés est effacée, la démocratie peut de nouveau être facilement emportée comme un fétu de paille.

Nous avons également, dans la mesure du possible, étendu le questionnement sur la démocratie aux pays de l’Est et de l’Afrique noire. Les difficultés de communication et les délais que nous nous étions fixés pour la réalisation du colloque ont fait de cet événement en Haïti une gageure. Mais un débat intellectuel n’est jamais prématuré.

L’accueil fait au projet du colloque a dépassé toutes nos espérances. Plus d’une centaine d’intellectuels de pays différents ont répondu positivement à l’invitation. A Port-au-Prince, un milliers de participants - en majorité des étudiants et des éducateurs - se sont inscrits dans divers ateliers thématiques et ont confronté leurs opinions sur l’avenir de la démocratie en Haïti et dans le monde. Nous ne pouvons malheureusement rendre compte de toutes les interventions, de tous les débats auxquels ce colloque a donné lieu. Les contraintes de l’édition nous ont conduit à faire des coupures et à faire des choix entre certaines communications. La soif de comprendre, la curiosité intellectuelle à vif que les participants ont exprimée au cours du colloque est un encouragement à créer les conditions de poursuivre la réflexion.

Si des leçons doivent être tirées autour de cette expérience de confrontations intellectuelles sur des thèmes aussi divers que le rôle de la théologie de la libération dans les processus démocratiques en Amérique latine et en Haïti, les rapports entre éducation et démocratie, entre nationalisme et le [11] droit à l’ingérence, le néolibéralisme et la production des inégalités sociales, entre l’armée et les droits de l’homme, etc., il reste qu’un des problèmes fondamentaux apparus au cours de ce colloque réside dans le rôle des États face au nouvel ordre mondial, autant qu’aux nombreux défis internes à chaque pays et à chaque culture.

Ces confrontations ont été menées avec sérénité grâce à un effort de distanciation épistémologique qu’on découvre à travers les interventions philosophiques sous les fondements de la démocratie, sur les freins internes et externes aux transitions vers la démocratie, repérables dans des pays aussi différents que la Pologne, le Brésil, la Guinée-Bissau, l’Argentine, Haïti et la Caraïbe anglophone.

Le comité de réflexion sur les transitions démocratiques a donc résolu de continuer à explorer et à approfondir les questions relevant du champ de l’État, pour une appréhension des transformations du rôle de l’État face aux exigences des citoyens dans le nouveau contexte de la mondialisation.

Jacky Lumarque et Laënnec Hurbon

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Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 7 mai 2017 10:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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