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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le phénomène religieux dans la Caraïbe. Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti. (1989) (2000)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Laënnec HURBON, Le phénomène religieux dans la Caraïbe. Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti. Paris: Les Éditions Karthala, 2000, 365 pp. Édition originale, 1989 aux Éditions du CIDIHCA. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, retraitée, Chomedey, Ville Laval, Québec. [Autorisation accordée par l'auteur le 19 mai 2009 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[11]

Le phénomène religieux dans la Caraïbe.
Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti.

Présentation

Le Continent « Religion »
dans les Îles de la Caraïbe


Laënnec HURBON

L'accueil positif qui a été fait en Guadeloupe au thème de ce colloque - le phénomène religieux dans la Caraïbe - est déjà un signe des temps. Mais on comprendrait mal cette disponibilité à ouvrir le débat sur ce thème, si on la réduisait à la seule passion du religieux comme tel. Il se pourrait plutôt que la Caraïbe soit portée par la tentation d'entrer dans un face à face avec elle-même, et de sortir du régime de la Conquête sous lequel elle a pris naissance et a jusqu'ici évolué.

Ce colloque, réalisé grâce au concours du CNRS, du CEHILA (Comité d'Étude d'Histoire des Églises en Amérique Latine), de l'Institut d'Étude des Caraïbes de l'Université de Puerto-Rico, avec l'aimable collaboration du Centre d'Action Culturelle de la Guadeloupe, a pu réunir non seulement une trentaine de chercheurs venus d'horizons différents, mais aussi de nombreux éducateurs, des prêtres, des pasteurs, des enseignants qui, tous, ont manifesté un intérêt soutenu pour les thèmes abordés dans les conférences et les ateliers de discussion. Loin d'avoir donné lieu à une sorte de forum des religions ou à un débat qui porterait sur les opinions et les convictions, le colloque a ouvert la voie au dialogue nécessaire autour de ce qui constitue encore l'une des fondations les plus profondes mais aussi les plus secrètes de la vie culturelle dans la Caraïbe.

Les textes rassemblés ici n'ont aucune autre prétention que de rendre accessibles certaines recherches en cours sur les aspects peu connus du phénomène religieux dans la région, les traditions magico-religieuses de type africain ou hindouiste, sur les sectes et les nouveaux mouvements religieux, sur l'histoire immédiate du christianisme dans la tourmente des luttes sociales et politiques, enfin sur l'histoire de l'Église au XVIIe et au XVIIIe siècles, dans le contexte esclavagiste.

Ce recueil ne livre, en fait, qu'un faible aperçu de l'événement qu'a représenté ce colloque à Pointe-à-Pitre. Une bonne partie des communications n'a pu être encore publiée, en particulier celles qui portaient sur « le droit français devant les traditions religieuses antillaises », thème rarement abordé par les chercheurs et qui demeure cependant d'une importance cruciale, vu l'embarras exprimé souvent par les juges et les avocats, devant les cas de pratiques dites de magie ou de sorcellerie, et de sectes religieuses envahissantes pour de nombreuses familles. De même, [12] les films documentaires sur le christianisme et la peinture religieuse haïtienne, et sur le grand pèlerinage de Saut-d'eau en Haïti, qui attire les foules pratiquant à la fois le vodou et le catholicisme, ont été une contribution originale à la connaissance du phénomène religieux caraïbéen. Le manque de ressources financières ne nous a pas permis de présenter non plus les riches débats qui se sont déroulés après chaque conférence et surtout dans les ateliers que nous avons formés autour des thèmes comme histoire du catholicisme et du protestantisme, sectes et nouveaux mouvements religieux, traditions religieuses non-occidentales (musulmanes, indiennes-caraïbes, africaines, hindouistes).

Je dois cependant souligner qu'en dépit de la variété et de la richesse des champs d'investigation ouverts par ce colloque, l'objectif avait été non pas de produire un bilan des recherches - celles-ci sont encore peu abondantes et de toute façon peu ou mal connues -, mais de susciter un intérêt pour la recherche comme telle sur le phénomène religieux dans la Caraïbe. Je dirais même que le premier effet de ce colloque a été de nous pousser tous, chercheurs, enseignants, éducateurs, médecins, psychologues, psychiatres, avocats, artistes, à mesurer l'étendue de notre ignorance, car le phénomène religieux dans nos îles de la Caraïbe constitue un véritable continent dont l'exploration est encore à faire.

S'il y a en effet un lieu où se manifeste avec éclat la vitalité culturelle de la Caraïbe, mais aussi où se laisse surprendre le processus de transformation des mentalités et des structures sociales et politiques, c'est bien, semble-t-il, la religion, cette sphère délicate de notre existence individuelle et collective, ou plus clairement ce cœur du destin de chaque individu et de la société tout entière, dans la mesure où elle est censée nous offrir des repères symboliques sûrs, à partir desquels nous nous situons face au monde, à l'histoire et aux autres. Toute impasse sur le phénomène religieux serait une entrave à la compréhension en profondeur des structures familiales comme des problèmes relatifs à la névrose et à la psychose, à la définition du réel et de l'imaginaire, à l'organisation de l'espace et aux pratiques politiques dans lesquelles les repères symboliques dus à la religion ont un poids caché mais déterminant.

Religion, Conquête et Esclavage

Tout d'abord la question religieuse dans la Caraïbe apparaît inséparable de la période de la Conquête et de l'esclavage, dont il convient encore de scruter les effets dans la constitution même des sociétés caraïbéennes. Là où « la sortie de la religion », se [13] révèle une expérience de première importance pour l'entrée de l'Occident dans la démocratie, pour reprendre ici les hypothèses de Marcel Gauchet [1], il est clair que dans le cas de la Caraïbe, le débat religieux s'avère d'emblée un débat politique, puisque la religion s'y annonce comme force de civilisation qui, paradoxalement, porte sous ses ailes la Conquête et l'esclavage. Faudra-t-il confondre sortie de la religion et sortie de l'Occident, aussitôt qu'on tente de cerner la problématique politique caraïbéenne ? L'histoire des pratiques religieuses et surtout des mouvements religieux qui sont apparus dans la Caraïbe depuis cinq siècles devrait retenir l'attention de tous les chercheurs en sciences humaines, car en ce point précis, notre ignorance actuelle est inquiétante et dangereuse, puisqu'elle nous conduirait sur les pentes faciles des dichotomies tranchantes, naïves et aveugles à la complexité des situations vécues.

En revanche, les recherches sur le phénomène religieux - au moins sur l'histoire du catholicisme - sont beaucoup plus avancées en Amérique Latine et même en Afrique noire, pour des raisons, d'ailleurs, bien compréhensibles. Les contradictions sociales et politiques ont pris un caractère aigu et ont conduit à des interrogations nouvelles sur les fondements mêmes de ces sociétés, et en tout cas sur leurs rapports avec les grandes puissances occidentales. Les orientations adoptées par les Épiscopats latino-américains depuis Medellin en Colombie (1968) et Puebla au Mexique (1979) témoignent d'une crise en profondeur, que les pouvoirs politiques externes et internes ne parviennent point à colmater. Les connexions entre changement social et religion ont été placées au centre des réflexions. C'est qu'il s'est produit un décrochage du catholicisme par rapport aux appuis traditionnels qu'il offrait aux valeurs dominantes et aux structures de pouvoir économique et politique. Dans la Caraïbe francophone, le réexamen de la question religieuse n'est encore qu'à ses débuts, et sans doute rencontre-t-il déjà maints obstacles pour être conduit à terme, ne serait-ce tout d'abord que la diversité des situations correspondant à l'histoire propre de chacune des îles. Ainsi par exemple, la loi française de 1902, régissant la séparation entre l'Église et l'État, s'applique en Guadeloupe et en Martinique, alors qu'en Guyane un concordat est toujours en vigueur, comme en Haïti. De même le christianisme à beau apparaître comme la religion officielle, sinon dominante dans ces îles, des traditions religieuses non-occidentales, hindouistes, asiatiques, musulmanes, africaines conservent encore une empreinte très forte dans la vie quotidienne. En Haïti en particulier, la problématique du vodou, avec ses nombreux temples, ses centres de pèlerinage, sa mythologie vivante et ses [14] rituels variés ne cesse de s'imposer à l'attention de tous les observateurs. Mais nous n'en sommes même pas à tenter ou à proposer un diagnostic sur le phénomène religieux dans la région, encore moins à chercher les paramètres des transformations actuelles des pratiques et croyances religieuses. Seul un premier sondage sur l'ampleur du phénomène nous intéresse. Toutefois, je reste convaincu que le problème n'est pas tant de rassembler les informations empiriques - même si elles sont indispensables - que de penser les orientations possibles de la recherche. L'écriture d'une histoire du phénomène religieux dans la Caraïbe, entreprise à partir d'une perspective décentrée par rapport à l'Europe, engage nécessairement les Caraibéens dans une confrontation avec la culture occidentale. Plus ils prétendront s'en distancier, plus ils la rencontreront en eux-mêmes à travers le phénomène religieux, puisque c'est sous le signe de la conquête que la religion prend place dans la formation des sociétés et cultures de la Caraïbe.

Zones de conflits et enjeux stratégiques pour les puissances européennes (France, Angleterre, Espagne, Pays-Bas) du XVe au XVIIIe siècle, les Antilles-Guyane et Haïti semblent apparaître tout d'abord comme un espace qui naît sous l'holocauste de ses premiers occupants. Fin de la période de la conquête et ouverture de l'histoire de la région, ainsi serait-on tenté de comprendre le génocide indien dans la Caraïbe. À la vérité, le régime de la Conquête se poursuit bien au-delà du XVIe et du XVIIe siècle ; la traite des Noirs, l'esclavage, la colonisation comme le processus d'assimilation culturelle en sont encore les étapes. Non point que la conquête devienne interminable, mais elle ne se laisse vraiment cerner que si on s'attache à évaluer jusqu'à quel point son langage survit dans nos manières de lire et d'interpréter toute l'histoire de la Caraïbe. L'affrontement entre les sociétés européennes et les sociétés indiennes-Caraibes a beau se produire au profit d'une imposition de la définition de l'espace et du temps, du réel et de l'imaginaire européen, il reste que l'amnésie chez les vaincus n'a pu être totale. Car si l'on ne se contente pas des paramètres du politique et de l'économique, on peut découvrir en particulier dans le phénomène religieux une autre histoire de la Caraïbe, enfouie et emmêlée dans le régime de la conquête, mais susceptible de porter l'espoir d'une confrontation critique des Caraïbéens avec eux-mêmes.

Qu'il s'agisse de la destruction des temples et des cultes indiens appréhendés comme idolâtrie, qu'il s'agisse de la persécution des cultes africains diabolisés, l'imposition de l'espace-temps chrétien ne doit son succès qu'à une tâche de créativité et de réinterprétation continuelle menée souterrainement par les [15] « vaincus », de telle sorte que tout un nouvel univers culturel se reconstruit sans cesse à l'ombre, sinon parfois au cœur même des églises. Dans la mesure en effet où le christianisme a été le premier canal utilisé pour modifier les conceptions et les pratiques de la parenté, la langue, la vision du pouvoir, le système de pensée, le mode de perception de l'espace et les arts en général, il devient dans l'évolution culturelle de la Caraïbe, une donnée immédiate qui s'impose à tout observateur, mais dont l'hégémonie n'est assurée qu'à force d'être investie par les autres systèmes religieux même diabolisés. Les efforts entrepris depuis quelques décennies pour découvrir ou reconstruire une identité culturelle spécifique, et qui ont donné naissance à ce qu'on appelle négritude ou indigénisme, créolité ou antillanité, ont eu trop souvent tendance à simplifier la question religieuse, et, partant, se sont trouvés handicapés dans leur propre projet.

La sécularisation et ses contradictions

La véritable sortie hors du régime de la Conquête ne peut se confiner dans la seule dénonciation du rôle du christianisme dans le système génocidaire et esclavagiste - encore faudra-t-il d'ailleurs qu'il soit rigoureusement étudié - ni dans la reconstruction fantasmatique d'une pureté religieuse précoloniale et non-occidentale. Ce serait paradoxalement renforcer l'amnésie culturelle que recherchaient la Conquête et l'esclavage, et sans nul doute, passer à côté des lieux où ils demeurent encore opérants. En passant de la diabolisation des cultes indiens et africains à leur barbarisation ou infantilisation, le christianisme vient trôner dans l'imaginaire caraïbéen et nous offre, quoi que nous fassions, les modèles et les paradigmes à partir desquels nous jugeons notre propre culture. Le problème religieux réside précisément dans l'intériorisation du régime de la conquête, attestée par l'absence de critique d'un type de christianisme, le nôtre, qu'on réduit à sa fonction de passerelle vers la modernité, ou à sa fonction de simple support à un ordre colonial obsolescent. Cette perspective suppose acquise ou admise une fois pour toute la situation de « sécularisation », et tout autant la distinction entre le religieux et le politico-économique. Mais en même temps, on dirait qu'on assiste au report mécanique d'un débat qui se déroule en Europe autour de l'avenir possible du christianisme dans un monde soumis à la rationalité instrumentale et où toute interrogation sur le sens, les finalités et les valeurs est désormais mal venue. Or, tout semble au contraire se passer comme si ce débat concernait davantage les élites antillaises dominées par les Lumières, que les couches populaires dont [16] l'expérience religieuse est encore marquée par un héritage de pratiques et de croyances non-occidentales, alors même que le christianisme apparaît triomphant. Je ne prétends pas ainsi minimiser l'importance et la nécessité d'une réflexion critique sur le procès de sécularisation dans la Caraïbe ; mais il s'agit bien plus d'apprendre à reconnaître ses coordonnées réelles dans une histoire religieuse qui n'est point - tant s'en faut - le simple prolongement d'une histoire du christianisme occidental ou de l'Europe tout court. La sécularisation comme phénomène occidental se trouve aussi bien récusée que critiquée pratiquement à travers la revitalisation des religions traditionnelles non-occidentales ou de ce qu'on désigne souvent comme religion populaire, et à travers le développement récent de sectes et de nouveaux mouvements religieux. Les contradictions rencontrées par le christianisme (moderne) et par la sécularisation dans la région de la Caraïbe peuvent éventuellement apparaître bien plus aigüe qu'en Europe, pour au moins deux raisons : la première est que demeure non résolu le problème du statut des diverses pratiques et croyances non-chrétiennes qui informent encore la vie quotidienne ; la seconde est que l'insatisfaction par rapport à la modernité ou à la sécularisation est plus vive, dès lors que l'on se met à observer et à penser l'inégalité des rapports avec l'Occident. D'un côté l'individu subit, en effet, un déracinement, une déterritorialisation qui le voue à la dérive, qui fait de lui un individu post-moderne [2], constitué de flux et de réseaux de flux ; d'un autre côté l'individu choit dans une attache en réalité impossible au passé, c'est-à-dire à des traditions vécues comme la dernière planche de salut. Dans tous les cas, à partir du moment qu'on essaie de s'ouvrir à une recherche sur le phénomène religieux - en histoire, en sociologie ou en anthropologie - on se rend compte qu'elle appelle à un état d'urgence de la pensée critique dans la région. Les enjeux sont considérables. Risque d'un regain de fanatisme religieux capable de produire des conflits inter-ethniques insurmontables, ou alors - ce qui revient au même - risque de satanisation des pratiques religieuses de « l'autre », voilà ce qui attesterait encore une fois l'intériorisation du régime de la Conquête. Risque aussi de confusion entre le religieux et le politique, avec ses conséquences inévitables sur un système culturel qui cherche encore ses assises, et sur un système politique qui cherche encore son espace propre.

La théologie de la libération et la Caraïbe

Nous n'avons pas assez mis l'accent ici sur les questions soulevées par l'introduction de la théologie de la libération dans [17] la région. Les textes qui sont des témoignages de prêtres engagés dans cette direction et que nous publions dans cet ouvrage, nous renseignent suffisamment sur le faible écho que rencontre encore ce courant théologique dans les Antilles-Guyane, et sur son impact de plus en plus fort dans le contexte haïtien dominé par une longue dictature et la violation continuelle des droits de l'Homme. Mais dans les deux cas, le poids du christianisme au niveau social et politique peut rendre aveugle à la problématique culturelle et aux conflits d'identité. Certes, il est apparu à travers les discussions avec les représentants latino-américains (P. Oscar Beozzo, Brésil et Samuel Silva Gotay, Puerto Rico) participants à ce colloque qu'un malentendu planait sur la théologie de la libération appréhendée comme un courant qui tend de soi à réduire le religieux à un rôle politique et social. Or, cette critique ne saurait s'appliquer à toutes les productions si variées de la théologie de la libération, sinon elle correspondrait à une nouvelle tentative d'éviter de penser la rupture possible du christianisme avec les structures coloniales ou avec un État despotique comme celui d'Haïti. Par contre, cette rupture laisserait encore béante la question religieuse comme telle. Autrement dit, alors que la théologie de la libération est incontournable dans la Caraïbe comme d'ailleurs en Amérique Latine, il convient de rester attentif à la crise culturelle qui s'approfondit de jour en jour dans la région, notamment à travers les sectes et la revitalisation des systèmes magico-religieux traditionnels. Une approche critique et non réductrice du phénomène religieux est possible, mais elle requiert la vigilance constante contre tout fanatisme et contre les tentations du relativisme.

[18]


[1] Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde. Une histoire politique du religieux, Paris, Gallimard, 1985.

[2] Voir l'article suggestif de Paul Blanquart, « Le religieux : un nouvel enjeu stratégique » dans le collectif État des religions dans le monde, Paris, Ed. la découverte et le Cerf, 1987, p. 13-21.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 mai 2018 18:39
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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