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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Louis-N. Hudon, c. ss. r., MORALE EN NURSING. (1961)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Louis-N. Hudon, c. ss. r., MORALE EN NURSING. Chicoutimi : Louis-N. Hudon, c. ss. r.. Alma, Lac-St-Jean, Qc.: Les Éditions LIL, 1961, 162 pp. Une édition numérique réalisée par ma grande amie, Gemma Paquet, âgée de 84 ans, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi.

[13]

MORALE EN NURSING

Préface

Le Nursing en Médecine


Bribes d'histoire

L'humanité souffrante inspire tant de compassion que Jésus Lui-Même, "ému" en sa présence, "guérit beaucoup de malades, affligés de diverses infirmités", (1) * Sa condescendance, pour le patient, fut d'une telle sincérité qu'il voulut s'identifier à chaque malade, au point de déclarer solennellement : "J'étais malade et tu m'as visité" ! (2)

À la suite du Maître, une légion d'hommes et de femmes s'est levée pour donner aux malades des soins de plus en plus adéquats. Certes, la médecine existait bien avant le Christ, par exemple, chez les Egyptiens, les Grecs, etc.. L'Ancien Testament lui-même parle avec respect du "médecin" et du "pharmacien" : "Il arrivera, dit-il, que leurs mains ont du succès, car eux aussi prieront le Seigneur, afin qu'il leur accorde de procurer le repos et la guérison, pour prolonger la vie du malade". (3) De tout temps, également, on a vu des femmes se dépenser sans compter pour soigner leurs malades. "Dans toutes les familles, la mère a été l'infirmière née, écrit Folliet ; pendant très longtemps, presque l'unique infirmière". (4)

Charte du Christ

Cependant, l'histoire démontre que, avant le Christ, les malades incurables ou contagieux étaient tout simplement abandonnés à leur malheureux sort, et rejetés de la famille et de la société : tels les lépreux, les pestiférés, etc... Il a fallu le christianisme pour donner à la médecine SON RÔLE VÉRITABLE AU SERVICE DE L'HUMANITÉ SOUFFRANTE. "Les paroles si explicites du divin Maître ont été LA CHARTE de toutes les œuvres chrétiennes de miséricorde, soulignait S.S. Pie XII, et nous savons, par le récit des plus anciens historiens de l'Église, la générosité et la méthode avec lesquelles les chrétiens soignaient eux-mêmes tous les malades, parce qu'ils voyaient en eux les frères de Celui qui souffrit, pour nous, tous les tourments de la passion et de la croix. Eusèbe de Césarée parle d'une horrible peste qui, peu après l'an 250, fit des ravages en Afrique, et au cours de laquelle les chrétiens, prêtres et laïques, sans souci du danger pour leur propre vie, prenaient soin des malades, que les païens, par crainte de la contagion, écartaient loin d'eux et abandonnaient à leur sort, sans les ensevelir. Plus tard, quand l'Église put se développer et s'organiser librement, apparurent même les premiers hôpitaux. C'est ainsi que l'hôpital créé vers l'an 370, à Césarée, par le grand évêque saint Basile, était une ville entière, séparée du reste des habitations et où étaient soignées toutes les maladies, y compris la lèpre." (34)

Profession libérale

La médecine s'est donc développée dans le sens d'UN SERVICE. Peu à peu, [14] elle s'est perfectionnée au point de devenir une profession à part, nommée PROFESSION LIBÉRALE, surtout au sens du don de soi, au sens de service bénévole, à base de dévouement. Le mot "libérale", écrit si justement P. Tiberghien, professeur à la faculté de théologie de Lille, suggère deux notions très distinctes ; celle de "liberté" et celle de "libéralité". La profession médicale comporte les deux : surtout le deuxième sens. En réalité, la profession médicale est bien plus astreignante que beaucoup de professions commerciales. Très évidemment, elle exige plus de désintéressement de la part de ceux qui l'exercent que la profession commerciale ; et elle s'en distingue en ce qu'elle rend des services non négociables par nature, des SERVICES QU'ON NE VEND PAS, qui n'impliquent pas rémunération. Dans la profession médicale les services sont, par nature, gratuits. Il n'y a pas ici "donnant, donnant", comme dans le commerce. On ne peut donc, à l'égard de la vie humaine, se considérer comme marchand de soins. La profession médicale est un état voué à la charité, ou, si l'on veut, la charité devenue un état de vie. (5)

Auxiliaires du Médecin

De plus, l'art médical a pris une extension si considérable qu'il étend, de jour en jour, ses frontières. On n'est plus au temps de Molière, où la médecine se résumait en trois mots : "saignare, purgare, clysterium donare" (saigner, purger, donner des lavements). L'évolution fantastique de la chimie, de la biologie, et de la psychologie ont eu comme résultat de multiplier les tâches, au sein même de la médecine : médecins spécialisés, techniciens de tout genre, infirmiers, gardes-malades, pharmaciens, etc...; l'hôpital est devenu une "véritable usine de soins". (4) Autour du médecin gravitent, maintenant, une armée d'auxiliaires spécialisés qui facilitent son travail, tout en lui permettant d'étendre son champ d'action.

Parmi ces "Auxiliaires du Médecin", comme on les nomme en France, il est une catégorie particulière, à qui nous dédions spécialement ce manuel : celle des spécialistes en nursing, vouées aux soins professionnels du malade, sous la direction du médecin. Ce sont les INFIRMIÈRES, fondées au siècle dernier, et les GARDES-MALADES-AUXILIAIRES, d'institution récente. Aux premières reviennent les tâches qui nécessitent plus de connaissances scientifiques ; aux secondes reviennent plutôt les soins pratiques semi-scientifiques. Le Service du Nursing sied particulièrement bien au sexe féminin. Par son "intuition rapide et sûre", dit Folliet, la femme comprend le malade ; par son "instinct maternel, sa piété, son goût du dévouement", elle est disposée à lui rendre "des soins que les hommes ne donneraient pas sans répugnance, parce que la qualité de ses nerfs la rend plus résistante que l'homme devant la maladie ; enfin, parce que toutes les choses de la vie : la naissance, la maladie, la santé, la mort, l'intéressent particulièrement. Alors que l'homme se tourne vers l'abstraction ou vers la mécanique, la femme est chez elle dans le concret, dans le vital". (4)

Chefs de file

L'histoire est auréolée par une pléiade de ces femmes, toutes pétries de charité. Eh tête, brille la douce figure de LA VIERGE DE LA VISITATION prodiguant ses soins à sa cousine Élisabeth, lors de la naissance de saint Jean-Baptiste. Puis, au ciel de la Ville Éternelle, scintille Fabiola, donnée en exemple par S.S. Pie XII. Elle fonda le premier hôpital de Rome, "où elle recueillit et soigna les malades de toutes sortes et tous lieux, qu'elle avait l'habitude de porter elle-même sur ses épaules, et dont elle lavait les plaies purulentes, que d'autres avaient répugnance même à regarder". (94). Citons encore sainte Hildegarde qui, au XIIème siècle, fonda en Allemagne un groupe de gardes-malades ; sainte Élisabeth de Hongrie, au XIIIème s., que ses devoirs de reine n'empêchèrent pas de se donner aux malades, même atteints de lèpre. En France, au XVIIème s., sainte Louise-de-Marillac, Mademoiselle Legras, aide de saint Vincent de Paul. Chez nous, notons la duchesse d'Aiguillon fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Québec, et [15] Jeanne Mance à qui nous devons l'Hôtel-Dieu de Montréal. En Angleterre, figure, au siècle dernier, Florence Nightingale, créatrice de l'infirmière moderne, dont la formation technique et professionnelle offre au médecin une aide vraiment compétente. (6) À cet éventail de perles qui brillent au front du nursing, pourquoi ne pas ajouter l'exemple d'une infirmière suisse : Gertrude Schwing, qui, au cours du dernier quart de siècle, a orienté l'assistance psychiatrique vers la psychothérapie du maternage, (7)

Influence

Le Nursing place l'Infirmière et la Garde-Malade-Auxiliaire à la lisière qui sépare le malade et le médecin. C'est elle, en effet, qui note au dossier ses observations sur le malade, pour les transmettre au médecin ; c'est encore elle qui exécute les prescriptions médicales. Son rôle est donc extrêmement important, un rôle qui lui permet d'avoir une influence exceptionnelle sur le plan médical, le plan social et le plan moral.

SUR LE PLAN MÉDICAL, comme l'expose si bien Folliet, elle est la représentante ultime de la biologie et de la médecine auprès des malades. Elle a, avec eux, les rapports les plus constants et les plus décisifs. Le médecin établit le diagnostic, mais il l'établit souvent en collaboration avec elle, d'après ses observations et ses indications. Le médecin prescrit le traitement, mais c'est elle qui l'applique, non pas simplement en donnant au malade des pilules, ou en lui faisant des piqûres , mais "en prenant le malade à sa charge" et en faisant passer en lui sa force vitale. (4)

SUR LE PLAN SOCIAL, elle est, d'une certaine façon, l'éducatrice de la société. Elle l'éduque en lui apprenant l'hygiène et l'art de la guérison. Du malade, elle ne fait pas seulement un être guéri, mais quelqu'un qui, s'il suit ses leçons, saura conserver sa santé, par la suite. Et quand elle le rétablit, elle ne le rétablit pas tout seul, mais avec lui sa famille, et toutes les sociétés où il compte. Elle a donc un rôle social et éducateur de première importance, (4)

SUR LA PLAN MORAL, elle circule sur les avenues de l'âme. En voyant Jésus dans chaque malade, déclare S.S. Pie XII, elle "lui prodigue quelque chose de plus et de mieux que la simple assistance professionnelle : c'est-à-dire la chaleur de la charité surnaturelle, qui est le premier et le meilleur remède"(35) "Si l'on fait exception du ministère sacerdotal, qui entre en contact direct avec les âmes, aucune autre catégorie de personnes ne pénètre davantage dans l'intime de l'homme, en des moments critiques de sa vie, alors qu'il se trouve en face du problème de la souffrance".. (47) C'est pourquoi S.S. Pie XI disait que la garde-malade "ouvre la voie au prêtre qui apporte la grâce, par le moyen des sacrements. Elle devient sa précieuse auxiliaire, son précurseur". (8)

Mandat du Ciel

L'INFIRMIÈRE ET LA GARDE-MALADE-AUXILIAIRE, "par vocation divine ou par libre choix", REÇOIVENT DU CIEL UN MANDAT, un appel à "une vie hérissée de sacrifices pour le bien de l'humanité souffrante". C'est pourquoi nous leur disons, avec le Souverain Pontife : "Vous ne devez pas estimer votre œuvre moins qu'elle n'est appréciée par Dieu et la société humaine. Elle est noble et nécessaire, elle vise à procurer le bien du corps et celui de l'âme, et elle sert le temps et l'éternité : VÉRITABLE MINISTÈRE SACRÉ! Cette estime, sans nuire au sentiment chrétien de votre humilité, doit vous servir de stimulant et d'encouragement dans le dur travail, dans la patience inaltérable, dans l'exactitude scrupuleuse ; et quand il s'agit de malades de l'esprit, elle est un motif de générosité pour donner quelque chose de votre esprit au frère infortuné, afin qu'il renaisse à la vie. Que la blancheur, qui rayonne de vos vêtements et évoque aux yeux fatigués des malades des visions angéliques, soit le symbole et l'uniforme de votre vie intérieure surnaturelle, au point qu'elle fasse vraiment de vous DES ANGES AU SERVICE DES HOMMES". (35)

L'Auteur



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 20 avril 2017 9:37
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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