Je ne m'en cache pas, c'est d'abord parce que je suis assez fier de moi que j'ai écrit ces quelques pages. J'ai d'ailleurs la malice de soupçonner à peu près tous les raconteurs de ce genre de répondre à la même pulsion. Pourquoi pas ? Cependant, comme eux, j'ai aussi des excuses. Depuis plusieurs années, ma femme, mon inestimable Michèle, insiste pour que je laisse à mes jeunes enfants, Alexis et Olivier qui ont quinze ans et Miakim qui n'en a que six, des traces écrites d'un père qu'ils risquent de perdre un peu jeunes. Et il m'est bien difficile de refuser quoi que ce soit à une épouse et mère aussi accomplie. En outre, ces souvenirs et réflexions adouciront peut-être quelque peu l'image de ronchonneur que je me suis bien méritée, ronchonneur dont mes deux fils adolescents sont, sinon les seules, du moins les principales victimes. Quant à mes trois autres filles, Catherine, Natalie et Sophie, qui ont eu tout le temps de me connaître, elles découvriront peut-être aussi quelque morceau inconnu.

D'autre part, le cheminement social et scolaire un peu singulier que j'ai suivi a amusé quelques-uns de mes amis. L'un d'eux étant éditeur, j'ai été soumis à d'amicales pressions pour soigner un peu l'affaire et la publier. Je ne sais si cette incitation de Michel Bédard relève de sa sagesse habituelle, mais en tout cas, j'ai eu beaucoup de plaisir à fouiller ma mémoire et mettre en mots ces souvenirs et réflexions.

Ayant pris le parti d'être court, je n'en dirai pas plus pour me justifier. Pour la même raison, je ne répéterai pas ce qu'a rapporté Marcel Trudel de la vie et de l'esprit des collèges classiques et des universités canadiennes-françaises, du moins pour ce qui est commun à nos expériences, séparées par une dizaine d'années... et par trois cents kilomètres.