Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Denise Helly, “La légitimité en panne ? Immigration, sécurité, cohésion sociale, nativisme.” Un article publié dans la revue Cultures & Conflits, no 74, été 2009, pp. 11-62. Numéro intitulé: “Sécurité et protection des données”. Centre d’études sur les conflits. Paris, L’Harmattan. [EN LIGNE] Revues.org. Consulté le 26 avril 2010. [Autorisation accordée par Mme Helley le 25 avril 2010 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]
Introduction
En Europe et en Amérique du Nord, au fil des années 1990-2000, une double image des migrants internationaux se dessine dans les médias [1], les débats publics et les mesures gouvernementales. L’une, omniprésente, est négative. Elle décrit les migrants comme des éléments indésirables, haussant les coûts de l’État providence [2], amenuisant la cohésion sociale, accroissant la criminalité, menaçant les identités et cultures nationales, voire les valeurs de la modernité occidentale. Elle est accompagnée de décisions gouvernementales qui contredisent des principes en vigueur depuis les années 1960 : réduction des libertés fondamentales et des droits sociaux de migrants, militarisation de la surveillance des frontières et des flux migratoires, enfermement des migrants refoulés aux frontières, imposition de tests de conformité culturelle [12] aux futurs citoyens ou candidats à l’immigration. Autant de formes d’un traitement défavorable que les attentats terroristes islamistes de septembre 2001 ont aggravé.
L’autre imagerie, moins divulguée, est positive. Elle invoque l’utilité économique et démographique incontournable de l’immigration et elle donne lieu à des débats sur un thème nouveau où le Canada fait figure de proue, soit l’adoption de politiques d’immigration en Europe et de nouveaux programmes de travailleurs temporaires en Amérique du Nord [3].
[1] Jakubowicz A., « Media in Multicultural Nations », in Downing J. et al. (eds.), Questioning the Media : A critical introduction, Tousand Oaks, Sage Publications, 1995 ; Cottle S. (ed.), Ethnic Minorities and the Media : Changing Cultural Boundaries, Buckingham, Open University Press, 2000 ; Karim H., The Islamic Peril : Media and Global Violence, Montreal, Black Rose, 2000 ; Downing J., Radical Media : Rebellious Communication and Social Movements, Thousand Oaks, Sage Publications, 2001 ; Qureshi E., Sells M.A. (eds), The New Crusades. Constructing the Muslim Enemy, New York, Columbia University Press, 2003 ; Deltombe T., L’Islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, Paris, La Découverte, 2005 ; Geisser V., La Nouvelle Islamophobie, Paris, La Découverte, 2003 ; islamlaicite.org, la Ligue des droits de l’Homme, La Ligue de l’enseignement et la Commission française pour l’UNESCO, Islam, médias et opinions publiques : déconstruire le choc des civilisations, Paris, L’Harmattan, 2006 ; Unkelbach C., « Islamophobia & Media », Journal of Experimental Social Psychology, automne 2008 ; Fekete L., Integration, Islamophobia and Civil Rights in Europe, Londres, Institute of Race Relations, 2008.
[2] Aux États-Unis, selon l’inspecteur général de Social Security Administration, les contributions des travailleurs migrants illégaux furent de 520 billions de dollars de 1937 à 2003 (Nemeth R.Z., “The Case for Open Borders”, Telegram and Gazette, 6 avril 2008, reproduit dans : Sunday Telegraph, 6 avril 2008 ; Riley J.L., “Let Them”, Telegram and Gazette, 6 avril 2008, reproduit dans : Sunday Telegraph, 6 avril 2008).
[3] Il existe actuellement des programmes H-1B pour les travailleurs détenant 3 ans d’études universitaires (« bachelor’s degree »), des programmes H-2A pour les travailleurs agricoles et H-2B pour les autres travailleurs peu qualifiés.
Dernière mise à jour de cette page le dimanche 2 mai 20105:40
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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