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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Nong Zhu et Denise Helly, “L'inégalité, la pauvreté et l'intégration économique des immigrés au Canada.” Un article publié dans la revue Canadian Ethnic Studies, vol. 45, no 1, 2011, pp. 69-93. [Autorisation accordée par l'auteur le 13 mars 2013 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

[69]

Nong Zhu et Denise Helly

L'inégalité, la pauvreté
et l'intégration économique
des immigrés au Canada
.

Un article publié dans la revue Canadian Ethnic Studies, vol. 45, no 1, 2011, pp. 69-93.

Résumé / Abstract
Introduction
L'inégalité, la pauvreté et l'immigration
L'évolution de la distribution de revenu
La croissance du revenu des différents segments de la population
Déterminants du revenu
Conclusion
Références
Annexe. La courbe d’incidence de la croissance
Les auteurs



RÉSUMÉ

À l'aide des micro-données confidentielles des recensements, ce travail examine les facteurs de l'inégalité de revenu et de la pauvreté des immigrés au Canada des années 1990 à 2006. Les résultats montrent que les immigrés en provenance des pays en voie de développement ont été les plus atteints par les fluctuations économiques. Ils disposent en effet de revenus inférieurs à ceux des Canadiens de naissance et à ceux des immigrés venus d'autres pays et, en sus, le rendement de leur capital humain a diminué entre 1991 et 2006. L'importance des flux migratoires venant des pays en voie de développement a accru l'hétérogénéité sociale de la population immigrée, aggravant à la fois l'inégalité de revenu entre les immigrés du Sud et les autres immigrés, et parmi les premiers.

ABSTRACT

This paper is based on confidential data from some Censuses and examines the factors of inequality of earnings and of poverty relative to Canadian immigrants during the period of 1990 to 2006. The results of our analysis show that immigrants from developing countries have been the most harmed by economic fluctuations. They have less income than either native-born Canadians or immigrants from other countries ; in addition, the return on their human capital has diminished between 1991 and 2006. The importance of migratory flux from developing countries has increased the social heterogeneity of the immigrant population, and has aggravated the inequality of income within the group of immigrants from the South as well as between them and other immigrants.

*  *  *

Introduction

Depuis les années 1970 l'insertion des immigrés dans le marché du travail a connu des changements importants au Canada (Grant et Sweetman 2004) et depuis vingt ans on constate une détérioration de leur performance économique alors que le niveau de vie de la population en général n'a cessé d'augmenter. Diverses raisons de cette faible performance peuvent être avancées : (i) affaiblissement du secteur à forte intensité de main-d'oeuvre sous l'impact de la restructuration sectorielle générée par la mondialisation économique qui a réduit le nombre d'emplois manufacturiers occupés par les immigrés peu qualifiés, souvent parrainés ; (ii) exigence d'une plus haute scolarité pour les nouveaux postes de travail ; (iii) exigence d'une maîtrise [70] élevée du français ou de l'anglais dans les nouveaux emplois qualifiés ; (iv) hausse de la scolarité des natifs (le terme « natif » est employé dans cette note de recherche au sens de « Canadien de naissance », et non exclusivement de membre des Premiers Nations) et sélection économique plus sévère des nouveaux arrivants conduisant à une concurrence plus importante sur le marché du travail ; (v) difficulté ou refus des autorités, des corps de métier et des corporations d'estimer la valeur des qualifications acquises à l'étranger mais non garanties par un diplôme ; (vi) en dépit de la Loi d'Équité en emploi et de Embracing Change Initiative pour recruter des minorités visibles en 2000, faible absorption par la fonction publique fédérale d'une proportion significative de la main-d'oeuvre immigrante vu le pré-requis du bilinguisme pour nombre de postes ; (vii) augmentation du nombre d'immigrants en provenance des pays du Sud et discrimination ethnique et raciale dans l'emploi ; (viii) fluctuations économiques, dont deux périodes de récession, qui ont accru le taux de chômage.

Le fait que les immigrés, notamment ceux arrivés depuis les années 1980, connaissent des difficultés d'insertion économique et que, comparativement aux natifs, ils sont actuellement surreprésentés dans la catégorie des pauvres, pose un problème d'égalité des chances, soit, selon un rapport sur le développement dans le monde par la Banque Mondiale (The World Bank 2005), « l'idée selon laquelle ce qu'une personne accomplit durant son existence doit être fonction de ses capacités et de ses efforts plutôt que d'un contexte préétabli : race, sexe, milieu familial et social, pays d'origine, etc. » Pour étudier l'égalité des chances sur le marché du travail et dans la distribution du revenu, on examine les inégalités de ce dernier et la pauvreté. Mais, s'il existe une abondante littérature sur la performance économique des immigrés au Canada, les études sur les relations entre l'immigration et la distribution du revenu sont relativement rares et la plupart expliquent des différences de revenu moyen entre immigrés et natifs tout en considérant les immigrés comme un groupe homogène. Elles ne traitent pas explicitement de la distribution des revenus chez ces derniers et ne mettent pas en lumière la situation de ceux à faible revenu.

Depuis les années 1990, la plupart des nouveaux immigrants proviennent des pays en voie de développement. Ils se trouvent dans une situation défavorable sur le marché du travail et connaissent un taux d'emploi relativement faible et un bas revenu. De plus, bien que le niveau de revenu de certains immigrés atteigne le niveau moyen de revenu des travailleurs natifs après une longue durée de séjour au Canada, leur distribution occupationnelle reste très différente de celle de ces derniers et ils ont moins de chances d'occuper un emploi dans le secteur public (Pendakur 2000). Cela rend leur situation systématiquement différente de celle des natifs, tout en aggravant les inégalités sociales et la pauvreté qu'ils subissent.

En examinant depuis les années 1990 les facteurs de l'inégalité du revenu et de la pauvreté des immigrés, nous essayerons de répondre à des questions peu abordées par les études antérieures telles que : comment ces inégalités et la pauvreté ont-elles [71] évolué depuis les années 1990 ? L'augmentation du revenu moyen est-elle « pro-poor » ou « pro-rich », c.a.d. favorise-t-elle une hausse de celui-ci chez les pauvres et chez les riches ? ? Quels sont les facteurs de sa croissance différentielle éventuelle et du creusement tout aussi éventuel des inégalités ?

L'article suit le plan suivant. Nous revenons d'abord dans la section 2 sur la littérature concernant l'inégalité, la pauvreté et l'insertion économique des immigrés. Ensuite, dans la section 3 nous analysons l'évolution et la distribution des revenus, dans la section 4 l'évolution des inégalités de revenu résultant de la croissance du revenu des différents segments de la population et dans la section 5 les déterminants du revenu. La section 6 présente quelques conclusions.

L'inégalité, la pauvreté et l'immigration

35,7% des immigrés arrivés entre 1996-2001 détenaient un diplôme universitaire comparativement à 13,8% des natifs et 60% de ceux arrivés depuis 2000 détenaient un diplôme post-secondaire comparativement à 40% de l'ensemble des Canadiens. En dépit de ce haut niveau de scolarité et d'une sélection plus sévère en fonction du critère de la scolarité depuis 2002, le niveau de salaire de ces immigrés demeure insatisfaisant (Grant et Sweetman 2004) et leur taux de chômage élevé.

En 2006, le taux de chômage au Canada était de 5,5% et de 11% pour les immigrés arrivés entre 2001 et 2006, et parfois plus selon la région de provenance : Asie 11,0%, Amérique latine 10,5%, Europe 8,4%, Afrique 20,8% (Statistique Canada 2006a). Seul le taux de chômage des Philippins avoisinait celui des natifs. Ces immigrés parlaient anglais à leur arrivée, détenaient pour 80% d'entre eux un diplôme post-secondaire et disposaient d'un réseau communautaire d'aide établi de longue date. À l'opposé, les immigrés venus d'Afrique composaient de nouveaux courants migratoires, ne disposaient pas de réseau communautaire local d'aide et d'emploi et 20% étaient à leur arrivée des réfugiés (Helly 2009).

En 2006, le taux de chômage des immigrés arrivés de 1996 à 2001 était encore plus élevé : il se situait à 7,3% et celui des immigrés arrivés avant 1996 à 5,5% [1]. Selon des données de Statistique Canada (2006a), en 2000, les hommes immigrés obtenaient un salaire de 63,1 cents contre 1 $ pour les natifs de même niveau scolaire, alors que ce rapport était de 71,6 cents en 1980 pour les hommes arrivés cette année-là. De plus, les hommes immigrés depuis dix ans recevaient en moyenne 79,8 cents comparativement à 1$ pour les natifs détenant le même niveau de scolarité ; ce rapport était égal en 1980 (1$ pour tous ; Helly 2009).

Au Canada, les analyses des disparités de revenu entre immigrés et natifs ont une longue histoire et sont abondantes, remontant aux années 1960 quand J. Porter (1965) publia The Vertical Mosaic. Depuis, la plupart des recherches ont souligné les [72] différences de revenu entre immigrés en provenance de pays du Sud et natifs (Akbari 1992 ; Aydemir et Skuterud 2005 ; Baker et Benjamin 1997 ; Frenette et Morissette 2003 ; Hum et Simpson 2000 ; Li 2000a ; Pendakur et Pendakur 1998 ; Picot 2004 ; Reitz 2001 ; Swidinsky et Swidinsky 2002 ; Warman and Worswick 2004).

Toutefois, les études des relations entre immigration, inégalité et pauvreté sont rares comme Font noté Basavarajappa (2000) et Kazemipur et Halli (2000a). Pourtant, des travaux portant surtout sur les États-Unis montrent que l'immigration est un des facteurs d'inégalité et de pauvreté les plus importants (Barrett et al. 2002 ; Chapman et Bernstein 2003 ; Galloway et Aaberge 2005 ; Johannsson et Weiler 2005 ; McCall 2000 ; 2001 ; Reed 2001). Dans le cas canadien, selon Moore et Pacey (2003), la disparité des revenus s'est aggravée entre 1980-1995 en raison de l'entrée massive de nouveaux immigrés et de la récession économique. Une analyse comparative (Aydemir et Borjas 2007) montre quant à elle que l'entrée d'immigrés plus qualifiés que les natifs réduit l'inégalité de salaire au Canada.

D'autres travaux concernent plus précisément la pauvreté des immigrés. Selon Mills et Zandvakill (2004), la croissance des inégalités de revenu entre 1991 et 1997 tint plus à des inégalités internes aux sous-groupes (immigrés ou natifs) qu'à des inégalités entre ces deux sous-groupes. Selon Basavarajappa (2000) analysant la distribution des revenus chez les immigrés âgés de 55 ans et plus, ceux venus des pays du Sud disposaient de revenus moyens inférieurs à ceux des natifs et étaient victimes d'une distribution interne du revenu inéquitable. Kazemipur et Halli (2000a ; 2000b ; 2001a ; 2001b) ont vérifié la validité des théories classiques à propos de « la nouvelle pauvreté » de l'immigration et mis en évidence la variation importante de celle-ci au sein de la population immigrée et l'effet de divers facteurs (capital humain, origine ethnique, période d'immigration, âge à l'arrivée). D'autres études confirment cette augmentation significative de la pauvreté chez les nouveaux immigrés des pays du Sud (Ley et Smith 1997 ; Picot et Hou 2002 ; Picot et al. 2007). Enfin, Pendakur et Pendakur (2007) ont examiné « les plafonds invisibles » connus de natifs membres de minorités ethniques et montré que certains n'avaient pas accès à de bons emplois.

La littérature sur la performance économique des immigrés permet de distinguer deux courants principaux. Le premier présente les approches issues de l'économie néo-classique (Borjas 1994 ; Massey et al. 1994) selon lesquelles les travailleurs, natifs et immigrés, sont rémunérés selon leur capital humain et que le statut socio-économique inférieur de certains des seconds tient essentiellement à un faible niveau de ce capital. Es font en effet face à des désavantages associés à la barrière linguistique, à une non-équivalence des diplômes, à une « transférabilité » limitée des compétences acquises à l'étranger et à une connaissance insuffisante de la demande du marché du travail. Aussi développent-ils diverses stratégies pour surmonter ces difficultés et s'assurer un meilleur sort (Alba et Née 1997 ; Gordon 1964 ; [73] Grant 1999 ; Heisler 2000 ; Portes 1997 ; Zhou 1997). Le second groupe de théories (Feagin 1978 ; Farley et Allen 1986), suggère que les immigrés, particulièrement les membres des minorités visibles, subissent une discrimination systémique sur un marché du travail en fait non-concurrentiel dans les pays d'accueil. Cette discrimination peut être le fait des employeurs, des autres employés et des consommateurs (Becker 1971 ; Li 1999 ; Pendakur 2000). Vu cette situation parfois difficile sur le marché du travail salarié, les immigrés se concentrent souvent dans le secteur « périphérique » où prévalent faibles rémunérations et emplois précaires ou encore dans des secteurs ethniques où ils créent leurs propres emplois (Bonacich et Modell 1980 ; Helly et Ledoyen 1994 ; Li 2000b ; Metcalf et al. 1996 ; Portes et Jensey 1989).

Selon l'approche de l'assimilation, la différence de performance économique entre natifs et nouveaux immigrés sur le marché du travail pourrait être résorbée par un auto-ajustement de ces derniers au fur et à mesure de leur établissement. Cependant, la validité de cette proposition est mise en question par des études récentes (Gans 1992 ; Sanchez 1997 ; Zhou 1997). Premièrement, nombre de nouveaux immigrés venus des pays du Sud disposent d'une scolarité et d'une compétence professionnelle limitées et leur niveau de revenu moyen peut ne jamais atteindre celui des natifs (Kazemipur et Halli 2000a). Deuxièmement, les effets négatifs de l'inégalité des chances et de la pauvreté pourraient perdurer d'une génération à l'autre (Kazemipur et Halli 2001a) selon ce qui est dénommé les « trappes à inégalité » (The World Bank 2005) et les pauvres ne pas sortir de cet état. Troisièmement, la distribution des revenus peut être plus inégale chez les immigrés que chez les natifs. Aussi, même si l'écart de revenu moyen entre les deux se réduit, l'inégalité au sein de la population immigrée peut demeurer (McCall 2000 ; Mills et Zandvakill 2004). Quatrièmement, en raison de l'inégalité des chances créée par la segmentation du marché du travail, des discriminations et d'autres facteurs institutionnels, une partie des immigrés pourrait ne pas profiter de la hausse du revenu et prendre part à la prospérité économique. Des trappes à inégalités liées à ces divers facteurs, segmentation du marché du travail, discrimination, non-reconnaissance des diplômes et compétences des immigrés et méconnaissance linguistique de ceux-ci, persisteraient, les différences entre eux et les natifs ne seraient pas résorbées par la croissance économique et on devrait faire intervenir des mécanismes de redistribution : l'impôt, la prestation sociale, etc.

La présente étude vise à analyser les facteurs de l'inégalité de revenu et de la pauvreté des immigrés depuis les années 1990 dans le cas canadien. L'hypothèse principale est que le changement de composition ethnique et raciale de ces derniers combiné à un nouvel environnement économique a conduit à une nouvelle inégalité des chances sur le marché du travail et à des disparités de performance économique des immigrés, dont une partie ne peut s'extraire de la pauvreté.

[74]

L'évolution
de la distribution de revenu


La présente étude s'appuie sur les fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991, 1996, 2001 et 2006. Ces quatre bases de données reprennent des données fondées sur un échantillon d'environ 20% de la population recensée. Elles nous permettent d'étudier l'évolution de la distribution du revenu sur une période de 15 ans en effectuant des comparaisons dans le temps. Nous utilisons les fichiers des particuliers et l'échantillon est limité aux personnes âgées de 25 ans à 54 ans. Suivant la plupart des études antérieures, nous utilisons le revenu total avant l'impôt, une donnée disponible dans les quatre bases de données [2]. Les revenus rapportés concernent l'année précédant celle du recensement. Nous gardons seulement les revenus positifs et utilisons les indices des prix à la consommation par province pour calculer les revenus réels.

Le tableau 1 présente le changement de la distribution du revenu réel de 1991 à 2006. Nous divisons la population en six groupes selon le lieu de provenance : natifs du Canada, immigrés des États-Unis, d'Europe de l'Ouest, d'Europe de l'Est, d'Asie et en provenance des autres régions [3]. Nous comparons la distribution de revenu entre ces groupes durant les 3 périodes et nous analysons les différences entre eux au fil des années 1991-2006.

Le revenu moyen réel a diminué de 1991 à 1996, puis augmenté de 1996 à 2006 dans le cas des six groupes étudiés. Toutefois, des différences importantes apparaissent entre les groupes en question. D'abord, durant la période 1991-2006 le revenu moyen des immigrés originaires des États-Unis et d'Europe de l'Ouest demeure significativement supérieur à celui de la population totale, témoignant d'une situation favorable de ces derniers sur le marché du travail. Quant à celui des natifs, il évolue comme celui de l'ensemble de la population. Pour les autres groupes, la situation est autre. Si le revenu moyen des immigrés d'Europe de l'Est est proche de celui de la population totale en 1991, il diminue significativement par la suite. Quant aux des immigrés originaires des autres régions, en particulier ceux d'Asie, ils sont confrontés à la situation la plus défavorable. Ils disposent tout au long de la période du plus faible niveau de revenu et le taux de croissance de leur revenu moyen reste significativement inférieur à celui des natifs et des immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest.

La population semble se diviser en trois sous-groupes en matière d'évolution du revenu depuis 1990 : natifs, immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest et ceux en provenance d'autres pays. Le capital humain des immigrés des pays du Sud et d'Europe de l'Est semble être devenu moins rentable sur le marché du travail canadien et diverses raisons peuvent être avancées : méconnaissance linguistique, distance culturelle, qualité de l'éducation, nature de l'expérience de travail et différence de technologies dans les pays d'origine, discrimination.

[75]

TABLEAU 1.
Évolution de la distribution du revenu réel

1991

1996

2001

2006

Taux de variation entre 1991 et 2006 (%)

Moyenne du revenu (dollars canadiens)

Total

29407

28073

29782

36740

24,9

Natifs

29279

28404

30299

37969

29,7

Immigrés en provenance des États-Unis et d'Europe de l'Ouest

33022

31609

34209

42900

29,9

États-Unis

33265

31894

34836

43682

31,3

Europe de l'Ouest

32991

31566

34099

42738

29,5

Immigrés en provenance des autres régions

27222

23752

25218

29667

9,0

Europe de l'Est

29662

25621

27862

33214

12,0

Asie

26425

22921

24027

28186

6,7

Les autres régions

27184

24319

26340

31213

14,8

Incidence de la pauvreté (%)

Total

14,9

17,7

16,9

13,3

-10,7

Natifs

15,0

17,1

16,0

12,1

-19,3

Immigrés en provenance des Etats-Unis et d'Europe de l'Ouest

12,7

15,2

14,7

12,3

-3,1

États-Unis

15,7

17,8

17,4

14,6

-7,0

Europe de l'Ouest

12,3

14,8

14,3

11,8

-4,1

Immigrés en provenance des autres régions

16,5

22,6

22,5

19,1

15,8

Europe de l'Est

15,7

20,9

19,6

15,8

0,6

Asie

17,2

23,7

24,3

20,9

21,5

Les autres régions

15,8

21,4

20,1

16,6

5,1

Indice de Gini

Total

0,385

11,7

Natifs

0,381

10,8

Immigrés en provenance des Etats-Unis et d'Europe de l'Ouest

0,393

0,405

0,425

0,452

15,0

États-Unis

15,0

Europe de l'Ouest

14,2

Immigrés en provenance des autres régions

0,398

0,419

0,433

0,442

11,1

Europe de l'Est

5,7

Asie

11,4

Les autres régions

0,42

12,1

Source : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991, 1996, 2001 et 2006, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


[76]

Afin d'analyser l'évolution de la pauvreté, un seuil de revenu a été fixé qui divise la population étudiée en deux catégories : les pauvres et les autres. Le seuil de faible revenu (SFR) de Statistique Canada varie selon la taille du secteur de résidence et la taille de la famille et comprend 35 catégories (Statistique Canada 2006b). La présente étude nécessite un seuil unique de pauvreté, qui sert de référence pour comparer cette dernière entre diverses périodes et analyser l'évolution de la distribution du revenu. Afin de simplifier l'analyse, a été définie comme ligne de pauvreté la moyenne du revenu réel des répondants appartenant à un ménage dont le revenu total est inférieur au SFR, soit 9 236 dollars canadiens en 1990 [4]. Nous constatons que la pauvreté a augmenté de 1991 à 1996 pour tous les groupes, en particulier celui des immigrés d'Asie qui, en dépit d'une diminution significative de celle-ci au cours de la première moitié des années 2000, n'a pas rattrapé le niveau de 1990.

Concernant l'inégalité de revenu, l'indice de Gini a augmenté de 1991 à 2006, tant pour la population totale que pour chaque groupe. Les inégalités de revenu les plus importantes, saisies par les coefficients de Gini (qui croît avec le degré d'inégalité), sont apparues au sein des groupes immigrés des États-Unis et d'Asie et seul le groupe des natifs a connu un indice de Gini inférieur au niveau moyen de la population totale. Une relation importante apparaît entre immigration et inégalité.

La croissance du revenu
des différents segments de la population


Une variation de la distribution du revenu peut tenir à un changement de celui-ci dans certains groupes, par exemple une baisse du revenu des ménages riches, une hausse du revenu des ménages pauvres, ou encore à un changement général de tous les niveaux de revenu. La courbe d'incidence de la croissance (CIC) développée par Ravallion et Chen (2001) permet d'examiner l'évolution des inégalités de revenu suite à la croissance de celui-ci dans les différents segments de la population [5]. La construction de courbes CIC par tranche de revenu permet d'analyser les causes du changement de la distribution de celui-ci et d'identifier les segments de la population les plus touchées par ces fluctuations. En comparant les courbes CIC entre divers groupes à différentes périodes, on peut analyser les différences entre immigrés et natifs, saisir leur évolution à court et à long terme, préciser quels groupes ont le plus bénéficié de la hausse de revenu et évaluer la place de chacun dans la variation de l'inégalité.

Comme mentionné dans la section précédente, le revenu moyen des immigrés des régions en voie de développement, ou pays du Sud, demeure significativement inférieur à celui des natifs et des immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest, et la population étudiée peut être divisée en trois sous-groupes : (i) natifs, (ii) immigrés [77] des États-Unis et d'Europe de l'Ouest, (iii) autres immigrés, soit ceux provenant d'Europe de l'Est, d'Amérique centrale et du Sud, d'Afrique, d'Asie et des autres régions. La figure 1 présente les résultats des courbes CIC tracées pour ces trois sous-groupes pendant la période 1991-2006 et les figures 2,3 et 4 ceux pour les trois sous-périodes : 1991-1996,1996-2001 et 2001-2006.

Fig. 1. La courbe CIC (1991-2006)



Source : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de  1991 et 2006, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


Sur l'ensemble de la période 1991-2006, les courbes des natifs et des immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest se trouvent entièrement au-dessus de l'axe zéro (Figure 1), ce qui signifie que l'ensemble de la population de ces groupes a connu une augmentation de revenu réel. La courbe des immigrés du Sud reste, quant à elle, en dessous de l'axe zéro du 5e percentile jusqu'au 50e, ce qui implique une baisse de revenu réel des catégories pauvres et moyennes de ce groupe [6]. En sus, les immigrés du Sud ayant un niveau de revenu supérieur ont connu une augmentation de revenu réel plus faible que les natifs et les immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest. Et la courbe CIC est significativement croissante chez ceux en provenance des pays du Sud, ce qui implique une accentuation des inégalités de revenu réel entre 1991 et 2006.

Quand on tient compte des trois sous-périodes, 1991-1996,1996-2001 et 2001-2006, les constats sont les suivants. Au cours de la première période, les taux de croissance [78]  du revenu réel sont tous négatifs pour tous les percentiles et tous les groupes (Figure 2). Autrement dit, tous les répondants ont connu une diminution du revenu réel. Celle-ci a toutefois été plus importante pour les immigrés en provenance des régions autres que les États-Unis et l'Europe de l'Ouest et les plus pauvres (d'où l'augmentation de l'indice de Gini pendant cette sous-période - Tableau 1).

Pour la période 1996-2001, la situation est plus complexe (Figure 3). Pendant cette période, les natifs et les immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest ont connu pour la plupart une augmentation du revenu réel, en particulier les segments pauvres et les plus riches de cette population. Concernant les immigrés du Sud, les catégories moyennes et riches ont connu également une amélioration du revenu réel similaire à celle des deux autres groupes. Pourtant, les catégories les plus pauvres, à savoir le premier quart de la distribution, ont vu leur revenu réel se détériorer.

Fig. 2. La courbe CIC (1991-1996)



Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991 et 1996, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


En ce qui concerne la troisième sous-période 2001-2006 (Figure 4), elle se caractérise par une augmentation générale du revenu réel tant chez les natifs que chez les immigrés. Toutefois, la croissance n'est pas uniformément répartie, comme le montre la courbe en forme de U pour tous les groupes. Les personnes situées aux deux extrémités de la distribution - les plus pauvres et les plus riches - ont connu [79] une croissance du revenu plus importante, bien que dans l'ensemble, la hausse du revenu réel ait été plus faible pour les immigrés en provenance des pays en voie de développement.

Fig. 3. La courbe CIC (1996-2001)



Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1996 et 2001, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs


En résumé, le revenu réel a connu une baisse de 1991 à 1996, puis un redressement entre 1996 et 2006 et ce sont les immigrés du Sud qui ont été confrontés à la situation la plus défavorable, notamment les plus pauvres d'entre eux. En effet, s'ils ont connu une détérioration pendant la période de récession, puis une hausse de leur revenu avec le retour de la croissance économique, celle-ci a été plus lente que pour les autres groupes. Les segments les plus riches ont, par contre, été les moins touchés par la récession et ils ont bénéficié de la plus forte hausse du niveau de revenu pendant la période d'expansion économique. Les inégalités au sein des immigrés du Sud se sont accentuées au cours de la période (voir indice de Gini, Tableau 1).

Déterminants du revenu

Fig. 4. La courbe CIC (2001-2006)



Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 2001 et 2006, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


Nous pouvons tenter d'expliquer la situation défavorable des immigrés des pays en voie de (voir note 1) développement sur le marché du travail à l'aide de l'estimation  [80] des équations de revenu. Nous avons mentionné le fait que le capital humain des personnes originaires des nouvelles sources d'immigration (Europe de l'Est, Asie, Moyen Orient, Afrique, etc.) pourrait être moins transférable que celui des immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest. Aussi, faut-il porter une attention particulière aux différences de performance économique sur le marché du travail entre les trois groupes, d'autant plus que les immigrés du Sud forment un groupe hétérogène tant sous l'angle de la région d'origine que du statut migratoire, des compétences linguistiques, du secteur d'activité, de la situation familiale, etc. Aussi, examinons-nous l'impact de cette hétérogénéité sur leur niveau de vie, tel que saisi par les équations de revenu.

Nous appliquons deux modèles. Le premier est estimé pour les trois groupes (natifs, immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest, immigrés d'autres régions). Pour chaque groupe, le niveau du revenu réel est expliqué à partir des variables suivantes : sexe, âge, âge au carré [7], niveau d'éducation, connaissance des langues officielles, niveau de compétence [8], statut de travailleur, province de résidence, résidence dans une région métropolitaine de recensement. Le deuxième modèle est estimé pour les immigrés des autres régions et les variables sont celles du premier modèle auxquelles ont été adjointes celles du nombre d'années depuis l'immigration et la [81] région d'origine. Il vise à examiner l'impact de l'hétérogénéité individuelle des immigrés sur leur revenu.

Le tableau a. 1 de l'annexe présente les résultats du premier modèle pour 1991 et 2006. Le logarithme du revenu réel étant la variable dépendante, les coefficients peuvent s'interpréter comme une augmentation (une diminution si le coefficient est négatif) relative du revenu pour ceux qui possèdent la caractéristique illustrée par rapport au groupe de référence. Par exemple, un coefficient de 0,1 associé à une caractéristique donnée signifie que ceux qui ont cette caractéristique obtiennent un revenu supérieur de 10% par rapport à ceux qui ont celle du groupe de référence. Ces effets sont nets de l'effet sur le revenu des autres variables de la régression.

En comparaison avec les femmes, de façon générale les hommes améliorent leur revenu de travail surtout quand ils sont natifs ou originaires des États-Unis ou d'Europe de l'Ouest. Les coefficients du tableau a.l permettent de calculer la forme de la relation entre l'âge et le revenu. Elle est en forme de U inversé, c'est-à-dire que le revenu augmente avec l'âge, atteignant un maximum autour de 47-51 ans pour diminuer ensuite. Comme notre échantillon est limité aux personnes âgées de 25 à 54 ans, les courbes sont uniformément croissantes et non en U renversé : le revenu augmente avec l'âge pendant la période de vie active.

La figure 5 illustre l'effet du diplôme sur le revenu [9]. De façon générale, cet effet augmente avec le niveau d'éducation et est particulièrement important pour ceux détenant un diplôme en médecine. Il se manifeste aussi plus fortement chez les natifs et un peu moins fortement chez les immigrés originaires des États-Unis et des pays d'Europe de l'Ouest. Par contre, pour les immigrés des autres pays, le rendement de l'éducation est beaucoup plus faible, quel que soit le niveau du diplôme. De plus, il tend à demeurer constant avec le niveau d'études sauf pour ceux qui détiennent un diplôme en médecine ou un doctorat. En fait, une partie importante des immigrés du Sud (60,7%) ont obtenu leur diplôme de médecine au Canada, aux États-Unis ou en Europe, mais la non-reconnaissance de celui-ci lorsqu'il a été délivré dans des pays non occidentaux en réduit largement le rendement moyen pour les immigrés du Sud. Enfin, entre 1991 et 2006, la situation est restée presque inchangée pour les natifs et les immigrés des États-Unis et d'Europe de l'Ouest, alors que pour les immigrés des autres régions, le rendement de l'éducation a connu une détérioration significative.

La plupart des études mettent l'accent sur le fait que la connaissance de la langue officielle du pays d'immigration constitue un facteur important de l'insertion des immigrants sur le marché du travail (Chiswick et Miller 2001 ; 2003). De fait, nous observons que la maîtrise du français et/ou de l'anglais améliore significativement le revenu et que cet impact est particulièrement important pour les immigrés (voir le tableau a.l de l'annexe).

[82]

Fig. 5. Effet du diplôme sur le revenu



Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991 et 2006, Fichiers des particuliers, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


La figure 6 présente l'effet du niveau de compétence sur le revenu. Premièrement, lorsque nous contrôlons l'effet des autres variables du modèle de régression, y compris le niveau d'éducation, le rendement du niveau de compétence a augmenté entre 1991 et 2006 pour les catégories 0, A, B et C, ce qui signifie un élargissement de l'écart de revenu entre les travailleurs relativement qualifiés (Niveaux 0, A, B et C) et les non-qualifiés (Niveau D), et ceux qui n'ont pas travaillé. Deuxièmement, en 1991, l'effet du niveau de compétence était plus important pour les immigrés originaires des pays autres que pour ceux venus des États-Unis et d'Europe de l'Ouest. Cependant, la situation s'est renversée en 2006. Troisièmement, sur l'ensemble de la période, contrairement aux natifs ou aux immigrés des États-Unis ou d'Europe de l'Ouest, ceux des autres pays qui ont un emploi de niveau professionnel, gagnent plus que ceux qui en ont un de gestion.

Le statut de travailleur distingue les salariés des travailleurs autonomes (Tableau a.l). Les premiers gagnent plus que les seconds, notamment dans le cas des immigrés venus des pays du Sud. Cependant le rendement du travail autonome a significativement diminué de 1991 à 2006 pour les trois groupes.

Fig. 6. Effet du niveau de compétence sur le revenu



Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991, 1996 et 2006, Fichiers des particuliers, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.


L'estimation du modèle 2 porte uniquement sur ceux originaires des autres pays [83] (Tableau a.2). Comme constaté ci-dessus, le rendement de l'éducation a continuellement diminué pour ces immigrés de 1991 à 2006 en raison de non-reconnaissance de diplômes étrangers, de dualisme ou de segmentation du marché du travail, de discrimination, de déqualification et d'autres facteurs à préciser.

Un autre facteur du revenu à considérer est le lieu de résidence. Les immigrés qui résident à Terre-Neuve-et-Labrador, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, ont un niveau de revenu plus élevé. Mais ils représentent seulement 0,15% de la population immigrante canadienne. Sinon, ceux résidant en Ontario disposent du plus haut niveau de revenu durant les trois périodes. Entre 1991 et 2006, résider en Alberta apportait une augmentation significative de revenu. L'exploitation des combustibles fossiles ayant stimulé le développement économique de la province, la demande de main-d'œuvre a augmenté, ainsi que le niveau des salaires. Les résultats sont similaires pour le Manitoba et la Saskatchewan et on constate un élargissement de l'écart du revenu entre la province du Québec - catégorie de référence - et les autres provinces canadiennes.

Le fait de résider dans une région métropolitaine de recensement influe aussi sur le niveau de revenu des immigrés, bien que son effet se soit affaibli au cours du [84] temps. Quant au nombre d'années depuis l'immigration, c'est un facteur de croissance continue de leur revenu.

L'hétérogénéité de la population immigrante tient dans une grande mesure à sa composition ethnoculturelle. Aussi, faut-il introduire dans l'équation de revenu des variables muettes indiquant le lieu de naissance (Tableau a.2 de l'annexe). Les coefficients du tableau a.2 permettent de diviser les immigrés du Sud en deux groupes. Le premier se compose de ceux en provenance d'Europe de l'Est, d'Amérique centrale ou du Sud, d'Afrique (sauf le Maghreb), d'Inde, des Philippines et des autres régions. De 1991 à 2006, par rapport aux immigrés originaires d'Asie de l'Ouest (sauf Israël), ceux de ce premier groupe ont connu une augmentation de revenu. Le deuxième groupe inclut les immigrés en provenance de Chine, de Hong Kong, du Vietnam et des autres pays d'Asie de l'Est ou du Sud-Est. Ils ont connu une détérioration de revenu. Ce résultat témoigne d'un élargissement de l'écart de revenu entre le premier et le deuxième groupe, et celui de référence, à savoir ceux en provenance d'Asie de l'Ouest (sauf Israël) et du Maghreb.

Conclusion

Les inégalités de revenus et l'incidence de la pauvreté au sein d'une population constituent un objet d'analyse et un enjeu social et politique important. L'équité est un élément fondamental de poursuite de la prospérité à long terme. Dans la présente étude, l'attention principale a été donnée à l'étude des relations entre immigration, distribution du revenu et pauvreté au Canada depuis le début des années 1990. Nous examinons les exemples concrets qui attestent de l'inégalité des chances tant au sein de la population des immigrés qu'entre ceux-ci et natifs, et nous analysons certaines tentatives de quantification de l'inégalité des chances.

Nos résultats montrent que le revenu réel au Canada a connu une baisse générale, puis un redressement entre 1991 et 2006. Durant cette période, les immigrés en provenance des pays en voie de développement, en particulier les immigrés asiatiques, ont été les plus atteints par la fluctuation économique. Es ont enregistré une détérioration du niveau de revenu réel entre 1991 et 1996, plus accentuée dans le cas des plus pauvres, et ils ont aussi connu un rythme plus lent de la hausse de celui-ci pendant la période 1996-2006. Es sont dans l'ensemble caractérisés par un niveau de revenu inférieur à celui des autres groupes. Une explication possible de cette condition des immigrés originaires des régions en voie de développement est que, plus récemment arrivés sur le marché du travail, ils ne se voient octroyer que des postes subalternes, moins bien rémunérés pendant les périodes de forte expansion économique, et qu'ils font face pendant les périodes de récession à une instabilité d'emploi et de revenu plus importante que les natifs et les immigrés en [85] provenance des pays développés, et depuis plus longtemps sur le marché du travail. Une forme de segmentation du marché du travail, qui expose les récents arrivés à des emplois moins protégés et rémunérés, serait à l'œuvre.

Les immigrés du Sud connaissent une situation défavorable sur le marché du travail et un niveau de revenu relativement plus faible. Es ont vécu une aggravation notable de leur pauvreté pendant la période 1991-1996 et, en dépit d'une amélioration de leur revenu entre 1996 et 2006, leur niveau de pauvreté en 2006 est plus élevé qu'en 1991.

Le changement de revenu pendant la période 1991-2006 est dans l'ensemble « pro-rich ». Les classes pauvres ont été plus touchées par les fluctuations économiques. Elles ont subi une détérioration plus significative de revenu pendant la période de récession et une amélioration moins importante de celui-ci pendant la période de forte expansion économique, ce qui a aggravé non seulement les inégalités de revenu entre les divers groupes ethniques, mais aussi au sein de chaque groupe ethnique.

Les résultats de l'estimation des équations de revenu suggèrent deux principales conclusions. D'une part, le rendement de l'éducation est plus faible pour les immigrés originaires des pays en voie de développement que pour les natifs et les immigrés en provenance des pays développés ; d'autre part, il a significativement diminué pour les immigrés venus des pays en voie de développement de 1996 à 2006. Ces immigrés souffrent d'un déclassement de leur éducation. Cette situation élargit l'écart de revenu entre ce groupe et les autres groupes plus favorisés et en aggrave l'inégalité. Par ailleurs, cet écart entre les travailleurs relativement qualifiés et les non-qualifiés, et ainsi que ceux qui n'ont pas travaillé, s'est élargi pendant la période étudiée, ce qui constitue une autre source d'accentuation de l'inégalité de revenu. Enfin, l'entrée massive des immigrés en provenance d'Asie de l'Ouest et du Maghreb, de Chine et d'Asie de l'Est ou du Sud-Est, a transformé la composition ethnique et sociale de la population immigrante. Ces nouveaux immigrés se trouvent dans l'ensemble en bas de l'échelle de revenu et sont surreprésentés dans la catégorie des pauvres, aggravant non seulement l'inégalité de revenu entre les immigrés du Sud et les autres groupes plus favorisés, mais aussi celle entre eux.

Le vieillissement de la population et l'existence ponctuelle ou structurelle de pénuries de main-d'oeuvre sont des phénomènes qui concernent la quasi-totalité des pays développés. La politique d'immigration ne peut donc se départir d'une certaine logique concurrentielle s'agissant du capital humain. Cependant, si une politique d'immigration peut viser une sélection, une politique d'intégration doit s'adresser à tous indifféremment, ce que les résultats obtenus par cette étude ne permettent pas d'observer.

[86]

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[88]

ANNEXE

La courbe d'incidence de la croissance

La courbe d'incidence de la croissance (CIC) développée par Ravallion et Chen (2001) analyse ainsi l'impact de la croissance économique agrégée sur les différents percentiles de la distribution du revenu de la population en utilisant le taux de croissance du revenu aup' percentile et non jusqu'au pe percentile, le long de la distribution des revenus entre deux points t0 et t1 Le taux de croissance du revenu de la pe quantile est donné par :


[89]

TABLEAU A.l.

Estimation des équations de revenu

Variable dépendante : logarithme du revenu réel

Natifs

Immigrés
en provenance des États-Unis
et d'Europe
de l'Ouest

Immigrés
en provenance des autres régions

1991

2006

1991

2006

1991

2006

Homme

0,495***

0,363***

0,539***

0,429***

0,328***

0,234***

(459,63)

(358,76)

(157,35)

(94,67)

(97,40)

(95,15)

Âge

0,073***

0,086***

0,070***

0,090***

0,070***

0,069***

(112,77)

(143,41)

(34,16)

(29,72)

(34,38)

(45,39)

Âge au carré

-0,078***

-0,088***

-0,073***

-0,089***

-0,068***

-0,069***

(-93,88)

(-116,20)

(-28,39)

(-24,34)

(-26,27)

(-36,26)

Certificat, diplôme ou grade le plus haut (Référence : aucun)

Diplôme d'études secondaires

0,146***

0,143***

0,075***

0,065***

0,030***

-0,012***

(97,33)

(85,09)

(15,21)

(8,22)

(5,98)

(-2,71)

Diplôme inférieur au baccalauréat

0,189***

0,217***

0,124***

0,116***

0,094***

0,044***

(132,60)

(136,66)

(27,42)

(15,43)

(20,26)

(10,04)

Baccalauréat

0,320***

0,372***

0,234***

0,259***

0,142***

-0,006

(145,98)

(177,33)

(33,48)

(27,43)

(23,94)

(-1,32)

Diplôme supérieur au baccalauréat

0,391***

0,403***

0,308***

0,249***

0,141***

0,004

(89,47)

(103,70)

(23,75)

(16,11)

(12,03)

(0,51)

Diplôme en médecine

1,026***

1,177***

1,034***

1,155***

0,688***

0,391***

(127,37)

(159,07)

(48,64)

(42,50)

(42,51)

(34,28)

Maîtrise

0,400***

0,445***

0,323***

0,304***

0,180***

-0,039***

(106,06)

(137,64)

(33,05)

(25,29)

(20,89)

(-6,78)

Doctorat

0,489***

0,512***

0,507***

0,437***

0,339***

0,092***

(51,74)

(68,51)

(34,08)

(23,47)

(21,14)

(8,55)

Connaissance des langues officielles (Référence : aucune langue officielle)

Anglais

0,243***

0,084***

0,153***

0,034

0,267***

0,278***

(18,04)

(4,50)

(12,87)

(1,35)

(31,63)

(44,94)

Français

0,202***

0,062***

0,097***

-0,046

0,178***

0,283***

(14,86)

(3,28)

(5,96)

(-1,62)

(13,40)

(29,40)

Anglais et français

0,267***

0,108***

0,176***

0,059**

0,288***

0,359***

(19,68)

(5,76)

(13,78)

(2,32)

(27,88)

(47,29)

Niveau de compétence (Référence : n'ayant pas travaillé)

Niveau 0 : Gestion

0,555***

0,807***

0,624***

0,820***

0,579***

0,671***

(59,99)

(66,00)

(21,12)

(19,29)

(19,10)

(28,49)

Niveau A :
Professionnel

0,475***

0,687***

0,514***

0,678***

0,653***

0,781***

(51,31)

(56,23)

(17,34)

(15,94)

(21,52)

(33,28)

Niveau B : Technique

0,316***

0,462***

0,360***

0,432***

0,380***

0,377***

(34,56)

(38,11)

(12,30)

(10,26)

(12,66)

(16,19)

[90]

Niveau C :
Intermédiaire

0,131***

0,297***

0,164***

0,253***

0,210***

0,210***

(14,41)

(24,43)

(5,61)

(5,98)

(7,00)

(9,03)

Niveau D :
Élémentaire

-0,099***

0,003

0,021

0,017

0,022

-0,014

(-10,69)

(0,28)

(0,71)

(0,39)

(0,73)

(-0,62)

Statut du travailleur (Référence : autres)

Travail salarié

0,767***

0,713***

0,690***

0,805***

0,618***

0,735***

(85,49)

(59,33)

(24,10)

(19,43)

(20,86)

(31,94)

Travail autonome

0,512***

0,259***

0,424***

0,272***

0,453***

0,260***

(56,04)

(21,41)

(14,61)

(6,51)

(15,07)

(11,17)

Lieu de résidence (Référence : Québec)

île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Ecosse et Nouveau-Brunswick

-0,084***

-0,101***

-0,031**

-0,057***

0,025

0,064***

(-30,80)

(-38,66)

(-2,49)

(-3,80)

(1,21)

(3,85)

Ontario

0,087***

0,119***

0,179***

0,230***

0,195***

0,231***

(39,22)

(56,92)

(26,11)

(25,07)

(29,39)

(46,37)

Manitoba et Saskatchewan

-0,105***

-0,041***

-0,018*

0,034**

0,000

0,176***

(-37,38)

(-15,31)

(-1,70)

(2,35)

(0,04)

(20,46)

Alberta

-0,003

0,103***

0,065***

0,175***

0,045***

0,214***

(-1,26)

(41,50)

(7,52)

(15,63)

(5,47)

(34,38)

Colombie-Britannique

-0,002

-0,010***

0,064***

0,087***

0,117***

0,143***

(-0,62)

(-3,95)

(8,27)

(8,50)

(15,61)

(25,71)

Les autres régions

-0,034***

0,013***

0,225***

0,173***

0,318***

0,363***

(-9,88)

(3,91)

(13,93)

(7,18)

(13,62)

(14,59)

Région métropolitaine de recensement

0,139***

0,116***

0,178***

0,155***

0,052***

-0,024***

(112,84)

(95,72)

(34,28)

(22,40)

(5,33)

(-2,61)

Constante

6,678***

6,575***

6,700***

6,294***

6,679***

6,822***

(369,62)

(299,10)

(155,72)

(93,33)

(161,47)

(215,11)

R2

0,327

0,364

0,314

0,351

0,259

0.299

Nombre d'observations

1840739

2069139

193151

120141

211343

436005


Les tests de Student sont indiqués entre parenthèses. *** résultat significatif au seuil 0,01 ; ** résultat significatif au seuil 0,05 ; * résultat significatif au seuil 0,10.

Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991 et 2006, Fichiers des particuliers, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.

[91]

TABLEAU A.2.
Estimation des équations de revenu
(Immigrés en provenance des régions autres
que les États-Unis et l'Europe de l'Ouest)

Variable dépendante : logarithme du revenu réel

1991

1996

2006

Homme

0,350***

(106,32)

0,267***

(90,36)

0,248***

(103,73)

Âge

0,069***

(34,45)

0,075***

(40,84)

0,076***

(51,54)

Âge au carré

-0,077***

(-30,37)

-0,084***

(-35,98)

-0,088***

(-47,47)

Certificat, diplôme ou grade le plus haut (Référence : aucun)

Diplôme d'études secondaires

0,042***

(8,65)

0,021***

(4,62)

0,005

(1,15)

Diplôme inférieur au baccalauréat

0,105***

(22,76)

0,079***

(18,36)

0,069***

(16,18)

Baccalauréat

0,158***

(26,64)

0,143***

(27,13)

0,122***

(25,83)

Diplôme supérieur au baccalauréat

0,192***

(16,83)

0,148***

(14,83)

0,137***

(18,87)

Diplôme en médecine

0,744***

(47,13)

0,656***

(46,59)

0,526***

(47,35)

Maîtrise

0,252***

(29,76)

0,216***

(28,68)

0,162***

(27,65)

Doctorat

0,429***

(27,41)

0,375***

(26,79)

0,321***

(30,47)

Connaissance des langues officielles (Référence : aucune langue officielle)

Anglais

0,101***

(11,87)

0,083***

(11,24)

0,083***

(13,39)

Français

0,069***

(5,26)

0,071***

(6,04)

0,106***

(11,00)

Anglais et français

0,099***

(9,39)

0,089***

(9,58)

0,092***

(11,93)

Niveau de compétence (Référence : n'ayant pas travaillé)

Niveau 0 : Gestion

0,541***

(18,33)

0,421***

(18,94)

0,603***

(26,46)

Niveau A : Professionnel

0,589***

(19,95)

0,462***

(20,87)

0,699***

(30,78)

Niveau B : Technique

0,357***

(12,23)

0,209***

(9,59)

0,336***

(14,87)

Niveau C : Intermédiaire

0,208***

(7,11)

0,058***

(2,69)

0,186***

(8,27)

Niveau D : Élémentaire

0,062**

(2,10)

-0,114***

(-5,17)

0,003

(0,15)

Statut du travailleur (Référence : autres)

Travail salarié

0,574***

(19,91)

0,700***

(32,62)

0,691***

(31,01)

Travail autonome

0,408***

(13,97)

0,417***

(19,05)

0,225***

(9,97)

Lieu de résidence (Référence : Québec)

île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick

0,007

(0,34)

0,011

(0,58)

0,036**

(2,21)

Ontario

0,176***

(27,12)

0,185***

(31,44)

0,175***

(36,20)

Manitoba et Saskatchewan

-0,040***

(-4,02)

-0,025***

(-2,62)

0,085***

(10,13)

Alberta

0,014*

(1,71)

0,022***

(2,92)

0,151***

(24,98)

Colombie-Britannique

0,071***

(9,52)

0,068***

(10,28)

0,088***

(16,01)

Les autres régions

0,307***

(13,51)

0,308***

(14,47)

0,321***

(13,31)

Région métropolitaine de recensement

0,103***

(10,73)

0,035***

(3,65)

0,014

(1,60)

Nombre d'années depuis l'immigration

0,043***

(81,97)

0,054***

(71,89)

0,042***

(103,35)

Nombre d'années depuis l'immigration au carré

-0,001***

(-49,05)

-0,001***

(-47,05)

-0,001***

(-60,82)


[92]

TABLEAU A.2.

Estimation des équations de revenu
(Immigrés en provenance des régions autres
que les États-Unis et l'Europe de l'Ouest)

Variable dépendante : logarithme du revenu réel

1991

1996

2006

Lieu d'origine (Référence : Asie de l'Ouest (sauf Israël) et Maghreb

Europe de l'Est

0,073***

(10,03)

0,082***

(12,79)

0,151***

(32,59)

Amérique centrale ou du Sud

0,065***

(9,35)

0,060***

(10,00)

0,106***

(24,06)

Afrique

0,102***

(12,19)

0,099***

(13,81)

0,178***

(32,63)

Inde

0,102***

(12,51)

0,077***

(10,69)

0,133***

(26,83)

Chine continentale

0,052***

(5,69)

-0,005

(-0,68)

-0,038***

(-7,48)

Hong Kong

0,135***

(16,32)

0,056***

(8,03)

0,020***

(3,44)

Philippines

0,140***

(15,65)

0,116***

(15,48)

0,210***

(38,14)

Vietnam

0,122***

(13,21)

0,103***

(12,75)

0,043***

(6,63)

Asie de l'Est ou du Sud-Est

0,086***

(10,00)

0,061***

(8,35)

0,007

(1,29)

Les autres régions

0,110***

(9,61)

0,150***

(13,86)

0,177***

(18,67)

Constante

6,561***

(160,96)

6,013***

(157,15)

6,564***

(212,48)

R2

0,299

0,300

0,344

Nombre d'observations

211343

285735

436005

Les tests de Student sont indiqués entre parenthèses. *** résultat significatif au seuil 0,01 ; ** résultat significatif au seuil 0,05 ; * résultat significatif au seuil 0,10.

Sources : Fichiers de micro-données confidentielles des recensements de 1991, 1996 et 2006, Fichiers des particuliers, Statistique Canada, calculs et présentation des auteurs.

Lorsque p varie de 0 à 1, g(p) trace la courbe CIC. Par exemple, au 50e percentile, la figure donne le taux de croissance du revenu médian. Si l'inégalité ne change pas, g(p)=g pour tous les p, g est le taux de croissance du revenu moyen, et la courbe représente une droite horizontale. Si g(p) est une fonction décroissante (croissante), l'inégalité diminue (augmente) pendant la période étudiée selon toutes les mesures de l'inégalité. Si la courbe CIC se trouve au-dessus (dessous) de l'axe zéro, g(p)>0 (g(p)<0) pour tous les p, les quantités correspondants connaissent une augmentation (diminution) de revenu.


Les auteurs

NONG ZHU est professeur agrégé à 1TNRS Urbanisation, Culture et Société, titulaire d'un doctorat es Sciences économiques (CERDI, Université d'Auvergne, France, 2002). Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur les aspects suivants : les migrations, l'intégration économique des immigrants, la pauvreté, les inégalités et le développement rural.

DENISE HELLY a pour principaux intérêts de recherche les questions relatives aux minorités ethniques et nationales, les théories et pratiques de la citoyenneté, le [93] nationalisme, les politiques d'immigration et de pluralisme culturel, notamment les politiques canadiennes du Multiculturalisme et de recrutement de travailleurs temporaires migrants.



[1] La situation était aussi négative au Québec. En 2006, le taux de chômage y était de 6%, celui des immigrés arrivés avant 1996 de 9%, celui des immigrés arrivés de 1996 à 2001, de 13,4%, et de 18,7% pour les immigrés arrivés entre 2001 et 2006 (Afrique 27,1%, Amérique latine 15,4%, Asie 13,3%, Europe 13,2%).

[2] Il faut remarquer que les transferts gouvernementaux sont inclus dans le revenu total, mais les impôts ne sont pas pris en compte. Pour cette raison, l'inégalité calculée à partir de ce dernier risque d'être surestimée. Cependant, le revenu après impôt n'est disponible que dans le recensement de 2006. Le revenu total avant impôt est donc la seule variable qui permet d'analyser la croissance de revenu entre les années de recensement.

[3] Les autres régions incluent les pays d'Afrique, d'Amérique centrale et du Sud, des Caraïbes et des Bermudes, de l'Océanie.

[4] La présente analyse vise à examiner le changement de l'incidence de la pauvreté pendant les périodes étudiées. Le niveau du seuil de pauvreté utilisé n'affecte que le ratio de celle-ci, elle ne modifie pas la tendance du changement de la pauvreté, ni les résultats obtenus. En déplaçant le seuil de pauvreté vers le haut ou vers le bas, le changement est proportionnel pour tous les groupes étudiés.

[5] Les détails de la CIC sont présentés dans l'annexe.

[6] Comme les valeurs extrêmes de revenu pourraient conduire à des formes irrégulières de la courbe CIC aux deux extrémités, nous ignorons souvent les cas des premiers et des derniers percentiles.

[7] L'âge au carré est inséré dans le modèle de régression pour tenir compte de l'effet non linéaire de l'âge sur le revenu.

[8] La classification nationale des professions distingue cinq niveaux de compétence indiqués par les lettres A, B, C et D et le chiffre 0 : 0 correspond au niveau de compétence des travailleurs occupant des postes de gestion ; A (niveau professionnel) à celui des travailleurs occupants des postes exigeant généralement une formation universitaire ; B (niveau technique) à celui des travailleurs occupants des postes exigeant une formation collégiale ou un programme d'apprentissage ; C (niveau intermédiaire) à celui des travailleurs occupant un poste exigeant une formation de niveau secondaire ou une formation spécifique à la profession ; et, finalement, D (niveau élémentaire) à celui des travailleurs occupant un poste exigeant une formation en cours d'emploi.

[9] Les résultats complets sont présentés dans les tableaux a.l et a.2 de l'annexe.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 27 octobre 2014 8:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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