Préface
par :
Maître Bernard MICHEL, Avocat à METZ, Président du Groupe d’étude
Durant dix-huit mois, venus de diverses villes de France, nous nous sommes rencontrés et nous avons participé à cette étude.
Éloignés par l'espace, nous l'étions également par nos savoirs, nos connaissances, nos expériences, peut-être aussi par nos préjugés.
Certains avaient beaucoup à dire, d'autres à écouter : je pense avoir été de ceux-là. Tous les membres du groupe s'étaient trouvés ou se trouvent encore, dans leur vie professionnelle, participant à l'enquête sociale, soit pour la décider, soit pour l'effectuer.
Mon métier ne me fait pas participer à l'enquête sociale : il me fait l'utiliser : ni architecte, ni maçon, mais usager. Plus attentif peut-être aux conclusions qu'à la démarche, aux superstructures qu'aux fondations.
Fallait-il un huron ou un persan pour présider ce groupe ? Sans lui les réflexions, les confrontations, les propositions du groupe auraient été identiques. Il n'est pas impossible qu'avec un tel président, par contre les divers membres du groupe aient pu trouver une plus grande liberté pour exprimer leurs réflexions et leurs préoccupations.
Modeste "utilisateur" de 1'enquête sociale, parfois plus candide que critique, parfois plus malveillant qu'objectif (selon que celui que j'avais à défendre était plus ou moins bien traité dans l'enquête), ce groupe m'a beaucoup appris.
Il m'a donné la chance de pouvoir me poser d'autres questions, de trouver des critiques différentes et d'admettre des orientations nouvelles.
Nos réunions ont permis de mesurer combien sont différentes parfois les perspectives entre ceux qui décident de l’enquête et ceux qui l'exécutent. Cette étude démontre que la confrontation ne fut ni vaine ni stérile.
D'emblée le groupe est allé à l'essentiel : la légitimité, la nécessité et la finalité de l'enquête sociale.
Dans "l'Enfant et la Raison d'État", Philippe MEYER écrivait :“Dans son œuvre de gestion de la société de production et de diffusion d’un savoir-vivre unique, laïc et obligatoire, l’État procède en jardinier. Dans la profusion des modes de vie, il ne cesse de tailler, d’arracher, de planter, d’écimer, d’élaguer, de greffer, de bouturer, de boiser, de dépeupler, d’enclore, de soigner, de repiquer, de dévaster, d’herboriser, de cultiver, de disposer, de distinguer le vivrier de l’ornemental.”
L'enquête sociale pourrait-elle être, avoir été, ou devenir "un instrument de jardinage" privilégié ? Cette étude témoigne que la réflexion du groupe n'a pas écarté cette éventualité, ni les moyens d'y remédier.
Par ses réflexions, mais plus encore par l'étude menée par Monsieur Robert ALLEE, le groupe a pu également éliminer de l'enquête sociale beaucoup de faux problèmes et aboutir à une approche sinon plus simple, du moins plus exacte de l’enquête.
Nos réunions ont aussi mis en évidence un certain nombre de lacunes, de carences, voire de déviations qui atteignent une institution qui aura bientôt quarante ans.
Cette étude est sans doute plus généreuse en questions posées pour le présent qu'en propositions précises pour 1'avenir. Mais les questions qui ont été posées au niveau de la connaissance, de la communication, de la disposition et de l'assistance, sont les questions qui devaient être posées.
C'est la réponse à ces questions qui permettra d’éviter à l’enquête sociale de disparaître au profit de moyens d'investigation peut-être plus efficaces, mais sûrement plus arbitraires et moins contrôlables.
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