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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Pierre Hamel et Claire Poitras, “Modernité et post-modernité: la contribution des études urbaines”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Yves Boisvert, Post-modernité et sciences humaines. Une notion pour comprendre notre temps, pp. 69-88. Montréal: Les Éditions Liber, 1998, 195 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 5 juin 2008 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Pierre HAMEL et Claire Poitras 

Modernité et post-modernité:
la contribution des études urbaines
”. 

Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Yves Boisvert, Post-modernité et sciences humaines. Une notion pour comprendre notre temps, pp. 69-88. Montréal: Les Éditions Liber, 1998, 195 pp. 

Introduction
 
Postmodernisme et nouvelles formes urbaines
Les lectures de la ville postmoderne
Apports et limites du postmodernisme

INTRODUCTION

 

Des images de la ville dans le film Nouvelle vague de Jean-Luc Godard aux assemblages que l'on retrouve sur le réseau Internet en passant par les édifices de Philip Johnson ou de Michael Graves dans plusieurs centres et périphéries des agglomérations étasuniennes, nos représentations de la ville et de l'urbain ont changé. Bien qu'à plusieurs égards la ville postmoderne demeure une fiction - les traces et les modes d'organisation de la ville moderne constituant encore pour la majorité des citadins le décor à l'intérieur duquel ils vivent quotidiennement - il n'en reste pas moins que nos milieux de vie sont de plus en plus bouleversés par ce que d'aucuns qualifient d'urbanisme postmoderne [1]. 

À l'instar de la majorité des chercheurs dans le domaine des études urbaines, ceux qui font appel aux catégories d'analyse typiques du postmodernisme ne souscrivent pas forcément aux valeurs souvent associées à ce courant en sciences sociales et humaines, à savoir un relativisme moral et l'enthousiasme pour les vertus libératrices du marché. Sur le plan empirique, les transformations récentes du cadre bâti dans toutes les grandes agglomérations sont le reflet d'une fragmentation accrue du social. Dès lors, il y a des faits que nous ne pouvons plus ignorer. Ainsi, le développement urbain ne se fait plus de manière concentrique [2]. La centralité, qui passe encore par l'ancrage spatial, obéit de plus en plus à une logique réticulée [3]. Enfin, à l'ère de la mondialisation, alors que la standardisation atteint des sommets, nous n'avons jamais accordé autant d'attention au local et au vernaculaire. 

Ces éléments, qui ont été décrits et soumis à de multiples interprétations au cours des quinze dernières années, nous conduisent à nous interroger sur ce qu'il faut en retenir. Qu'est-ce que ces interprétations apportent à notre compréhension des enjeux urbains actuels ? En quoi les interrogations qu'elles soulèvent se distinguent-elles des questions que posaient les premiers sociologues allemands (Simmel, Tönnies et Weber) au tournant du siècle sur la métropole moderne ? 

Tout comme dans l'ensemble des sciences sociales, dans le champ des études urbaines également, le postmodernisme a renouvelé les thèmes et les problématiques de recherche. Ainsi, on a remis en question la capacité des modèles d'analyse structuralistes et marxistes à rendre compte des transformations récentes des paysages urbains : éclatement de la centralité, fragmentation de la forme urbaine, privatisation accrue des espaces publics, différenciation sociale de plus en plus forte en termes de ségrégation sociospatiale, etc. 

De manière plus générale, c'est la portée explicative des paradigmes structuraliste et marxiste qui a été réévaluée. Dans quelle mesure les transformations observées dans l'organisation et la production de l'espace, provoquées, entre autres, Par l'épuisement du fordisme comme modèle de régulation et par l'émergence de nouvelles demandes sociales, correspondent-elles à des conflits inédits ou à des contradictions sociales en marge des rapports de classes traditionnels ou, du moins, conduisant à en revoir la configuration principale ? Ensuite, ce sont les fondements et l'intentionnalité des points de vue et des problématiques des chercheurs qui sont interrogés. N'existe-t-il pas un relativisme des stratégies de recherche dans le choix de l'épistémologie, des méthodes et des objets qui renvoient les modèles de connaissance à leurs a priori et à leurs valeurs ? À cet égard, le postmodernisme a repris a son compte certaines critiques déjà formulées par le féminisme, proposant de revoir aussi bien les lectures unidimensionnelles d'un sujet universel que le discours d'une politique émancipatrice énoncé à partir d'une position discriminatoire [4]. Enfin, le postmodernisme a ravivé, sinon accompagné un débat sur le contenu des représentations de l'espace et de l'urbain. Même si cette question n'est pas nouvelle, dans le contexte des économies tertiarisées, où la qualité du cadre de vie et de l'environnement tend à devenir un facteur de production, il y a lieu de revoir l'importance des images, des symboles et des représentations dans la construction sociale des pratiques urbaines. 

Dans le champ des études urbaines, le débat social, culturel et idéologique alimenté par le postmodernisme et tel qu'il s'est exprimé au cours des années quatre-vingt est certainement une chose du passé. Il reste qu'à plusieurs égards ce débat a été partie prenante des remises en question qui ont contribue au renouvellement des problématiques de recherche au cours de cette période. À ce sujet, le caractère multidisciplinaire des études urbaines s'est affirmé et des préoccupations nouvelles sont apparues. Celles-ci ont propose de tenir compte aussi bien des changements socioéconomiques observés dans les agglomérations à la faveur de la mondialisation de l'économie et de la culture que de l'ampleur et de la créativité des résistances locales. 

Afin de donner un aperçu du postmodernisme dans le domaine des études urbaines, nous examinerons son impact sur l'interprétation des enjeux urbains et sur la nature des transformations de l'espace. Mais d'abord, lorsqu'on parle d'espace postmoderne, que veut-on dire ? Car le postmodernisme n'est en rien homogène. Il s'est exprimé sur différents plans qu'il importe de distinguer dans la mesure où ils demeurent constitutifs de points de vue parfois difficiles à concilier, fixant les limites et multipliant les contradictions du postmodernisme comme paradigme. C'est ce que nous aborderons dans un deuxième temps. Enfin, prenant acte de quelques paradoxes et de quelques apories du postmodernisme, nous dégagerons ce qu'il nous apparaît essentiel d'en retenir à la lumière de la transformation des enjeux urbains actuels. 

 

Postmodernisme et nouvelles formes urbaines

 

Au cours des trente dernières années, les paysages urbains ont changé. En fait, c'est le modèle de la ville industrialisée tel qu'il est apparu à la fin du dix-neuvième siècle qui ne tient plus. Les exigences propres à la ville industrialisée et au fordisme comme forme et modèle de régulation sont devenues des contraintes coûteuses pour toutes les agglomérations urbaines. Comment reconvertir et rentabiliser les anciens espaces industriels ? Comment fournir des équipements qui répondent aux nouveaux besoins des entreprises sans pénaliser outre mesure les ménages ? Comment réaménager des lieux et des paysages dont la conception et l'usage répondaient aux besoins d'une autre époque ? 

Les questions relatives au réaménagement et à la réutilisation des espaces urbains ont accompagné toute l'histoire de l'urbanisme et de l'urbanisation. À chaque fois que sont survenues des révolutions technologiques et des transformations majeures dans les rapports de production, l'organisation de l'espace a dû être revue et corrigée. Bien entendu, la dimension fonctionnelle n'était pas la seule à être prise en compte dans les changements ou la transformation sociospatiale des agglomérations urbaines. Les aspects communautaires, symboliques ou culturels, si ce n'est religieux, ont aussi joué un rôle important. 

En entrant dans une économie tertiarisée dominée par l'information, les nouvelles technologies et les services aux entreprises, les anciennes villes industrialisées ont été soumises à des pressions contradictoires exercées, d'un côté, par des tendances au redéveloppement et, de l'autre, par des processus de désinvestissement. Il en est résulté des résistances locales que les mouvements urbains des années soixante, soixante-dix et quatre-vingt, dans leurs diverses formes, ont clairement exprimées, en particulier dans les quartiers périphériques des centres-villes. 

Ces dernières années, les difficultés de reconversion rencontrées par les vieilles villes industrielles du nord-est du continent nord-américain, par comparaison au dynamisme des villes de la côte ouest, sont avant tout le reflet des changements que nous venons d'évoquer. En effet, que ce soit en matière d'infrastructures, de réseaux de communication, d'équipements urbains ou de qualité générale du cadre de vie et de l'environnement, ces agglomérations ont subi les effets de la mondialisation et ont dû répondre à des exigences de plus en plus fortes en ce qui concerne le design et l'aménagement urbains. Tant sur le plan de la qualité des équipements et des services publics que sur celui, plus intangible, des images et des représentations symboliques, elles ont dû revoir leurs normes et leurs approches [5]. 

Répondant aux conditions d'un modèle d'accumulation plus flexible et compte tenu des effets de la mondialisation en termes de concurrence accrue entre les villes, la carte de l'urbanisation s'en est trouvée redessinée. Ainsi, l'émergence de villes globales et la définition d'une nouvelle hiérarchie urbaine, tant à l'intérieur des agglomérations qu'à l'échelle de la planète, ont provoqué une restructuration des ségrégations sociospatiales et conduit à revoir les fonctions de la centralité urbaine [6]. 

En outre, soulignons que les villes ou les milieux urbains s'inscrivent à l'intérieur d'ensembles métropolitains étendus et de plus en plus difficiles à gérer compte tenu du pluralisme, voire de l'éclatement des identités et des intérêts qu'ils rassemblent [7]. La ville postmoderne ou les fragments qui peuvent lui être associés prennent place précisément à l'intérieur de ces ensembles. Sur le plan de l'aménagement urbain, ils correspondent à une remise en question des formes et des fonctions de la centralité telles qu'elles ont été expérimentées avec la ville industrialisée. Sur le plan des valeurs, ils renvoient à une redéfinition des frontières traditionnelles entre le public et le privé [8]. La redécouverte du local et du vernaculaire permet aussi de revoir les anciens dogmes urbanistiques et architecturaux mis en avant par le courant moderne. Ainsi, ce n'est pas un hasard si le postmodernisme va de pair avec la mise en valeur du patrimoine [9]. Le retour au passé fait office de critique des valeurs modernistes en même temps qu'il propose de revoir les échelles, les contenus, la forme de la ville industrialisée. 

Ces quelques paramètres permettent-ils de décrire ce qu'est la ville postmoderne ? Oui et non dans la mesure où, à l'exception de cas bien connus (Los Angeles, Tokyo, New York), peu d'agglomérations urbaines ont été modifiées d'une manière radicale par les valeurs, les principes, les critères ou les canons du postmodernisme, et ce même en prenant en compte les principaux courants de l'architecture des années soixante-dix et quatre-vingt qui s'en réclamaient. Cela est facile à comprendre. 

D'abord, les villes changent sur de longues périodes. De plus, même si les professionnels de l'aménagement (architectes, ingénieurs, urbanistes, etc.) peuvent jouer un rôle non négligeable à cet égard, ils ne sont pas les seuls à intervenir dans la production et la transformation de l'espace et de son organisation. Les pratiques des ménages, les priorités des investisseurs, les demandes des entreprises, les capacités financières des administrations municipales ont plus de poids, à court et à moyen terme, dans l'évolution du tissu urbain que l'idéologie véhiculée par les spécialistes ou même que quelques « projets cultes ». En d'autres mots, au-delà du discours, l'urbanisme s'exprime d'une manière concrète dans et par les pratiques sociales avant d'être le résultat des plans ou des intentions des professionnels. Enfin, compte tenu de la matérialité de l'espace et des contraintes qui lui sont associées, nous sommes souvent en présence d'une superposition ou d'une juxtaposition de modèles urbanistiques qui appartiennent à diverses époques et qui cohabitent, contribuant par le fait même à la genèse de formes hybrides qu'il devient incorrect de décrire à partir d'un paradigme exclusif comme celui du postmodernisme. 

C'est précisément ce que d'aucuns entendent par ce terme, soulignant qu'il traduit un modèle d'aménagement beaucoup moins prescriptif que celui qui a prévalu avec le modernisme [10]. Ainsi, les pratiques urbanistiques postmodernes sont davantage préoccupées par les relations entre les espaces bâtis et les espaces non bâtis (les pleins et les vides) tout en accordant une attention particulière au contexte d'insertion. 

Dans cette perspective, la ville postmoderne se distingue de la ville moderne par les éléments suivants : organisation urbaine polycentrique opposée à une forme structurée autour d'un noyau central fort ; fragmentation, éclectisme et pastiche opposés à la standardisadon des formes et des innovations formelles caractéristiques de l'urbanisme moderne ; prédominance, enfin, des aspects ludiques et théâtraux opposés aux activités productives traditionnelles. 

La ville postmoderne est aussi plus poreuse ou plus vulnérable au marché et en particulier au capital financier [11]. Il en résulte une restructuration de l'espace qui engendre de nouvelles ségrégations sociales dans la mesure où les formes urbaines deviennent de véritables reflets de la société de consommation pour les nouvelles classes moyennes. Ces « paysages du pouvoir » (landscapes of power) que décrit Sharon Zukin [12] cachent mal leur unidimensionnalité et le pouvoir qu'exerce le facteur commercial sur leur conception. La recette est maintenant bien connue : combinaison de fronts de mer, de galeries marchandes, de rues animées localisées de préférence dans des quartiers centraux réhabilités tant sur le plan esthétique (éléments ornementaux historiques et architecture qui met l'accent sur des rappels formels) que sur le plan des activités (cafés, boutiques, galeries d'art). Ce type d'aménagement mise tout d'abord sur les qualités spécifiques d'un lieu, même si l'approche se retrouve un peu partout dans les grandes villes occidentales (Barcelone, New York, Boston, etc.). Nous pourrions d'ailleurs inclure dans cette liste l'aménagement du Vieux-Port de Montréal. Pensons aux activités ludiques qui s'y déroulent, à la mise en valeur du patrimoine, à l'usage explicite qui y est fait, d'un point de vue architectural et urbanistique, des références historiques, ou aux qualités du lieu. 

Ainsi, d'une manière paradoxale, les éléments caractéristiques de l'urbanisme postmoderne, qui privilégient le localisme, sont reproduits un peu partout dans le monde. D'où l'émergence d'une culture urbaine postmoderne que certains qualifient de « festive » et qui passe aussi par des lieux de consommation tant concrète que symbolique, contribuant par la même occasion à la construction des identités individuelles et collectives. 

Aux éléments déjà mentionnés, il faut ajouter que l'urbanisme postmoderne est parfois identifié aux restructurations socioéconomiques et urbaines de l'après-fordisme : délocalisation et redéploiement industriel, gentrification des quartiers urbains centraux, prédominance des espaces, de consommation sur les espaces de production, contrairement à ce qui caractérisait la ville industrialisée. Ce faisant, la ville postmoderne et les pratiques qui la confortent nous invitent à rompre avec les lectures a-spatiales de la société [13]. 

Ici, l'espace urbain ne se limite plus à jouer un simple rôle instrumental ou de support pour des activités indifférenciées. Il révèle une histoire et une identité particulières qui nous sont fournies par la culture du lieu, capable, en outre, de refléter le global dans le local [14]. Aux côtés des facteurs de production traditionnels, l'espace - qualité du cadre bâti et de l'environnement, portée esthétique ou symbolique de la ville - devient un élément indispensable, voire stratégique à l'intérieur des économies fortement tertiarisées. En effet, la capacité des milieux locaux à attirer des entreprises et de nouveaux investissements dépend de plus en plus de l'image qu'ils projettent et qui les caractérisent, laquelle repose sur des signes distinctifs, des avantages et un urbanisme de qualité. 

Ce dernier aspect doit par contre être concilié avec des changements importants en ce qui a trait à l'ensemble des rapports sociaux à l'espace. En effet, au cours des vingt dernières années, les problèmes urbains ont changé de nature. Le passage de la ville industrialisée à la ville « postindustrielle » a entraîné, d'un côté, une transformation du système de production provoquée par une plus grande flexibilité sur le plan de l'organisation et une concurrence accrue pour les entreprises, et, de l'autre, de nouveaux rapports à l'emploi pour les travailleurs, caractérisés, entre autres choses, par un accroissement de leur vulnérabilité [15]. À ce sujet, nous pouvons reprendre l'analyse que proposent Jacques Donzelot et Christine Jaillet [16]. 

Pour eux, ce sont les anciens modèles d'intégration sociale, tels qu'ils ont été construits à l'aide des politiques keynésiennes, qui sont remis en question par la ville postmoderne ou postindustrielle. Sur le plan spatial, le fonctionnement de la ville industrielle était orchestré par un principe d'intégration fort. Ses diverses composantes étaient reliées d'une manière organique au centre. Il existait ainsi une certaine « continuité sociospatiale » entre les différentes parties, y compris par rapport à leurs relations au centre. La ville traduisait alors et, de ce fait, donnait à lire aisément les contradictions vécues dans le système de production. 

Avec la ville postindustrielle, c'est le caractère organique de la ville industrielle qui est perdu. La ville n'est plus reliée à son hinterland immédiat, mais s'inscrit avant tout à l'intérieur d'un espace planétaire en fonction d'une logique d'interconnexion : d'où la remise en question de la continuité sociospatiale évoquée plus haut. En même temps, sur le plan de la solidarité sociale, cela se traduit par une brisure importante. De fait, au-delà de la ségrégation, la ville industrielle maintenait l'idée d'une nécessaire interdépendance de toutes les composantes de la société. C'est ce lien que la ville postindustrielle n'assure plus, provoquant une véritable « sécession » des classes moyennes qui délaissent le centre pour la périphérie, contribuant du même coup à l'accentuation d'un processus d'exclusion pour les groupes sociaux les plus démunis : « Cette sécession enraye le ressort de la solidarité mais également son but : l'idée de progrès social, la promesse partagée d'une société allant vers moins de crainte et de menace. Au lieu d'une réduction de la menace pour chacun par la sécurisation croissante de tous, elle engage la société dans une dialectique de l'insécurité et de la violence [17]. » Il en résulte des tensions et une incertitude que les images et les discours postmodernes ne parviennent pas à résorber. 

Cette description rapide et à grands traits de la ville postmoderne fait appel, pêle-mêle, à l'ensemble des travaux effectués sur celle-ci. Il n'en reste pas moins que les recherches dans ce domaine ont emprunté plusieurs trajectoires qui ne concordent pas toujours. C'est ce que nous révèle la superposition des diverses lectures de la ville postmoderne qui ont été proposées ces dernières années dans le domaine des études urbaines. 

 

Les lectures de la ville postmoderne

 

Les mutations récentes de la ville ont laissé des traces durables sur notre conception de l'espace et du temps. Dit autrement, bien qu'elle interpelle surtout nos représentations, nos valeurs et une certaine idée du dynamisme urbain, la ville postmoderne est là pour rester. 

Les recherches qui se sont penchées sur les transformations de l'espace urbain en référence au postmodernisme ont abordé celles-ci à partir de trois registres de lecture différents : un registre économique qui met l'accent sur l'expression spatiale des nouvelles formes d'accumulation du capital ; un registre socioculturel qui aborde l'expression spatiale des nouvelles pratiques culturelles ; un registre politique qui soulève un questionnement d'ordre ethico-politique, tant par rapport aux problèmes de représentation que par rapport aux nouvelles inégalités sociales dans un contexte de modernité avancée. 

Au-delà des différences dans la lecture des processus en cause, ces recherches reconnaissent toutes que les enjeux urbains comportent de multiples aspects. Aux côtés des changements du système économique et du système urbain ainsi que de leur matérialité, se profilent des représentations et des interprétations qui influent sur notre compréhension de l'espace urbain. Même si les trois registres de lecture évoqués mettent chacun en lumière des aspects particuliers de la postmodernité, ils ne partagent pas moins certains principes épistémiques : point de vue critique à l'endroit des certitudes modernes, approche interprétative, intérêt porté aux dimensions subjectives et intangibles (les représentations et les discours). Ainsi, ces travaux manifestent tous une certaine ouverture aux thèmes postmodernes. 

L'étude de l'expression spatiale des nouvelles formes d'accumulation du capital constitue le premier registre de lecture qui se dégage de l'ensemble des recherches qui se sont penchées sur le postmodernisme dans le domaine des études urbaines. En faisant appel, entre autres choses, à la notion d'accumulation flexible, les chercheurs établissent une relation entre les formes urbaines et les nouveaux modes d'accumulation capitaliste [18]. Reposant sur une transformation des systèmes de production, les changements économiques induisent de nouveaux rapports à l'espace et au temps. Dans cette perspective, l'espace et le temps apparaissent de moins en moins comme des obstacles à l'expansion du capitalisme et à ses nouvelles exigences de rapidité d'échange et de circulation. Par exemple, avec les nouvelles technologies de communication à distance, les échanges se produisent sans délais temporels. L'aspect le plus significatif du modèle d'accumulation flexible est la mobilité spatiale accrue dont profitent les entreprises et les ménages. Les investissements ne sont plus effectués à partir de paramètres strictement spatiaux. Cela permet de dissoudre les liens organiques qui prévalaient encore à l'ère fordiste. 

En inscrivant leur problématique dans un contexte politico-économique plus large, les travaux rattachés à ce premier registre de lecture ont accordé beaucoup d'importance aux effets de la mise en place du nouveau modèle d'accumulation sur les populations urbaines. Ils ont aussi fait ressortir la redéfinition des hiérarchies urbaines, le dualisme et les nouvelles formes d'exclusion engendrés par les restructurations en cours [19]. 

Sur le plan épistémologique, le point de vue de ces chercheurs se démarque très nettement des valeurs relativistes du postmodernisme maintes fois associées à des philosophes comme Lyotard [20]. C'est que ces analyses, qui maintiennent une filiation avec le paradigme marxiste, demeurent très critiques à l'endroit de la post-modernité. Elles dénoncent le projet urbain qui en découle pour ses effets trop homogénéisants. Bien qu'elle favorise une reconnaissance des identités et des différences, la post-modernité les ramène souvent à leur plus petit dénominateur commun. 

De plus, ces chercheurs refusent de réduire la ville à un bien marchand [21]. Dans le contexte du capitalisme avancé, la vie urbaine serait commandée par la consommation tant matérielle que symbolique. D'où le recours, de la part de la classe politique locale, à des stratégies particulières afin de susciter la loyauté géographique des acteurs économiques. Cette lecture des contradictions de la ville postmoderne fait ressortir la prépondérance d'une vision « conservatrice » de la ville où les valeurs esthétiques - voire l'ostentation - priment les valeurs d'usage. 

Compte tenu du regard sévère qu'elles portent sur la post-modernité, dans leur analyse des processus socioéconomiques sous-jacents à la ville postmoderne, ces études optent finalement pour une réaffirmation du projet de la modernité et des principes de justice sociale qui lui étaient liés, en dépit du fait qu'ils reconnaissent la nécessité de tenir compte des nouvelles inégalités sociales [22]. 

En avançant une explication économique à l'aggravation des problèmes urbains, les représentants du premier registre de lecture déplorent avec une certaine nostalgie la situation qui existait à l'ère fordiste (1945-1970). En effet, en dépit des rapports de classes, à cette époque, l'expansion économique a favorisé de meilleures opportunités d'emploi, une plus grande sécurité sociale et une certaine cohésion. 

Faisant ressortir la forte imbrication des facteurs économiques et politiques en ce qui concerne les processus de restructuration urbaine, ces analyses accordent néanmoins une préséance aux facteurs économiques. En cela, ils poursuivent les études des années soixante-dix qui s'inscrivaient dans le champ de l'économie politique [23]. Leur analyse n'établit pas moins une relation entre la nouvelle économie mondialisée et les pratiques sociales postmodernes qui s'articulent à l'accumulation flexible. 

En revanche, les analyses que nous rattachons au deuxième registre de lecture insistent sur les facteurs socioculturels dans la mise en forme des conditions postmodernes. Depuis les années soixante, l'émergence de l'industrie de la culture, du tourisme et de la consommation symbolique ainsi que son inscription dans l'espace urbain est révélatrice de nouvelles pratiques sociales constitutives d'une sensibilité culturelle inédite [24]. Cette nouvelle sensibilité a conduit à dissoudre le consensus moderniste et ses hiérarchies socioculturelles. Ces études prennent acte du fait qu'à l'intérieur de la ville postmoderne les frontières qui existaient auparavant entre la culture d'élite et la culture populaire tendent à se brouiller. 

D'une manière générale, disons que les études qui abordent les changements urbains sous l'angle des pratiques culturelles postmodernes mettent l'accent sur la multiplicité des points de vue. En insistant sur les aspects subjectifs et les motivations des acteurs, ces analyses prennent parfois un tournant interprétatif ou herméneutique, bien que le contexte dans lequel s'inscrit l'action ne soit pas pour autant négligé [25]. Même si les villes subissent les effets homogénéisants de la mondialisation, chaque milieu conserve sa culture propre, que l'on retrouve tant dans les lieux très connus que dans les interstices de la trame urbaine à l'intérieur desquels évoluent les pratiques quotidiennes [26]. 

S'inspirant des idées de Henri Lefebvre, les chercheurs en géographie humaine ont attiré l'attention sur l'importance de réintroduire l'espace dans les théories sociales. L'espace n'est plus simplement une matérialité physico-spatiale qu'on appréhende de l'extérieur. Il participe au contraire de l'intérieur à la construction du social. 

Fidèles à la tradition interactionniste et à la perspective dialectique, leur interprétation de la ville contemporaine met en relief les facteurs culturels - notamment l'imaginaire social et la culture populaire - dans la production de l'espace [27]. Empruntant des éléments de problématique à la critique foucaldienne selon laquelle la modernité a évacué la notion d'espace au profit de la notion de temps, ces chercheurs soulignent l'importance de l'espace et de ses représentations dans la production des rapports sociaux postmodernes [28]. 

Cette position se démarque de celle qui met l'accent sur les processus de restructuration économique et selon laquelle le spatial n'a valeur que de symptôme [29], la post-modernité ne faisant que reproduire, ou plutôt amplifier, la conquête moderne de l'espace par le temps et la vitesse. À l'encontre des lectures associées au premier registre qui font ressortir les effets uniformisants de la prééminence du temps, on insiste ici sur la spécificité de l'espace dans l'élaboration des rapports sociaux. 

Les études urbaines que l'on peut rattacher à une sociologie des pratiques culturelles et de leur morcellement ne prennent pas moins en considération les tendances structurelles qui président à l'émergence de l'espace postmoderne. À cet égard, la montée de nouvelles pratiques culturelles éclatées est reliée à l'apparition de la classe des professionnels dont le sort dépend de l'économie des services [30] : un système où se trouvent redéfinis les liens qui unissaient auparavant la sphère sociale aux institutions politiques. 

Bien qu'ils utilisent aussi la notion de capitalisme flexible ou « désorganisé » afin de mettre en lumière les nouvelles stratégies organisationnelles des entreprises ainsi que les ajustements politiques et sociaux qui en découlent [31], les chercheurs qui élaborent ces interprétations insistent avant tout sur la fabrication des images de la ville. En outre, leur jugement à l'endroit du postmodernisme est plus nuancé. Comme le mentionne Soja [32], l'expérience de la ville postmoderne qui, par certains côtés, peut ressembler à un vaste parc thématique, peut s'avérer des plus agréables et divertissantes pour les citadins. À condition, bien sûr, que ces derniers ne soient pas de simples figurants qui subissent les effets du jeu de la restructuration urbaine. 

L'importance accordée aux aspects visuels et aux symboles est également soulignée par les travaux qui relèvent du troisième registre de lecture, dont l'accent porte sur les nouveaux enjeux éthico-politiques. Envahis par les apparences et les images médiatisées, les milieux urbains et suburbains ne présentent plus aujourd'hui les mêmes traits que ceux traditionnellement associés à la ville industrialisée. 

Dans le champ des politiques urbaines, la ville contemporaine a forcé les acteurs politiques à revoir leurs stratégies. Multipliant les diagnostics, les bilans et les analyses des effets négatifs des restructurations économiques sur les agglomérations urbaines, on met ici en lumière les stratégies et les modèles d'action auxquels ont recours les acteurs locaux afin de contrer les tendances lourdes de l'économie. Si le système traditionnel de représentation à l'échelle locale se trouve ébranlé par des principes favorables au milieu des affaires (développement économique et création d'emplois, partenariat, entrepreneurship, marketing et recours à des images attrayantes à des fins promotionnelles), il n'en reste pas moins que de nouvelles coalitions peuvent voir le jour en accordant une place à des acteurs autrefois marginalisés ou exclus [33]. Cela dit, même si le discours politique reflète en bonne partie le nouveau rôle entrepreneurial que doivent assumer les municipalités, ce rôle demeure soumis aux valeurs et aux préoccupations des acteurs économiques dominants [34]. En devenant des acteurs entrepreneuriaux à l'instar des autres instances étatiques, il apparaît que les municipalités se trouvent aussi engagées dans un processus de révision du partage des responsabilités entre le public et le privé. 

Par ailleurs, il faut distinguer les programmes mis en place depuis le milieu des années quatre-vingt de ceux élaborés au cours de l'après-guerre en ce qui a trait aux principales composantes du développement urbain. Dans le contexte actuel d'une économie de plus en plus mondialisée, plusieurs éléments - généralement associés à la culture postmoderne - conduisent à repenser les infra-structures et les services susceptibles d'attirer des investissements. Mentionnons les réseaux de télécommunications, les espaces ludiques empreints d'historicité, l'animation urbaine entendue comme élément dynamique, etc. 

Face aux nouveaux espaces d'exclusion engendrés par les restructurations socioéconomiques, les acteurs politiques locaux doivent innover sur le plan institutionnel. Compte tenu de la fragmentation accrue des demandes sociales, les systèmes de médiation et de représentation politique font face à un nouveau défi, celui de repenser le cadre de la citoyenneté ou de la « civilité » urbaine [35]. Un défi que lançait déjà la métropole moderne et que la ville postmoderne ne peut plus esquiver.

 

Apports et limites du postmodernisme

 

Dans le domaine des études urbaines, le postmodernisme a rempli deux fonctions. D'un côté, il a contribué au renouvellement des problématiques de recherche. Sous cet angle, on peut le considérer comme un courant de pensée ayant favorisé l'émergence d'une perspective d'analyse interprétative soulignant, entre autres choses, les limites de l'économie politique qui a dominé les années soixante-dix. De l'autre, il a permis de mieux cerner les formes urbaines nées de la réorganisation de l'espace dans le contexte du capitalisme avancé. À ce sujet, la ville postmoderne comporte à la fois des éléments de continuité et des éléments de discontinuité avec la ville industrialisée, qu'en général elle ne remplace pas complètement. 

C'est ce que souligne Mommaas [36], en prenant ses distances à l'égard des analyses postmodernes qui ont tendance à établir une concordance exclusive entre le modèle de régulation fordiste et la modernité. Selon lui, ces recherches interprètent les contributions de la modernité comme étant quelque chose d'irrémédiable. Or, si nous ouvrons davantage l'horizon temporel, il ressort que la discontinuité et la fragmentation qui sont souvent décrites comme des traits caractéristiques de la post-modernité ne lui sont pas propres. Ce sont déjà des composantes essentielles de la modernité. 

De fait, selon Mommaas, ce n'est pas tant la post-modernité avec ses effets déclencheurs, voire provoquants, sur les milieux locaux qui constitue un phénomène nouveau que la brève période historique au cours de laquelle les principes du fordisme ont pu être déployés, et ce à une très grande échelle. Ainsi, en comparant l'expérience de la modernité à celle de la postmodernité, on peut dire que c'est plutôt la période de forte croissance que nous avons connue des années cinquante aux années soixante-dix (caractérisée par le plein emploi, l'État-providence, l'amélioration générale des conditions de vie) qui apparaît comme un intermède dans l'histoire des villes contemporaines. En d'autres termes, depuis la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, dans le monde occidental, c'est seulement au cours de cette brève période qu'ont été réunies toutes les conditions nécessaires à la réalisation des idéaux modernistes. C'est pourquoi, au cours de ces décennies, les institutions ont été en mesure d'assumer des normes d'intégration fondées sur des valeurs partagées par l'ensemble des groupes sociaux, que ce soit en référence à la famille nucléaire, à la citoyenneté ou à l'État-nation. 

Si les valeurs universelles de la modernité résistent mal au pluralisme et à la fragmentation des identités, c'est que d'une manière prépondérante elles correspondent au point de vue des acteurs dominants, dont elles contribuent avant tout à conforter les positions [37]. La remise en question de ces valeurs renoue avec une indétermination, une complexité et une incertitude qui sont aussi, à plusieurs égards, constitutifs de la modernité [38]. 

C'est ce qu'observait déjà Simmel [39] au tournant du siècle lorsqu'il décrivait l'ambivalence vécue par les individus confrontés à l'incertitude créée par la grande métropole moderne. Forcés de renoncer aux avantages et a la sécurité que leur procurait la tradition, ils étaient plongés dans un amalgame de réseaux sociaux et de filières professionnelles qu'ils ne maîtrisaient pas. Les nouveaux défis pouvaient être générateurs d'angoisse, mais ils suscitaient en même temps un dépassement de soi et l'exercice de sa créativité. Dès lors la liberté prenait un nouveau sens. 

Les défis et l'incertitude auxquels se trouve confronté l'individu simmelien doivent composer ici, d'une part, avec la nécessité et, d'autre part, avec la contingence des événements qui interpellent au premier chef la liberté de l'individu. À ce titre, la modernité met en scène une expérience d'individuation avec laquelle semblent vouloir renouer les analyses postmodernes. C'est ce qui explique qu'elles accordent plus de poids aux représentations et à l'interprétation de l'espace vécu qu'aux facteurs structurels. 

Dans le domaine des études urbaines, le postmodernisme ne constitue pas une référence univoque [40]. Bien qu'il y ait consensus sur la fragmentation des liens sociaux et communautaires provoquée par la dissolution du modèle fordiste, plusieurs divergences séparent les perspectives ou les stratégies de recomposition qu'entrevoient les chercheurs. Alors que pour les uns la fragmentation va de pair avec l'émergence de nouveaux espaces interstitiels et favorise l'expression de la créativité individuelle, pour d'autres, au contraire, elle constitue une véritable menace à la solidarité, puisqu'elle engendre une « sécession » urbaine. À la clef, on y retrouve l'insécurité et l'exclusion des citoyens, voire des communautés. 

En conclusion, soulignons que le recours à la notion de postmodernisme a permis de saisir d'une manière plus nuancée les changements survenus dans l'organisation et les formes de l'espace urbain au cours des dernières années. Cependant, il ne constitue pas pour autant un principe explicatif exclusif. De plus, le relativisme qu'il implique sur le plan des valeurs laisse ouverte la question des choix collectifs et de leurs fondements : un enjeu qui ne peut plus se définir sans prendre en compte l'approfondissement de la subjectivité et de l'individuation.

PIERRE HAMEL est professeur chercheur à l'institut d'urbanisme de l'université de Montréal. Ses travaux de recherche portent sur les mouvements sociaux, les politiques urbaines et les théories de la planification (Action collective et démocratie, Montréal, PUM, 1991). Il termine un ouvrage en collaboration sur les défis des théories de la planification dans le contexte de la modernité avancée. [p 192.]


[1]    Voir en particulier Nan Ellin, Postmodern Urbanism, Cambridge (Mass.) et Oxford, Blackwell, 1996, et Sharon Zukin, The Culture of Cities, Cambridge, Blackwell, 1995.

[2]    Paul Blanquart, Une histoire de la ville, Paris, La Découverte, 1997.

[3]    Gabriel Dupuy, L'urbanisme des réseaux. Théories et méthodes, Paris, Armand Colin, 1991.

[4]    Anna Yeatman, Postmodern Revisionings of the Political, New York et Londres, Routledge, 1994.

[5]    Voir, entre autres, Robert A. Beauregard, Voices of Decline : The Postwar Fate of US Cities, Cambridge (Mass.) et Oxford, Blackwell, 1993.

[6]    Voir, entre autres, Saskia Sassen, The Global City, New York, Londres, Tokyo, Princeton, Princeton University Press, 1991 ; Stefan Krätke, « Villes en mutations. Hiérarchies urbaines et structures spatiales dans le processus de restructuration urbaine : le cas de l'Allemagne de l'Ouest », Espaces et sociétés, nos 66-67, 1992, p. 69-98 ; Manuel Castells, The Information Age : Economy, Society, and Culture. Volume I. The Rise of the Network Society, Oxford, Blackwell, 1996.

[7]    Mike Davis, City of Quartz : Excavating the Future in Los Angeles, Londres, Verso, 1990 ; Fredric Jameson, Postmodernism, or the Cultural Logic of Late Capitalism, Londres, Verso, 1991.

[8]    Sharon Zukin, op. cit., et Landscapes of Power : From Detroit to Disney World, Berkeley, University of California Press, 1991.

[9]    Nan Ellin, op. cit.

[10]   Ibid, p. 250.

[11]   Michael Goldrick, « The Impact of Global Finance in Urban Structural Change : The International Banking Centre Controversy », dans Jon Caufield et Linda Peake (dir.), City Lives & City Forms. Critical Research & Canadian Urbanism, Toronto, University of Toronto Press, 1996, p. 195-214.

[12]   Sharon Zukin, op. cit.

[13]   Edward W. Soia, Postmodern Geographies : The Reassertion of Space in Critical Social Theory, Londres, Verso, 1989 ; Doreen Massey, « Thinking Radical Democracy Spatially », Environment and Planning D : Society and Space, vol. 13, 1995, p. 283-288.

[14]   Ibid.

[15]   Hans Mommaas, « Modernity, Postmodernity and the Crisis of Social Modernization : A Case Study in Urban Fragmentation », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 20, no 2, 1996, p. 196-216.

[16]   Jacques Donzelot et Christine Jaillet, « Séminaire sur les zones urbaines défavorisées en Amérique du Nord, 1995-1996. Esquisse de synthèse pour introduire à une seconde phase de la recherche », Plan Urbain, Paris, CDSM/OTAN, 1997.

[17]   Ibid., p. 16.

[18]   Voir, entre autres, David Harvey, The Condition of Postmodernity, Londres, Blackwell, 1989 ; Pierre Filion, « Fordism, Post-Fordism and Urban Policy-Making : Urban Renewal in a Medum-Size Canadian City », Canadian Journal of Urban Research, vol. 4, no 1, 1995, p. 43-72.

[19]   Manuel Casteils, op. cit.

[20]   Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, Paris, Minuit, 1979.

[21]   David Harvey, op. cit. ; Fredric Jameson, « Postmodernism, or the Cultural Logic of Late Capitalism », New Left Review, no 146, 1984, p. 53-92 ; Sharon Zukin, op. cit.

[22]   David Harvey, « Social Justice, Postmodernism and tje City », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 16, no 4, 1992, p. 588-601 ; Justice, Nature & the Geography of Difference, Londres, Blackwell, 1996 ; Peter Marcuse, « Not Chaos, but Walls : Postmodernism and the Partitioned City », dans Sophie Watson et Katherine Gibson (dir.), Postmodern Cities and Spaces, Oxford et Cambridge (Mass.), Blackwell, 1995, p. 243-253.

[23]   Voir notamment Manuel Castells, La question urbaine, Paris, François Maspero, 1972 ; David Harvey, Social justice and the City, Londres, Edward Arnold, 1973 ; Jean Lojkine, Le marxisme, l'État et la question urbaine, Paris, PUF, 1977.

[24]   Scott Lash et John Urry, The End of Organised Capitalism, Cambridge, Policy, 1987 ; Mike Featherstone, Consumer Culture and Postmodernism, Londres, Sage, 1991.

[25]   Elizabeth Wilson, The Sphinx in the City, Londres, Virago, 1991.

[26]   Philip Cooke, Back to the Future, Londres, Unwin Hyman, 1990 ; Rob Shields, Places on the Margin : Alternative Geographies of Modernity, Londres, Routledge, 1991.

[27]   Edward W. Soja, op. cit.

[28]   Fredric Jameson, art. cité.

[29]   David Harvey, The Condition of Postmodernity, op. cit. ; Sharon Zukin, op. cit.

[30]   Scott Lash et John Urry, op. cit.

[31]   Ibid.

[32]   Op. cit., p. 246.

[33]   Chantal Mouffe, « Preface : Democratic Politics Today », dans Chantal Mouffe (dir.), Dimensions of Radical Democracy, Londres, Verso, 1992, p. 1-14.

[34]   Margit Mayer, « Post-Fordist City Politics », dans Ash Amin (dir.), Post-Fordism. A Reader, Londres, Blackwell, 1994, p. 316-337 ; Mike Savage et Alan Warde, Urban Sociology, Capitalism and Modernity, Londres, Macmillan, 1993.

[35]   Philippe Zarifian, Éloge de la civilité. Critique du citoyen moderne, Paris, L'Harmattan, 1997.

[36]   Hans Mommaas, art. cité.

[37]   Mark Gottdiener, « Ideology, Foundationalism, and Sociology », The Sociological Quarterly, vol. 34, no 4, 1993, p. 653-671.

[38]   Edward A. Tiryakian, « Dialectics of Modernlty : Reenchantment and Dedifferentiation as Counterprocesses », dans Hans Haferkamp et Neil J. Smelser (dir.), Social Change and Modernity, Berkeley, University of California Press, 1992, p. 780-794.

[39]   Georg Simmel, « The Metropolis and Mental Life », dans Kurt H. Wolff (dir.), The Sociology of Georg Simmel, New York, The Free Press, 1950 [1902-1903], p. 409-424.

[40]   L'évaluation de l'importance relative du courant postmoderne à l'intérieur du domaine des études urbaines reste à faire. Toutefois, une telle entreprise ne pourra être menée à terme sans saisir les conditions historiques de la transformation de la modernité. C'est ce que révèlent les échanges récents entre Xing Quan Zhang et Lila Leontidou au sujet de l'interprétation suggérée par cette dernière. Dans le domaine des études urbaines, les rapports entre modernisme et postmodernisme continuent d'être animés par un conflit d'interprétations. Voir Xing Quan Zhang, « Urban Theory in the Age of Pluralism and Complexities : Modern or Postmodern ? Comment on Leontidou », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 21, no 4, 1997, p. 712-714, et Lila Leontidou, « Humpty Dumpty's Ontological Allegory : Response to Zhang's Comment », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 2 1, no 4, 1997, p. 714-718.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 6 août 2008 10:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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