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Collection « Les sciences sociales contemporaines »


Louise Guyon

DERRIÈRE LES APPARENCES.
Santé et conditions de vie des femmes
.


Avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée. Québec : Ministère de la Santé et des Services sociaux, novembre 1996, 384 pp. [
Autorisation accordée par l'éditeur du Québec le 17 octobre 2006.]

Pourquoi mener des enquêtes générales sociales et de santé ? (pp. 3-5)

Avant de présenter les résultats des enquêtes sociales et de santé auprès de la population, il convient d'en rappeler brièvement les aspects généraux et de voir la contribution originale qu'elles apportent à la connaissance de l'état de vie et de santé des personnes. 

Ces enquêtes apportent des données sur l'ensemble de la population, à un moment précis et à partir de renseignements factuels signalés par les individus eux-mêmes, ou par une personne de leur entourage, en vue d'établir la prévalence [*) des problèmes dans cette population. Elles se basent donc sur la perception que les individus ont de leur propre état de santé, plutôt que sur des mesures dites objectives obtenues à partir des tests et des diagnostics établis par des professionnels.

 

Les possibilités

 

Les enquêtes sociales et de santé permettent d'abord d'obtenir des informations sur des populations inaccessibles par tout autre système d'information: par exemple, elles rejoignent les personnes qui n'ont fait appel à aucun des services de l'État, donc qui sont absentes des banques de données officielles. 

Ensuite, par la collecte de renseignements multiples et variés concernant une même personne, elles offrent de grandes possibilités de croisements entre des données sur l'état de santé, d'une part, et sur des variables socio-économiques, comportementales ou de consommation de services, d'autre part, ce qui ne peut être fait à l'intérieur des banques de données plus spécialisées. On rejoint ici l'approche préconisée dans les études sur les déterminants de la santé. 

Enfin, lorsque ces études sont répétées à intervalles réguliers, il est possible de suivre des indicateurs (*) dans le temps et ainsi de vérifier des hypothèses ou d'assurer la force des diverses associations entre les variables étudiées.

 

Les limites

 

Premièrement, si l'on cherche des prévalences (*) exactes de problèmes de santé, ces enquêtes ne sont pas considérées comme une source vraiment objective de données, puisqu'elles sont basées uniquement sur la perception qu'ont les gens de leur santé. En épidémiologie, les seules prévalences véritablement admises sont celles basées sur des critères officiels, habituellement construits à partir de données cliniques. 

Deuxièmement, les enquêtes générales de santé ne peuvent toucher que superficiellement la plupart des phénomènes étudiés. En effet, à cause du grand nombre de thèmes abordés, la place réservée à chacun, dans les instruments de collecte, est relativement limitée. 

Troisièmement, elles ne peuvent vraiment évaluer certaines dimensions qui se prêtent mal à l'investigation par questionnaire ; c'est le cas par exemple des questions portant sur la violence ou les abus sexuels, auxquelles les gens répugnent encore à répondre, ou sur la consommation des drogues illicites, parce qu'elles concernent des populations difficiles à rejoindre au moyen d'une enquête à domicile. 

Quatrièmement, en dépit des possibilités de croisements multiples qu'elles offrent, particulièrement entre les déterminants et l'état de santé, on gardera à l'esprit qu'il s'agit d'enquêtes transversales (*), qui ne permettent pas, dans la plupart des cas, d'inférer des liens de causalité directe entre les diverses données (Goldberg, 1985). Il sera possible de parler d'associations entre les variables ; il sera possible aussi d'évaluer le degré de certitude de ces associations. Par ailleurs, certaines observations vont permettre d'évaluer la durée ou la persistance d'un phénomène (ex. : la durée de la pauvreté), ce qui accentue la force de l'association. 

Les résultats des enquêtes nous apprendront par exemple si, en 1987, plus de femmes que d'hommes étaient atteintes du cancer du poumon, et combien l'étaient. On pourra également comparer le nombre de cas de ce type de cancer chez les fumeuses et les non-fumeuses et constater un plus grand nombre de cancers chez les fumeuses régulières, mais on ne pourra pas en déduire que cette habitude est directement responsable de cette maladie chez ces femmes. Pour cela, il faudra se référer à d'autres types d'analyses qui observent, sur un certain nombre d'années et chez les mêmes individus, les comportements et les atteintes à la santé qui se manifestent. Par contre, en comparant les résultats d'une enquête particulière à ceux d'autres enquêtes menées antérieurement, on peut vérifier l'évolution parallèle du cancer du poumon et du tabagisme et poser des hypothèses explicatives ou suggérer des pistes de recherche. L'enquête générale joue ainsi un rôle de premier plan dans le processus d'évaluation de la santé et des conditions de vie des femmes : elle rend compte d'un grand nombre de faits et d'associations et elle prépare la voie à d'autres types d'investigations ou d'interventions plus en profondeur. 

Les enquêtes générales de Santé Québec de 1987 et de 1992-1993 sont des enquêtes de grande envergure. Bien qu'elles n'aient pas utilisé une approche particulière à la situation des femmes, elles offrent des possibilités d'analyse multiples et fort intéressantes pour les personnes qui sont intéressées à accroître leurs connaissances et leur compréhension du sujet. L'enquête sociale et de santé 1992-1993, c'est 35 000 hommes et femmes, appartenant à 16 000 ménages prives répartis dans l'ensemble du territoire québécois et qui sont représentatifs de l'ensemble de la population. Les populations des régions crie et inuite, les personnes vivant dans des ménages collectifs tels que les centres d'accueil et les hôpitaux, ont été exclues de la population visée par l'enquête. Ces exclusions concernent 2,5% de l'ensemble de la population québécoise, ce qui n'invalide aucunement la représentativité de l'échantillonnage (Santé Québec, 1995). Les personnes échantillonnées par l'enquête ont été questionnées sur leur état de santé physique et mental, sur leurs habitudes de vie, sur leur environnement social, leurs conditions de vie et leurs comportements de santé.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 28 juillet 2007 10:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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