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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les sciences humaines et la pensée occidentale.
Tome VI: L'avènement des sciences humaines au siècle des Lumières. (1973)
Table des matières


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Georges GUSDORF, Les sciences humaines et la pensée occidentale. Tome VI: L'avènement des sciences humaines au siècle des Lumières. Paris: Les Éditions Payot, 1973, 589 pp. Collection: bibliothèque scientifique. Une édition numérique réalisée par Loyola Leroux, bénévole, professeur de philosophie retraité du Cégep de Saint-Jérôme, près de Montréal. [Autorisation des ayant-droit le 2 février 2013 de diffuser l'oeuvre de l'auteur dans Les Classiques des sciences sociales.]

[vii]

Table des matières

PREMIÈRE PARTIE
LA PSYCHOLOGIE
[21]

1.1. AVÈNEMENT DU MOT [21]

L'apparition du mot psychologie dans les langues européennes au XVIIIe siècle atteste que la conscience devient le bien propre d'une vérité autonome. Influence de Christian Wolff. La science de l'homme selon Hume. Une nouvelle topologie philosophique. La Psychologia empirica (1732) et la Psychologia rationalis (1734) de Wolff. Diffusion européenne de la pensée wolffienne. L’Essai de Psychologie (1754) de Charles Bonnet. Les Observations on Man (1749) de David Hartley. L'idée d'une psychométrie chez Wolff et le psychomètre de Bonnet. La mesure en psychologie, de Kant à Herbart.

1.2. SPÉCIFICITÉ DE LA PSYCHOLOGIE [30]

Locke : l'Essai sur l'entendement humain (1690) inaugure la « physique expérimentale de l'âme » (d'Alembert). La conscience humaine, espace unitaire délié de l'emprise métaphysique. Locke élimine les résidus de l'ontologie. Hume et la naturalisation de la réalité humaine : un newtonianisme de l'espace mental. La psychologie de Condillac développe un positivisme intellectualiste à l'école de la physique. [30]

Le physicalisme psychologique ou la tentation du psycho-mécanisme. La psychologie autonome rejette la mythologie organique et pratique un immatérialisme méthodologique. Le phénoménisme de Hume, de Condillac et de Charles Bonnet. Le rapport de la pensée à l'étendue demeure inintelligible. [36]

Le monisme matérialiste refuse la disjonction. L'homme-machine de Descartes à La Mettrie. La conscience est une propriété de la nature vivante ; irritabilité et sensibilité dans la physiologie de Haller. La psychologie est une partie de l'histoire naturelle des corps animés. Radicalisme matérialiste et utilitarisme social chez Helvétius. La psychologie appliquée assurera la programmation de l'humanité future. [41]

La critique d'Helvétius par Diderot souligne la permanence de l'écart psycho-organique. La psycho-physiologie newtonienne de David Hartley : la doctrine des vibrations manifeste la difficulté de s'en tenir à la neutralité phénoménologique. Le monisme spiritualiste de Bonnet et les débuts de la neurophysiologie. [44]

1.3. L'INTELLIGIBILITÉ PSYCHOLOGIQUE [50]

L'intelligibilité de l'espace du dedans imite celle du monde extérieur. Locke invente le principe de l'association des idées, clef d'une rationalité nouvelle. Hume : les principes de l'association, équivalents de l'attraction à l'usage interne. La science de l'homme comme anthropologie culturelle. L'associationnisme combine des accidents sans substance. Le newtonianisme mental de Hume dissout l'existence individuelle. [50]

L'école écossaise à la recherche d'un fondement de l'unité du psychisme. Francis Hutcheson (1694-1747) : les régulations sociales et la science morale. Inconsistance ou consistance de la conscience. Thomas Reid (1710-1796) : la certitude morale au secours de la certitude spéculative. Le sens commun, révélation naturelle des valeurs constitutives de la réalité humaine. [55]

Condillac, analyste des procédures de la pensée, radicalise le projet de Locke. L'odyssée de la conscience qui vient à soi-même en venant au monde. De la théorie de la sensation à une théorie des idées, réduite à une théorie du langage. L'ordre des mots et l'ordre des choses. L'analyse condillacienne comme axiomatisation de l'univers du discours. Une psychologie sans le psychisme, ou plutôt une idéologie. [58]

La psychologie de Wolff veut concilier l'expérience et la raison. Psychologie empirique et psychologie rationnelle. Autonomie fonctionnelle du domaine mental ; vers une algèbre de la conscience. Prédominance de l'esprit déductif. [62]

1.4. LA PSYCHOLOGIE CONCRÈTE [67]

L'objection de conscience au totalitarisme intellectualiste. Une psychologie sans point de vue, désincarnée. Locke et Hume ne sont pas assurés de l'existence personnelle ; inconsistance du moi. Le sujet algébrique, le je transcendantal n'est pas le moi de la psychologie concrète. Une psychologie à une dimension. L'anthropologie non réductrice de Montaigne. Lichtenberg et la première personne : les sentiments, les rêves. Nécessité d'un élargissement du champ psychologique. Hamann et le sens de l'individualité. [67]

Une autre psychologie. L'illumination de Jean Paul. Innéité de la conscience à elle-même. La priorité du sens interne selon l'abbé de Lignac. L'âme sensitive selon d'Alembert. La conscience des valeurs irréductible à la conscience perceptive. La tradition des moralistes et les Caractéristiques de Shaftesbury (1711). [77]

La psychologie concrète en Allemagne. Les « expériences métaphysiques » préconisées par Maupertuis. Baumgarten : Aesthetica (1750-1758). Vers une psychologie expérimentale (Erfahrungsseelenlehre). Karl Philipp Moritz : les degrés de la conscience ; la Popular-psychologie et les Magazines. La littérature romanesque, exploration du monde moral et découverte de l'homo humanus. [82]

1.5. CONCLUSION [90]

L'histoire de la psychologie de F. A. Carus (1808), bilan d'un siècle, consacre l'avènement de la psychologie. Un programme de psychologie à Strasbourg en 1792. Connaissance psychologique et littérature de l'individualité.

DEUXIÈME PARTIE

LA PÉDAGOGIE [95]

2.1. LES PRÉSUPPOSÉS DE LA PÉDAGOGIE DES LUMIÈRES [95]

Renouvellement de la pédagogie et mutations de la culture. De l'enkuklios paideia au collège jésuite. La pédagogie des humanités classiques est remise en question au XVIII6 siècle. Anciens et modernes au siècle de l'éducation (Erziehungs jahrhundert). Réforme ou Révolution (Kant) ? L'éducation est reconnue d'utilité publique. [95]

A priori chrétien et a priori rationaliste dans la pédagogie classique. Prédestination théologique et prédestination sociale. Le libéralisme de Locke abolit les prédestinations ; d'où la toute-puissance de l'éducation. Le pélagianisme pédagogique du XVIII e siècle met en œuvre la connaissance des mécanismes mentaux et les principes de l'association des idées. La pédagogie est une épistémologie génétique appliquée. [100]

L'espérance pédagogique chez Mirabeau, Diderot, Frédéric II. Le despotisme éclairé comme pédagogie royale. [106]

2.2. LES FINS DE L'ÉDUCATION [109]

L'éducation, engendrement de l'homme par l'homme. Les origines de l'enseignement et la cléricalisation de la connaissance. La conjoncture pédagogique : la culture est réservée à une minorité de la minorité. L'idée d'éducation nationale (La Chalotais, 1763). Le pouvoir civil tend à revendiquer la nationalisation de l'enseignement et sa sécularisation. [109]

Le modèle pédagogique du classicisme : la formation de l'homme du monde. Le procès de l'éducation du collège : d'Alembert, La Chalotais, Diderot. Les nouvelles valeurs utilitaires et philanthropiques. Le Jésuite ou l'homme à abattre. L'instruction publique et les mythes civiques ; le patriotisme, du Télémaque à l'Émile. [113]

L'espérance cosmopolitique prend le relais de l'espérance chrétienne. Herder : l'Allemagne et l'humanité. Le philanthropinisme de Basedow. Kant : révolution pédagogique et philosophique de l'histoire. Schiller : l'idéal de l'humanité. [118]

Le civisme de Rousseau réagit contre l'idéologie universaliste. L'Émile et le Contrat social. [123]

L'écart entre la théorie et la réalité. L'idée de l'égalité devant l'éducation (Diderot) et ses limites. L'éducation nationale de La Chalotais demeure une éducation de classe. La réforme de l'éducation est l'utopie à la mode. Les thèses des radicaux français : Helvétius, d'Holbach, le totalitarisme pédagogique de l'Ethocratie. De l'optimisme pédagogique aux initiatives de la Révolution française. [125]

2.3. PROGRAMMES ET MÉTHODES [129]

L'emprise du latin et le modèle des humanités classiques. Une pédagogie de l'immobilisme. Le collège, citadelle de la latinité. Eloquentia, oratio dans le système jésuite et chez Rollin. La langue nationale à la portion congrue. La situation en France ; prédominance des belles-lettres [129]

La connaissance scientifique n'obtient que lentement droit de cité en pédagogie. Les Modernes réclament l'enseignement du français : La Chalotais, d'Alembert, Diderot. Le grec réservé aux érudits. Les langues vivantes sont langues de culture : La Bruyère, Locke, Diderot. [135]

Connaissance des mots et connaissance des choses : Locke, Diderot, Rousseau. La leçon de choses et l'étude du milieu. La place de l'esprit scientifique dans l'éducation. Histoire naturelle et initiation technologique : l'Encyclopédie. Vers un empirisme de la matière : les travaux manuels. Un nouveau rapport au monde ; Robinson Crusoé, évangile pédagogique : Rousseau [140]

Instruction et éducation. Révolution anthropologique et mutation pédagogique. Comprendre l'homme à partir de l'enfant et non l'enfant à partir de l'homme. La pédagogie dans l'axe de l’épistémologie génétique. Priorité des sens sur l'esprit. La formation corporelle ; pédagogie de l'être incarné. L'éthique de la robustesse et la culture du corps. [146]

La pédagogie génétique de Condillac et de Rousseau. Une psychogenèse sensorielle et affective ; sensibilité et intelligence. Basedow, disciple de Rousseau, pionnier d'une pédagogie globale et graduée. Pestalozzi [149]

2.4. DE L'UTOPIE À LA RÉALITÉ [155]

A. L'État et l'enseignement [155]

L'éducation n'est pas un service public. De l'anarchie pédagogique à l'éducation nationale. Le « Conseil d'Éducation » selon Basedow ; Turgot réclame un « Conseil de l'Instruction nationale ». L'expulsion des Jésuites est, en France, une occasion manquée [155]

La situation en Allemagne depuis l'Ordonnance scolaire du duc de Saxe-Cobourg (1642), inspirée par Ratichius. Le règlement scolaire de Frédéric II (1763) : un enseignement primaire universel et obligatoire. L’Oberschulkollegium (1787). En Autriche, Joseph II organise un enseignement par l'État et pour l'État. [158]

B. Les réalisations : l'enseignement moyen [161]

L'enseignement élémentaire se perd dans les masses ; l'enseignement moyen est beaucoup mieux connu. Les insuffisances pédagogiques du collège ; traditionalisme scolastique de la philosophie ; absence de formation scientifique. Les Lumières interdites de séjour dans les collèges jusqu'à la Révolution, en France. L'expulsion des Jésuites ne fait qu'aggraver le mal. De l'Académie royale de Richelieu à l'École militaire de Louis XV, exemple unique de modernité pédagogique [161]

Stagnation de l'enseignement moyen en Angleterre, après la fermentation du XVIIe siècle. L'essor allemand, de la Ritterakademie à la Real-schule, inspirée par le piétisme. La Grùndliche Anleitung de Tschirnhaus (1687). Le piétisme prend à son compte le réalisme utilitaire de l'Aufklärung. L'œuvre pédagogique de A. H. Francke. Le témoignage de Nicolai. Julius Hecker organisateur de la Realschule. Basedow : le Philanthropinum de Dessau (1774) [168]

C. L'enseignement supérieur : les universités [172]

L'invention de l'université, acquisition maîtresse de la culture occidentale. Grandeur et décadence du Studium médiéval. L'université n'est pas une structure d'accueil pour la culture moderne. La raison d'Église contre la raison. Réforme et Contre-Réforme. Les universités post-tridentines. Le rôle des Jésuites pour la reconquête universitaire et la déchéance des universités catholiques. L'exception de Padoue [172]

Destin de l'enseignement supérieur en France. La monarchie patronne un secteur parallèle des hautes études. Collège de France et Jardin du Roi, grandes écoles techniques. Absence des universités dans la culture française des Lumières [177]

Les deux Europe culturelles, catholique et protestante, selon Diderot. Le cas de l'université de Leyde. Les universités allemandes après la Réformation. Melanchthon. Présence de la théologie. Libertas philosophandi. Oxford et Cambridge, centres d'initiative culturelle dans l'Angleterre moderne. Virtuosi et platoniciens ; le libéralisme européen et l'harmonie du savoir et de la foi. Déclin des universités britanniques au XVIIIe siècle. Témoignages d'Adam Smith et de Gibbon. Essor des universités d'Écosse : le Scottish Enlightenment et l'école écossaise. [181]

Les universités allemandes. Création de l'université de Halle (1694) : Christian Thomasius et A. H. Francke ; piétisme et Aufklàrung. Les maîtres de Halle. La fondation de l'université de Gœttingen (1734), foyer international de l'Europe des Lumières. Université d'État, Gœttingen pratique la Lehr-und Lernfreiheit ; les études classiques, l'histoire, la statistique et les sciences politiques. [189]

Strasbourg université frontière et carrefour culturel [194]

TROISIÈME PARTIE

LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIE [197]

Fortune de la linguistique dans le folklore épistémologique actuel. D'une prétendue linguistique cartésienne. L'histoire de la grammaire contre les mythes. Le langage, carrefour épistémologique du XVIIIe siècle. [197]

3.1. PRÉSUPPOSÉS DE LA LINGUISTIQUE : MODERNES ET ANCIENS [201]

Langues anciennes et langues vulgaires depuis la Renaissance. Problèmes posés par la divergence des idiomes : les faits et les valeurs. [201]

Le primat de la latinité s'est imposé même aux théoriciens des langues modernes, auxquels il fournit le type idéal de la doctrine grammaticale. Le patrimoine des humanités et l'exemplarisme classique. [203]

La querelle des Anciens et des Modernes comme Kulturkampf européen et la complexité intrinsèque de l'idée de progrès. Le progrès scientifique et technique n'a qu'une importance mineure. Du Siècle de Louis le Grand à l'Encyclopédie. Les limites de la modernité linguistique chez Diderot. Les langues anciennes demeurent des métalangues au temps du « retour à l'antique ». [206]

La culture antique surimposée à la perception du présent. Les révolutionnaires français hallucinés par l'histoire ancienne. Les univers du discours sont des ordres de valeurs. [210]

3.2. LA PHILOLOGIE CLASSIQUE JUSQU'À LA RÉVOLUTION HOMÉRIQUE [213]

La linguistique moderne comme démocratie égalitaire, fondée sur la neutralisation de la parole. Ses schémas se heurtent à la résistance des idiomes en tant qu'inconscients collectifs [213]

L'expérience française de l'Académie, fondée pour réduire la langue à la raison. L'échec du dogmatisme devant la vie des langues vivantes [216]

La philologie classique ou le paradis artificiel des humanités. L'exotisme antique, revu et corrigé pour l'usage du collège, se heurte au démenti de la science des philologues érudits. La querelle de l'érudition : La Bruyère et le numismate ridicule. Perrault et Boileau. La légende dorée du classicisme et les dénicheurs de saints. [218]

La compréhension des textes impose un minimum de philologie : le Traité des Études de Rollin ; bonne et mauvaise érudition. De Brosses et le désert français de la philologie. D'Alembert défenseur de la philologie. Bourreau-Deslandes : le goût contre l'érudition. Bayle, Gibbon. La révélation naturelle des humanités comparable à la révélation historique de la Bible. [223]

De la Petite Académie à l'Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres : un sénat français de l'érudition. La contre-attaque de Nicolas Fréret. L'Antiquité expliquée de Montfaucon. Le Recueil d'antiquités du comte de Caylus. L'abbé Barthélémy et le Voyage du jeune Anacharsis ; de la grécomanie à l'hellénisme. [228]

Les études classiques dans les universités européennes ; la philologie
classique et la philologie biblique. L'œuvre de Bentley [233]

L'épanouissement de ia philologie en Allemagne : apparition du professeur de philologie et du séminaire de philologie, succédant à l'ancien polyhistor et à la polymathie. Gesner, Ernesti, Heyne. Friedrich August Wolf : VEncyclopaedia philologica comme savoir interdisciplinaire. Les Prolegomena ad Homerum (1795) et l'athéisme homérique. Les précurseurs : d'Aubignac, d'Ansse de Villoison. L'histoire des textes homérique selon Wolf et la fin du mythe des Belles-Lettres. [235]

Contexte culturel du renouvellement de la lecture d'Homère ; Vico et le retour aux origines. Les sauvages. Les antiquités nordiques : Ossian. Herder. Relativisation et démocratisation de la philologie [243]

3.3. LA PHILOLOGIE COMPARÉE ET L'UNITÉ CULTURELLE DE L'HUMANITÉ [247]

L'espace-temps de Voltaire opposé à celui de Bossuet. La culture classique limitée aux rivages de la Méditerranée. L'héritage classique et son intégration à l'axe judéo-chrétien de l'histoire universelle. Moïse et les Égyptiens. Alexandre et la nouvelle frontière Orient-Occident. Le syncrétisme hellénistique, première philologie comparée. Monothéisme philologique de la culture classique [247]

Les grandes découvertes changent la figure du globus intellectualis. La recherche des enfants de Noé et les nouvelles mythologies culturelles. Le domaine égyptien, de Pégyptomanie à Pégyptologie. Bossuet et les sources du Nil. Monogénisme culturel et recherche du berceau des traditions. La fascination des hiéroglyphes et les déchiffrements. UŒdipus Egyptiacus d'Athanasius Kircher et la hantise d'une écriture totale. Warburton et les précurseurs de Champollion [251]

Le mirage chinois. Missionnaires portugais ; les Jésuites à Pékin. Confucius et les lumières. La querelle des rites chinois et l'universalisme déiste. La théologie éternelle de Leibniz illustrée par Confucius. Le modèle chinois : Malebranche, Christian Wolff, Voltaire et le rite chinois en philosophie. Cosmopolitisme et polythéisme des valeurs. [258]

Le domaine indien dans la culture universelle depuis l'ouverture par les Portugais de la route du Cap. Les missionnaires chrétiens commencent par déchiffrer les réalités indigènes en fonction de leurs a priori culturels et religieux. Les restrictions mentales de l'humanisme européen. Méconnaissance réciproque [265]

Pressentiment des affinités indo-européennes depuis le XVIe siècle : Sassetti, Nobili ; premières approches du sanscrit. Les intuitions de Huet, de William Temple. Les travaux philologiques des missionnaires ; le passage de la préhistoire à l'histoire de la philologie comparée s'annonce dès le XVIIIe siècle. L'avènement de 1' « orientalisme » positif se heurte à la résistance de l'égocentrisme européen. Vers la généralisation de l'humanisme [270]

La pluralité des mondes culturels et les débuts de l'orientalisme, de Bernier et Chardin à d'Herbelot. De Brosses et le sanscrit. Voltaire et la culture indienne. Les Brahmanes comme nation primitive. Raynal et le nouvel horizon de la culture ; linguistique historique de Monboddo [275]

Naissance de l'indianisme : Anquetil-Duperron ; premières versions des Upanishads. L'initiation au sanscrit commence vers 1780. Rôle de Warren Hastings. La société asiatique de Calcutta (1784). De William Jones à Friedrich Schlegel [282]

3.4. LA GRAMMAIRE GÉNÉRALE ET L'UNIVERS DU DISCOURS [287]

Linguistique et philologie. La science des faits de langue s'émancipe tardivement des préjugés sur la valeur des langues. La remise en question du monopole culturel des humanités classiques implique une mutation métaphysique. Le passage du muihos au logos respecte la consistance ontologique de l'univers du discours. L'effondrement de l'ontologie classique condition de possibilité d'une linguistique ... [287]

Locke : philosopher, c'est savoir ce que parler veut dire ; critique de la connaissance et critique du langage. Utilitarisme et pragmatisme linguistiques. Correction du discours et hygiène des idées ; un projet d'encyclopédie ; rabattement du ciel des idées sur l'empire des choses [290]

Modèle empirique et modèle mathématique en linguistique. Le newtonianisme linguistique de Beauzée. A la recherche de la rationalité immanente de l'expression verbale. La grammaire exerce le droit de reprise de la pensée sur le discours, fondé sur le présupposé d'une intelligibilité radicale. Le dévoilement d'un inconscient grammatical comme révélation naturelle de l'ordre linguistique. Déisme et grammaire générale [294]

La grammaire générale, raisonnée ou philosophique, science raisonnée des principes purs et immuables du langage (Diderot), théorie préliminaire aux langues positives. Condillac : la grammaire comme méthode analytique ; elle renvoie à un schéma idéal du fonctionne ment de l'esprit. Une pensée avant la lettre (Du Marsais) ; sur le chemin de la linguistique à la philosophie, l'analyse décompose les articulations de la pensée. Une logique immanente au discours, forme universelle de la pensée. Espace mental et espace physique : démontages et remontages. Physicalisme de Condillac ; la langue des calculs comme métalangue. De la grammaire de Condillac à l'Idéologie de Destutt de Tracy [299]

3.5. CRITIQUE DE LA GRAMMAIRE GÉNÉRALE [308]

A. Les difficultés de l'ordre naturel [308]

La grammaire générale est-elle l'endroit ou l'envers de la linguistique ? La linguistique est née d'une neutralisation de la philologie. La grammaire latine a été la première méta-grammaire. La Grammaire de Port-Royal canonise la langue française ; la grammaire générale est un phénomène français. Le gallicanisme grammatical comme impérialisme rationnel. Le présupposé de l'ordre naturel [308]

Parties du discours et figures de rhétorique. Beauzée : langues analogues et langues transpositives. Construction analytique et construction usuelle. Pourquoi l'ordre naturel ne s'impose-t-il pas toujours et partout ? Construction simple et construction figurée (Beauzée). La linguistique de la raison pure démentie par les faits. [313]

Déviation pathétique et corrections euphoniques : les récurrences de la psychologie. Du Marsais : les tropes ou la pathologie du discours. La réduction du désordre à l'ordre. Les tropes servent de contre poids à la grammaire générale, détour du discours ou discours du détour. Univers du discours et univers humain [315]

B. L'écart entre l'usage et la raison [318]

Théorie et pratique de la langue. Voltaire et l'histoire de la langue française. Grandeur et décadence des idiomes. La perfection du français selon Diderot. L'œuvre de l'Académie française pour la normalisation et la codification de la langue, depuis Richelieu. Usage de l'autorité et autorité de l'usage en matière linguistique. Le bon usage selon Vaugelas. Les éditions du Dictionnaire et le problème des occupations de l'Académie au XVIIIe siècle. Échec du dogmatisme grammatical [318]

Résistance de la linguistique usagère du droit historique à la linguistique du droit naturel : Turgot. Le langage n'est pas seulement une raison parlante ; spécificité du domaine humain, avec ses intentions et signification [325]

Lichtenberg : les sédimentations linguistiques. De l'utopie de la métalangue à la linguistique historique et comparée [327]

3.6. LA LINGUISTIQUE GÉNÉTIQUE ET LA LANGUE PRIMITIVE [329]

Pourquoi la métalangue de l'ordre naturel n'est-elle pas la langue humaine première et primitive ? Équivoque du concept de nature. La procédure de l'épistémologie génétique doit faire apparaître comment la grammaire est venue à l'homme [329]

D'Alembert : les langues nées du besoin. Théorie des signes et théorie des idées. Turgot : étudier la genèse de la fonction linguistique ; pensée et réalité : l'étude des langues serait la meilleure des logiques, ou une métaphysique expérimentale. L'étymologie comme philosophie de l'histoire des langues. [330]

Les recherches sur l'origine des langues. Maupertuis : pour un empirisme linguistique, et pour l'investigation des débuts de la fonction linguistique. L'archéologie mentale de Condillac et la parabole des enfants du Déluge. Une méthode utopique pour la reconstitution d'un langage absolu. Préhistoire du langage verbal : le langage d'action et les premières phases de l'intelligibilité discursive. Du langage d'action au langage verbal : le réseau des signes. Genèse de la grammaire raisonnée. Climat et génie des langues. Les limites de la méthode condillacienne. [333]

Le traité du président De Brosses sur la formation mécanique des langues s'efforce de mettre en lumière un vocabulaire originaire et universel. Rôle des conditionnements phonétiques de la fonction linguistique. L'analyse physique de la parole depuis le XVIIe siècle : les travaux de Cordemoy, Mersenne, Vaucanson et les simulations mécanistes de l'homme parlant. Le vocabulaire universel du président De Brosses. L'onomatopée assure le passage de la nature à la culture. La langue des origines radicales. [341]

L'œuvre linguistique de Turgot. Le monothéisme linguistique de l'abbé Pluche. L'histoire naturelle de la parole selon Court de Gébelin ; la langue primitive est une symbolique universelle ; linguistique et mystique. [348]

La critique de la langue primitive chez Voltaire : polygénisme et pluralisme linguistique. [352]

La linguistique intellectualiste refuse ce qu'il y a d'humain dans l'être humain. La spécificité de l'ordre émotionnel et les origines de l'esthétique. Du Bos : le langage du cœur ; Baumgarten, Henry Home. [353]

L'origine des langues selon Rousseau ; la langue des musiciens et des poètes a priorité sur celle des géomètres. Une linguistique antiphilosophique. [355]

Herder : vers une anthropologie de la parole par laquelle l'homme vient au monde. [358]

3.7. LA PRÉHISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE ET COMPARÉE [360]

Les résistances de la diversité empirique des langues. James Burnet : Of the origins and progress of language (1773-1792). Une somme de faits en voie d'organisation. Le rapprochement entre linguistique et ethnologie. [360]

La linguistique historique au XVIIIe siècle et le goût des origines. La langue comme mémoire collective. L'importance des données linguistiques pour l'historien : Schlœzer. Les repères linguistiques fournissent des documents essentiels pour les périodes obscures de l'histoire. [363]

Le comparatisme linguistique et les Mithridate, herbiers du vocabulaire universel. La collecte des données linguistiques dans l'empire russe depuis Pierre I. L'encyclopédie linguistique de Catherine II. Les recueils de Pallas et de Hervas. Le Mithridate de J. C. Adelung (1806-1817) marque la fin du moyen âge linguistique. [367]

Les suggestions de C. J. Kraus (1787) annoncent des temps nouveaux. [371]

QUATRIÈME PARTIE

LA CONNAISSANCE HISTORIQUE [373]

Insuffisance et lacunes de l'histoire de l'historiographie. L'intérêt pour la philosophie de l'histoire fait oublier l'historiographie militante. D'ailleurs les limites demeurent incertaines entre les deux domaines. Voltaire et Bourges. Importance de la littérature historique à l'âge des Lumières ; données quantitatives attestant l'importance croissante de l'intérêt pour l'histoire ; exemple de l'Encyclopédie. La curiosité historique atteste une nouvelle insertion de l'homme dans l'univers. [373]

4.1. LA MYTHISTOIRE DE LA RAISON. [379]

Voltaire : La philosophie de l'histoire (1765). L'intelligibilité du domaine historique est une conquête du XVIIIe siècle ; les phénomènes humains résistent à la rationalité plus longtemps que les phénomènes physiques. De la mythistoire chrétienne à la mythistoire de la raison. La métaphysique du droit naturel propose une détermination du domaine humain dans sa spécificité. La Renaissance découvre la dimension culturelle de l'ordre social. Le conflit entre la variable historique et l'ordre rationnel. [379]

L'histoire universelle selon l'axe judéo-chrétien de l'histoire du salut. La candeur de Bossuet démentie dès le XVIe siècle. La Réformation et l'intelligence historique : la vérité se gagne ou se perd dans le temps, terre natale de la vérité humaine. La recherche du sens de la marche de l'humanité dédaigne la longue patience de l'érudition. L'élargissement du projet historique chez Voltaire ; histoire des hommes et histoire événementielle ; histoire de l'esprit humain. D'Alembert. Fontenelle : histoire de la raison. Le précédent leibnizien. L'intelligibilité radicale de l'histoire selon Christian Wolff ; elle met en lumière le gouvernement divin dans l'histoire de l'humanité. Principe de continuité et principe de raison suffisante ; harmonie préétablie. Ces principes sont à l'œuvre dans l'historiographie allemande. [382]

Mécanisme et finalité se conjuguent dans la connaissance historique. Le retrait de Dieu respecte l'autonomie du domaine historique, comme celle du domaine physique. De l'eschatologie de rupture à l'idée d'un accomplissement graduel : l'idée de progrès. L'inspiration leibnizo-wolffienne et le déisme. De la physico-théologie à l'historico-théologie. [391]

La métahistoire de Voltaire opposée à celle de Bossuet. Fontenelle : l'histoire n'est pas une science. Mais le calcul des probabilités atteste une rationalité immanente aux statistiques. La philosophie de l'histoire de J. D. Weguelin réconcilie empirisme et rationalité selon les inspirations conjuguées de Leibniz et de Newton et propose des schémas pour une statique et une dynamique sociales. La réduction de l'élément historique à des lois ne se réalise que selon l'ordre d'une rhétorique. Vers une sociologie et une politique. [393]

L'anthropologie historique de Hume. La nature humaine immuable est le sujet de l'histoire. Voltaire : historiographie de la raison universelle, masquée par les différenciations du climat et de la coutume. L'histoire travaille pour le progrès. Hume, hostile à tout dogmatisme, se plaît aux variétés de l'expérience historique, mais professe aussi des partis pris éthico-culturels. Bolingbroke : Lettres sur l'étude de l'histoire ; l'histoire maîtresse d'humanité et de tolérance. L'utilité de l'histoire selon Voltaire. L'histoire comme anthropodicée, discipline auxiliaire de l'action morale et politique. [398]

« Esprit du temps », « tour d'esprit », Weltanschauung ; de l'histoire événementielle à une histoire sociale et culturelle. Défense et illustration des valeurs bourgeoises. Mably : espérance déiste d'un ordre naturel originaire, en dépit des erreurs et malheurs des temps. Une épistémologie génétique de la civilisation. Pascal : avenir de la science ou histoire du salut. Transposition de la Cité de Dieu en idéal cosmopolitique. [404]

Fontenelle définit la mythistoire de la raison selon l'axe de la connaissance. Le progrès des Lumières comme explicitation d'un donné originaire. Ce progrès est en contradiction avec l'immobilisme de la nature humaine et le retour éternel des mêmes possibilités. Mais les irrégularités se compensent et l'humanité peut progresser même si les individus ne s'améliorent pas. Kant : l'histoire du point de vue cosmopolitique. La ruse de la raison convertit le pessimisme à l'échelle de l'individu en un optimisme à l'échelle de l'humanité. La foi de la raison inspire une métahistoire qui corrige, en seconde lecture, les irrégularités de l'histoire empirique. Le thème de la fin de l'histoire. [407]

Une historiographie engagée, parfois dépourvue de sens historique. Les limites de l'historiographie voltairienne : méconnaissance du moyen âge ; extrapolation abusive des évidences occidentales. Voltaire et l'Orient. La critique de Grimm. On ne doit pas remodeler le passé en fonction du présent. Le pseudo-universalisme des Lumières. Voltaire et Loyola. Les tentations de la dérision, et le fanatisme de la raison universelle. L'histoire mise à la raison devient une philosophie appliquée. [412]

L'alliance entre l'histoire et la vérité réalise une validation du temps. L'histoire de l'humanité, perspective cavalière sur le devenir humain. L'histoire conjecturale, philosophie de l'histoire convertie en histoire philosophique. Turgot et l'histoire du genre humain. Le progrès linéaire et ses intermittences. Voltaire : siècles d'or et phases d'éclipsés. La doctrine du progrès relativise les phases antérieures. Or chaque époque existe pour elle-même. [417]

Diachronie et synchronie dans l'intelligibilité historique. Le retour éternel des formes de la culture. Les théories cycliques. Vico, analyste des cultures où s'explicite la réalité humaine. Les ricorsi proposent le principe d'une encyclopédie des sciences humaines et d'une science comparée des civilisations. L'analyse de Montesquieu formalise le domaine des institutions humaines. Les divers systèmes de gouvernement esquissent une typologie des cultures et une sociologie de la connaissance. Chaque époque culturelle définit l'éternel présent de l'humanité. [421]

Progrès, décadence, récurrence. L'usure des valeurs et des cultures. Une autre philosophie de l'histoire : Herder. [425]

4.2. L'HISTORIOGRAPHIE AU XVIIIe SIÈCLE. [429]

Les modalités d'exercice du métier d'historien sont tributaires des institutions matérielles et morales. L'histoire dans le cadre du système universitaire moderne et des sociétés savantes. Enseignement et recherche. Le professeur comme savant et vulgarisateur.

A. Le domaine français [430]

Pas d'enseignement de l'histoire ni de professeurs d'histoire en France, sinon quelques précepteurs ad usum Delphini. Les humanités classiques ont un caractère anhistorique. Les Anciens, maîtres des collèges, imposent une histoire esthétisante et moralisante ; les Modernes réclament une histoire utilitaire, empirique et pragmatique. [430]

Le préjugé persistant contre les connaissances de mémoire : Malebranche, Lenglet du Fresnoy. L'histoire puérile et honnête, maîtresse de vie, les exemples. Le collège n'enseigne que l'histoire sainte et l'histoire de l'antiquité classique. Rollin, Mably se contentent d'une rhétorique moralisante. L'histoire de France ne figure pas dans les programmes. [432]

Les novateurs réclament la réhabilitation pédagogique de l'histoire. Les Encyclopédistes : Paris de Meyzieu, d'Alembert. Pour une étude positive des expériences du passé. Diderot : commencer par l'histoire nationale. L'immoralité de l'histoire selon Sébastien Mercier. Sens et non-sens de l'histoire selon Rousseau. [438]

Montesquieu, une théorie rationnelle de l'intelligibilité historique. La science historique distinguée de l'histoire des pédagogues. Les meilleurs historiens français sont des amateurs et des indépendants ; le cas de Saint-Simon, analyste sagace de la comédie humaine. Histoire et politique. Le projet français d'une académie d'histoire. [444]

De la vulgarisation à la science. Légèreté de Voltaire historien. L'histoire savante à l'académie des Inscriptions et Belles-Lettres, sénat de l'érudition française. Recherches et travaux de Nicolas Fréret. Les études médiévales ont leur origine dans la mythistoire politique et sociale de la France : Boulainvilliers, Du Bos, Fréret et les origines françaises. La tradition de l'érudition, des Mauristes aux Académiciens. Lacurne de Sainte-Palaye et la réhabilitation du moyen âge. [448]

L'histoire à l'université de Strasbourg : J. D. Schœpflin. [455]

B. Le domaine germanique [456]

L'historiographie scientifique moderne a été créée par les maîtres des universités allemandes. Renaissance et Réformation confèrent une dignité nouvelle au temps humain de l'histoire. L'histoire importe à la vérité. C'est pourquoi elle est, en Allemagne, matière d'enseignement. [456]

Melanchthon : histoire biblique du salut et histoire profane. L'élargissement de l'horizon historique et les difficultés de la chronologie biblique. La computation de Newton. L'histoire du christianisme ne parvient pas à faire le plein de l'histoire universelle. Origines chinoises et origines américaines. [460]

L'histoire universelle selon Georg Horn distingue histoire ecclésiastique et histoire politique profane. Recul de la mythologie et de la théologie. Vers une intelligibilité positive en matière d'historiographie. L'histoire universelle et le déisme. [463]

Histoire des professeurs et histoire des érudits ou experts. Les problèmes propres au Saint Empire. Leibniz historien et archiviste de l'Allemagne. Sociétés savantes et académies. [466]

Le travail historique à l'université de Gœttingen, foyer d'une nouvelle intelligibilité interdisciplinaire à prédominance historique. Histoire universelle, histoire de la connaissance et des institutions. L'œuvre de Gatterer. L'œuvre et les activités de Schlœzer. À Gœttingen, l'histoire, science de l'homme, revendique la totalité de l'espace géographique ; elle devient une histoire des cultures de l'humanité. Christoph Meiners : histoire des civilisations, histoire des religions. [468]

J. M. Chladni : la première théorie de la connaissance historique. [476]

Le déclin de l'historiographie de l’Aufklàrung et les approches du romantisme et de l'historisme. Herder. Justus Môser, historien d'Osnabruck ; la raison historique contre la raison raisonnante. Vers un sens nouveau de l'historicité. [477]

C. Le domaine britannique [479]

La connaissance historique trouve place dans les universités anglaises dès le XVIIe siècle. La « révolution historique » (1580-1640). Les apologétiques religieuses et politiques opposées recourent à des argumentations historiques. L'histoire conditionne l'exercice de droits réels. Common lazv et ancienne constitution de l'Angleterre. Le passé sous-tend le présent. [479]

L'inspiration baconienne : histoire naturelle et histoire civile ; l'historiographie fournit une approche des activités humaines. Limites de Bacon historien. L’Elisabethan Collège of Antiquaries (1586) et la tradition britannique des antiquaires. Sir Robert Cotton, William Camden, Henry Spelman, John Selden. La Society of Antiquaries of London (1707) et les sociétés régionales [482]

Hume historien de l'Angleterre. L'histoire, champ d'application pour l'empirisme anthropologique ; analyse des variétés de l'expérience historique. Immuabilité de la nature humaine. Limites et lacunes de l'historiographie de Hume. [487]

William Robertson. Edward Gibbon, historien de la décadence romaine. [490]

Les études historiques en Espagne, en Italie (Muratori, Giannone) [493]

CINQUIÈME PARTIE

LES SCIENCES SOCIALES [497]

5.1. LA THÉORIE DU DROIT NATUREL [497]

La pensée juridique et politique dans le réaménagement de la situation de l'homme dans le monde social. Le déclin de l'ordre chrétien médiéval ; l'axiomatique théologienne ne permet pas d'axiomatiser l'ensemble des nouveaux mondes. Nécessité d'un jus inter gentes fondé sur des bases différentes. La disqualification de la monarchie pontificale entraîne la neutralisation du facteur confessionnel pour maintenir l'équilibre de l'Europe. [497]

L'école de Salamanque (Vitoria, Suarez) ; mais la Contre Réforme maintient le schéma de la monarchie absolutiste en pays catholique. La théorie moderne de l'État et celle du droit international ont été élaborées par des réformés au XVIIe siècle, puis adoptées par l'Europe des Lumières. De Grotius et Locke à Wolff ; les vulgarisateurs helvétiques. La Réformation met fin à l'augustinisme politique et sépare le pouvoir civil du pouvoir religieux. La cité des hommes distinguée de la Cité de Dieu. La prédestination garantit la liberté de l'homme. [501]

Grotius : la loi naturelle garde son autorité même si Dieu n'existe pas. La sécularisation de l'ordre juridique. Droit naturel comme dictamen rationis chez les Anciens. Révélation naturelle d'un ordre moral universel. Loi naturelle et lois positives. Répudiation de Machiavel et de Hobbes. L'optimisme juridique du déisme. L'égalité naturelle selon l’Encyclopédie et la société de nature. Le fondement du pouvoir politique se trouve dans le libre consentement des citoyens. La souveraineté légitime justifiée par la poursuite du bien commun. La volonté générale. [507]

Les droits de l'homme et du citoyen. Les libéraux sont des réformistes ; le régime républicain n'est qu'une vue de l'esprit. De la révolution américaine à la révolution française. Les Déclarations des droits, premiers principes métaphysiques de la science politique. Les protestations de Burke et de Joseph de Maistre. [514]

5.2. THÉORIE ET PRATIQUE : LE DESPOTISME ÉCLAIRÉ [520]

La révolution de 1789 n'a pas valeur rétroactive ; personne, avant la Révolution, n'avait fait la théorie de la révolution. Les disparités géographiques. Les Anglais, bénéficiant des libertés, ne spéculent pas sur la liberté ; ce sont les étrangers qui font la théorie du libéralisme britannique. Hume critique la doctrine du contrat social. L'empirisme historique de Blackstone et de Hume. [520]

Le modèle britannique suscite en Europe le procès du despotisme. Louis XIV et le despotisme oriental. Montesquieu, l'Encyclopédie. Le mot « despotisme ». Mais les maîtres des Lumières sont à la solde des autocrates européens. L'absolutisme bienfaisant. [525]

Les philosophes radicaux français et l'ordre établi. Frédéric, encyclopédiste couronné. Les souverains éclairés. Helvétius courtisan de Louis XVI : l'Ethocratie, programme des réformes. Diderot entre Frédéric et Catherine. Le « despotisme » éclairé, concept bâtard, mais réalité concrète dans l'Europe des Lumières. L'initiative radicale de la Révolution ne sera pas moins féconde en contradictions. [529]

Le despotisme éclairé en tant que succès partiel de la réflexion rationnelle en matière de gouvernement. De l'utopie à la gestion. Condillac : le fonctionnement du système social doit obéir à un empirisme organisateur. L'idée d'équilibre et la technologie administrative. Hume : pour une science politique, indépendante de toute métaphysique, fondée en raison expérimentale. Montesquieu : pour un gouvernement bien tempéré. [533]

Le positivisme juridique de Montesquieu opposé à la politique a priori de Rousseau. La réflexion politique se situe dans l'horizon du phénomène social global. Esprit des lois, esprit des mœurs, « esprit général » d'une société. Approches de la sociologie de la connaissance et des sciences sociales. [537]

La sociologie de la connaissance dans l'œuvre de Vico et dans les Essais de Hume ; culture et liberté. L'histoire de l'humanité tente de décrire l'horizon interdisciplinaire des âges du savoir. [541]

5.3. LA PENSÉE ÉCONOMIQUE [543]

L'ordre politique n'est qu'une abstraction ; il s'inscrit dans l'horizon du genre de vie économique et social en voie de transformation. Une nouvelle mentalité administrative, de Vauban à Turgot. Locke économiste. [543]

La désacralisation du domaine économique. L'intelligibilité mécaniste s'applique aussi aux faits économiques. Le libéralisme économique réclame le respect des lois naturelles en ce domaine. Quesnay et le positivisme de Malebranche. L'ordre naturel selon les Physiocrates, en harmonie avec les doctrines du droit naturel et de la religion naturelle. Un optimisme providentialiste (Smith). [545]

De l'économie politique à la science économique. De l'arithmétique politique au Tableau économique de Quesnay (1758). Les penseurs du XVIIIe siècle se préoccupent des problèmes économiques. Une nouvelle conscience de la condition humaine, justifiée par l'essor de la production et de la consommation. [549]

Le nouveau rapport au monde ; ascétisme de l'esprit d'entreprise : Robinson Crusoé. Mandeville et la nouvelle psychologie économique. La morale de l'intérêt. Anthropologie de l’homo œconomicus selon Hume. Adam Smith : intérêt personnel et intérêt collectif ; le progressive state. L'éthique de l'expansion ; du mercantilisme au libre-échange. Hume libre-échangiste. Le libéralisme économique lié au libéralisme politique et religieux. [551]

Le problème de la population et les origines de la démographie. Les vues de Jean Leclerc. La population est une richesse nationale ; optimisme naturaliste : il faut respecter l'équilibre naturel. Le plus grand bonheur du plus grand nombre. Déisme et économie. [556]

Individualisme, libéralisme, optimisme selon Adam Smith. L'harmonie préétablie des intérêts. Le thème de la division du travail : Mandeville, l'Encyclopédie. Une physico-théologie de la nature des choses économiques. Libre concurrence et harmonie des intérêts. Sacralisation de la propriété en tant qu'elle est l'incarnation du travail. [558]

Les Physiocrates et le primat de l'agriculture. Turgot économiste. Condillac. [562]

5.4. L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES [565]

Les sciences politiques et économiques ne sont pas enseignées en France, mais cet enseignement revêt une importance particulière dans les pays soumis à un régime de despotisme éclairé. [565]
L'enseignement du droit depuis le moyen âge : droit romain, droit canon, droit naturel. Le droit moderne dans les universités de l'Europe protestante. La carence française des facultés de droit. [566]

L'enseignement juridique reflète la mutation des valeurs politiques. Les besoins nouveaux de la gestion administrative suscitent la création de chaires de sciences politiques et économiques. Le caméralisme allemand et la technologie administrative. Seckendorff. Les débuts de l'enseignement des sciences d'État ; l'activité de Gœttingen. Achenwall et la statistique. [571]

Le caméralisme en Europe, et particulièrement en Autriche sous Marie-Thérèse et Joseph II. Les théoriciens : Justi, Sonnenfels et le Welfare State. Le problème de la mise en œuvre des ressources naturelles en vue du bien commun. L'enseignement des sciences d'État en Angleterre et en Ecosse. En France, les projets de Torcy et des Physiocrates. [578]

CONCLUSION

Les sciences humaines, attestation d'un nouveau rapport de l'homme au monde et à soi-même. [585]


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 22 octobre 2014 7:35
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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