Tome VI. L'avènement des sciences humaines au siècle des lumières.
Quatrième de couverture
L'affirmation des disciplines neuves qui se donnent pour objet la connaissance de l'homme et de l'humanité consacre, à l'âge des lumières, une mutation de la pensée occidentale. Il ne s'agit pas de la simple addition, à la classification des sciences, de quelques disciplines supplémentaires : psychologie, linguistique, philologie, anthropologie, ethnologie, psychiatrie, statistique, histoire des religions, etc. La croissance quantitative du savoir va de pair avec une modification intrinsèque du savoir, ainsi que le pressentait Vico dans sa Science nouvelle, dès 1725.
La science nouvelle apporte un renouvellement de la science, les disciplines dernières venues impliquant un changement de perspective dans l'ordre de la connaissance en sa totalité. La mise en évidence de la pluralité des mondes culturels, de la diversité des espaces et des temps, l'estimation des distances qui séparent les uns des autres les individus et les sociétés, dans le présent comme dans le passé, impose un élargissement de la présence à soi et de la présence au monde.
Si le philosophe se propose de mener à bien la prise de conscience de l'humanité de l'homme, alors l'œuvre des lumières fonde le présupposé nouveau qui fait de l'être humain, considéré à la fois comme être de nature et être de culture, le centre de perspective de toute pensée. La philosophie devient récapitulation critique des aspects de l'existence ; elle déchiffre les comportements, les œuvres, les institutions, comme autant d'hiéroglyphes où s'annonce la vérité intrinsèque de l'humanité.
Les métaphysiques de jadis, imitant l'ordre immuable de la physique, pouvaient se flatter de proposer des solutions définitives. L'avènement des sciences humaines substitue à la métaphysique une méta-humanité, tributaire du nouvel ordre de connaissances privilégié. Le sens de la vérité s'en trouve changé. Une vérité de forme humaine, vérité d'un devenir, ne peut être qu'une vérité en devenir.
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