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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Georges Gusdorf, LES ORIGINES DE L’HERMÉNEUTIQUE. (1988)
Sommaire


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Georges Gusdorf, LES ORIGINES DE L’HERMÉNEUTIQUE. Paris: Les Éditions Payot, 1988, 428 pp. Collection: Bibliothèque scientifique Payot. Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres. Une édition numérique réalisée par Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean.. [Autorisation des ayant-droit le 2 février 2013 de diffuser l'oeuvre de l'auteur dans Les Classiques des sciences sociales.]

[5]

Sommaire

PREMIÈRE PARTIE

LES ORIGINES [17]

CHAPITRE I.
L'ÂGE D'OR DE L'HERMÉNEUTIQUE ALEXANDRINE [19]

Herméneutique, interpretatio, exégèse ; le message d'Hermès, transfert de signification. Un ministère de la communication ; dévoiler la non-évidence du sens, tâche inachevable. Nietzsche : la philologie ou l'art de lire. Classicals cholarship, à partir du IIIe siècle avant J.-C. [19]

Fondation d'Alexandrie d'Égypte (330), capitale culturelle de l'Occident pour un millénaire. Le Musée, la Bibliothèque. Ordonner le chaos, le génie bibliothécaire et la tradition écrite. « Philologues », « grammairiens », « critiques ». Civilisation de la lecture et de l'écriture. L'art de l'interprétation pour sauver le sens. [22]

Les études homériques. Sacralité pédagogique d'Homère, le Gesamtkunstwerk de la culture occidentale. Le canon des saintes écritures homériques a été constitué à Alexandrie, exceptionnelle réussite du génie humain. La formation des légendes épiques et la fixation d'un texte ne varietur. Histoire du texte homérique et de sa fixation. [23]

L'espace mental du Musée et l'interruption de la tradition vivante. Nécessité de restaurer les significations perdues, réactualisation du sens. Le philologue fait œuvre sur les œuvres d'autrui. Le Sophiste ou l'intellectuel impur. Les bibliothécaires d'Alexandrie ; scoliastes, lexicographes, commentateurs. [27]

À Alexandrie s'est constituée la Paideia antique, le classicisme. Travail et technologie du texte. La culture du livre se substitue à la culture de la rue. Invention de la littérature. Classicus : classicisme et élitisme. Classement, catalogue. Le palmarès des Belles Lettres, œuvre de Callimaque et d'Aristophane, bilan de l'hellénisme [30]

Le canon des classiques implique une dogmatique esthétique et morale. Alexandrie terre natale de l'herméneutique. La Bible des Septante contemporaine du canon homérique. Philon le Juif, le néo-platonisme et la patristique au foyer d'Alexandrie. Philologie classique et exégèse sacrée. Canon biblique, corpus hippocratique [36]

Le déclin de l’Aufklärung alexandrine. Recul de l'esprit critique. La fin du Musée et de la Bibliothèque. De l'herméneutique à l'hermétisme. Initiation et gnose [38]

[6]

CHAPITRE II.
AVÈNEMENT DE L’HERMÉNEUTIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE [40]

L'épopée d'Alexandre ouvre de nouveaux horizons spirituels. L'exigence religieuse aussi change d'échelle. Le néologisme « théologie » chez Platon et Aristote. Theologia et mythologia. Intelligibilité cosmique du stoïcisme dans l'immanence. Le spiritualisme néo-platonicien : transcendance, extase. [40]

Néo-platonisme et christianisme dans la tradition d'Occident. Prédication universaliste de l'apôtre Paul. Le syncrétisme ou la confusion des interprétations. Un polythéisme épistémologique ; démultiplication du sens, jeux de miroir. Le Songe de Scipion commenté par Macrobe. Virgile, poète-prophète inspiré [43]

Augustin : De doctrina christiana ; syncrétisme philosophico-religieux. La tradition judéo-chrétienne justifie une religion du livre, qui donne aux Écritures et à leur lecture une valeur fondamentale. L'herméneutique devient un ministère de vérité. Il faut retrouver la parole actuelle du Dieu vivant [47]

Décalage entre la lecture critique et l'exégèse religieuse. Contemporanéité spirituelle du corpus biblique. Double mouvement de l'interprétation religieuse : du présent au passé et du passé au présent ; réactualisation du sens. Le symbolisme pour dépister les significations latentes. La kabbale et ses codes, révélation de la Révélation. Du littéralisme à la mystique spéculative ; illimitation du sens ; les nombres. La tradition juive, après l'avènement du christianisme, se ferme sur elle-même. Le Talmud, patrimoine spirituel du judaïsme [50]

CHAPITRE III.
HERMÉNEUTIQUE CHRÉTIENNE PATRISTIQUE [54]

Le christianisme, mutation du judaïsme. Jésus introduit une nouvelle lecture de la tradition, non reconnue par la synagogue. La divergence chrétienne rejette le judaïsme dans l'isolement. Les chrétiens assument la Bible ancienne, mais rouvrent le Livre. Jésus premier herméneute chrétien. Rétroactivité du Nouveau Testament ; démultiplication du sens. [54]

Les chrétiens obligés au dialogue avec la tradition païenne. Le radicalisme iconoclaste, position extrême du terrorisme culturel. Le concordat culturel de la patristique : Augustin, Jérôme. Un monothéisme culturel récupère la tradition dans son ensemble. La Paideia en Christo, amalgame biblico-classique ; le programme des arts libéraux. [56]

Difficultés de la lecture biblique ; le décalage culturel et les ordres et modes divers du Livre révélé. Augustin et les obscurités de l'Écriture ; De doctrina christiana. Nécessité d'un savoir encyclopédique. La donation de Constantin inclut l'empire du savoir. Les monastères, places fortes de la connaissance. [60]

Transfert du savoir païen au sein de la spiritualité biblique. Clément d'Alexandrie et l'illuminisme chrétien. Eusèbe et la mutation des coordonnées historiques. Origène fondateur de la science biblique chrétienne, démarquage de la critique alexandrine. La Bible Hexaples, première Bible polyglotte. Obscurcissement des Écritures. [63]

Jésus était-il le doyen de la Faculté des Sciences religieuses ? À l'âge apostolique succède l'âge des docteurs. Nécessité de la consolidation intellectuelle de la foi. Foisonnement du sens. Origène définisseur du nouvel espace mental de l'exégèse. [66]

CHAPITRE IV.
EXÉGÈSE MÉDIÉVALE [68]

Une culture cléricale fondée sur la révélation scripturaire. Suspicion légitime à l'égard des auteurs païens. La Vulgate de saint Jérôme, texte reçu et figé pour un millénaire, sacralisé, empêchant toute exégèse historique. Cette paralysie a suscité l'oubli des interprétations médiévales, pourtant abondantes et non dépourvues d'intérêt. [69]

Champ unitaire des Écritures, idéalement contemporaines. Illimitation du sens, réverbération du Verbe. L'Esprit surcharge la Lettre, d'où une lecture dans la foi, pour la foi, signe, symbole, sacrement dans la polysémie du texte. Rejet du sens littéral. Une ascèse linguistique inspirée par la quête de Dieu sur la voie des symboles. [71]

Coalescence des lectures interprétatives superposées, transparences de l'éternité dans le temps. Le symbolisme universel, universelle lecture du Verbe incarné découvert en filigrane. Omniprésence de l'événement de Dieu ; histoire sainte et histoire du salut. Non pas explication, mais implication. Le mystère du Christ est le sens du sens. [74]

Impossibilité d'un troisième évangile, l'incarnation du Christ bloque le temps. Pluralité des lectures. Sens littéral de l'histoire biblique et sens figuratif, chair et esprit. Sens objectif et sens édifiant. D'où la doctrine des quatre sens, imposée par la finitude de notre intellect. Sens littéral, sens allégorique, sens moral, sens analogique. [77]

L'historique et le méta-historique dans la lecture biblique. Le temps prophétique. Ancienne et nouvelle alliance. Insuffisance du Jésus historique. Le sens littéral est anachronique. Le sens moral transfère l'interprétation dans l'espace du dedans. Lecture mystique et piétiste, transfiguration de l'âme fidèle. Le sens anagogique : eschatologie de la Présence totale. [81]

Dire l'ineffable, paradoxe de dire Dieu. Bourgeonnement des quatre sens. Saint Bonaventure : rhétorique et numérologie. La lecture comme exercice spirituel. Un héritage culturel oublié. Le lecteur médiéval se situe dans le présent de l'éternité. [83]

Célébration du Verbe dans un palais de miroirs. Tradition de la lecture édifiante. Lectio historica et lectio allegorica. L'allégorèse donne naissance à la théologie dogmatique, qui prend ses distances par rapport au texte scripturaire. Dissociation de la spiritualité et de la recherche intellectuelle. [86]

CHAPITRE V.
PHILOLOGIE CLASSIQUE ET PHILOLOGIE SACRÉE
À LA RENAISSANCE
[88]

La philologie, force motrice de la Renaissance. Dégénérescence de l'armature intellectuelle médiévale. Mutation des évidences et des valeurs. Nouvelle recherche de la vérité. Fin des quatre sens et primat du sens historique. La Réformation fait sauter le barrage de la Vulgate ; retour à la Septante et au texte hébreu. [89]

Le libellé des Écritures entre en effervescence. La renaissance philologique antérieure à la Réformation. Récupération du modèle alexandrin des Belles Lettres ; fin du monothéisme culturel et dissolution du totalitarisme chrétien. Virgile évangéliste ; Athènes et Jérusalem. Homère et Virgile aimés pour eux-mêmes. [91]

Athènes et Rome, foyers de l'ellipse du classicisme reconstitué. Translatio studii de Byzance en Italie. Émancipation de la philologie, première en date des sciences humaines. Le type neuf de l'humaniste et l'âge d'or des études anciennes ; la quête du sens en dehors de tout dogmatisme. [94]

Valla et le transfert de la technologie philologique du profane au sacré. Valla et Copernic. Même saintes, les Écritures sont des textes, soumises au nouveau droit commun des textes. Une nouvelle patristique, lune de miel entre la philologie et la foi : Érasme, la philosophia Christi, l'évangélisme. Priorité du texte. Les Bibles polyglottes. [96]

La rupture de la Réformation. L'autorité des Écritures opposée à celle de l'Église de Rome. Luther traducteur de la Bible. La philologie biblique enjeu et otage du conflit. Le Concile de Trente impose la Vulgate et généralise les séminaires diocésains. Dépérissement des facultés de théologie. Le collège jésuite, nouveau paradigme pédagogique ; le dogmatisme des Belles Lettres. [100]

La philologie marginalisée en terre catholique, en position dominante dans l'Europe réformée. Position centrale de la Faculté de théologie. Philologie classique, langues orientales, exégèse biblique en Hollande. La révolution galiléenne en philologie. [103]

Fr. A. Wolf, étudiant en philologie (1777). Altertumswissenschaft. Fin du dogmatisme des Belles Lettres. Prolegomena ad Homerum (1795) ; l'athéisme homérique. Une histoire du texte homérique. [105]

Autonomie de l’Altertumswissenschaft. Philologie classique et philologie
biblique, problématique commune. La lettre et l'esprit des Écritures. [108]

CHAPITRE VI.
L'HERMÉNEUTIQUE BIBLIQUE AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES [109]

L'exégèse chez les Réformés et la critique biblique ; Grotius, La Peyrère, Hobbes. [110]

Spinoza : le Tractatus theologico-politicus (1670), discours de la méthode en matière d'exégèse du document biblique. Richard Simon, le Galilée des sciences religieuses. Le texte biblique trop fragile pour fonder à lui seul la foi. Fanatisme critique pour justifier l'autorité de l'Église et son magistère. Simon hors-la-loi. [112]

La recherche biblique dans l'Europe de la Réformation. Fondamentalisme biblique et danger d'anarchie doctrinale. Variations des Églises protestantes. La Réformation est un mouvement perpétuel. [116]

Exégèse et herméneutique. L'exégèse se contente de restaurer le document en toute objectivité. La lecture piétiste, lecture inspirée ; la Bible est le lieu de la Parole divine. Le piétiste Rousseau contre la science biblique. Le culte du cœur opposé aux étiquettes confessionnelles. Lichtenberg. [118]

La science du texte ne met pas en cause son authenticité religieuse. Les surcharges de la Révélation globale. Révélation de l'homme à lui-même ; restauration de la multiplicité des sens. L'herméneutique approfondit la polyvalence du sens ; du dehors au-dedans, de la lettre à l'esprit. [122]

La mutation herméneutique dans les sciences humaines. Les facultés de théologie en France depuis 1808. La problématique des traductions bibliques chez les réformés. Hermeneutika (1630), science du sens vrai. La vérité fait problème ; une logique du sens. Habilitation de l'esprit critique. Lumières et protestantisme selon Dilthey. [124]

La Bible, Parole de Dieu, doit être intelligible par elle-même. La tâche immense de la manifestation du sens. Flacius Illyricus (1577) : retrouver l'unité de dessein de Dieu, principe de totalité. Analyse rhétorique du discours biblique. Une critique d'esprit rationaliste. [126]

Tradition universitaire de la philologie sacrée et profane aux XVIIe et XVIIe siècles. Complexité intrinsèque du recueil biblique. Triomphe de la raison raisonnante. L'exégèse de Christian Wolff ; élucidation rationnelle de l'Écriture. S. J. Baumgarten : rhétorique et logique, récurrences de la mentalité. [130]

Les études hébraïques : J. A. Michaelis à Halle et son fils Johan David à Göttingen. La science biblique élargie à l'étude de mentalité et de civilisation. Le Nouveau Testament lui aussi est un recueil composite. L'hypothèse du Protévangile renouvelle la problématique. J. S. Semler : historicité de la révélation biblique ; critique du canon de l'Ancien et du Nouveau Testament. [133]

L'initiative piétiste restaure le sens mystique : A. H. Francke (1717) ; la conversion est la clef de la Révélation. La filière piétiste de la lecture spirituelle : Bengel (1742). De la Bible de Marburg à la Bible de Berleburg. Savant et croyant.  L'inspiration.  Une vérité à figure humaine. La composante psychique : Chladenius (1742). [138]

Ernesti (1761) : ambiguïtés du sens ; vocabulaire et grammaire. Mentalité, genre de vie et champ sémantique. Vico (1725) et la cohérence interne de l'intelligibilité ; analyse globale de la réalité humaine. Retour cyclique des formes culturelles. L'humanité vit dans un monde de significations. Une herméneutique de l'histoire universelle ; inventaire des espaces culturels. [141]

CHAPITRE VII.
DE L’EXÉGÈSE À L HERMÉNEUTIQUE [145]

De Vico à Montesquieu. Une théorie des ensembles de la compréhension. La théorie des climats et le déterminisme de l'environnement ; une intelligibilité globale de la culture, intériorisée par le Zeitgeist romantique. Critique de Herder et de Germaine de Staël. [146]

Herder critique du progrès linéaire. Une autre philosophie de l'histoire (1774). Polythéisme des valeurs culturelles ; réhabilitation du Moyen Age. Chaque époque expose la plénitude du sens. Civilisations, au pluriel. Vers l'historisme romantique ; la vérité est fille du temps. L'historien est dans l'histoire. Une méthodologie de la sympathie compréhensive. [149]

Préalable de la diversité des visions du monde. Herder anti-Bossuet et anti-Voltaire. Richesse intrinsèque de la Bible dans ses milieux et mentalités. Dieu a parlé la langue des hommes ; il faut lire la Bible humainement, selon l'analogie de l'humanité. Une vérité en dialogue avec le devenir de l'humanité. Déblocage de l'herméneutique. [153]

Découverte du Jésus historique libéré de l'eschatologie. Dégel de l'axiomatique théologienne, restitution du relief humain de Jésus en son temps, transfiguré par les évangélistes. Voltaire et Loyola. Nouvelle lecture des Évangiles, une critique différentielle. Le Nouveau Testament est un produit de la foi. Premières interrogations sur la personnalité de Jésus. [157]

Retrouver le Jésus d'avant la Croix. Reimarus tente de démythiser la légende chrétienne. Une analyse stratigraphique du recueil évangélique. Le héros et ses témoins. Jésus Juif et son échec ; le christianisme né de la déception des disciples et de sa projection eschatologique. Une problématique neuve de Jésus en son temps, libéré de la tradition. [160]

Lessing, éditeur de Reimarus, entre dans le débat. Herder et les traditions évangéliques. Jésus et la foi chrétienne antérieure aux Évangiles. La Révélation change de sens, retrouve les étymologies judéo-chrétiennes. Une fidélité neuve. L'actualité de la foi liée à son historicité. Réhabilitation des traditions légendaires. Le mode de penser mythique envisagé dans une perspective anthropologique de genèse. [163]

DEUXIÈME PARTIE

L'HERMÉNEUTIQUE ROMANTIQUE [167]

CHAPITRE I.
LE SAVOIR ROMANTIQUE ET LES UNIVERSITÉS [169]

Une nouvelle culture s'élabore à Göttingen et dans les autres universités allemandes. Néant universitaire français avant et après Napoléon. Les universités allemandes, foyers du romantisme : Göttingen, Iéna, Heidelberg, Munich ; Berlin, institution en esprit et en vérité. [171]

De l'érudition quantitative au savoir qualitatif. Les sciences de l'homme deviennent sciences humaines. L'objet de la science renvoie au sujet. Champ unitaire du savoir. Rien de commun avec la pseudo-Université impériale. Napoléon veut organiser une gendarmerie intellectuelle au service du pouvoir.  L'Université n'a pas cours légal en France au XIXe siècle. [173]

La tentative de restauration universitaire sous la IIIe République et son échec. Méthodologie germanique des instituts et séminaires. Les Facultés des Lettres en France, champs clos de polémiques oratoires. Monsieur Cousin. La France du XIXe siècle a eu de grands intellectuels, mais en dehors des universités. Humiliation du Studium devant l'Imperium. [176]

Universités allemandes et unité allemande. L'idéal des franchises académiques. Les Sept de Göttingen (1837-1842). Le séminaire, atelier des sciences de l'esprit. Nietzsche : la formation classique dans les gymnases. Le lycée français perpétue l'idéal des Belles Lettres. Dialogue franco-allemand. En France, l'enseignement supérieur n'a ni corps ni âme. [181]

Essais de réforme : Victor Duruy et l'École des Hautes Études (1868). Après Sedan, la tentative d'instauration de Jules Ferry. Le romantisme en France, n'a pas marqué, sauf exception honorable, le domaine des sciences humaines. Le romantisme allemand des professeurs a suscité une révolution culturelle dans le carrefour interdisciplinaire de l'Université. [184]

Le romantisme propose une méta-épistémologie. Les sciences de faits et l'invocation des valeurs. Romantisme de l'au-delà et romantisme d'ici-bas. Le nouveau paradigme de l'identité humaine et l'historialisation de la culture. [186]

CHAPITRE II.
LA LECTURE DES TEXTES [187]

Aujourd'hui l'herméneutique a pris dans le champ philosophique la place de la théorie de la connaissance, reliquat de la métaphysique. Schleiermacher, la nouvelle origine, occulté par ses continuateurs, a mis fin à la naïveté épistémologique. De l'Encyclopédie à l'ordinateur, un savoir quantitatif. L'érudition du polyhistor. [189]

La Révélation, monologue de Dieu, monothéisme du sens. Le malentendu. Humanistes renaissants et protestants repartent à zéro. Le sens est dans le texte. Remonter la pente de la dégradation du texte ; restauration de la lettre. Postulat du champ unitaire ; le tabou de la Vulgate intouchable. [192]

Le progrès de l'analyse historique et critique à l'âge des Lumières dissout la légende dorée de l'histoire sainte. Dissociation du recueil biblique, Ancien et Nouveau Testaments. Parole de Dieu et témoignages humains. Le témoin y met toujours du sien. La Bible est le lieu de la Révélation, mais il faut discerner ce qui, dans la Bible, est Révélation. [195]

La Parole de Dieu convertie en Écriture sainte, non sans déperdition de sens. Double difficulté de l'interprétation. Ambiguïtés ; les Évangiles sont déjà un produit de la foi chrétienne. Dieu peut-il prendre la parole ? Il faut renoncer au préjugé de l'inspiration massive ; la révélation est proportionnée aux temps et aux hommes. [198]

Retrouver le contexte du texte. Chaque époque formule son rapport avec Dieu selon ses critères et valeurs propres. Le mythe, donateur de sens. Le sens des mots expose le sens de la vie. [200]

L'archéologue de Delphes. La restauration archéologique du mot à mot n'équivaut pas à la restauration du sens. L'interprétation plénière est une palingénésie du contexte culturel, transfert d'un espace mental et vital dans un autre. Une philologie de l'esprit, superposée à celle de la lettre. Un nouveau front épistémologique. [201]

Les jésuites de Pékin et le transfert herméneutique. La compréhension est un va-et-vient. L'irréductible absolu du sens. L'ellipse herméneutique se trouve elle-même située dans la spirale de la durée historique. Intelligibilité cyclique. [204]

Histoire de l'historiographie et histoire des mentalités. Pas d'interprétation totale. L'homme mesure et le principe d'analogie. Connaissance projective. Pas de vérité en soi de l'objet : Nietzsche. Goethe : l'objet s'affirme à nous du dedans ; priorité de la théorie sur le fait. Mutations des significations : le regard fait l'objet. [206]

Palingénésies du goût et du jugement : l'art roman, Napoléon III, 1’« autocratie tsariste ». Rétroactivité des mentalités ; l'historien voyant du passé. La compréhension, transfert du sens d'un espace mental dans un autre. Comprendre l'autre mieux qu'il ne se comprend lui-même : Fr. Schlegel, Schleiermacher. [209]

Dialogue entre individus et entre époques. Lectures de l'Odyssée. La mort de Dieu en épistémologie. Une vérité à hauteur d'homme ; diminution capitale du savoir. Une épistémologie négative. Le langage humain ne peut dire Dieu, sinon sur le mode de la communication indirecte (Kierkegaard). [212]

Vérité, recherche de la vérité, vérité d'une recherche. Le Dieu caché. Non-évidence du sens. Hamann prophète de la révolution herméneutique ; perte originaire du sens. L'envers de la tapisserie. La Chute a brisé la Parole. L'homme s'est caché de Dieu. [215]

Goethe et l’Urphaenomen ; pas d'au-delà ontologique du sens. Toute science se fonde sur une phénoménologie première. L'homme cantonné dans l'humain. Horizon des horizons de l'intelligibilité. Espace projectif à géométrie variable. Exégèse, science seconde de la divination du sens. La Bible et l'incroyant. [218]

Les morts ne ressuscitent pas. Réincarnations fictives, bal masqué. La nouvelle histoire et le viol du sens. Charlemagne était-il à la place de Charlemagne ? La bêtise, facteur historique. Réserve ontologique de la non-transparence. Michelet, confusion de l'histoire et de l'historien ; rejet de l'objectivité primaire. Histoire qualitative. [220]

Ranke opposé à la mégalomanie de Hegel. Participer aux autres vies. Amour et connaissance. Le thème de l'identité. Visée eschatologique de l'origine du sens, intérieure et extérieure à nous. Hiéroglyphes, marques de l'infini dans le fini. La limite du sens et le sens de la limite. [224]

CHAPITRE III.
INTERPRÉTATION, COMPRÉHENSION [226]

Mutation romantique de l'herméneutique. Révélation, inspiration ne viennent pas surcharger la lecture du texte, mais sont des préalables au texte lui-même. Le sens de la Bible n'est pas seulement dans la Bible ; il sous-tend la culture d'Occident. Décalage de l'exégèse à l'herméneutique. La connaissance de ce qui est connu, second mouvement du savoir. [228]

L'être humain, foyer des significations. L'intelligibilité transférée dans l'espace du dedans. Pas d'axiomatisation du territoire de la connaissance. L'ancienne rhétorique faisait la théorie des motivations humaines. Comprendre quelqu'un. L'herméneutique, théorie de la communication. Le texte et le sens : illimitation du champ sémantique. [230]

L'incarnation, source du sens. Libération et illimitation des significations. La reconquête du sens fait le tour du monde. Le sens n'est pas dans l'objet. L'interprète-thaumaturge. Le savant, non pas obstacle à la connaissance, mais moyen de connaissance. L'objection du relativisme. Pas de vérité sans point de vue. [234]

L'interprétation doit remonter la pente de la dégradation du sens. La reviviscence du sens comme répétition de l’Erlebnis (Dilthey). Non-transparence de soi à soi, innocence perdue. La réalité inépuisable. Toute compréhension est créatrice, novatrice. Priorité du sens intime. [236]

Identification projective du sujet aux objets. Comprendre comme nager (Baader). Le sens de la marche comme rapport au monde. Le semblable comprend le semblable. Les retrouvailles ou épousailles du sens. Le jeune Dilthey. Motivations de l'historien. Winckelmann. Les visionnaires. Le paradigme trompeur des sciences exactes. Vérités de fait et vérités de sens. [240]

Domaines de compréhension : l'inscription gréco-bouddhique. Le savant retrouve la raison après l'avoir perdue. Schliemann. L'herméneutique, contre-partie subjective des résultats acquis. Recherche fondamentale : le relief humain de l'objet humain. Connaissance-reconnaissance, transformation de significations préalables. [243]

Les comptages démographiques portent sur des coefficients extrinsèques de la réalité humaine. Appréhension globale de l'être humain. Goethe et l'optique géométrique. Méta-épistémologie des sciences humaines : Nietzsche. Tension vers une connaissance universelle. [246]

Invocation du phénomène humain total. Élargissement de la présence au monde. Le présupposé humain et le rôle de l'affectivité. Le romantisme réhabilite l'inconscient refoulé, infra-conscient et supra-conscient. La notion d'Erlebnis et celle d'Einfühlung. L'idole de la science exacte. [248]

Ne pas écrire l'histoire en commençant par la fin. L'histoire n'est pas un palimpseste. « Faire l'histoire ». À chacun le mode de sa présence au monde. Simulations. Expliquer et comprendre. L'ordre humain comme monde intelligible des significations, intérieur et extérieur à l'individu. [252]

Vie et magie des mots. Quand nous prenons la parole, c'est elle qui nous prend. Les mots sont médiateurs du sens dans la communication entre individus. L'herméneutique transcende la linguistique. La cathédrale, concrétisation de la chrétienté. Le domaine de l'humain a des limites, celles de la résidence terrestre. [255]

L'ethnologie française de Lévy-Brühl à Lévi-Strauss. Le sauvage passé à l'ordinateur. L'ethnologue de terrain entre lui-même dans l'espace vital archaïque. La sympathie pour les primitifs est une acquisition romantique. Écouter et comprendre le chant profond. Volksgeist. L'océan des significations. [258]

CHAPITRE IV.
L’ÉTABLISSEMENT DU SENS [259]

Nietzsche : les points d'émergence dans la circulation du sens. Sagesse diffuse. La conscience est une surface de séparation. Le formalisme logique de l'argumentation est un trompe-l'œil. Une logique de la logique : Fr. Schlegel ; démonstration de force. La vérité comme événement et avènement, comme Erlebnis. Logique et grammaire selon J. Grimm. [261]

Le cybernanthrope et l'humanité de l'homme. Une existence pour comprendre une ethnie. Dialogue : confrontation d'individualités. Gravitation personnelle de la vérité. Goethe : logique de la conviction et de la discussion. Fr. Schlegel sur l'incompréhensible ; le malentendu de l’Athenaeum. Divergence des mentalités. [264]

Ranke : qu'est-ce que réfuter quelqu'un ? L'espace de la polémique ne peut être localisé. La recherche du sens met en jeu la connaissance de l'homme par l'homme. Goethe et la Bible : le fondement du sens. Une intelligibilité organique de l'unité vitale, recherche de la cellule germinative du sens. Dilthey : le germe. La contestation. [268]

Maturation, changement de sens, conversion. Le cas de Newman : L’Apologia et l'Essai sur le développement, la Grammaire de l'Assentiment. Croissance évolutive de la certitude. Les décisions existentielles échappent à la logique formelle. L'autobiographie, recherche du sens de la vie. [271]

Fr. Schlegel : le canon de la totalité. La dimension historique de genèse ; reconstruire la démarche d'une vie et d'un esprit. Herder : compréhension globale à partir du sentiment. Génialité critique du romantisme. Winckelmann, historien de l'art. Critique divinatrice. La critique est un acte d'amour. Goethe et la cathédrale. [273]

La critique promue à la dignité de genre littéraire. Les frères Schlegel, critiques d'Occident et d'Orient, conférenciers mondains. Germaine de Staël : De l'Allemagne. Le génie historique et critique. L'herméneutique restaure le sens des documents et monuments ; les peintres du panorama culturel. [277]

La compréhension historique. Les situations historiques, expériences par procuration. L'histoire nous parle de nous. Participation à la communauté humaine. Bête comme un ordinateur. L'histoire réelle, en acte dans une conscience. Interprétation-création. L'Entretien sur la poésie : génialité et culture critique ; affleurements de l'universelle poésie. [280]

« La science de l'art est son histoire » (Schlegel). « L'histoire de la science est la science elle-même » (Goethe). La mise en perspective historique de la culture : Renan. La personnalité comme centre, biographie et autobiographie. Chaque être au monde reconstitue le monde de l'esprit. L'identité de Lessing, selon Fr. Schlegel. Eschatologie du sens, recherche du centre. [283]

Vers une autobiographie de la conscience universelle. Le savoir est une société en nom collectif. Dictionnaire, Caisse d'épargne. La science n'existe pas. Le savoir actuel est la sphère d'influence d'une personnalité. Boehme et les savants romantiques. Objectivité et subjectivité du savant ; sa science est sa vie. L'individualité, unité de compte de l'intelligibilité. [285]

Weltansicht, Weltanschauung, Erlebnis. Une anthropologie pluraliste et descriptive. Dilthey : le cours d'une vie comme filière d'intelligibilité. Le cas Michelet. L'individu, exposant de l'histoire. Dilthey biographe de Schopenhauer. La monade historique. [289]

Droysen : l'individu révélateur du monde historique. Biographie et roman. Sens de la vie et curriculum vitae. La vie en première personne ; l'autobiographie, catégorie privilégiée de l'anthropologie. L'histoire universelle, autobiographie de l'humanité. L'historien, le critique ne peuvent cacher leur je. [292]

Fr. Schlegel, le critique protée, opposé au monothéisme classique du goût. Une recherche de la logique interne des hommes et des œuvres ; interprétation compréhensive, vers le roman du roman, l'œuvre de l'œuvre. Fondation d'une science littéraire. Reconstruire les œuvres ; reproduction et production. [295]

La vie comprend la vie ; divination de la forme intérieure. Fr. Schlegel et la philologie de l'historicité concrète. Philologie et philosophie, la linguistique de Humboldt. La traduction comme re-création, transfert de l'esprit et non seulement de la lettre. Le pastiche et le principe des indiscernables. L'interprétation est une œuvre sur l'œuvre, dans un autre horizon. [298]

L'interprétation n'est pas redoublement de l'œuvre, mais dialogue avec elle. Le Winckelmann de la poésie. Les derniers travaux de Friedrich. Philosophie de la vie. Vers une intelligence du sentiment. La compréhension totale (Verstehen), dernier mot. [301]

CHAPITRE V.
L'HERMÉNEUTIQUE DE SCHLEIERMACHER [303]

Le penseur religieux de la modernité culturelle. Jeunesse piétiste et révolte ; « un frère morave d'un ordre supérieur ». L'expérience vécue de la foi (Erlebnis) a priorité sur l'institution. L'initiation au romantisme. La rencontre avec Fr. Schlegel. Henriette Herz. L’Athenaeum. [305]

Les Discours sur la religion (1799) ; approfondissement de la conscience religieuse. Les Monologues (1800). L'affaire de la Lucinde. Carrière de Schleiermacher. La traduction de Platon. Le platonisme européen, Schaftesbury. Poésie et philosophie. La tâche de traduire est une expérience herméneutique. Retrouver l'unité originaire. Verstehen aus dem Ganzen. [310]

Herméneutique et anthropologie. Recréation du sens. La machine à traduire. L'herméneutique science de l'homme et le cercle herméneutique. Le phénomène global de la communication. Du pressentiment à l'élucidation du sens. [315]

Le lecteur doit interpréter l'interprétation ; les parcours entre lettre et esprit. Les Monologues et l'espace du dedans. Chaque homme est un exposant de l'humanité. « Devenir ce que je suis ». Le monde miroir de l'esprit. Weltansicht. L'interprète s'interprète lui-même. Une appréhension globale de la problématique. Résurrection du sens et Révélation. [317]

Le cours d'herméneutique. Le projet global de constituer un savoir. Philologie sacrée et profane, un même droit commun, théorie générale de l'interprétation, préalable à la lecture des textes. Mise en cause de la totalité du champ épistémologique, objectif et subjectif. Une pensée complexe en voie de constitution dans un champ de langage. Le sens n'est pas dans le
texte. [320]

Compréhension comme réactualisation. L'interprétation donatrice des faits. Pas d'innocence épistémologique. La tradition a précédé les textes bibliques. L'historien procède par prélèvement sur la masse des données. Création continuée du sens. Herméneutique, compréhension d'autrui en général. Champs herméneutiques, moments d'une vie, moments de vies qui se croisent. [324]

Illimitation du champ herméneutique. Le détail et le tout. Dynamisme du sens, sa genèse progressive dans la pensée. Phénoménologie de la compréhension. Primat de l'expérience spirituelle. L'interprétation vise « la totalité de la totalité » ; la littérature est une œuvre unique. [326]

Remonter jusqu'à la « forme intérieure », reconstruire. Dilthey : comprendre le texte aussi bien et mieux que l'auteur. Une création seconde, qui part du problème résolu. [330]

Les degrés de l'interprétation selon Ast et Schleiermacher. Totalité du langage et totalité de vie. L'interprétation grammaticale et linguistique. L'herméneutique psychologique. L'interprétation technique de la production. La maintenance du sens et l'acte de parole. L'herméneutique historique en situation individuelle et collective. [332]

Méthode divinatrice et méthode comparative. La surabondance du sens en appelle à une eschatologie. L'herméneutique de Schleiermacher, création continuée. La tâche infinie de l'interprétation. L'approche romantique de la vérité. Il n'y a de vérité, dans les sciences de la culture, qu'en forme d'interprétation. Les romantiques présupposent la présence de l'Être, aujourd'hui disparu. Une eschatologie de la présence totale. [338]

TROISIÈME PARTIE

LE MODÈLE BIOLOGIQUE
DANS LES SCIENCES HUMAINES
[341]

CHAPITRE I.
LA CATÉGORIE DE LA VIE DANS LES SCIENCES HUMAINES [343]

Les sciences humaines sont répétitrices du sens de la culture. L'herméneutique expose l'affleurement du sens à la conscience. De l'analogie à l'identification ; l'homme dans l'échelle des êtres. Le vitalisme dans la Naturphilosophie ; généralisation de la catégorie de la vie. L'organomie de Goerres ; l'intelligibilité de la vie rassemble réalité naturelle et réalité humaine. Le refus de la disjonction. [345]

Inconscient, opposition, polarité. La conscience, lieu d'échange. Goethe ; systole et diastole. Organisme de l'esprit et organisme de la nature ; l'insertion de l'homme dans l'univers. Mutualité de l'âme et de la nature. L'idéalisme magique de Novalis. Connaissance comme animation en vertu d'une alliance originaire. [349]

Baader : la raison, force vivante, énergie immanente à l'univers. Adam Muller : Théorie de la Contradiction (1804) ; organisme et antorganisme dans le Totalorganisme de l'univers. Intelligibilité organique. Baader : connaissance et jouissance, l'esprit la chair. Savoir et possession charnelle, engendrement. [352]

L'univers, monstration charnelle du dessein de Dieu. Gottesdienst et Lebenswelt. Le cas Teilhard. Sujet scientifique et présence au monde de l'homme réel ; une vérité sans réalité abandonne à elle-même une réalité sans vérité. Anarchie épistémologique présente. [356]

Le fait primordial de l'incarnation. Mystère de Dieu et non-transparence de la nature à la pensée. Raison militante et prise en compte de l'inconscient. La matrice du sens irréductible à l'univers du discours. Principe de la raison insuffisante. [360]

Les expériences fondatrices de Descartes et de Novalis. Philosophie hors de la vie ou dans la vie. Épousailles et vérité. Réintégration dans le vivant universel et non mainmise sur la vérité. Fr. Schlegel : Philosophie de la Vie. Concepts en solidarité organique. [362]

Validation ontologique du sentiment, lié à l'expérience vécue de la vérité (Erlebnis). Philosophie divine (Gottesphilosophie) ou « théocratie » de Schlegel. Une philosophie de l'expression. Modèle épistémologique de la croissance biologique. La nature est un arbre, non une horloge. Le Dieu jardinier substitué au Dieu horloger. Histoire surnaturelle d'intention apologétique. [365]

Épistémologie et ontologie. Schlegel et Schelling. Romantisme de l'au-delà et romantisme de l'en deçà. Non pas théocratie mais anthropocratie de la connaissance. Schlegel ; l'expérience spirituelle intérieure et les problématiques positives. Le jeune Ranke et l'imagerie de la croissance. Le romantisme des professeurs. [369]

Schelling : nature et histoire comme déterminisme et liberté. L'ordre historique, dimension de la nature ; la culture réintégrée dans l'ordre vital. Intuition organiciste du devenir. Un panthéisme culturel. Ranke : « unité de sentiment avec le tout ». Les livres de nature de Michelet. Le peuple, plus près des vérités vitales. Histoire et histoire naturelle. [372]

Universalité des catégories de la vie. Piété cosmique et analogie biologique. Dilthey élève de Ranke : Lebensphilosophie, philosophie de la vie. La vie comme Urphaenomen, opposé au modèle physico-mathématique galiléen. La vie matrice du sens. [376]

CHAPITRE II.
L’HERMÉNEUTIQUE ORGANICISTE [378]

Dilthey : l'histoire, exposant de la vie. Œuvres incomplètes. Dilthey contre Hegel. Vie et compréhension de la vie. La facticité s'oppose à la raison. Primat irréductible du fait vital en expansion de monde et de conscience ; champ unitaire de l'intelligibilité. Les unités de vie (Lebenseinheiten), significations vécues. Vers les catégories de la vie et de l'histoire. [380].

L'herméneutique de la vie ; projet d'une analyse existentielle, empirisme phénoménologique. L'impasse ; les lisières de l'intelligibilité. Épuiser la mer avec un gobelet. La problématique des sciences humaines : Comte ; Stuart Mill et l'unité de la science. Dilthey admet le dédoublement de l'intelligibilité, nature et culture, expliquer-comprendre. [384]

Le savoir romantique perçoit le monde comme résidence de l'homme. Une intelligibilité intrinsèque. La conscience, donnée immédiate. Une rhétorique de la vie. L'opposition entre la nature et la culture n'est pas romantique. Naturphilosophie et Kulturphilosophie. Goerres associe les deux sous la notion d'organisme. [388]

La vérité d'un seul tenant, un dynamisme évolutionniste des formes vivantes. Mythologie et histoire chez Goerres. Métamorphoses de l'espèce humaine et germination de la vérité dans l'évolution des formes de la vie culturelle. L'histoire spirituelle, puissance supérieure de l'histoire naturelle. Spirale de l'histoire. [390]

Vie politique comme croissance évolutive (Goerres) ; organicisme, tradition vitale. La politique romantique, à gauche comme à droite, adopte le modèle biologique. Tönnies : Communauté et société. Novalis : priorité du grand Moi communautaire. Anthropologie sociale et sacralisation de l'ordre social. [392]

Romantisme social : le corps mystique de la société. Saint-Simon : la physiologie sociale et le paradigme organiciste ; nostalgie de l'unanimisme   y spirituel. Baader : la société n'est pas une somme d'individus. Adam Müller : Éléments de science politique ; l'État, totalité vivante ; l'individu n'est qu'une abstraction. Vitalisme, animisme, socialisme. [394]

Schleiermacher ; les Monologues et le couple personne-communauté. Je, Tu, Nous. La totalité organique de l'humanité selon Schubert. L'herméneutique débouche sur l'historicité de l'espèce humaine. Un substantialisme vital ; les sciences humaines renvoient à la conscience de la vie unitive. Célébration de la présence. Une apologétique de la vie. [400]

Linguistique organique, floraison de la parole. Le langage, présence de l'esprit à la nature. Fechner : âme et parole des fleurs. La vie des langues dans l'histoire naturelle. Linguistique comparée (Cuvier) ; paléontologie linguistique. [403]

Biologie culturelle ; l'art, sublimation de la culture. Les sciences humaines exposent la conscience de l'homme en devenir historique. Le savant fait corps avec son objet : histoire-mémoire. Historialisation du savoir et du savant. L'esprit de Berlin opposé à celui de Göttingen Philologie et histoire. [407]

Jacob et Wilhelm Grimm, fondateurs de la germanistique. Antiquités nationales. L'âme populaire et sa culture. Michelet : Le Peuple (1846), vérité instinctive ; rythmes vitaux de la culture populaire. De la Naturphilosophie à la Kulturphilosophie. La Grammaire allemande de J. Grimm (1818). Poésie première, et populaire. [409]

Les chansons populaires. Le Cor merveilleux de l'enfant (1808) ; les contes et la culture populaire. Folklore (1846), Volksgeist, communauté créatrice. L'œuvre des frères Grimm. Germaniste (1846). Nouvel esprit des antiquités nationales ; choses vivantes et choses mortes. Un romantisme du savoir, non de l'ontologie. [413]

Permanence du vitalisme chez les savants : l'école historique. Intuition de l'unité. Recherche de la vérité et découverte de soi. Principe régulateur de la figure humaine. Renan sur l'origine des langues, une « embryogénie » de l'esprit humain. La catégorie de l'évolution réaffirme le paradigme biologique. [419]

Bréal contre Darmesteter, la coupure entre nature et culture. Nihilisme contemporain et perte du contact vital avec la nature. Intuitions vitalistes chez Renan, naturaliste manqué. [422]

Paradigme de la croissance biologique dans l'apologétique de Newman-Darwin, une biologie sans métaphysique apparente. Mais la sélection présuppose une finalité. Le paradigme darwinien n'occulte pas les intuitions romantiques. [424]

Balzac, naturaliste de l'espèce humaine avant le naturalisme de Zola. Anthropologie et zoologie dans la Comédie humaine. Sainte Beuve naturaliste : « l'histoire naturelle littéraire ». Taine : la science littéraire de la nature humaine. Spengler « les cultures » sont des « organismes ». [426]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 24 février 2016 19:36
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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