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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les écritures du moi. Lignes de vie 1. (1991)
Table analytique


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Georges Gusdorf, Les écritures du moi. Lignes de vie 1. Paris: Les Éditions Odile Jacob, 1991, 430 pp. Une édition numérique réalisée par Michel Bergès, bénévole, historien des idées politiques et professeur associé, Université de Bordeaux-Monstesquieu. [Autorisation des ayant-droit le 2 février 2013 de diffuser l'oeuvre de l'auteur dans Les Classiques des sciences sociales.]

[421]

Les écritures du moi.
Lignes de vie 1.

Table analytique


Chapitre premier :
Résumé des chapitres précédents


J’étais alors en Allemagne. Échappement libre aux barbelés de l’Oflag. De Lübeck à Bachelard. Une thèse de doctorat comme les autres. Les écritures du moi ne sont pas des exercices de style. De La Découverte de soi à Mémoire et Personne. Mémoire et identité personnelle ; la mémoire, les mémoires et l’autobiographie. [7]

Passé, présent, futur, remise en jeu des significations de l’être personnel. Remémoration et commémoration de soi dans l’écriture du moi. De l’interrogation d’identité à la constitution de l’identité. L’être temporel comme matière plastique ; efforts pour « attraper l’eau ». De la conscience de soi à l’écriture de soi. [11]

L’article de 1956 : Conditions et limites de l’autobiographie. La vie personnelle ne se laisse pas prendre au mot. La représentation n’est pas le double de la présentation mais sa transposition. Remodelage de l’espace du dedans. Changer sa vie. Les études autobiographiques sont devenues un best-seller universitaire. [13]

La voie directe d’un grand tour des horizons de l’humanité. De la métaphysique à une méta-humanité. Les âges de la culture, modalités de la présence de soi à soi. Tout essai d’anthropologie est une écriture du moi. L’ascèse contemplative. Schelling, Descartes. L’échappement vers le haut comme autosuggestion. [16]

Historicité culturelle des écritures du moi. Dilthey et Misch, mainteneurs de l’historisme romantique. Biographie et autobiographie, exposants de la catégorie de la Vie. Groethuysen Cassirer ; la pluralité des mondes historiques, Historisme français, deux siècles de retard. [19]

L’écriture du moi projette l’espace du dedans dans l’espace du dehors. Toute écriture est écriture de soi. Transsubstantiation de l’autoportrait. La quête du troisième homme. Quête ontologique de l’être. Contre l’égalitarisme démagogique en littérature. Les témoins du singulier et ceux de l’universel. Contre la platitude universelle. [22]

Voyage au centre de l’être personnel. La négation de Hume. Le procès janséniste du moi ; le moi haïssable. Anthropologie et axiologie. Le sujet de la connaissance de soi est un opérateur de soi, à l’opposé de l’homme-masse. [26]

[422]

Chapitre 2 :
Moi, Michel de Montaigne


La retraite de Montaigne. Les écritures du moi font passer l’espace du dedans de l’informe à la forme. Le langage cristallise le chaos. Nietzsche et le pluralisme du moi. L’unité est une question débattue dans le métabolisme des réciprocités entre dehors et dedans. [29]

Les Essais, autobiographie en miettes, journal sans dates. Une logique de la liquidité, ontologie dans l’immanence. Impossibilité et possibilité de la connaissance de soi. Le moi, point moyen d’une gravitation ; mouvement perpétuel et stabilité. Un grand homme malgré lui, le Magellan du monde intérieur et de la vie privée. [32]

Exposition universelle d’un être humain en sa vie propre. Fascination de l’image ; l’image et le modèle ; mythologie du double. Chez Montaigne, la connaissance de soi est un besoin naturel. Mutation du regard : promotion de la banalité. Libération de la vision. Du vécu à l’écrit selon les circuits de la communication. [35]

De l’informe à l’énoncé, le seuil de la formulation. Le psychographe. Mais la réalité humaine se réduit-elle à des mots ? Les blancs, les modulations. Les Essais perpétuent le discours de la vie, une vie en discours. Une écriture en nappes et affleurements, mais le moi n’est pas identifiable à une écriture. Dire sa vie, c’est changer sa vie. [41]

Le poème de Montaigne. Vaporisation et concentration. Baudelaire : « Mon cœur mis à nu ». Se brûler à sa propre flamme. Confession et transparence ; dogmatisme moral. Il y a une vérité du sujet, point moyen de sa gravitation. Quelle est la bonne photographie ? [44]

De qui parle-t-on quand on parle de soi ? Qu’est-ce que la ressemblance ? Inscriptions fugitives, réalité larvaire. L’identité du livre et de l’auteur. Montaigne et sa statue. Naïveté de Montaigne ; la mauvaise foi chasse la bonne. Les aveux ne sont pas une preuve. L’ère du soupçon. L’autobiographie ne dispense pas de la biographie.

La quête du sens ne s’arrête jamais. [50]

Chapitre 3 :
L’acte de naissance des écritures du moi ?


Cercle vicieux des études contemporaines sur l’autobiographie. L’amnésie ou le complexe de l’inventeur selon Sorokin. Lejeune et Misch. Quatre mille six cents ans d’autobiographie. [53]

La mer des écritures autobiographiques dans le domaine britannique, dans le domaine germanique. Pauvreté du domaine français, pauvreté apparente sans doute, due au retard de la recherche concernant autobiographie et journal intime. [56]

Influence du facteur religieux. Le catholicisme est-il par principe défavorable aux écritures du moi ? Les carences du savoir n’autorisent pas à conclure à l’inexistence des objets du savoir. Ignorances mutilantes. [62]

La question préalable du mot « autobiographie ». Premières occurrences dans le domaine germanique dans les années 1790. Écrivains « autographes » chez Volney (1795). Mais le mot savant « autobiographie » ne coïncide nullement avec l’apparition des écritures du moi. [64]

Chapitre 4 :
Prolem sine matre


Compréhension : l’individu et l’époque. Le sujet et l’esprit du temps (Zeitgeist). Mutations de la présence au monde. Pas d’innovation radicale. Les justifications de Rousseau. Rendre Rousseau à Genève et à la Suisse. Affiliations piétistes. De François de Sales à l’idylle érotico-religieuse des Charmettes. Géographie spirituelle de l’internationale piétiste. [69]

Origines européennes des Confessions. Le boulevard circulaire de la spiritualité réformée : de Genève et Zurich à Londres et Edimbourg, par la grande artère rhénane, [423] de Bâle et Strasbourg à Amsterdam et Rotterdam. Rousseau, Boswell et Thérèse. On n’a pas le droit d’effacer les origines religieuses des écritures du moi. L’obscurantisme contemporain et le degré zéro de l’autobiographie ; perte de la mémoire culturelle. [73]

Étymologies de la culture occidentale selon E. R. Curtius. L’amnésie culturelle de notre temps ; le musée des icônes à Moscou. Plus de monde à Beaubourg qu’au Louvre. Les interprétations des textologies à la mode du jour. Les singes dactylographes de la nouvelle critique. [77]

Évacuation du moi. Roland Barthes par Roland Barthes. Millésime 1973-1974 d’une écriture abstraite. Arabesques de plume, « graphie pour rien ». L’image de la mère, trahison de l’anonymat. L’album de famille atteste que cet « être pour rien » n’était pas prolem sine mare. Texte sur texte, ça écrit. Barthes est de trop. [80]

L’écriture anencéphale et le Requiem pour le sujet. La figure de l’homme apparue à l’époque de Waterloo et de la Sainte-Alliance, disparue au moment de la tour Eiffel. Penser dans le vide de l’homme disparu. Barthes et Foucault fonctionnaires du néant humain. Mort de Dieu et mort de l’homme. [83]

Le retour du refoulé. La préoccupation des écritures du moi se généralise au moment où se célèbre la messe des morts pour le cadavre exquis de l’homme néantisé. La subjectivité empêche de penser en rond. L’évangile structuraliste et les ravages du totalitarisme marxiste. Lévi-Strauss : dissoudre l’homme ; anthropologie contre anthropologie. L’homo cyberneticus. [85]

Objecteurs de conscience au terrorisme intellectuel. Achever la déconstruction par l’étude formelle du graphisme scripturaire et de ses codes et technologies, de la neurologie correspondante. Les rapports de production dans l’industrie papetière. Les supports : carnets et cahiers, brochages et reliures ; du crayon au stylo à bille et à la machine à écrire. Le traitement de texte à l’âge du degré zéro de l’humanité. [88]

Le temps des palinodies. Foucault, l’écriture de soi, les arts de soi-même et saint Athanase. Désinvolture et irresponsabilité. [92]

Chapitre 5 :
Prologue dans le ciel


Les premières écritures furent des écritures saintes. Au commencement furent des révélations. La culture contemporaine a la mémoire courte ; la laïcisation du genre de vie n’est qu’apparente. [95]

Les étymologies mythiques de l’Occident. Cosmos hellénique et héritage classique. Le Musée d’Alexandrie invente le classicisme, la philologie, la littérature et les belles-lettres, les arts libéraux. De l’enkuklios paideia à la paideia en Christo. La renaissance des lettres et des arts redéfinit le cadre mythico-religieux de l’Occident. [96]

La mort de Dieu en philologie. Corpus biblique et corpus homérique inscrivent le commencement du commencement. De la tradition orale à l’écriture, la constitution du canon. Les Septante et la Vulgate. Sainte alliance des écriture sacrées et profanes. [99]

Les écritures du moi commencent au commencement du commencement. La Parole de Dieu comme écriture sainte. Le langage dès avant la création de l’homme. La parole fondatrice de 1’identité des créatures, magie naturelle du nom. La parole opère la monstration du sens. De la parole à l’écriture ; l’inscription de la Loi au Sinaï. [103]

Adam et Eve en dialogue ; révélation mutuelle. Pas de paradis pour homme seul. Retour sur soi et quête de soi. Journal intime d’Adam. Le fruit défendu et la connaissance de soi. « Adam, où es-tu ? », question d’Adam à Adam. Commentaires de Milton et de Jacob Boehme. L’errance d’Adam, celle de Caïn. [106]

Les récits hassidiques et les coordonnées eschatologiques de l’existence humaine. Recherche du sens et transfiguration de la vie. Écriture du moi : recherche du sens et [424] sens de la recherche. Eschatologie mythique de la connaissance de soi. Les interrogations existentielles de la gnose. Recherche de la plénitude et expérience initiatique. Les écriture du moi et la quête de l’être ; les pèlerins du labyrinthe. Gnose et gloses du moi. [110]

Chapitre 6 :
Écriture comme alchimie


Débats scolastiques sur les configurations de l’autobiographie. Lazarillo de Tormes et Thérèse d’Avila. Récits de vie et confessions au tribunal de l’Inquisition ; bel exemple du charabia rhétorique contemporain. [119]

La littérature du moi est l’écriture d’un sujet qui se prend lui-même pour objet. Unité du projet dans la variété des procédures. « Il aima les roses de la Brenta ». Usage privé de l’écriture ; l’expression fait retour à la source. Conversion autobiographique. [122]

Incipit de Montaigne, Rousseau, Constant, Stendhal, Gibbon. Symbolique des monts, symbolique des mines. Initiation. Mutation de l’écriture. La femme enceinte. Faire œuvre avec sa propre substance. L’autobiographie, enjeu du jeu. Culpabilité latente ; « les pendules ne sont pas d’accord ». Je est un autre. [124]

L’écriture du moi est œuvre du moi. Révolution culturelle de l’écriture comme instauration de l’identité. La résistance à l’image. Angoisse existentielle du double. Magma confusionnel du domaine privé en deçà du langage. Travail de soi sur soi, de la forme à la formule. [129]

Ma vie aussi impensable que ma mort. L’autobiographie s’arrête avant la fin : Chateaubriand ; jugement avant dernier. Interférences de l’écriture et de la vie. Qui je suis et qui je fus ; la coïncidence impossible. La vérité de Rousseau et le poème des Confessions. [133]

Rousseau n’a rien compris à la vérité de Rousseau. La monstration du moi et le point de vue du valet de chambre. Poésie comme alchimie. L’opérateur est en expérience. Faust et l’homunculus. Transmutation de la vie. La vie n’a pas de sens. [136]

L’écriture en quête de plénitude. Édification. Les écritures du moi ne sont pas fondamentalement un genre littéraire, mais des documents humains exorbitants du droit commun de la littérature. Le journal de Novalis à la mort de Sophie. [139]

Le journal de Wesley sans valeur littéraire. Une histoire naturelle et surnaturelle de l’âme humaine. Chasse de l’être et critique anthropologique. La spirale d’Amiel. [142]

Chapitre 7 :
Le territoire des écritures du moi


Autobiographie et journal intime ne sont pas les seules écritures du moi. Exemples : Roland Barthes et Michel Leiris. Le projet autobiographique de Leiris : recomposer sa vie. Journal de Valéry. Lichtenberg et la pratique du fragment. [145]

Journal, journalier, journaliste ; de l’adjectif ou substantif. La coutume des éphémérides selon l’extériorité des événements ou l’intimité des intermittences de la vie religieuse. Journaux profanes : John Evelyn, Samuel Pepys. [149]

Littérature épistolaire. Présence de l’autre, journal à double entrée. Foucault : la correspondance comme introspection dans l’Antiquité. La culture épistolaire dans le milieu romantique. [151]

Présence d’autrui dans la communication de soi à soi. Pas d’intimité absolue. Communication et coexistence. Révélations d’autrui : l’autre est un moi, je est un autre. Pour une anthropologie du dialogue. Diderot : les lettres à Sophie comme journal intime. [154]

Swift : Journal à Stella, un journal épistolaire ; Sartre soldat : Lettres au Castor. L’écriture comme inscription de la vie. Les écritures comme incarnations du sens ; [425] Julien Green et Jean Schlumberger, journal et roman. Diversité des expressions d’une intimité ésotérique. [156]

Autobiographies indirectes, par personne interposée. Les Évangiles comme autobiographie de Jésus. Les Propos de table de Luther, une parole à l’état naissant. Michelet, les Mémoires de Luther, un Luther par lui-même, confessions par personne interposée. [159]

La Vie de Johnson par Boswell, un Johnson pris sur le vif. Présence réelle sur le mode du journal intime. Le Mémorial de Sainte-Hélène, journal de Napoléon en exil. Gœthe et ses évangélistes, Eckermann et les autres. [162]

De la graphie à la phonie et à la scopie. Développement des technologies de la communication et dépérissement de l’écriture. Le téléphone se substitue à la correspondance écrite. Les interviews enregistrés, cinéma et télévision. 1984 : secret et liberté. [166]

Chapitre 8 :
Nachdenken über das Leben


L’œuvre de Gœthe est dans son ensemble une autobiographie. Poésie et vérité pour mettre de l’ordre dans les œuvres complètes. L’œuvre de l’œuvre. Microcosme et macrocosme. La Vie de Heinrich Stilling ou la vie d’un simple. [171]

Vérité et vérité, l’autobiographie expose la reprise du sens. Intelligibilité d’une ligne dévie et « métaphore » du moi. La vérité de Chateaubriand appartient à Chateaubriand et non à Sainte-Beuve. Nachdenken über das Leben et sagesse de vie (Dilthey). Musil et le rejet de la logique extensive de la coexistence et de la succession. [175]

Le fil d’une vie est enroulé sur lui-même. Perspective existentielle des Mémoires d’Outre-Tombe et souvenir global des mourants. Logique non aristotélicienne et sur réelle. Sauver le sens de sa vie dans le vacarme de l’histoire universelle. Primat du privé sur le public. Les rendez-vous d’anniversaire de Chateaubriand et le journal de Pierre Hyacinthe Azaïs. [178]

Autobiographie et Mémoires. Revendication de l’autonomie du sens, insoumission à l’histoire puérile et honnête. Le primat de l’enfance, irréalisme. Choc en retour de Freud ; l’ère du soupçon. La poétique romantique et l’inspiration des profondeurs. Métamorphoses et symbolique du sens. Critique en palimpeste contre la supposition de l’évidence. [182]

Michel Leiris et l’échappement libre à la gravitation universelle du sens. Une autobiographie de plein exercice selon une logique interne à contre temps. Faisceaux et labyrinthes du sens. Récusation du calendrier. Who is who. Unité intensive de l’historicité vécue. Le vecteur temporel de l’autobiographie est inchoatif. La mort comme futur absolu. L’autobiographie comme logique de l’enchevêtrement. Une auto-biographie éclatée. [186]

Chapitre 9 :
Retour aux origines


Origines historiques des écritures du moi. Vers la maturité de la conscience de soi. Du muthos au logos. Les héros fondateurs et l’affirmation de l’identité individuelle. Premières biographies médiévales. Le système féodal insiste sur l’hérédité et majore les vertus individuelles. [195]

L’humanisme renaissant développe la littérature du moi. Journaux et mémoires jalonnent l’accélération du devenir historique. Modification de l’espace-temps et nouveau rapport au monde et à soi-même. La Réformation. [198]

De Pétrarque à Montaigne. Du livre de raison et du journal de voyage à l’autobiographie et au journal intime. L’individualisme renaissant favorise l’essor de la biographie et des mémoires. Une nouvelle mentalité. Cellini, Cardan, Machiavel, Commynes. [200]

[426]

Témoins des temps de trouble : Uriel Acosta, Isaac Casaubon. Les affirmations de la foi catholique. Vies des saints écrites par eux-mêmes jusqu’à Ignace de Loyola et Thérèse d’Avila ; approches en première personne de l’authenticité religieuse. Autobiographies spirituelles d’Antoinette Bourignon et de Madame Guyon. [204]

Rapport à soi-même, rapport au monde et rapport à Dieu. La répression classique du moi et le retour du moi refoulé. The éloquent I en Angleterre, au xvie siècle. Anglicans, Puritains et Papistes dans les temps troublés. Nécessité d’un contrepoids spirituel aux révolutions. [210]

Moi anglican et moi puritain. John Bunyan : Grace abounding et Pilgrim’s Progress. Le paradigme du récit de vie puritain. Un christianisme à la première personne. Journal intime et examen de conscience. Lutte pour la vie quotidienne . [213]

Journaux religieux et journaux non religieux. Vers la laïcisation de la vie personnelle après 1660. Evelyn, Pepys, Swift, Johnson et Boswell. L’euthanasie de la vie spirituelle.  [218]

Domaine germanique ; le temps des églises sans chrétiens et des chrétiens sans églises. Le réveil piétiste. Francke : le système de Halle. La foi importe davantage que la profession de foi. L’expérience vécue de la conversion, école d’auto-insatisfaction. Les inspirateurs : Francke, Zinzendorf donnent l’exemple des journaux intimes et récits de vie ; essais et erreurs de la foi. [222]

Témoins de l’autobiographie piétiste ; Adam Bernd, J.J. Reiske. Albrecht von Haller. Une école d’intériorité : Kant. Hamann et le cercle de Munster. La naturalisation de l’autobiographie : Lavater, Jung-Stilling. [227]

Karl Philipp Moritz : Anton Reiser, roman autobiographique ; le Magazine de Psychologie expérimentale, première revue de la psychologie clinique ; désacralisation des écritures du moi. [233]

Rousseau impose la littérature du moi grâce au succès des Confessions. Mais il ne s’agit pas d’une coupure entre une prétendue préhistoire et une histoire proprement dite. Le romantisme, extrapolation de la littérature du moi, mais les intentions et les motivations spécifiques de ces écritures demeurent. Le sens de l’historicité culturelle contre les amnésies à la mode. [235]

Chapitre 10 :
Autobiographie et mémoires : le moi et le monde


Genèse corrélative des écritures du moi ; pas de filières indépendantes. Les charpentiers de marine de l’île d’Orléans. Champ unitaire et cloisons étanches. Une autobiographie de Newman en 22 lignes et 72 ans. Ligne de vie. Un artiste en matière d’autobiographie. Prépondérance de l’intelligibilité intrinsèque dans la vie des saints. [239]

Chateaubriand : illimitation du champ autobiographique. L’auto-biographie comme mode de lecture de l’œuvre. Les métaphores du romancier dans ses personnages. La psychanalyse a vicié l’anthropologie littéraire. Danger des clefs universelles. Gœthe et la reprise du sens de sa vie. [245]

Le corpus bibliographique des écritures du moi n’est qu’un trompe-l’œil. Sélection et hiérarchie des témoignages. L’interprétation des écritures du moi échappe pour l’essentiel à la juridiction littéraire. L’esthétique des belles lettres doit céder le pas à la recherche anthropologique. [247]

Les soldats inconnus des écritures du moi. J’écris donc je suis. J’existe moi, mais quel moi ? Autobiographie et Mémoires ; mémorialiste et choses vues. Mémoires et souvenirs. Le cas de Gœthe. [249]

Débats et combats comptent plus dans les Mémoires que les états d’âme. De Guizot à Trotski. Les souvenirs de Guizot opposés à ceux de Chateaubriand ; domaine privé et domaine public. Le droit à la vie intime. Les Märchen de Châteaubriand. [253]

[427]

Renouvellement du contrat d’alliance avec le monde et soi-même. Les hommes obscurs ne figurent pas à l’inventaire. Valeur littéraire et valeur historique ou humaine. On prend toujours les mêmes et on recommence. L’auteur de Mémoires parle d’autre chose ; les Mémoires perspective centrifuge, l’Autobiographie perspective centripète. Rapport à soi-même et rapport au monde. [257]

Critiques totalitaires, marxistes : l’autobiographie temps perdu. Le réquisitoire de Malraux. L’individu n’est pas le lieu de la vérité. Antimémoires. Je ne compte pas. [262]

Mais le génie créateur enrichit le patrimoine de l’humanité. Confessions et Mémoires sont indissociables. Chateaubriand et Bonaparte, vies parallèles. L’autobiographie de Darwin ; l’effacement de soi est révélateur de la subjectivité. On se trahit toujours. [265]

Gœthe : la connaissance de soi indissociable de la présence au monde. Systoles et diastoles de la vie personnelle. Les événements sont symboliques. Implication mutuelle du microcosme et du macrocosme. L’homme n’existe pas en dehors du reste. [268]

Mémoires et autobiographie sont concentriques. Le vif du sujet et l’ordre  des choses. Robinson Crusoé et D.H. Thoreau, hommes des bois. L’individu ne fait pas sens à lui tout seul. Walden. La solitude n’existe pas. [271]

Chapitre 11 :
Écritures du moi et genres littéraires


Épistémologie des écritures du moi. L’organisation du territoire littéraire. Les genres littéraires et leur évolution. Autobiographie et journal intime reconnus comme des genres. Survivance du schéma esthétique des belles lettres. Littérature selon Voltaire. Rémanence archaïsante d’un dogmatisme esthétique, hérité de la rhétorique du collège jésuite. [275]

Confusion mentale de notre époque. Arts poétiques et technologies. Les écritures anciennes du moi sont-elles des œuvres littéraires ? Bunyan homme de Dieu ou homme de lettres ? Augustin ? Montaigne et la vertu de style. Rousseau et le genre autobiographique. [279]

Montaigne a violé des règles qui n’existaient pas. Le genre ne fait pas autorité par rapport aux œuvres. La littérature est l’un des beaux arts ; la vertu de style n’est pas exigible des écritures du moi. Projet épistémologique et non projet d’art. Discipline de l’examen de conscience. La perspective littéraire demeure subalterne. [282]

Écriture non littéraire : le Mémorial de Pascal. Pascal n’est pas un littérateur. Les écritures du moi s’inscrivent dans le métabolisme de la personnalité. Communication de soi à soi, dans le secret.  [285]

Quand l’écriture du moi devient procédé littéraire : Le Peintre de Saltzbourg. Composition littéraire ou non ; suicide de l’auteur, fictif ou vrai. Écriture eschatologique. Mort où est ta victoire ? L’écriture du moi m’arrive à moi. Le vif du sujet au péril de la vie, et non exercices de style. Écriture in extremis.  [288]

Chapitre 12 :
Authenticité


Disproportion qualitative des écritures du moi. Les hommes ne sont pas égaux, la plume à la main. Authenticité et intensité des écritures de vie. L’espace du dedans n’est pas un jardin de curé. Reprise de soi par soi. L’être et le devoir être. [293]

Stendhal : « je vais avoir cinquante ans. » Survivre. Stendhal combine les pratiques des écritures du moi. Vigny : Mémoires et Journal. Moi superficiel et moi profond dans le journal et l’autobiographie. Psychologie et axiologie.. [296]

Sartre critique du journal de Gide, exercice spirituel. Projet éthique de Sartre. Les écritures du moi tendent à édifier le moi. [300]

Le Je de l’autobiographie et le postulat de l’unité et de l’identité. Anthropologie du [428] projet ; création de soi par soi ; le sujet se veut à sa ressemblance. Le mode inchoatif. Le dépérissement de la morale et de la religion font des écritures du moi des modes d’affirmation de la complaisance à soi-même ; dégénérescence littéraire. [303]

Dans l’autobiographie, une vie se rassemble pour se ressembler. George Sand et le devoir de se définir. Valeur d’exemplarité. Autocritique postérieure. « Je ne vis plus en moi. » Pas de dernier mot. [306]

L’autobiographie commence par la fin ; illusion rétrospective. Gœthe et le sens de sa vie. L’autobiographie, livre refermé, compte à rebours. Dichtung und Wahrheit ; le droit de se contredire. Vérité au quotidien et vérité d’un seul tenant. La vérité se fait tous les jours. L’autobiographie achève l’inachevable, théâtre dans le théâtre. Autobiographie de l’autobiographie. [309]

Chateaubriand et les palimpsestes du vécu. Rousseau ignore la problématique de la sincérité. Jugements avant-derniers ; l’histoire de soi s’écrit au présent. La somme et les restes, la vérité humaine et ses variations ; Sainte-Beuve. L’autobiographie est le vœu de l’impossible. Approximations. [311]

Chapitre 13 :
Le journal : dire ma vérité


Le journal intime est un livre ouvert, écriture momentanée d’un moi en miettes. Logique de la discontinuité, de l’alternance des humeurs, opposée aux livres de raison. Temporalité en puissance, décalage horaire. Une autre échelle de la présence au présent, à géométrie variable. Miniaturisation de l’actualité. [317]

L’idée du journal total : Ulysse et Amiel. Journal événementiel, fourre-tout et caisse d’épargne du quotidien ou journal intime proprement dit. Pepys et Amiel. Souplesse d’emploi du journal. Le journal n’est pas une œuvre ; l’imagination à la portion congrue. Le piéton de la vie ; l’existence au détail. Maladie de carence ? [320]

Une vérité au jour le jour admet la nonchalance, rejetant les principes d’unité et d’identité, la prédestination autobiographique. Le temps du journal propose une suite d’autobiographies en puissance. L’attraction du « livre qui pourrait être ». Pepys, Boswell, Barbellion, Gide, Green, Leiris ; l’instantané dénaturé en œuvre. [324]

Gide et Charles du Bos. Refus de la géométrie dans l’espace mental ; non directivité du journal. Réalité humaine à l’état natif. Écriture fragmentaire. Quand le journal se fait œuvre, il passe de la marginalité à la centralité. Hors d’œuvre ou œuvre. [326]

L’autobiographie est l’œuvre de l’œuvre. Impuissance de Roland Barthes. Le journal renvoie au Gesamtkunstwerk irréalisable. Utopie du chef d’œuvre inconnu. Méthode dilatoire. Seconde lecture, seconde chance de la vie ; infini en puissance. Le journal éternise l’instant. Création du monde et de soi. [329]

Une vérité d’humeur, révocable ; variations saisonnières opposées à la vérité viagère de l’autobiographie. Le journal intervient pour rééquilibrer le vécu, facteur dynamique. Nietzsche critique l’observation de soi. L’inconscient et ses affleurements. La finalité du journal n’est pas la transparence objective. Amiel n’a pas perdu son temps. [333]

Du moi vécu au moi écrit ; le moi n’est pas un discours ; la réalité humaine ne se laisse pas prendre au mot. Nébuleuse de l’en-deça ; « cette gelée qui est moi » (Barbellion). Écriture comme psychothérapie, reposoir du moi. Le journal de Byron n’est pas la vérité de Byron sur Byron. [336]

Amiel cas limite ; la traversée du miroir. Johnson : methodise my life. Johnson et le journal de Boswell. Boswell et Pepys, journaux non métaphysiques. L’identité comme la chose en soi et les circonlocutions de la phénoménologie. [338]

L’exploration de l’espace du dedans ne se fait pas en pure perte. Espoirs et déceptions de Victor Hugo. Choses vues : la retombée de l’espérance. Julien Green : « dire ma vérité ». Green est-il propriétaire de la vérité de Green ? « Je ne suis pas l’homme du journal que j’écris. » [342]

[429]

Chapitre 14 :
Aveux complets


Problématique épistémologique et problématique morale du journal. Le Moi, foyer imaginaire sur lequel se règle le Je du scripteur, deux variables plus ou moins corrélatives, non identiques, l’écriture du moi institue une mémoire artificielle. Le récit est donateur de sens. Non pas réalité, mais interprétation, portant la marque de l’époque. [347]

Le mythe de l’absolue sincérité et les contraintes du détour. Pas de coïncidence de soi à soi. Parasitologie de l’écriture journalière : Platen. Le journal comme hobby à la mode. Kafka : le journal permet l’entrée en possession de soi-même. Maintien de la tension existentielle. Pas de dernier mot. [349]

Rousseau après les Confessions. De l’autobiographie au journal intime. Les Rêveries repartent à zéro. Baromètre de la météorologie intime. L’écriture trouve en elle-même sa récompense. Volney critique de Rousseau dans les Leçons d’Histoire. [353]

Une nouvelle attitude de l’homme à l’égard de lui-même. Le Magazine de Karl Philipp Moritz pour une observation objective de la réalité humaine. Les théoriciens de l’école idéologique en France : l’analyse météorologique de soi selon P. F. Lancelin. Le Mémorial horaire de Marc Antoine Jullien. L’emploi du temps et le biomètre. Stendhal. [357]

Espace du dedans et espace du dehors. Milieux, climats : la morale sensitive de Rousseau, et la possibilité de l’action de soi sur soi. Mais l’écriture devient une fin en soi. La conversion à l’intériorité à l’âge romantique. Maine de Biran, de l’évidence à l’invidence. Biran et la morale sensitive. L’observation de soi comme science de l’homme. Le Journal de Biran, voyage au centre de la conscience ; ses ambiguïtés. La Terre promise, terre interdite. [361]

Les incohérences du moi momentané. Introversion et extraversion. Valéry opposé à Biran. Amiel et Biran ; fascination et réprobation. Recherche du moi et fuite devant le moi ; vaporisation de l’être. Amiel se condamne par défaut pour insuffisance d’actif. Rien de plus trompeur qu’une confession. Les activités de Biran. Quel est le vrai Biran. [367]

Dédoublement de la personnalité. Le journal, comptabilité en partie double. L’écrit ne peut avoir la procuration du vécu. Toute parole exprimée en dit déjà trop. L’écriture est déperdition. La réalité humaine est inidentifiable. Impossible d’embrasser la totalité. Aveux incomplets de Rousseau, Gide ; la fille de Gide ; Green : je voudrais dire ma vérité. [372]

Le non-dit de l’autobiographie n’est pas seulement le fait de la dissimulation. Aveux complets ; feuilles de vigne de l’esprit. Sincérité intégrale et journal total. Kafka : impossibilité ontologique. Faux sens de l’existence. [378]

Vers une eschatologie de la personnalité. Mémorial de l’inexistence et réminiscence de l’immémorial. Une autre identité. Les petits secrets et le secret de l’être. La vie comme enjeu existentiel. [381]

Homo aminal symbolicon. La vérité des faits n’épuise pas le sens du réel. La vie empirique et le mystère de l’existence selon C. G. Carus. Le comte de Gobineau. Ce qu’on invente est vrai. Approche impossible de la vie intégrale. [383]

Chapitre 15 :
Le destinataire du journal


Le journal comme confident : Maurice de Guérin. Gute Nacht, Herr Musil ; l’alter ego. Michelet à Jules. Un interlocuteur valable. La communication : « un homme qui écrit n’est jamais seul ». Le mémorial de Robinson. Solitude de Scott. Le soldat Sartre et ses Carnets. [387]

[430]

Le premier destinataire est le rédacteur lui-même. Une conscience en dialogue. « Sartre, où es-tu ? » Un processus de rupture. Le secret du soliloque ; écrire pour combler une distance. Kafka : retrouver la parole de la racine. Rester dans le cercle. Se poser la question, c’est commencer d’y répondre. [391]

Plotin : communication imparfaite et transparence. L’hypocrisie nécessaire. Combler la distance entre le Je et le Moi. Passer aux aveux mais protéger ses aveux. Zone réservée de la confidence. Les écritures adolescentes et la formation de soi. [393]

Les premiers secrets de l’enfant. Le secret existentiel de la subjectivité. Incommunicabilité de soi à soi et aux autres et désir de partager le sens de la vie. Le prêt du journal. Exemples de journaux en commun. Le mariage de Tolstoï. [396]

L’authenticité impossible. Le destinataire inconnu. Espérance eschatologique. Mallarmé : « Brûlez mes papiers. » La solitude est un message. Le journal de Lavater et sa divulgation ; une situation sans issue. La bonne foi et la moins bonne. Hantise et impossibilité de « tout dire ». [399]

Chapitre 16 :
Vers le degré zéro de l’autobiographie


« Et in Arcadia ego ». Bravez la mort ; Barbellion. Les écritures du moi devenues l’œuvre à défaut d’œuvre : Leiris. L’autoportrait ou Dorian Gray inversé. Ambition de survivance et aveu d’échec. Faire œuvre et en faisant se faire ; non omnis moriar. Enfermé dans son propre labyrinthe. [405]

L’autoportrait fragmentaire de Saint-Martin. Marginalia ou vue d’ensemble. Le projet de Victor Hugo. Troxler et l’aveu d’indignité devant l’autobiographie. Les difficultés d’un remembrement de la personnalité. L’autobiographie doit commémorer l’unité du sens. [408]

Les autobiographies des Naturphilosophen romantiques. Le mouvement vécu de la quête du vrai. Savant classique et savant romantique. Le sujet de l’autobiographie n’est pas le sujet du journal. Le livre de vie du retraité n’a pas la même fonction que le journal d’une existence qui se cherche. [412]

Les alligators du Mississippi et l’hôtel Terminus de Toulouse. Les écritures du moi permettent de parler sans être interrompu. Moi du bavardage et horreur du vide. On parle toujours pour dire quelque chose. Les effusions de la ménagère. La loge de la concierge et la communication sociale. La rumeur [414]

Parler de rien, c’est parler de soi. Je parle, j’écris, donc je suis. Pas de degré zéro de l’écriture. Les champions de leur propre néant. La teneur en humanité, jamais nulle, varie indéfiniment. Et in Arcadia ego. [418]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 15 octobre 2018 8:37
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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