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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Tradition, modernité et aspiration nationale de la société québécoise. (1990)
Glossaire annoté


Une édition électronique réalisée à partir du texte d'Hubert Guindon, Tradition, modernité et aspiration nationale de la société québécoise. Traduction de Suzanne Saint-Jacques Mineau. Textes réunis et présentés par Roberta Hamilton et John L. McMullan. Montréal: Les Éditions Saint-Martin, 1990, 233 pp.

[223]

Tradition, modernité et aspiration nationale
de la société québécoise
.

GLOSSAIRE ANNOTÉ

Personnes, événements, lois, mouvements politiques
et publications mentionnés dans les essais



Ancien Régime. Ce nom est donné au régime de monarchie absolue de la France au cours des siècles qui ont précédé la Révolution française.

Angers, François-Albert (1909-1989). Distingué économiste et nationaliste québécois qui a fait carrière à l'École des Hautes Études Commerciales où il avait reçu sa formation. Économiste conservateur, il s'est opposé aux programmes de l'État-providence, comme les allocations familiales et les pensions de vieillesse, mais il s'est également fait le champion des coopératives, du corporatisme et de l'autonomie provinciale. Parmi ses livres, mentionnons Les droits du français au Québec (1971).

Arendt, Hannah (1906-75). Philosophe politique d'origine juive-allemande, elle fut formée dans la tradition philosophique allemande par Husserl, Heidegger et Jaspers. Elle s'enfuit d'Allemagne au moment de la prise de pouvoir d'Hitler. Après un séjour à Paris, elle s'échappa du camp de concentration de Var établi par le régime vichyste et gagna les États-Unis par les Pyrénées et l'Espagne. Elle enseigna à la New School for Social Research de New York ainsi qu'à l'Université de Chicago. Dans son premier grand ouvrage en anglais, Les origines du totalitarisme (1951), devenu aujourd'hui un classique, elle analyse des causes de l'apparition du totalitarisme dans les sociétés occidentales.

Barrette, Antonio. En 1960, il fut brièvement Premier ministre du Québec, succédant à Paul Sauvé. Alors que le choix de Sauvé comme successeur de [224] Duplessis n'avait soulevé aucune opposition, la nomination de Barrette fut âprement contestée. Battu par les Libéraux sous la direction de jean Lesage après quelques mois au pouvoir, il fut par la suite nommé ambassadeur en Grèce par John Diefenbaker.

Beattie, Christopher. Sociologue de talent, il rédigea, peu de temps avant de mourir prématurément, l'un des meilleurs travaux de recherche commandés par la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Cette étude, qui demeure toujours d'actualité, a été publiés sous le titre Minority Men in a Majority Setting (1975).

Bernier, Monseigneur Paul. Avant d'être nommé évêque de Gaspé, il fut secrétaire de la Conférence canadienne des évêques. Le blâme qu'il adressa à Dion et O'Neill pour leur article « Le chrétien et les élections » (1957) reçut peu d'attention et n'eut aucune influence. Voir aussi Dion.

Brunet, Michel. Historien réputé et prolifique, s'intéressant autant au passé qu'à l'actualité, il enseigna à l'Université de Montréal où il eut une très grande influence. Ancien étudiant de Lionel Groulx, il rompit avec son maître lorsqu'il remit en question « le messianisme, l'agriculturisme et l'anti-étatisme » du nationalisme traditionnel. C'est pourquoi, il peut être considéré comme le fondateur du « néo-nationalisme » québécois.

Cahiers de doléances. Document politique qui énumérait les doléances des États généraux à l'intention de Louis XIV en 1789, juste avant la Révolution française.

Caouette, Réal (1917-76). Il fut longtemps le seul Canadien français représentant le Crédit social au Parlement canadien. En 1962, cependant, grâce à ses efforts, la province de Québec élisait 26 députés créditistes. Ces résultats étonnèrent tout le monde, sauf Peter Regenstreif, un jeune spécialiste en sciences politiques qui avait suivi la campagne électorale. Ils semèrent la consternation, la stupeur et même l'inquiétude dans les milieux politiques et parmi les hommes d'affaires.

Caricature d'Aislin. Cette célèbre caricature d'Aislin (Terry Mosher) s'inspirait des propos de jean Marchand selon qui une très grande partie de la population complotait au sein du FLQ. Elle montrait Marchand transportant tous les annuaires téléphoniques des principales villes du Québec.

Cité Libre. Revue fondée par Pierre Elliott Trudeau et quelques autres qui exprima le mécontentement de la nouvelle classe moyenne dans les années 50. Elle combattit surtout ce que Trudeau appelait le « régime clérico-nationaliste » du premier ministre Maurice Duplessis, qu'elle accusait d'être réactionnaire, corrompu et anti-démocratique.

Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Commission créée par le premier ministre canadien Lester Pearson en 1963. Elle était co-présidée par Davidson Dunton, ancien président du réseau anglais de Radio-Canada (CBC) et alors président de l'Université Carleton, ainsi que par André Laurendeau, directeur et éditorialiste en chef du journal Le Devoir de Montréal. Appelée la Commission BB en français, elle fut surnommée en [225] anglais « Bi Bi Commission » puis ironiquement « Bye Bye Commission ». Son rapport en cinq volumes parut en 1967.

Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences. Cette commission, créée en 1949, fut présidée par Vincent Massey, nommé plus tard gouverneur général du Canada. Le Père Georges-Henri Lévesque, un père Dominicain qui avait fondé la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval et en avait été le premier doyen, était le membre québécois le plus éminent de cette commission qui fut bientôt connue sous le nom de Commission Massey-Lévesque. Son rapport entraîna la création du Conseil des Arts du Canada.

Compagnie des jeunes Canadiens. Cette organisme fut créé par le gouvernement fédéral sous Lester Pearson en 1965. Sa naissance fut inspirée par la théorie de Saul Alinsky, un sociologue militant, selon qui les pauvres des villes étaient désorganisés et, par conséquent, ne prenaient plus part au processus politique. Comme le processus politique ne réagit fondamentalement qu'aux groupes de pression, disait-il, ce n'est qu'en s'organisant pour faire valoir leurs besoins que les pauvres pourront influencer profondément la nature de la société. On vit proliférer à cette époque les « groupes de citoyens », « les mouvements d'animation sociale », etc. Les membres de la Compagnie des jeunes Canadiens s'installèrent dans les quartiers défavorisés et tentèrent de mobiliser et de regrouper les citoyens.

Corvées. Ce sont les tâches que les paysans ou les censitaires devaient exécuter pour leur seigneur ou leur roi.

Crise d'octobre. Enlèvement de James Cross, attaché commercial britannique à Montréal, par une cellule du Front de libération du Québec (FLQ), le 5 octobre 1970. Moins d'une semaine plus tard, le 10 octobre, Pierre Laporte, ministre du Travail dans le cabinet libéral de Robert Bourassa, était enlevé à son tour. Le 16 octobre, le gouvernement de Trudeau proclamait la Loi des mesures de guerre. Les policiers procédèrent à l'arrestation de 436 personnes et aucune ne fut remise en liberté avant la fin de la Crise. Le 17 octobre, Pierre Laporte était exécuté. Cross fut retrouvé et libéré au début de décembre et les membres de la cellule felquiste qui le détenaient obtinrent en échange un saufconduit pour Cuba.

Dion, Gérard (1912-). Professeur à l'Université Laval et longtemps directeur de l'École des relations industrielles de cette université, il fut co-auteur avec le Père Louis O'Neill, de l'article « Le chrétien et les élections » (1957). L'article, qui dénonçait l'immoralité politique de l'Union nationale sous la direction de Maurice Duplessis, fut largement diffusé dans les journaux et dans les milieux intellectuels. Cette attaque contre le Premier ministre de la province était, de la part de ces deux prêtres, un geste audacieux et inusité à l'époque.

Fanon, Frantz (1925-61). Né en Martinique, il étudia la psychiatrie en France. Il servit dans l'armée française comme médecin pendant la guerre franco-algérienne [226] et sympathisa avec la cause des rebelles. Son livre, Les damnés de la terre (1960), influença la gauche québécoise.

Gérin, Léon. Il fut le premier sociologue canadien. Après avoir étudié à Paris à la fin du siècle dernier, il entreprit des recherches à temps partiel tout en étant fonctionnaire fédéral. Ses essais et ses livres influencèrent beaucoup l'opinion que les spécialistes des sciences sociales se faisaient de la société canadienne-française, surtout ceux de l'école de Chicago, notamment l'anthropologue américain Horace Miner qui publia une étude, devenue un classique, St. Denis : A French Canadian Parish (1939) et le sociologue américain Everett Hughes, qui eut beaucoup d'influence sur certains sociologues québécois. Hughes enseigna à l'Université McGill à la fin des années 30 et au début des années 40 et il publia une monographie célèbre, French Canada in Transition (1943). Parmi les ouvrages les plus connus de Gérin sur le Canada français, on trouve Aux sources de notre histoire et Le Type économique et social des Canadiens français.

Grant, George (1918-). Philosophe social réputé de l'Université McMaster. Son livre, aujourd'hui un classique, Est-ce la fin du Canada ? Lamentation sur l'échec du nationalisme canadien (publié en anglais en 1965) amorça dans les années 60 un débat sur le comportement anti-national de l'élite économique canadienne. Ses discussions avec Cy Gonick et Gad Horowitz dans Canadian Dimension donna naissance à l'expression « conservateur rouge » pour désigner la position politique préconisée dans son livre.

Groulx, Lionel (1878-1967). Prêtre-historien qui fit une longue carrière d'enseignement à l'Université de Montréal. Ses écrits eurent beaucoup d'influence sur l'école d'histoire de l'Université et sur la société québécoise. Ardent nationaliste, il représentait le nationalisme traditionnel que Pierre Elliott Trudeau qualifia de « clérico-nationalisme » et combattit dans les années 50.

Grève de l'amiante. Dure grève en 1949 contre la compagnie Canadian Johns-Manville appartenant à des intérêts étrangers. Elle marquait le début d'une opposition politique au régime du premier ministre Maurice Duplessis. Après que celui-ci eut déclaré la grève illégale, les policiers provinciaux intervinrent et la violence éclata. Des étudiants universitaires prirent la part des grévistes et organisèrent des secours. Parce qu'il avait organisé des quêtes dans les églises pour aider les grévistes à survivre, l'archevêque Charbonneau de Montréal provoqua la colère de Duplessis et il fut par la suite forcé d'abandonner son poste pour raisons de « santé ».

Grève du Front commun. Les trois grands syndicats du Québec créèrent un « front commun » pour négocier avec le gouvernement provincial au nom de tous les fonctionnaires. Les négociations ayant échoué, ils déclenchèrent une grève générale en avril 1972. Une loi mettant fin à la grève ne fut pas respectée et le gouvernement Bourassa demanda l'emprisonnement des trois chefs ouvriers, soit Marcel Pépin de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Louis Laberge de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et Yvon Charbonneau [227] de la Corporation des enseignants du Québec (CEQ). Cette lutte entre le Parti libéral et les syndicats amena ces derniers à appuyer le Parti québécois.

Johnson, Daniel (1915-68). Membre du cabinet de Maurice Duplessis dans les années 50, il succéda à Antonio Barrette comme chef de l'Union nationale après avoir défait Jean-Jacques Bertrand lors du congrès de nomination. En 1966, il devint Premier ministre du Québec lorsque l'Union nationale défit le gouvernement libéral de Jean Lesage et mit ainsi fin, selon certains, à la Révolution tranquille. Dans son livre Égalité ou indépendance (1965), il expliquait sa position en matière de relations fédérales-provinciales. Il mourut pendant son mandat. Voir Pierre-Marc Johnson.

Johnson, Pierre-Marc. Fils de l'ancien premier ministre Daniel Johnson, il succéda à René Lévesque comme chef du Parti québécois en 1985. Un autre fils de Daniel Johnson est actuellement président du Conseil du trésor dans le Cabinet libéral de Robert Bourassa. Critiqué par les indépendantistes du Parti et par certains de ses propres députés, Pierre-Marc Johnson surprit tout le monde en démissionnant de son poste de chef du PQ et de son siège à l'Assemblée nationale peu après les funérailles de René Lévesque en novembre 1987.

Kierans, Eric [1914-). Économiste bien connu et homme politique non conformiste, son nationalisme canadien et son conservatisme économique lui valurent le respect des milieux universitaires, mais des échecs dans sa vie politique. Professeur de finances à l'Université McGill, il devint président de la Bourse de Montréal en 1960. Pendant qu'il occupait ce poste, il se lança en 1962 dans une campagne publique contre les Créditistes qui venaient de remporter 26 sièges au Québec. En 1963, il devint membre de l'Assemblée nationale et fit partie du cabinet Lesage comme ministre du Revenu, puis de la Santé. En 1966, il remporta contre René Lévesque la présidence du Parti libéral du Québec, poste qu'il occupa jusqu'en 1968. Cette même année, il fut élu à la Chambre des communes et devint ministre des Postes dans le cabinet Trudeau. Il démissionna de son poste en 1971 et retourna enseigner l'économie à McGill. En 1979, il fut nommé membre du conseil d'administration de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Il démissionna en mai 1980 parce qu'il n'approuvait pas la politique d'investissement de la Caisse et alla vivre à Halifax.

Lamontagne, Maurice (1917-83). L'un des premiers économistes québécois formés à Harvard, il mit sur pied à la demande du Père Georges-Henri Lévesque, doyen de la Faculté des sciences sociales, le département d'économie de l'Université Laval. Son livre Le Fédéralisme Canadien (1954), qui soulignait la nécessité d'un gouvernement central fort pour assurer la stabilité économique, suscita des controverses dans les milieux nationalistes québécois. Il fut nommé ministre dans le Cabinet de Lester Pearson. Son influence politique diminua à mesure que celle de Trudeau s'accrut. Il devint sénateur en 1967.

Lesage, Jean (1912-80). Avocat, il débuta sa carrière politique au fédéral comme membre du Cabinet libéral de Louis Saint-Laurent. Par la suite, il devint chef [228] du Parti libéral du Québec. En 1960, il battit Antonio Barrette, devenu Premier ministre du Québec à la suite du décès de Paul Sauvé. Sauvé avait annoncé la Révolution tranquille, mais Lesage fut considéré comme le père de cette révolution puisque c'est pendant son mandat que les réformes promises furent réalisées. Il fut défait en 1966 par Daniel Johnson, le nouveau chef de l'Union nationale. De nombreux analystes, notamment dans les cercles marxistes, datent la fin de la Révolution tranquille de cette défaite du gouvernement libéral de jean Lesage et qualifient la période qui a suivi de « répression tranquille ».

Lévesque, René (1922-87). D'abord journaliste et correspondant de guerre américain pendant la Seconde Guerre mondiale, il devint par la suite un commentateur extrêmement populaire de la scène internationale avec son émission « Point de mire » à la télévision de Radio-Canada. Il commença à s'intéresser activement à la politique lors de la grève de Radio-Canada à la fin des années 50. Il se joignit ensuite au Parti libéral et devint ministre dans le cabinet Lesage. Il fut, entre autres, ministre des Ressources naturelles et mena la campagne en faveur de la nationalisation des dernières compagnies privées d'électricité. À l'élection de 1962 qui portait surtout sur ce thème, le slogan politique « Maîtres chez nous » valut au Parti libéral d'être reporté au pouvoir. Déçu des politiques de son parti, Lévesque le quitta pour former le Mouvement Souveraineté-Association (MSA). L'alliance de ce mouvement avec le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et d'autres petits groupes indépendantistes donna naissance au Parti québécois (PQ). Porté au pouvoir en 1976, Lévesque dirigea les forces du « oui » lors du référendum sur la souveraineté-association. Bien qu'il perdit le référendum, le PQ fut reporté au pouvoir en 1981. Lévesque fut par la suite amené à démissionner et il fut remplacé par Pierre-Marc Johnson. Il mourut au cours de l'automne 1987 et quelque 60 000 Montréalais et Québécois défilèrent devant son cercueil pour lui offrir un dernier hommage.

Loi 22. Présentée en mai 1974 par le gouvernement libéral de Robert Bourassa, cette loi faisait du français la langue officielle du Québec. Elle cherchait à inciter les entreprises à utiliser davantage le français dans leur fonctionnement quotidien, chose qu'elles avaient curieusement négligé de faire jusque-là. Elle cherchait également à intégrer les enfants des immigrants dans les écoles françaises. Les « tests linguistiques » que devaient subir les enfants d'âge préscolaire provoquèrent une vive émotion dans les milieux anglophones. Si la Loi 22 déplut aux anglophones, elle ne plut pas davantage à bien des francophones qui trouvaient qu'elle n'allait pas assez loin.

Loi 63. Adoptée en 1969 par le gouvernement de l'Union nationale dirigé par Jean-Jacques Bertrand, cette loi avait été présentée à son corps défendant par le ministre de l'Éducation, Jean-Guy Cardinal. Elle donnait aux immigrants le droit de choisir entre le système scolaire anglophone ou francophone. Elle suscita une très vive opposition parmi les francophones de la province. Bertrand annonça une élection pour le 24 avril 1970 et l'Union nationale fut battue par le Parti libéral. Celui-ci remporta 77 sièges avec 44 p. 100 des voix ; le [229] PQ, 7 sièges avec 27 p. 100 des voix ; l'Union nationale, 17 sièges avec 20 p. 100 des voix et le Ralliement créditiste, 12 sièges avec 12 p. 100 des voix. Cette élection annonçait la montée du Parti québécois et le recul imminent de l'Union nationale. La Loi 63 a joué un grand rôle dans ces deux événements.

Mackasey, Bryce (1927-). Député libéral du comté montréalais de Verdun et membre du Cabinet Trudeau, il fut stupéfait de constater que les Canadiens anglais ne faisaient aucune différence entre le FLQ, le groupe terroriste qui avait provoqué la Crise d'octobre, et le Parti québécois, un parti politique qui prônait l'indépendance du Québec grâce à une élection démocratique.

Maoïsme. Idéologie adoptée par l'aile gauche radicale du mouvement étudiant dans les années 60. Ses partisans s'inspiraient de la Chine, de Mao Zedong et de la révolution culturelle plutôt que du marxisme soviétique qui était devenu suspect à leurs yeux. Cette division de la gauche dans les années 60 donna naissance aux expressions « vieille gauche »et « nouvelle gauche », les maoïstes représentant la nouvelle gauche radicale.

Marchand, Jean (1918-1989). Diplômé de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval, il oeuvra dans le mouvement ouvrier et devient un des dirigeants de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) qui prit plus tard le nom de Confédération des syndicats nationaux (CSN). Ministre dans le Cabinet Trudeau, il démissionna lors de la grève des contrôleurs aériens. Il fut par la suite nommé sénateur.

MacLennan, Hugh (1907). Romancier et essayiste canadien réputé. Son roman Les deux solitudes (publié en anglais en 1945) portait sur les relations entre Français et Anglais à Montréal et il fut vivement acclamé par la critique.

Merry del Val, Cardinal. Envoyé spécial du pape Léon XIII en 1897, il était chargé de mettre en garde les catholiques du Québec contre les dangers du « modernisme », notamment du « libéralisme ».

Metternich, Clements Von (1773-1859). Ministre des affaires étrangères et chancelier d'Autriche pendant près de 40 ans. Après la défaite de Napoléon, il rétablit l'influence de l'Autriche sur l'Allemagne et l'Italie. Conservateur et contre-révolutionnaire, il vit son pouvoir décroître et lorsque survint la révolution de 1848, il fut forcé de fuir en Hollande.

MSA. Voir René Lévesque.

Parade de la Saint-Jean-Baptiste. Chaque année, le 24 juin, en l'honneur du saint patron des Canadiens français, avait lieu cet événement rituel traditionnel. Des milliers de Montréalais venaient voir défiler les chars allégoriques et les fanfares. En 1968, des membres du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) se mêlèrent à la parade et bombardèrent l'estrade d'honneur de projectiles. Le premier ministre Trudeau demeura à son siège tandis que d'autres, comme le maire jean Drapeau, coururent se mettre à l'abri. Cette parade traditionnelle a été supprimée depuis.

Parti Pris. Revue marxiste qui représentait pour les jeunes des années 60 ce que Cité Libre avait représenté pour les intellectuels insatisfaits des années 50.

[230]

Parti québécois. Il fut fondé en 1968 par la fusion du Mouvement souveraine-téassociation de René Lévesque, du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), dirigé à l'époque par Pierre Bourgault, et du Ralliement national, un rejeton du Parti créditiste. Le Parti québécois remporta l'élection générale du 15 novembre 1976.

Payette, Lise. Ayant quitté une populaire émission d'entrevues à la télévision de Radio-Canada, elle fut élue membre de l'Assemblée nationale comme députée péquiste. Nommée ministre, elle fit adopter le régime d'assurance-automobile semi-nationalisé du Québec. Très critiqué au départ, ce régime est devenu un « modèle » que peu d'autres provinces ont adopté. Lors de la campagne référendaire, Lise Payette a été accusée d'avoir commis une gaffe monumentale en se moquant des « Yvettes » et en qualifiant la femme de Claude Ryan d'Yvette. Yvette représentait dans les manuels scolaires le stéréotype de la femme au foyer. Cette « gaffe » contribua à mobiliser les forces du « non » qui, après cet incident, acquirent l'élan qui leur manquait. Lise Payette ne se représenta pas à l'élection suivante et reprit sa carrière à la télévision comme auteure de romans-feuilletons à succès.

Pelletier, Gérard (1919-). Une des trois « colombes » avec Pierre Elliott Trudeau et jean Marchand. Tous trois entrèrent sur la scène politique fédérale pour accroître la qualité de la représentation francophone à Ottawa et aussi pour contrer la croissance du mouvement indépendantiste au Québec. À la fin des années 40, ils avaient oeuvré dans divers mouvements de l'Action catholique. Pelletier, ancien éditeur en chef de La Presse, le principal quotidien de Montréal, était une intellectuel « progressiste » bien connu et estimé. Il fut Secrétaire d'État dans le Cabinet Trudeau. Il quitta la politique pour la diplomatie à la fin des années 70.

Projet de loi S-31. Présenté au Sénat en novembre 1982, ce projet de loi visait à limiter la participation dans certaines corporations. Il resta en plan au feuilleton par suite du déclenchement de l'élection de 1984. Présenté dans le but général d'empêcher les gouvernements provinciaux et leurs organismes d'acquérir plus de 10 p. 100 des parts des compagnies de transport interprovincial, il cherchait en réalité à empêcher la Caisse de dépôt et de placement du Québec de prendre le contrôle de la Compagnie Canadien Pacifique. Le ministre des Finances du Québec, Jacques Parizeau, la Caisse et beaucoup d'hommes politiques et de sénateurs originaires du Québec dénoncèrent ce projet.

Renérendum. Expression qui devint populaire lorsque René Lévesque insista pour tenir un référendum parmi les membres du Parti québécois parce qu'il refusait d'entériner une résolution adoptée au congrès de son Parti en décembre 1981. Lors de ce congrès, les délégués avaient rayé toute mention d'association dans le premier article du programme du Parti et fait de l'indépendance leur but premier, afin de protester contre le rapatriement unilatéral de la Constitution malgré l'opposition du Québec. La consultation, qui se fit par courrier, donna raison à René Lévesque. Parmi ceux qui y participèrent, 95 p. 100 se rallièrent à sa position.

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RIN. Voir René Lévesque.

Rioux, Marcel. Anthropologue respecté de l'Université de Montréal. Intellectuel engagé, partisan du séparatisme et du socialisme, il a publié La question du Québec (1977), un livre fort remarqué dans les milieux universitaires et politiques.

Sainte-Alliance. Il s'agit d'un pacte mystique conclu à Paris le 26 septembre 1815 par le tsar de Russie, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse qui s'engageaient à se porter mutuellement assistance chaque fois que le pouvoir de l'un d'entre eux serait menacé.

Sauvé, Paul (1907-60). Au cours de l'automne de 1959, après la mort subite de Maurice Duplessis, il succéda à ce dernier comme chef de l'Union nationale et Premier ministre de la province. Il avait été surnommé « le dauphin » parce que tous prévoyaient qu'il succéderait à Duplessis. Bien que membre du Cabinet de ce dernier, il s'était acquis le respect de la nouvelle classe moyenne et des intellectuels opposés au régime duplessiste. Personne n'ignorait dans ces milieux qu'il n'approuvait pas le caractère autocratique du régime. Il souhaitait apporter des réformes qu'il eut d'ailleurs le temps d'annoncer avant de mourir subitement, trois mois après sa nomination comme Premier ministre.

Scott, Frank (1899-1985). Éminent professeur de droit à l'Université McGill et expert en droit constitutionnel. Il affirma que Claude Ryan, rédacteur en chef du journal Le Devoir à l'époque, s'était rendu coupable de trahison en voulant discuter de l'établissement d'un gouvernement de l'unité nationale au moment de la Crise d'octobre de 1970. Cette coalition était censée regrouper les membres de l'opposition et les principaux dirigeants syndicaux, municipaux, etc.

Société Saint-Jean-Baptiste. Fondée au 191 siècle par Ludger Duvernay, la Société visait à promouvoir les intérêts économiques et nationaux des Canadiens français.

Spicer, Keith. Professeur de sciences politiques à l'Université York et parfaitement bilingue, il fut le premier Commissaire aux langues officielles. À ce titre, il était chargé de présenter chaque année au Parlement un rapport sur le progrès ou l'absence de progrès de l'application de la Loi sur les langues officielles.

Théorie du pacte confédératif ou du dualisme canadien (« Compact Theory »). Selon cette théorie, la Confédération est un « pacte » entre les deux peuples fondateurs du Canada. Largement acceptée par les constitutionnalistes canadiens-français, elle n'a jamais été reconnue par les milieux anglophones similaires. En décrivant le mandat de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Lester B. Pearson fit référence aux « deux races fondatrices ». Cette conception dualiste s'est évanouie en fumée avec le rapatriement de la Constitution auquel le Québec s'opposait, mais qui a néanmoins été imposé.

232

Tocqueville, Alexis de (1805-59). Théoricien et homme politique français du 19e siècle, il publia La Démocratie en Amérique, qui est demeuré un classique et, en 1856, L'Ancien Régime et la Révolution.

Tupamaros. Ce nom est donné aux révolutionnaires urugayens dont l'action politique consistait à enlever des diplomates et des dirigeants de multinationales et à réclamer pour leur libération une rançon ou la remise en liberté de leurs camarades emprisonnés. Le terrorisme politique et l'extorsion de rançons sont devenus courants ; ils sont admirés par certains, mais craints par la majorité.

Vallières, Pierre. Il fut avec Charles Gagnon le théoricien du Front de Libération du Québec lorsque ce mouvement commença à s'attaquer aux symboles de l'oppression capitaliste plutôt qu'uniquement aux symboles de la subjugation politique du Québec. Tous deux furent arrêtés à New York où ils s'étaient rendus pour protester aux Nations Unies contre la situation du Québec. C'est en prison que Vallières écrivit Nègres blancs d'Amérique, autobiographie précoce d'un « terroriste » québécois (1968). Gagnon et Vallières furent extradés et accusés d'incitation à la violence, mais acquittés après un procès devant jury.

Yvette. Voir Lise Payette.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 7 avril 2011 18:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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