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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ La modernisation du Québec et la légitimité de l'État canadien ”. (1977)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte d'Hubert Guindon, (sociologue québécois, Université Concordia), “ La modernisation du Québec et la légitimité de l'État canadien ”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 18, no 3, 1977, pp. 337-366. Québec: Les Presses de l'Université Laval. [Ce texte a été publié sous le titre « The Modernization of Québec and the Legitimacy of the Federal State » dans: G. GLENDAY, Hubert GUINDON et A. TUROWITZ, (sous la direction de), Modernization and the Canadian State, Toronto, MacMillan, 1978. Traduit de l'anglais par Marie Mercier avec la collaboration de Jean-Jacques Simard.| [Autorisation formelle accordée par la directrice de la revue Recherches sociographiques, Mme Andrée Fortin, le 8 janvier 2004, de diffuser cet article.]

Introduction (1)


Les fondements de la crise actuelle de l'État canadien découlent de la modernisation de l'économie politique québécoise au cours de la Révolution tranquille. L'ascension d'une nouvelle classe moyenne a passé par l'élargissement du rôle de l'État provincial aux domaines des affaires publiques hier administrées sur une base locale et communautaire: les affaires sociales, la santé, l'éducation. Les perdants: le clergé francophone et les anglophones québécois, qui fondaient leur autonomie sur les institutions locales; l'alliance entre les marchands anglais et le clergé, scellée par le pacte confédératif, devient alors périmée. Par ailleurs, quand l'engorgement des secteurs étatiques réduit les possibilités d'absorption des nouvelles élites franco-phones, celles-ci se heurtent aux chasses gardées anglophones du secteur privé: la question de la langue fait alors brusquement surface sur la scène politique. Cette structure explique l'insignifiance de la politique des langues officielles et impose une renégociation des cadres fédéraux de l'État canadien.


Le processus de modernisation entraîne la plupart du temps des bouleversements politiques. Les empires politiques conventionnels ont été dissous presqu'universellement. Les puissantes légitimations de jadis, «civilisation des sauvages» et «conversion des païens», sonnent creux depuis longtemps, non seulement auprès de l'intelligentsia, mais aussi auprès du clergé dans les États sécularisés.

L'époque où on se servait de l’État pour assujettir une majorité socio-culturelle et l'exclure ainsi des courants de modernisation tire à sa fin. Acceptant l'inévitable, la Rhodésie devra bientôt s'y résigner. Quant à l'idée sud-africaine d'un État noir indépendant, elle est universellement considérée comme de la frime.

Si les pays industrialisés d'Occident semblent bien voir la paille dans l'œil d'autrui, leur vision des poutres domestiques s'embrouille. La montée du nationalisme écossais sur les vagues d'or noir au large des côtes de l'Écosse a récemment incité le parlement britannique à concéder quelque forme d'autonomie à l'Écosse afin de prévenir des conséquences plus désastreuses. La tragique lutte armée en Irlande du Nord et ses coûts hebdomadaires en vie humaine sont soigneusement rapportés dans la presse et déplorés dans le monde entier, mais n'ont guère engendré d'analyses politiques largement répandues sur les causes de cette pénible situation.

L'élection du Parti Québécois a pris une portée mondiale probablement parce que, pour la première fois, le processus démocratique interne défiait l'intégrité politique d'un État industrialisé occidental, libéral et démocratique.

La première réaction des media a été de ne pas y croire. Comment cela pouvait-il arriver? Était-ce sérieux ? L'intégrité de notre type d'État est tellement prise pour acquis. L'État est si sacralisé que, pour l'étudier, les praticiens des sciences sociales se sont départis du détachement clinique qui leur est si commun. Leurs questions et leurs modèles empiriques s'en trouvent affectés.

On a toujours perçu le mécontentement politique dans les États occidentaux comme confiné à des îlots et, si non-violent, comme une espèce de résistance bizarre et anachronique à la modernisation. Parfois, il peut en être effectivement ainsi. Mais dans le cas du Québec, et de bien d'autres à venir probablement, on gagnera à voir dans le défi posé à l'intégrité de l'État une conséquence de la modernisation, une adoption agressive plutôt qu'un refus de ses valeurs et de ses bénéfices.

La menace politique à la légitimité de l'État canadien est-elle valide? Et si oui, en quoi? À moins de confronter ces interrogations, et d'y répondre, n'espérons pas de politiques qui sachent générer un nouveau consensus. La suite de notre essai est consacrée à ces questions.

Note:

(1) Ce texte a été publié sous le titre «The Modernization of Québec and the Legitimacy of the Federal State» dans: G. GLENDAY, Hubert GUINDON et A. TUROWITZ, (sous la direction de), Modernization and the Canadian State, Toronto, MacMillan, 1978. Traduit de l'anglais par Marie Mercier avec la collaboration de Jean-Jacques Simard.

Retour au texte de l'auteur: Hubert Guindon, sociologue québécois (1929-2002) Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 20 mai 2004 10:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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