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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jacques Grand’Maison, La seconde évangélisation. Tome II-1. Outils majeurs. (1973)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jacques Grand’Maison, La seconde évangélisation. Tome II-1. Outils majeurs. Montréal: Les Éditions Fides, 1973, 351 pp. Collection: Héritage et projet, no 2. Une édition numérique réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi.

[9]

LA SECONDE ÉVANGÉLISATION.

TOME II-1. LES OUTILS MAJEURS.


AVANT-PROPOS


Le deuxième souffle

L'exemple paulinien de la course peut nous aider à comprendre l'aventure spirituelle que partagent bien de nos contemporains. Il y a deux temps dans la course. Le premier amène le corps au bout de son souffle. Les muscles et les nerfs cèdent et l'on a la tentation de se laisser choir. C'est à ce moment qu'un esprit décidé va chercher péniblement et violemment un second souffle au fond du cœur. Il se produit alors une sorte de saut qualitatif, un regain d'énergie très puissant. Tout se passe comme si le corps pouvait entreprendre une bien plus longue foulée que la première. Et c'est ce qui arrive effectivement.

Beaucoup d'êtres humains connaissent actuellement ce seuil critique par rapport à la première orientation fondamentale de leur vie. Essoufflement d'une vocation, d'un itinéraire conjugal, d'une carrière, d'un projet initial de vie. Tentation de démissionner parce qu'on croit être allé au bout de soi-même. Crise de confiance en évaluant le chemin déjà parcouru, crise de foi face à l'avenir. Pourtant il n'y a pas de deuxième souffle sans le premier. Parfois le refus repose sur une fausse satisfaction de soi : « J'ai fait ma part ». Mais le plus souvent, il cache un manque de foi en l'avenir, en l'Esprit plus fort que tous les destins et les contraintes.

Dans le contexte évangélique, le second souffle c'est à la fois la remise de soi à l'Esprit et la vraie conversion adulte. Jusqu'à la Pentecôte, les disciples ont vécu leur premier élan suivi du creux [8] de la Pâque. Il a fallu la retraite au cénacle, la mémoire du Jeudi-Saint, de l'ancienne et de la nouvelle Alliance, et puis le silence pauvre et attentif d'un cœur ouvert. L'Esprit avait besoin de cette profondeur d'âme, de ce creux de désespoir et d'espérance folle pour  faire surgir la nouvelle création. Au sens biblique, la création est un second souffle qui fait sortir la vie d'un chaos.

Voilà peut-être le contexte spirituel de la seconde évangélisation. En ces temps de dispersion et de vieillissement, une lumière nouvelle perce l'horizon bloqué. Des inédits de l'homme et de l'Esprit se rencontrent dans le même Évangile et dans les mêmes consciences. Dieu bâtit un homme nouveau avec les mêmes personnes, la foi et l’Église de toujours ; ce qui fonde notre  espérance en un profond renouvellement de nous-mêmes et du monde. Renouvellement de l'âme et du sens, de l'amour et du pain. Mais il y a ce passage obligé : « Dieu a frappé de folie la sagesse du monde ». Le deuxième souffle évangélique comporte ce saut critique et mystérieux au-delà du bon sens des sécurités et des appuis de chrétienté. Rien de triomphal ne nous attend ici-bas. L'Église et les croyants de demain ne compteront pas pour grand-chose sur la scène du monde. Leur semence restera longtemps dans la nuit du sous-sol. Certains se pressent trop pour moissonner ; et sans s'en rendre compte, ils cèdent à l'esprit du monde. Les chrétiens n'ont pas à se faire un nom comme au temps de Babel. Pour le moment, il leur faut aller chercher au plus profond d'eux-mêmes ce second souffle qui créera une nouvelle jeunesse du monde qu'ils ne verront peut-être pas. Nous avons à vivre, désormais, une foi nue, têtue et même folle, avec cette seule assurance : la petite mèche d'Isaïe ne s'éteindra pas ; elle incendiera à l'heure de l'Esprit.

Il ne s'agit pas de nous demander si nous resterons dans l'Église. C'est une question d'hier. Nous devons plutôt répondre avec l'Évangile et en Église à l'interpellation des temps présents et de l'Esprit : pourquoi et comment foncer dans l'avenir ? Sommes-nous conscients d'être la semence évangélique de l'avenir du monde ? Jésus a constitué avec ses disciples un premier peloton. Voilà une tâche prioritaire : des pelotons de témoins et de militants sur tous les fronts de la vie. Jésus a voulu aussi rejoindre diversement les hommes, là où ils sont rendus. D'où cette deuxième composante d'une stratégie évangélique, à savoir des relais pour les différentes étapes d'itinéraires spirituels, personnels et communautaires. [9]  Enfin, Jésus a voulu constituer un peuple nouveau. Nous avons à ré-inventer un style d'Église qui, après les éclatements de la chrétienté, donne une cohérence neuve aux croyants dispersés pour en faire un peuple nouveau, un Signe de fraternité radicale au milieu des luttes de justice entre les nations. L'Évangile nous a appris que la paix et la liberté sont les fruits d'une mort pascale, d'une difficile libération, et d'une dynamique de résurrection. Mais le Royaume ne s'enfermera jamais dans nos maquettes d'Église ou de société. Sa transcendance commande une ouverture radicale de l'homme et de la cité, du croyant et de l’Église. Sacrifier l'Évangile à un système historique, religieux et profane, c'est la pire des hérésies. Chefs religieux et croyants de base, d'ici ou d'ailleurs, ont peut-être un dérangement abrahamique à vivre. « Il partit ne sachant pas où il allait ». Il n'avait que Dieu et sa Promesse comme appui et horizon décisifs. Au bout du chemin nous saurons que le Ressuscité était déjà là dans notre risque.



Retour au texte de l'auteur: Jacques Grand'Maison, sociologue québécois (1931 - ) Dernière mise à jour de cette page le jeudi 23 mai 2013 17:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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