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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Marie Goyon, L'Indianité en tant qu'ethnogénèse :
exemple de mobilisation dans l'art contemporain amérindien
(2007)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marie Goyon, L'Indianité en tant qu'ethnogénèse : exemple de mobilisation dans l'art contemporain amérindien”. Un article publié dans la revue Parcours anthropologiques, no 6, 2007, pp. 92-112. [“Pourrait-on considérer la notion d'« indianité » comme une ethnogénèse, notamment dans le cadre de sa mobilisation en tant que catégorie identificatoire, dans le monde de l'art contemporain ?” [Avec l'autorisation de l'auteure accordée le 14 avril 2008.]

Introduction

Face à des concepts anthropologiques qui parfois se perdent, s’épuisent ou se connotent, il est toujours intéressant de s’arrêter un instant et de les questionner. Cet exercice est bien évidemment nécessaire à toute démarche scientifique, et même salutaire lorsque le contexte économique et social révèle des tensions et conflits particulièrement accentués : les tensions et inventions sont bien sûr toujours présentes et apparaissent comme les moteurs d’une société, mais elles échappent parfois à ceux qui tentent de les penser et prennent des proportions qui les dépassent. Il semble que ce soit le cas aujourd’hui face à ce que l’on peine à désigner sous les termes de “globalisation”, “mondialisation”, “village-monde”. Exercer alors une certaine réflexivité sur les productions et les épistémologies de sa discipline, en l’occurrence l’anthropologie, permet d’avancer d’un oeil renouvelé. Dans cette perspective, il sera ici question d’un concept choisi parmi ceux qui ont pu être rejetés, parfois de façon très rapide et même péremptoire, la connotation péjorative étant allée plus vite que l’exercice de la critique : je pense justement au procès dont la notion que nous allons discuter ici, l’ethnogénèse, a été victime dans les années 1970 [1]. Il est dommage de rejeter un terme sémantiquement intéressant à cause des usages très divers et toujours contextuels qui en ont été faits, cela revenant, pour utiliser une expression très imagée, “à jeter le bébé avec l’eau du bain”... 

En effet, dans un contexte contemporain de mobilité et de processus, certains concepts peuvent trouver une nouvelle jeunesse. C’est le cas de la notion d’ethnogénèse, telle qu’on la reprendra ici, à sa base étymologique, en tant que “processus de formation d’un peuple, d’une identité culturelle” et sous la dimension plutôt dynamique et militante qui en est proposée par l’anthropologie culturelle américaine. L’etnnogénèse pourra alors renvoyer à des phénomènes et discours observés dans la pratique du terrain (pour moi le terrain amérindien et canadien), au contact d’acteurs qui tentent de se redéfinir et de se réunir autour de valeurs et symboles, en vue de la construction d’une appartenance particulière, relevant d’une conception plurielle et mouvante de l’identité. 

La question plus spécifique que je propose d’aborder dans cet article est la suivante : pourrait-on considérer la notion d' « indianité » comme une ethnogénèse, notamment dans le cadre de sa mobilisation en tant que catégorie identificatoire, dans le monde de l'art contemporain ? 

Afin de proposer des modalités de réponses à cette interrogation, j’avancerai dans un premier temps quelques définitions possibles de l’Indianité [2], sous ses aspects juridique, politique et symbolique. Dans un deuxième temps, j’aborderai des exemples de la mobilisation de cette Indianité dans l'art amérindien (États-Unis et Canada) depuis les années 1960. Ces exemples amèneront à critiquer la notion d’« authenticité » de l'oeuvre et du primitivisme dans les contextes muséographiques. L'Indianité sera interrogée ensuite comme une possibilité de dépassement des catégories de l'art tribal vers l'art « universel », et notamment comme instrument de visibilité des artistes d’origine autochtone sur la scène internationale. Enfin, le concept d'ethnoscape [3] sera envisagé comme une perspective d’analyse dynamique de cette création des imaginaires négociés, entre art occidental et non-occidental, à l’aune d’un changement d'échelle radical.


[1] Pour en savoir plus, on pourra consulter le résumé de l’historique de la notion, proposé dans Bonte P. et Izard M. (ed), Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, PUF, Paris, 2000, pp. 787-89. On pourra ainsi constater les multiples usages et interprétations du terme selon les époques et les traditions anthropologiques nationales, de la France à la Russie soviétique, en passant par les Etats-Unis. C’est cette dernière acception, née de l’anthropologie culturelle nord-américaine, qui sera plus particulièrement pertinente face à la conception évoquée ici, de l’Indianité dans l’art. L’ethnogénèse ainsi envisagée renvoie à des processus de reviviscence ou d’émergence d’une conscience collective de groupes souvent minoritaires, dont l’élément clé est le besoin de démarquage vis-à-vis du groupe dominant.

[2] J’utiliserai la forme à majuscule Indianité quand il s’agira de la notion telle qu’elle est mobilisée par les acteurs de ce terrain, des artistes contemporains d’origine autochtone se réclamant de l’Indianité.

[3] Appaduraï Arjun, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Payot, Paris, 2001.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 30 avril 2008 13:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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