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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les Bedik (Sénégal oriental). Barrières culturelles et hétérogénéité biologique. (1971)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jacques Gomila, Les Bedik (Sénégal oriental). Barrières culturelles et hétérogénéité biologique. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal, 1971, 273 pp. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi.

Avant-propos


Le présent travail s'insère dans le cadre d'une recherche multidisciplinaire qui s'est fixé pour but l'étude d'une région entière : le département de Kédougou (Sénégal oriental). Depuis 1961, des chercheurs de disciplines différentes ont abordé la plupart des groupes ethniques qui la peuplent avec leur optique propre : anthropologie sociale et culturelle, ethno-botanique et ethno-zoologie, ethno-démographie, linguistique, histoire, biologie, etc. On trouvera donc dans les pages qui suivent une contribution limitée à des investigations complexes et de longue haleine, devant se poursuivre encore pendant plusieurs années, et dont le dessein final est de dégager les interactions de facteurs très divers contribuant à donner à la région sa physionomie particulière. Si certains résultats semblent se suffire au point que la publication en soit jugée possible, ce n'est que dans une synthèse finale, résultant de la confrontation des faits rassemblés dans chacun des champs particuliers d'analyse, qu'ils trouveront leur véritable signification.

Le Programme biologique international [1] conduit plusieurs équipes appartenant à différentes nations à œuvrer dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, en Nigeria, au Cameroun, au Tchad, en République démocratique congolaise, dans le cadre particulier de la section « Adaptation humaine ». Un récent symposium tenu à Varsovie sur la biologie de l'homme en Afrique (juin 1968) a révélé toutes les promesses que pouvaient receler des recherches standardisées quant aux méthodes, organisées dans des zones contrastées du point de vue écologique. En définitive, ce ne sera qu'après les nombreuses années nécessaires à la réalisation de ces projets que les véritables fruits pourront être récoltés.

On s'étonnera peut-être de ne trouver ici que l'élaboration de données anthropométriques. Les groupes sanguins, les hémoglobines et les empreintes digito-palmaires d'un certain nombre de sujets ont été publiés par ailleurs (R. Gessain et coll., 1965a, 1965b ; Gomila, Pée-Laborde et de Lestrange, 1967). Notre ambition serait de disposer, pour ces caractéristiques biologiques, d'échantillons comparables à ceux qui sont utilisés dans la présente étude, de manière à analyser de façon dynamique la structure interne du groupe bedik, comme nous le ferons dans les pages qui suivent pour les caractères anthropométriques. Le recueil de telles données est d'ores et déjà annoncé, dans le cadre du Programme biologique international.

En regard des travaux entrepris dans d'autres régions de l'Afrique de l'Ouest, la spécificité de ceux qui intéressent le département de Kédougou apparaît plus clairement. La problématique que nous dégagerons à propos des Bedik semble pouvoir être étendue à d'autres groupes de la région. Le contraste qui existe entre l'homogénéité écologique du territoire considéré et l'hétérogénéité sociale, culturelle et démographique des ethnies qu'il supporte, indique que c'est sur le thème des relations existant entre la structure sociale, la structure démographique et la structure génétique des populations que doivent se centrer les recherches prévues dans cette partie du Sénégal oriental. De ce point de vue les travaux présentés ici peuvent être considérés comme des travaux pilotes. Un gros investissement a été fait en ce qui concerne l'organisation sociale et les généalogies, préalablement au recueil des données proprement biologiques qui seront analysées. Nous tenons à souligner que la grande majorité des faits ethnologiques utilisés pour dégager les grandes lignes de la structure sociale des Bedik ont été recueillis en collaboration étroite avec Marie-Paule Ferry (Gomila et Ferry, 1966 ; Ferry, 1967b) ; le travail ethno-linguistique qu'elle effectue les exigeait au même titre que le nôtre (Ferry, 1966, 1967a).

La faible dimension du groupe bedik nous a incliné dès l'abord à tenter de l'étudier aussi précisément, aussi exhaustivement que possible, de manière à dégager des faits sociaux les lignes de force susceptibles d'avoir joué un rôle dans l'acquisition de sa structure génétique actuelle. Si l'on refusait de tenir compte de ce qu'il y a de spécifiquement humain, culture et organisation sociale, dans l'étude des populations humaines, bien des chapitres que l'anthropologie reconnaît comme siens pourraient être élaborés, plus économiquement et plus rigoureusement, sur les animaux ou sur les plantes. L'une des grandes carences de l'anthropobiologie touche à l'absence de planification dans l'expérimentation et dans l'observation. Un tel défaut ne peut être évité que dans la mesure où les données biologiques sont recueillies sur des échantillons qui sont eux-mêmes le reflet des problèmes théoriques sous-jacents à la population particulière que l'on a choisi d'étudier.

Ainsi ce travail s'inscrit pleinement dans la ligne de pensée des chercheurs qui se sont attachés à tenter d'évaluer le rôle des facteurs culturels dans l'évolution biologique de l'homme (Kluckhohn et Griffith, 1950 ; Benoist, 1966, 1968 ; Thompson, 1967). En comprenant le mot culture dans son sens le plus large, en ne le limitant pas aux seules réponses technologiques apportées par l'homme au problème de sa survie face aux contraintes des milieux les plus divers, mais en l'étendant aux dimensions les plus élevées qu'il a données à sa vie, des modes d'intégration sociale aux préoccupations métaphysiques, il faut y voir un souci d'interprétation plus totale de la réalité de l'évolution actuelle de l'espèce et en même temps un effort d'unification de la discipline anthropologique, étude du phénomène humain considéré comme un tout insécable, très caractéristique de l'école nord-américaine. Il constitue du même coup une réponse aux critiques apportées par certains auteurs (Roberts, 1966) qui reprochent à l'anthropologie physique telle qu'elle est conçue sur ce continent, les faiblesses biologiques qu'elle présente, du fait de l'attention qu'elle porte aux faits sociaux et culturels.

J. G.

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Cet ouvrage a mérité à son auteur, en 1969, le « Prix Paul Broca » décerné par la Société d'anthropologie de Paris.



[1] Cette recherche fait partie de la section « Adaptation humaine » française du Programme biologique international (président : docteur J. Sutter) et représente une collaboration franco-canadienne à ce programme (projet AH 19-France). Elle a été réalisée entre 1961 et 1964 dans le cadre du Centre de recherches anthropologiques du musée de l'Homme, Paris (directeur : professeur R. Gessain) et financée en partie par la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (Convention 61 FR 220) et le Centre national de la recherche scientifique français. L’élaboration et la rédaction ont été effectuées au Département d'anthropologie de l'Université de Montréal, avec la contribution du Centre de calcul de cette institution.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 2 juin 2009 7:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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