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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jacques T. GODBOUT, “Le communautaire et l’appareil.” Un article publié dans la revue Questions de culture, no 16, No intitulé : “Entraide et associations”, pp. 239-260. Sous la direction de Marie-Marthe T. Brault et Lise Saint-Jean. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1990, 282 pp. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

[239]

Questions de culture, no 16
“Entraide et associations.”

DEUXIÈME PARTIE

 “Le communautaire
et l’appareil
.”

par
Jacques T. GODBOUT

Il ne faut pas être surdoué pour être médecin ! Ce qu'on oublie, c'est que ça prend surtout des qualités humaines : de la compassion, de l'empathie, du dévouement, du flair aussi [...].
Augustin Roy, président
de la Corporation professionnelle des médecins
du Québec

Comment se caractérisent les organismes volontaires par rapport aux établissements publics dans le secteur des affaires sociales ? Lorsqu'on essaie de cerner la spécificité de leur pratique, un premier terme s'impose immédiatement : le communautaire. La référence communautaire constitue une caractéristique dont presque tous les groupes se réclament avec fierté, et dont ils défendent en outre l'exclusivité par rapport au secteur public. L'importance de cette référence est déjà un phénomène important. Alors qu'on parlait plus, dans le passé, de comités de citoyens ou de groupes populaires, aujourd'hui c'est la dimension communautaire qui désigne les associations volontaires locales actives dans le secteur social. C'est dans ce mystérieux ingrédient communautaire que résiderait le secret de leur efficacité et de la qualité de leurs interventions.

Qu'entendent ces organismes par des relations communautaires entre eux et le milieu, entre celui qui dispense des services et celui qui les reçoit ? Comment cela se compare-t-il avec la [240] relation entre employés et clients des services publics ? Une enquête récente [1] auprès d'une soixantaine d'organismes communautaires a permis de dégager un modèle communautaire qui sert de référence aux personnes engagées dans ces organismes et de le comparer au modèle qui, selon ces personnes, caractérise les interventions du secteur public. Ces deux modèles, construits à partir des réponses à nos questions, ont été désignés par les termes de réseau pour le modèle communautaire et d'appareil pour les établissements publics. Ils se caractérisent de la façon suivante :

1. Les organismes communautaires se situent dans une structure centrée qui se rapproche de ce que plusieurs auteurs décrivent comme un réseau, par opposition à un appareil, qui caractérise plus le secteur public.

2. Les relations entre l'organisme communautaire et le milieu relèvent d'une sorte de symbiose, sans rupture, par opposition aux appareils publics.

3. Les relations avec les clients se caractérisent par la proximité, au point où souvent le terme même de client est inexact et qu'on lui préfère celui de membre.

4. On peut caractériser l'approche des organismes communautaires par l'expression problem solving par opposition à l'appareil public dont l'approche est synoptique, scientifique, rationnelle.

5. Les relations aux valeurs des organismes communautaires se situent souvent à l'opposé des appareils. Dans les appareils publics dominés souvent par l'approche professionnelle, l'intervention est neutre par rapport aux valeurs. Au contraire, les organismes communautaires sont plutôt centrés sur les valeurs.

6. Enfin, la plupart des organismes communautaires ont insisté sur la liberté qui caractérise leur action par rapport aux institutions du secteur public encadrées dans des appareils bureaucratiques. Comme on le verra, cette caractéristique distingue le modèle communautaire actuel non seulement des appareils mais aussi de la communauté traditionnelle.

[241]

La suite du texte explicite ces caractéristiques. Lorsque la source n'est pas mentionnée, les citations sont des extraits d'entrevues.

UNE STRUCTURE A-CENTRÉE :
UN RÉSEAU


La première caractéristique structurelle du modèle communautaire, c'est la faible importance accordée aux structures, par rapport aux établissements publics. Que ce soit dans leurs relations avec leurs membres ou leurs clients, avec le milieu, et même avec l'extérieur, on accorde plus d'importance aux personnes qu'aux structures. On ignore volontiers la structure formelle. Autrement dit, l'ensemble des relations est structuré plus par les affinités entre les personnes. C'est le modèle des « affinités électives ».

Moi, à mon âge, j'ai été élevée dans un modèle hiérarchique, que ce soit à l'église, dans ma famille, etc. et plus tard dans ma communauté religieuse.

Aujourd'hui, on a changé de modèle. Par exemple, je vis avec deux compagnes ; c'est elles qui me font vivre, parce qu'elles travaillent et que moi je ne gagne rien dans mon travail. Avant, tout cela se faisait par obéissance ; maintenant on le fait parce qu'on croit au partage, parce qu'on croit au modèle communautaire. Nos supérieurs ont changé aussi. Notre communauté a changé. Elle a changé de modèle, sans changer tellement de structure. Il faut d'abord construire le communautaire quotidiennement.

Cela dit, les structures existent évidemment. En s'inspirant des travaux de Vincent Lemieux, on peut les désigner par le terme de réseau, par opposition aux appareils, qui caractérisent plus la structure et le mode de fonctionnement des établissements publics (Lemieux, 1979, 1981 et 1986). Quelles en sont les principales caractéristiques ?

* La première et la plus importante caractéristique structurelle qui l'oppose à l'appareil, c'est que le réseau est a-centré. Il n'a [242] pas de centre contrairement à un appareil qui se définit d'abord comme « un système gouverné de façon hiérarchique » (Lemieux), avec un centre. Cela n'empêche pas la coordination d'exister entre les différentes instances. Mais elle se fait directement, sans coordonnateur. De nombreux exemples ont été fournis de ce mode de fonctionnement. Ainsi ce membre d'un centre de bénévolat de l'est du Québec : « Si un malade — même en fin de semaine — a besoin d'être transporté à Montréal, et qu'à Québec il faut quelqu'un pour l'aider pendant son transport, on appelle au centre de Québec qui trouve un bénévole. » De même un membre des Alcooliques anonymes (AA), qui peut téléphoner à toute heure à quelqu'un, dans presque tous les pays, s'il est en voyage.

Il y a ceux qui pensent en appareil, avec un centre explicatif fait d'une dimension dominante ou de variables principales. Et il y a ceux qui pensent en réseau avec des explications par voisinage et des principes d'organisation qui s'en dégagent. Les premiers ne peuvent concevoir la régulation que par un centre, les seconds conçoivent qu'elle puisse être a-centrée (Lemieux, 1980, p. 352).

* Ce sont généralement de petits organismes, et ce trait est considéré important. Lorsque la demande ou l'activité augmente, au lieu de croître, l'organisme tend plutôt à se diviser et, donc, le réseau à se multiplier. Le réflexe spontané, dans le mode de fonctionnement « réseau », c'est la création d'un autre organisme.

* Il existe souvent un conseil d'administration démocratique. Mais ce n'est pas un trait essentiel. De façon générale, les conseils d'administration sont composés de personnes qui émanent des membres eux-mêmes ou du milieu d'action de l'organisme, ou encore de ses employés, plus rarement. Ils sont le plus souvent cooptés.

Donc, par rapport au secteur public, les organismes communautaires fonctionnent plus sur le modèle du réseau. On doit cependant préciser que l'ensemble des établissements des affaires sociales ne constitue pas au sens strict un appareil géré hiérarchiquement à partir du centre, puisqu'il est constitué d'unités relativement [243] autonomes, avec des conseils d'administration, etc. C'est pour cette raison qu'on le désigne d'ailleurs aussi du nom de réseau. Il vaudrait mieux l'appeler quasi-appareil. Sa caractéristique principale est d'être tourné surtout vers l'intérieur. Cela apparaît dans la composition des conseils d'administration, où on retrouve surtout des représentants des autres établissements et des représentants des employés des établissements. Cela apparaît aussi dans les nombreuses tables de concertation que ce quasi-appareil met sur pied, et qui arrivent rarement à se prolonger à l'extérieur. Ce système public est tellement replié sur lui-même que, paradoxalement, il forme presque une « communauté », ce qui explique l'importance de son vocabulaire, de sa « culture » qui, à son tour, contribue à l'éloigner encore plus de l'extérieur.

LES RELATIONS AVEC LE MILIEU :
SANS RUPTURE


Par rapport à l'appareil, le réseau communautaire est en continuité avec son environnement. Il s'agit d'ailleurs là d'une conséquence d'une caractéristique structurelle : le caractère flou, imprécis des frontières d'un réseau. Cette continuité avec le milieu se manifeste de plusieurs façons :

  • d'abord, les organismes communautaires sont le résultat d'une initiative du milieu. Ils ne sont pas parachutés de l'extérieur. Ils naissent du milieu ;

  • les caractéristiques socio-économiques des membres sont le plus souvent semblables à celles du milieu ;

  • l'origine géographique est aussi la même : les membres de l'organisme communautaire proviennent du milieu et y résident ;

  • la « culture », le style, est similaire : cela se manifeste par le type d'édifice — « qui ne ressemble pas à une bâtisse gouvernementale » — et, de façon plus générale, par le fait que, comme on l'a souvent affirmé, « chez nous nos clients se sentent chez eux. »

[244]

LE LIEN AUX CLIENTS :
LA PROXIMITÉ


Il importe de distinguer les relations avec le milieu en général, que l'on vient de décrire, et les relations avec le client. Une certaine confusion existe. Le qualificatif de communautaire utilisé par les organismes se réfère parfois aux relations avec le milieu, et parfois aux relations entre les membres de l'organisme lui-même qui constitue alors une sorte de communauté au sens traditionnel du terme. Mais on ne peut établir ici de distinction claire. Parfois, le client, c'est un membre du milieu extérieur à l'organisme ; parfois, ce sont les membres de l'organisme et alors, le terme « client » ne s'applique pas de façon stricte. Il importe toutefois de faire la distinction entre le lien avec le milieu en général et le lien plus spécifique entre celui qui reçoit le service et celui qui le donne.

La première remarque qu'il faut faire ici, c'est que la distinction elle-même entre producteurs et usagers est souvent faible. Il y a continuité. Non seulement les clients sont coproducteurs, comme on l'affirme dans la littérature en administration publique (Whitaker, 1980 ; Ferris, 1984), mais on tend même à éliminer cette différence : « on est tous pareils », « personne n'est supérieur. On peut tous connaître le même problème que les gens qui viennent nous voir ». Souvent d'ailleurs on a connu ce problème. Cela est particulièrement vrai des groupes d'entraide, mais cela s'étend aussi à d'autres types de groupes de services (maisons de femmes, etc.). Cette continuité peut être aussi vue comme une caractéristique structurelle : l'absence de frontière fixe entre le producteur et l'usager, l'organisme et le milieu, l'intérieur et l'extérieur.

Par rapport à l'approche de la coproduction, le sens est renversé : ce n'est pas le client qui devient coproducteur. C'est plutôt le producteur qui perd son statut spécifique et tend à être « co-client », si on peut dire. Cela se manifeste de plusieurs façons.

[245]

* On répond aux problèmes des clients tels qu'ils se posent et on s'adapte même aux changements de clientèle. Si le problème change, l'organisme change afin de répondre à la nouvelle demande. Ainsi un organisme, dont l'objectif de départ est d'offrir des services aux drop out du système scolaire, réalise après quelques mois de fonctionnement qu'il rejoint en fait de jeunes itinérants ayant des problèmes de santé mentale. Décision est alors prise de se réajuster à cette clientèle « spontanée ».

* C'est par la proximité que l'on connaît les besoins de la clientèle, plutôt que par des enquêtes statistiques et des recherches, ce qui caractérise les appareils.

Les gens suggèrent une idée et c'est de là qu'on part. Ce n'est pas le résultat d'études. Quand la réponse à l'activité diminue on arrête et on commence autre chose.

* On répond aux problèmes du client au moment où le problème se pose : on retrouve ici le thème de la disponibilité, de l'ouverture en dehors des heures normales, etc.

* On répond aussi à cette demande de la personne à l'endroit où elle se trouve. C'est la proximité géographique, la multiplication des lieux, le fait de se rendre sur place.

* Cette proximité se manifeste aussi par l'importance qu'on accorde à la relation directe avec le client, à l'absence d'intermédiaires. La relation est personnelle.

Le CLSC veut faire des groupes d'entraide comme le nôtre. Ils ont demandé notre collaboration. On était d'accord. Mais alors ils ont voulu nous embarquer dans toute une série de rapports, faire un programme, toutes sortes de paperasses qui prenaient un temps fou. On avait de la difficulté à les rejoindre par téléphone. On leur a dit « bye bye ». Si c'est tellement compliqué de vous aider on n'a pas le temps, on va laisser faire et s'occuper de notre monde. C'est plus important.

[246]

* On parle le même langage. L'ésotérisme du langage est partout dénoncé. Pour certains, ce n'est pas qu'un problème de mots ; c'est une

façon d'enlever la confiance aux gens et d'imposer son pouvoir. C'est arriver, avec un pouvoir devant le monde. Il leur est difficile de parler simplement avec bon sens. Car ils s'imaginent que pour être compétents il faut les grands mots. L'important est de redonner confiance. Avec leurs grands mots, ils l'enlèvent.

* Enfin on est responsable vis-à-vis le client et vis-à-vis le milieu. C'est à eux d'abord que l'on considère avoir des comptes à rendre, et non à un système central, même si l'organisme fait partie lui-même d'un réseau beaucoup plus vaste, même international (AA par exemple).

Ces différentes caractéristiques, curieusement, rapprochent le modèle communautaire de la relation marchande, du marché, et l'éloignent du modèle bureaucratique ou professionnel qui caractérise les appareils. Cela conduit même parfois à entretenir des liens avec le secteur privé.

Une femme suicidaire est venue nous trouver. Elle était vraiment en crise. On a essayé de la référer au réseau [public]. Ça aurait pris des mois. Finalement on a réussi à lui trouver quelqu'un, un psychologue en pratique privée.

Cela est étrange pour un modèle qui se veut communautaire, puisque le marché est, dans notre société, à l'origine de la rupture communautaire, de la distinction entre producteurs et consommateurs (Godbout, 1987). Il s'agit donc d'un modèle qui, comme le marché, est fondé sur la demande (au sens de « ce que le client demande »), mais qui en fait repose sur d'autres principes que le marché pour que l'offre et la demande se rencontrent.

Finalement, ce que les répondants affirment, c'est non pas qu'ils fonctionnent sur la base du marché, mais qu'ils sont aussi sensibles à la demande que dans le modèle du marché. Mais ce n'est pas le marché. Car il existe dans les organismes communautaires un lien d'appartenance à quelque chose de plus vaste que [247] la relation immédiate. C'est le modèle de la réciprocité. C'est pourquoi on parle des services « rendus » plutôt que « dispensés », comme dans l'appareil, ou produits, comme dans le marché. Rendre, comme si on les avait déjà reçus de quelqu'un d'autre...

L'APPROCHE
DES ORGANISMES COMMUNAUTAIRES :
PROBLEM SOLVING OU PIECEMEAL ENGINEERING


Avec toutes ses structures, ses comités, ses concertations, le réseau [public] est toujours en train de chercher des grandes solutions pour de petits problèmes.

Une première façon de caractériser l'approche des organismes communautaires par rapport aux appareils consiste à dire qu'ils sont centrés sur la solution de problèmes. Par rapport aux appareils, qui fonctionnent à partir d'une logique et d'une approche synoptiques (Lindblom, 1965), à partir des objectifs qu'on se fixe, des moyens rationnels qu'on adopte pour réaliser les objectifs, etc., l'organisme communautaire part au contraire du problème et recourt à différents moyens pour le résoudre ou en diminuer l'intensité. Autrement dit, l'approche communautaire considère plus important, ou pour le moins plus prioritaire, de diminuer le malheur que d'accroître le bonheur [2]. Cette approche se manifeste de plusieurs façons :

* Par le fait que ces organismes adoptent une multiplicité et une variété d'approches théoriques en fonction du problème à résoudre, plutôt que l'inverse. Ils ne s'attachent pas à une problématique. « On n'est pas là pour vérifier des théories, mais pour aider. »

* La façon de travailler est concrète ; elle s'inscrit dans l'immédiat plutôt que dans un système général et abstrait. L'unité de l'intervention est dans la personne. « Les clients ne sont pas des numéros, mais des individus ; nous nous intéressons plus à la personne qu'au dossier, etc. »

Nous ne recevons pas des malades, mais des êtres humains. Ça veut dire qu'on leur apporte de l'estime, qu'on va au salon mortuaire si son père meurt, etc.

[248]

• Les critères de compétence sont différents. Dans le modèle communautaire, la compétence repose principalement sur le fait d'avoir connu ou d'avoir résolu un problème soi-même (même si c'est partiellement) et aussi sur la valeur de la personnalité en général et sur sa capacité à être sensible aux problèmes des autres. Ce critère de compétence se manifeste dans la sélection des individus qui sont engagés dans l'organisme. Elle relève aussi de l'importance générale accordée aux relations personnelles tel que mentionnés plus haut.

• L'évaluation des services est aussi marquée par cette approche. L'évaluation se réalise directement, par l'importance de la clientèle ou par les évaluations directes qui sont faites avec le client de toutes sortes de façons : réunions, questionnaires, etc. Dans l'évaluation, c'est le client qui a le dernier mot. On utilise peu les évaluations objectives, dites « scientifiques ». On se rapproche ici encore du mode de fonctionnement du marché.

UNE APPROCHE CENTRÉE SUR LES VALEURS

Cette approche centrée sur le problème doit être complétée par une autre caractéristique essentielle du modèle communautaire. En effet, l'approche centrée sur le problème peut laisser entendre que le plus souvent on ne cherche qu'à corriger les situations à la marge, qu'il s'agit d'une approche minimaliste. Or, tout en étant centrés sur le problème, les organismes prétendent aussi toucher aux causes et souvent modifier le comportement en intervenant sur les valeurs. Alors que le modèle de référence des appareils est neutre par rapport aux valeurs, parce qu'il est fondé sur la science et le professionnalisme, les organismes volontaires, au contraire, accordent beaucoup d'importance aux valeurs. Cela se manifeste de multiples façons :

1. D'abord, chez quelques organismes, on trouve une certaine méfiance vis-à-vis l'argent. « On se fait toujours avoir par l'argent. » Cela entraîne une tendance à l'autofinancement. Il s'agit [249] là d'une vieille tradition communautaire, liée au refus du marché. Aujourd'hui, cette méfiance vis-à-vis l'argent est moins répandue. Elle prend souvent la forme d'une méfiance vis-à-vis l'argent de l'État plutôt que du marché (Le Ru, 1986, p. 56). L'autofinancement par le marché est souvent préféré à l'aide financière directe de l'État. Mais il est beaucoup moins facile à réaliser dans la mesure où les organismes communautaires desservent souvent une clientèle à faible revenu. On se reportera alors sur les subventions d'organismes privés, et en dernier lieu sur l'État, en tentant de varier les sources. Cette méfiance vis-à-vis l'argent est plus partagée par des organismes sans employé (ou avec peu d'employés). Pour les autres, cela prend la forme d'un dilemme souvent angoissant :

On sait qu'avec plus d'argent du gouvernement on risque de devenir comme les grosses boîtes. Mais on a besoin d'argent. Si vous trouvez une solution dans votre recherche, n'oubliez surtout pas de nous envoyer le rapport [...] !

2. Pour nombre d'organismes, la « guérison » d'une personne implique une transformation de son système de valeurs, l'acquisition de nouvelles valeurs, qui redonne confiance en soi, ce qui va beaucoup plus loin que le problème pour lequel elle était venue.

3. Les organismes disent « travailler sur les valeurs ». C'est un trait capital par rapport au modèle scientifique des appareils où on travaille sur un problème technique qui doit trouver une solution technique. Cette approche implique un cheminement inverse de celui de l'approche techno-professionnelle. Elle part du problème précis et s'ouvre au global, allant jusqu'aux valeurs. Inversement, l'approche synoptique (rationaliste) part des objectifs, des finalités, éventuellement des valeurs implicites, et descend vers le problème précis qu'on situe par rapport à cet ensemble.

Nous partons de l'intérieur et allons vers l'extérieur, alors que le réseau [public] fait le contraire.

4. Enfin il importe d'insister sur le fait que les personnes engagées dans les organismes communautaires affirment être motivées par des valeurs : l'amour, le service, le don, le dévouement, [250] le bénévolat prennent leur source ici. Un organisme qui fonctionne sur le modèle communautaire demande un certain engagement personnel, parfois presque un style de vie. Le travail dans l'organisme, c'est plus qu'un job. L'importance de ne pas considérer seulement un dossier mais la personne qui est devant soi prend aussi sa source ici. Soulignons toutefois que, pour nombre de répondants, ce dévouement n'est plus vécu comme avant. Nombreux sont ceux qui ont tenu à célébrer les plaisirs du don, et non plus le sacrifice.

Ce n'est pas par grandeur d'âme que je fais cela. C'est par besoin. Je me suis aidé. Je reçois beaucoup des gens que j'aide.

Ces valeurs peuvent être religieuses mais pas nécessairement. Une certaine spiritualité diffuse caractérise beaucoup de groupes. La religion (ou la spiritualité) n'est pas toujours affirmée explicitement, au moment de l'entretien. Mais elle apparaît par les inscriptions sur les murs de bureau ou par d'autres traits. Ainsi cette phrase qu'on pouvait lire sur le mur, tout au long de l'entretien : « Nous apprenons à aimer vraiment lorsque « donner » et « recevoir » produisent en nous la même émotion. »

Par contre tous affirment respecter les valeurs religieuses de leurs clients et croient que cela contribue souvent à la guérison. Pour plusieurs répondants, les valeurs spirituelles, au sens large, sont la source principale de leur capacité d'intervention. « Les valeurs spirituelles sont ce qui empêche les bénévoles de faire des burn out. Lorsqu'ils perdent ce soutien, ils perdent le sens de ce qu'ils font. »

Tout en accordant une telle importance aux valeurs, on affirme ne jamais imposer ses valeurs, alors que, paradoxalement, l'appareil ferait l'inverse. L'approche scientifique cherche le bonheur, ou la santé, le bien-être. Ayant déterminé a priori le contenu de ces notions, on en déduit les comportements nécessaires. Sans utiliser directement les valeurs, on tente alors souvent d'imposer des comportements qui supposent des changements de valeurs chez la personne. Mais les résistances sont grandes car on ne parle [251] jamais explicitement des valeurs. Elles sont d'autant plus grandes que la rupture qui caractérise les relations entre l'appareil et le milieu rendent plus difficile la circulation des valeurs.

Cette référence aux valeurs prend, chez quelques groupes, une forme spécifique dans le cadre du don. Il s'agit de l'idée que pour guérir, améliorer son sort, trouver une solution à son problème, il importe de s'abandonner à une force supérieure. L'abandon de la volonté comme condition d'exercice de la volonté. La valeur de la personnalité (à laquelle on accorde tant d'importance, comme on l'a vu plus haut) ne conduit donc pas nécessairement au narcissisme. Car cette personnalité est elle-même quelque chose qui a été « donné ». On voit ici l'importance de l'expression « rendre » des services plutôt que « dispenser » des services. Des organismes rendent des services, parce que ce service leur a déjà été rendu. C'est pourquoi on a affaire à un système de réciprocité plutôt qu'à un système d'échange binaire, c'est-à-dire limité à deux personnes.

Cette dernière caractéristique se retrouve surtout chez les groupes d'entraide et ceux qui s'inspirent des Alcooliques anonymes ; mais aussi chez plusieurs groupes religieux et des organismes de bénévoles directement inspirés ou fondés par des institutions religieuses. Avec cette caractéristique, ces organismes communautaires se retrouvent particulièrement éloignés de la « culture organisationnelle » des appareils publics. Mais ils ne se retrouvent pas seuls pour autant, loin de là. Ils rejoignent bien sûr toutes les grandes religions et les grandes spiritualités, certains courants de la psychanalyse et même certains sociologues, parmi les plus grands, qui se permettaient même d'appliquer cette caractéristique au domaine de la science. « Mesdames et Messieurs ! disait Max Weber, seul l'être qui se met purement et simplement au service de sa cause possède une « personnalité » dans le monde de la science. » Il allait même jusqu'à ajouter : « Répondre aux demandes de chaque jour — dans sa vie d'homme, mais aussi dans son métier [...] — sera simple et facile si chacun trouve le démon qui tient les fils de sa vie et lui obéit » (1959, p. 66, 98). Avec cette [252] importance accordée à l'abandon de la volonté, le modèle communautaire refuse l'utopie de la société moderne qui consiste à croire que l'homme pourra, par sa propre volonté, transformer et contrôler rationnellement l'univers. C'est cette croyance qui est à la base du modèle d'intervention propre aux appareils.

LA LIBERTÉ

Inversement, cette dernière caractéristique des organismes communautaires les rapproche de la modernité. En effet, la plupart des membres d'organismes volontaires se sentent libres lorsqu'ils se comparent aux employés des appareils. On parle de marge de manœuvre, d'absence de bureaucratie et de contraintes venant de l'extérieur. Ce trait est important et il distingue le modèle communautaire actuel du modèle communautaire traditionnel qui contraignait les individus. C'est le refus de la fusion de l'individu au sein du groupe, laquelle était fondamentale au modèle communautaire tel que développé du moins par les anthropologues et imaginé par tous ceux qui étudient les sociétés non modernes. Dans une perspective historique, quel paradoxe en effet que cette insistance sur la liberté ! Faut-il rappeler que la liberté, historiquement, c'est le contraire de la communauté ? La liberté moderne a été conquise contre la communauté [3].

Ce retour à une communauté composée d'individus libres, c'est peut-être la nouvelle utopie qui veut réconcilier les avantages de la modernité et ceux de la communauté traditionnelle. Il est certain que sans cet ingrédient, le modèle communautaire attirerait bien peu de personnes. Ce passage de la « communauté obligatoire » à la « communauté d'appartenance » (Passaris et Raffi, 1984) est nécessaire pour que le modèle communautaire existe dans notre société. Personne ne souhaite retourner à la communauté obligatoire. Mais, par ailleurs, c'est par cette caractéristique que les organismes communautaires entretiennent une complicité indirecte, mais profonde avec l'État. C'est ce que nous verrons en conclusion.

[253]

CONCLUSION

UNE COMMUNAUTÉ LIBRE
ET RESPONSABLE ?


Nous désignons ce modèle d'organisme par l'expression « communauté libre ». Refus de la rupture entre producteurs et usagers d'une part, qui rapproche les organismes communautaires de la communauté traditionnelle ; liberté affirmée d'autre part, qui les distingue de la communauté traditionnelle en ne contraignant pas les individus, et qui en fait des institutions modernes.

Comment cette communauté libre établit-elle les liens avec ses usagers ? Comment est-elle responsable tout en étant libre ? C'est la question principale qui se pose. Or, il existe une tendance, chez les organismes communautaires, à répondre à cette question en affirmant que cette relation est spontanée, qu'elle va de soi. À cause de leur proximité, de la similitude des préoccupations et des caractéristiques, de la continuité, bref de l'absence de fossé entre le milieu et l'organisme, plusieurs répondants affirment qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des mécanismes explicites de relations avec les usagers, que cela ne relève pas de leur modèle d'action. En fait, ce serait les normes de la communauté, les valeurs du milieu dont l'organisme fait partie, qui joueraient le rôle de mécanisme de contrôle de l'adéquation des services dispensés par l'organisme à la communauté et à ses usagers.

Or, rien n'est moins évident. À la limite, cela pourrait s'appliquer au modèle communautaire « pur », c'est-à-dire sans l'ingrédient de la liberté. Il y aurait là quelques justifications à une telle position. Mais encore. Voyons les principales objections.

1. D'abord le modèle pur est rarement réalisé. Ou alors il est surtout réalisé comme modèle de fonctionnement de l'organisme lui-même, c'est-à-dire comme forme de relation entre les membres de l'organisme, ce qui ne suppose pas qu'automatiquement les relations avec le milieu sont de même type. Cela peut au contraire entraîner une tendance au repli communautaire. Ce narcissisme autogestionnaire coupe l'organisation de ses clients de façon aussi certaine que l'appareil bureaucratique gouvernemental, [254]s'il n'existe pas de valeurs fortes, mais menaçantes par ailleurs pour la liberté à laquelle les organismes tiennent tant. Pensons par exemple aux communautés religieuses : les vœux de pauvreté et d'obéissance les « forçaient », d'une certaine façon, à rendre des comptes, à être près du milieu. Au nom de la liberté, les organismes refusent ce type de contrainte.

On doit cependant constater que ce modèle narcissique, courant dans les années 1970, semble en voie de disparition. Il est presque absent dans les organismes rencontrés.

2. Même dans le modèle pur de la petite communauté traditionnelle, il existe des formes institutionnalisées de prise de décision : c'est la démocratie directe, comme l'a très bien montré Baechler (1985). La démocratie directe a été inventée par les petites communautés. Et le suffrage universel, l'élection par la majorité, a été inventé dans les monastères, par les moines bouddhistes et chrétiens (Duverger, 1972). Le modèle communautaire ne dispense donc pas automatiquement de mécanismes explicites de relation entre les gouvernants et les gouvernés, même où il n'existe pas de distinction stricte entre producteurs et usagers. Raison de plus lorsque cette distinction existe.

3. Le modèle des organismes communautaires n'est pas le modèle communautaire pur. Il introduit un élément nouveau, étranger à la communauté traditionnelle : la liberté de l'individu. Dans ce contexte, la contrainte des normes communautaires joue beaucoup moins et oblige à se demander : dans le cadre d'une telle liberté, comment va-t-on évaluer l'action, les résultats ? Même si la proximité, la similitude, le fait d'avoir connu le problème maximise les chances de répondre adéquatement à la demande et aux problèmes des clients, cela ne dispense pas de mécanismes d'évaluation explicites des résultats par la communauté, par le milieu, d'autant plus que la liberté existe vis-à-vis cette communauté.

4. D'ailleurs, curieusement, ce sont ceux dont l'adéquation avec la communauté nous a semblé grande qui, par ailleurs, [255] possèdent aussi des mécanismes d'évaluation explicites, et considèrent ces mécanismes importants : AA, groupes d'entraide, etc.

On ne peut donc que s'opposer à la prétention de certains organismes communautaires de substituer à un mécanisme explicite d'évaluation et de responsabilité vis-à-vis le milieu et les clients le spontanéisme de la relation qui garantirait l'adéquation automatique de la réponse à la demande de service.

Ces mécanismes explicites sont nombreux : financement par le milieu, assemblée générale d'usagers, réunions d'évaluation, conseils d'administration, etc. Ils existent d'ailleurs dans nombre d'organismes communautaires.

La communauté libre et l'État

Ce qui fait qu'on peut qualifier aujourd'hui les organismes communautaires d'associations volontaires, c'est-à-dire libres, c'est l'intervention de l'État. C'est historiquement l'État qui a permis cette liberté. L'État sous toutes ses formes, y compris l'État local. Dans ce sens, l'État c'est le minimum de contraintes nécessaires dans la société pour que le reste soit libre. Au départ, l'État s'occupe de ce dont les personnes ne veulent plus s'occuper.

L'État a été le libérateur de l'individu. C'est l'État qui, à mesure qu'il a pris de la force, a affranchi l'individu des groupes particuliers et locaux qui tendaient à l'absorber, famille, cité, corporation, etc. L'individualisme a marché au même pas que l'étatisme (Durkheim, cité par Rosanvallon, 1983, p. 81).

Rosanvallon ajoute :

Le développement de l'État-providence est libératoire pour les individus qui, bénéficiant d'une protection personnelle, se trouvent déliés de leurs anciennes obligations envers des groupes de solidarité comme la famille, qu'il fallait autrefois ménager coûte que coûte pour sa sécurité (Ibid., p. 70).

[256]

Avec le temps, son rôle s'est renversé. L'État essaie de prendre toute la place. Et tout le problème des relations entre les organismes volontaires et l'État est là. La liberté établit une étrange complicité entre les organismes et l'État, qui marque l'ensemble de leurs relations. La dépendance financière n'est qu'un aspect de cette relation.

De plus, il faut bien souligner que cette liberté n'a pas que des avantages du point de vue des clients, ou des citoyens en général. La liberté va contre certains droits fondamentaux, au sens où si une société décide que certains services sont un droit universel, à cause de cette liberté, elle peut difficilement les confier entièrement aux associations communautaires [4]. Dans ce sens, plus ils insistent sur cette liberté, plus ils fournissent des arguments à ceux qui s'opposent aux organismes au nom des droits de tous à certains services. C'est ici que peut s'immiscer ce qu'on pourrait appeler le faux communautaire, qui n'aurait de comptes à rendre à personne. Un organisme peut être hors de l'État sans être communautaire. On ne peut s'octroyer l'auréole du communautaire simplement parce qu'on est hors de l'État et que l'on ne vise pas le profit.

Certains services ne peuvent être rendus que par l'État. Seul il peut assumer la responsabilité qui rend possible le fait que les autres intervenants soient libres. Toutefois l'État peut être décentralisé, être contrôlé par le milieu, lui aussi, avoir des comptes à rendre de façon plus locale. On en arrive à cette nécessité, que ce soit l'appareil ou que ce soit l'organisme communautaire libre, de s'assurer de leur responsabilisation vis-à-vis leur milieu. On peut appliquer aux organismes communautaires cette phrase de Rosanvallon à propos de la société civile : « Ils ne peuvent en fin de compte exister face à l'État que s'ils comportent en eux-mêmes des mécanismes de responsabilité » (1983, p. 85).

La liberté des organismes met en évidence l'aspect moderne du modèle communautaire, son ambiguïté par rapport à la responsabilité que le mouvement communautaire peut assumer et la subtilité de sa relation avec l'État, en même temps opposition et complicité. C'est parce que l'État prend en charge nos parents que [257] des organismes volontaires qui décident de s'en occuper peuvent le faire de façon libre, sans l'obligation qui existait antérieurement. Cette liberté peut vouloir dire absence de responsabilité.

La société peut-elle confier des responsabilités au mouvement communautaire ? À qui rendra-t-il des comptes ? Comment cela se réconcilie-t-il avec son exigence légitime de liberté ? L'examen du modèle d'action qui caractérise les organismes communautaires conduit à remettre en question l'équilibre que l'État a progressivement établi avec ce qu'on a appelé la société « civile ». Finalement, cette réconciliation entre la création de liens et le maintien de la liberté, recherchée par le projet communautaire, c'est aussi ce que cherche tout individu : avoir des liens tout en restant libre. La façon dont chacun résout cette équation personnelle est un indicateur de la réussite de sa vie, ou du moins du degré de maturité atteint... Le modèle communautaire met plus l'accent sur les exigences des liens, alors que le modèle libéral tend à nier leur importance.

[258]

NOTES

Les notes en fin de texte ont toutes été converties en notes de bas de page dans cette édition numérique des Classiques des sciences sociales afin d’en faciliter la lecture. JMT.

[259]

RÉFÉRENCES

Baechler, Jean, Démocraties, Paris, Calmann-Lévy, 1988 [1985].

Canac, Yves et Pierre Rosanvallon, « Que faire de l'État ? », (Un échange), Le débat, n° 26 (septembre), 1983, p. 69-93.

Duverger, Maurice, Janus. Les deux faces de l'Occident, Paris, Fayard, 1972.

Ferris, James M., « Coprovision : Citizen Time and Money Donations in Public Service Provision », Public Administration Review, juillet-août 1984, p. 324-333.

Godbout, Jacques T., La démocratie des usagers, Montréal, Boréal, 1987.

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Whitaker, Gordon P., « Co-production : Citizen Participation in Service Delivery », Public Administration Review, juin 1980, p. 240-246.

[260]



[1] Ce texte est une version réduite du chapitre 6 du rapport d'une recherche effectuée en 1986-1987 dans six régions du Québec pour le compte de la commission Rochon, La face cachée du système, Jacques T. Godbout, Mireille Leduc et Jean-Pierre Colin, Rapport présenté à la Commission d'enquête sur la santé et les services sociaux, recherche n° 22, Québec, Les Publications du Québec, 1987, p. 102-129.

[2] Les organismes communautaires sont « popperiens » : « Vouloir le bonheur du peuple est, peut-être, le plus redoutable des idéaux politiques, qui aboutit fatalement à vouloir imposer aux autres une échelle de valeurs supérieure jugée nécessaire à ce bonheur. [...] À vouloir créer le paradis terrestre, on se condamne inévitablement à l'enfer » (Popper, 1979, p. 160).

[3] Ainsi la loi de 1901, en France, par laquelle on accorde le droit d'association, fondement des organismes volontaires, avait, parmi ses objectifs, celui de combattre les communautés religieuses dont les membres, précisément, n'étaient pas libres.

[4] Comme la société le faisait avant en confiant le secteur social aux communautés religieuses.



Retour au texte de l'auteur: Jacques T. Godbout, sociologue, INRS-urbanisation. Dernière mise à jour de cette page le jeudi 26 juillet 2018 5:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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