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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Camil Girard, “Histoire et région. L'industrie forestière du nord-est québécois 1850-1930.” In revue Histoire Sociale—Social History, Vol. XXII, n° 43, mai-May 1989, pp. 121-143. Note de recherche — Research Note. [Autorisation formelle accordée conjointement par Camil Girard, historien à l’Université du Québec à Chicoutimi le 10 novembre 2016 de diffuser en libre accès à tous cette thèse dans Les Classiques des sciences sociales.]

[121]

Camil Girard *
Historien-chercheur, Université du Québec à Chicoutimi

Histoire et région. L'industrie forestière
du nord-est québécois 1850-1930
.”

In revue Histoire Sociale—Social History, Vol. XXII, n° 43, mai-May 1989, pp. 121-143. Note de recherche — Research Note.

Résumé [121]
Introduction [121]

La concession forestière et l'organisation de monopoles [125]
La Côte-Nord : une multitude d'intervenants [128]
Une production centrée sur l'épinette [129]

Conclusion [133]



RÉSUMÉ

Les Documents de la Session du Canada et du Québec sont des sources documentaires qui permettent de découvrir comment l’industrie forestière s'implante aux marges du territoire québécois à partir du 19e siècle. De l'exploitation du pin à celle du sapin, qu'il s’agisse de produire du bois de sciage ou de la pulpe pour le papier, chaque région en vient à prendre sa place sur les marchés. La géographie, le couvert forestier, l'accès aux principaux cours d'eau, voilà autant de facteurs qui influencent les stratégies des investisseurs qui sont encouragés par les pouvoirs en place. Cette amorce de réflexion sur les dynamismes régionaux facilite l'analyse des problèmes de développement dans les régions éloignées des grands centres urbains.

The Canada and Québec Sessional Papers record the development of the forest industry in outlying regions of Québec from the 19th century on. Whether it was harvesting pine or spruce, or producing timber or pulp for paper, each region came to take its place on the market. Geography, forest resources and access to large waterways were factors that influenced the strategies of investors, who were encouraged by the government of the day. This review of regional dynamics fosters an analysis of development problems in regions far removed from the major urban centres.

_____________________

Introduction

Après plusieurs années de recherche sur l'histoire des régions du Québec, on peut se surprendre du manque d'intérêt des historiens pour certaines sources comme les Documents de la Session du Canada et du Québec [1]. Pourtant, ces documents imprimés renferment une multitude de données [122] qualitatives et quantitatives concernant la gestion des régions par les gouvernements fédéral et provincial. Les enquêtes menées à l'aide de cette série documentaire peuvent aider à comprendre Les rapports qui s'établissent entre les gouvernements et les industriels dans la colonisation et la mise en valeur de l'arrière-pays québécois à partir des ressources naturelles. Dès le milieu du 19e siècle, la plupart des renseignements gouvernementaux sont regroupés par région, ce qui facilite les études comparatives. Les rapports annuels des ministères permettent aussi la constitution de séries statistiques sur de longues périodes. Ils permettent ainsi l'analyse des facteurs historiques qui ont marqué le développement des régions.

Les enquêtes récentes sur l'histoire régionale québécoise, lesquelles portent principalement sur l'agriculture [2], la forêt [3], l'industrie [4] ou la population [5], montrent l'importance de situer la recherche dans un cadre théorique élargi qui entraîne l'éclatement du cadre spatio-temporel régional. C'est dans cet effort pour déboucher sur une dynamique régionale que l'IQRC poursuit divers projets de synthèse sur le développement des régions de la province. Ce chantier vise à faire le point sur l'ensemble des connaissances tout en ouvrant la voie à de nouvelles enquêtes [6].

[123]

Dans ce texte qui porte sur l'industrie forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, et pour des fins de comparaison, de la Mauricie et du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, nous voulons montrer comment les politiques provinciales de concession du territoire encouragent à la fois la fragmentation et la constitution de monopoles dans les forêts publiques régionales. Quant aux rapports sur la coupe, ils font découvrir l'importance d'une essence, l'épinette, dans l'implantation de l'industrie.

Les séries statistiques utilisées pour l'analyse des différentes essences produites ont été créées à partir des rapports officiels fournis par les commissaires des Terres de la Couronne (1855-1900) et les ministres des Terres et Forêts (1905-1930) [7]. Il faut noter que ces données, pour intéressantes qu'elles soient, résultent de la compilation fournie par les entrepreneurs [8]. Elles résultent de la compilation fourme par les entrepreneurs. Il s'agit donc ici des récoltes de la forêt publique. Comme nous le verrons, elles peuvent paraître bien imparfaites. Cependant, en prenant les précautions méthodologiques qui s'imposent pour délimiter les espaces concernés, tout en s'assurant que l'analyse porte sur les mêmes types de bois, il devient possible de saisir certaines tendances de la production régionale [9].

[124]


[125]

La concession forestière
et l'organisation de monopoles


La mise en valeur des forêts éloignées des grands centres favorise, au 19e siècle, le développement de régions du Québec comme l’Outaouais, la Mauricie, le Bas-Saint-LaurentA3aspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et même la Côte-Nord. Parmi ces régions, que de ressemblances, mais aussi combien de différences ! L'Outaouais supérieur se développe dès les années 1830 et assure le leadership dans la production du pin et du bois équarri jusqu'aux années 1850 avant de se lancer dans le bois de sciage [10].

Par rapport à l'Outaouais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean apparaît comme une région marginale où il ne se produit que du bois de sciage. Il en est de même pour la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie et même pour la Mauricie. Cependant, c'est au Saguenay que se constitue l'un des plus importants monopoles, celui de la famille Price, Cette emprise quasi exclusive sur le territoire forestier reste incontestée pendant les trois premières décennies de la colonisation saguenayenne alors que les pinières sont dévastées. Mais, à partir des années 1870, Price n'est plus seul même s'il continue de garder la haute main sur la production. De nouveaux acteurs s'apprêtent à mettre en valeur le territoire autour du lac Saint-Jean. Ainsi, lors des ventes privées qu'effectue le gouvernement le 10 octobre 1872, Frank Ross acquiert 400 milles carrés de forêts situées principalement autour du lac Saint-Jean [11]. Le même jour, un dénommé T.H. Dunn devient adjudicataire de 233 milles carrés de concessions autour des rivières Péribonca et Shipshaw (cf. carte Réseau hydrographique. Saguenay-Lac-Saint-Jean, Côte-Nord). Pour sa part, William Home devient locataire de 400 milles carrés de forêt dans le même secteur de Péribonca auquel il adjoint une partie de la rivière Mistassini à l'extrémité nord-ouest du lac. Enfin, un certain M.T. Wyatt s'installe dans le secteur de la rivière Valin.

La Côte-Nord, par contre, attire dès le début de nombreux concessionnaires. Dans une économie qui s'appuie essentiellement sur le transport maritime, l'accès au fleuve Saint-Laurent et à ses côtes constitue un avantage de taille dans l'exploitation de la forêt. Autour de chaque communauté villageoise apparaît un petit concessionnaire, souvent un francophone, qui saura s'appuyer sur la main-d'œuvre locale. Un dénommé Joseph Radford s'installe à Tadoussac, Alfred Larouche aux Bergeronnes et la famille N. Têtu aux Escoumins et à Sault-au-Mouton. Un tandem du nom de Girouard/Beaudet acquiert les secteurs de la rivière Betsiamites ainsi qu'une partie des forêts qui longent les rivières Manicouagan et aux Outardes [12]. Markland Molson, un [126] capitaliste bien connu, achète des droits autour de la rivière Moisie dès 1869. Un certain John Roche détient une concession de 350 milles carrés le long de la rivière Portneuf. Une partie des rivières Marguerite et Godbout est acquise par un dénommé Léandre Méthot. Enfin, le duo Carbray/Routh s'installe autour de la rivière Pentecôte. Dès le début des années 1870, l'emprise sur les forêts du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord n'est plus le lot exclusif des Price.

À la fin du siècle, la compagnie Price ne contrôle que 25 p. 100 de la forêt saguenayenne, mais sa position est peut-être plus forte qu'il n'y paraît. Tout en gardant un certain ascendant sur le sud-ouest du lac Saint-Jean, en particulier autour de la rivière Métabetchouane, elle parvient à concentrer davantage ses zones d'exploitation dans le Bas-Saguenay et sur le versant nord du Haut-Saguenay. Price cherche à contrôler des concessions autour de rivières qui ont un accès direct sur le Saguenay. L'entreprise consolide son emprise sur les rivières Sainte-Marguerite, Valin et Shipshaw en achetant les concessions des Dunn, Ross, Home et Wyatt [13]. Frank Ross préfère raffermir sa position le long de la rivière Péribonca. Quant à Benjamin-Alexandre Scott, un Québécois protestant d'origine écossaise qui opère à partir de Roberval à la fin des années 1880, il poursuit son expansion en achetant à un encan tenu le 8 octobre 1898, de nouvelles concessions sises au nord du lac Saint-Jean, à proximité de la rivière Mistassini. En collaboration avec Horace-Jansen Beemer, celui-là même qui contribue à bâtir le train qui relie Roberval à Québec en 1888, Scott exploitera un important moulin à scie qui emploie jusqu'à 300 hommes à Roberval à la fin du siècle [14].

La Compagnie de Pulpe de Chicoutimi qui voit le jour en 1896 sous l'instigation de Joseph-Dominique Guay, lui-même issu d'une famille de marchands locaux, organise son territoire de coupe sur le versant sud du Saguenay non loin des zones de peuplement En 1898, cette compagnie achète à l'encan des concessions autour de la rivière du Moulin et de la rivière à Mars ainsi qu'autour du lac Kénogami. Par certains échanges avec Price, elle élargit son emprise sur la rivière Cyriac près de Jonquière. Au sud-ouest du lac Saint-Jean, Price partage le territoire forestier avec Damase Jalbert, le fondateur de Val-Jalbert et de la nouvelle compagnie de pulpe Ouiatchouan [15]. Au début du 20e siècle, B. A. Scott, qui occupera la mairie de Roberval entre 1906 et 1908, continue d'élargir ses intérêts. Aux zones forestières, il s'adjoint des cours d'eau dont il connaît le potentiel hydro-électrique. Il fonde la compagnie Oyamel en 1903 avec des partenaires américains désireux d'exploiter les forces hydrauliques de la Grande Décharge près d'Aima [16].

[127]


[128]

À la veille du premier conflit mondial, l'Assemblée législative du Québec publie un rapport qui montre comment les grandes compagnies ont su utiliser le système d'adjudication gouvernemental pour renforcer leurs territoires de coupe en région [17]. La compagnie Price possède alors 3 336 milles carrés sur un total de 6 450 concédés dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ce qui représente 52 p. 100 du total. La Quebec Development, à laquelle Price est associé, possède 1 470 milles carrés ou 22 p. 100 de la forêt concédée. William Price, qui avait vu son monopole se relâcher dans les dernières décennies du siècle, reprend une place enviable malgré la venue de concurrents comme la Compagnie de Pulpe de Chicoutimi. La compagnie qu'anime J.-E.-A. Dubuc reste le principal exploitant des concessions contrôlées par des francophones de la région (16 p. 100, 1 007 milles carrés). La forêt du Saguenay-Lac-Saint-Jean reste contrôlée pour une bonne part par une grande famille québécoise d'origine anglaise, les Price. Ces derniers ne craignent d'ailleurs pas de s'associer à des capitalistes américains pour améliorer si possible leur position financière ainsi que leurs marchés. Dubuc réussit pour un temps à prendre une place enviable dans la production de bois de pulpe, surtout au début du siècle. Mais cette situation ne dure pas, car la Compagnie de Pulpe fait faillite en 1924.

La Côte-Nord : une multitude d'intervenants

La situation qui prévaut sur la Côte-Nord peu avant la guerre permet de mieux comprendre la notion de périphérie appliquée au développement régional et d'en saisir des variantes par rapport à un système capitaliste qui s'appuie sur la grande entreprise pour exploiter les forêts publiques régies par le gouvernement du Québec. Sur la Côte-Nord, la compagnie Price, dont le siège social se trouve dans la ville de Québec, possède 691 milles carrés qui ne constituent que 8,5 p. 100 des 8 000 milles carrés de forêt concédés sur ce vaste territoire qui s'étire en aval du Saint-Laurent [18]. Dans cette région, les intervenants locaux ne contrôlent que 7 p. 100 de la forêt concédée, une situation encore plus précaire qu'au Saguenay ou au Lac-Saint-Jean. Les Ontariens y accaparent 22 p, 100 des concessions. Au début du siècle, les frères James, John et George Clarke de Toronto, les éditeurs canadiens de l’« Encyclopedia Britannica », prennent l'initiative et viennent fonder Clarke City, non loin de Sept-Îles. Pour approvisionner leur nouvelle usine, ils achètent des droits sur 984 milles carrés de forêt. Les Américains de la Nouvelle-Angleterre ne sont pas en reste puisqu'ils acquièrent 1 293 milles carrés, soit 16 p. 100 de la forêt concédée dans cette région. Par ailleurs, fait digne de mention, plusieurs compagnies situées dans d'autres régions du Québec acquièrent des concessions sur la Côte-Nord. Ainsi, la St. Lawrence Lumber et la Sherbrooke Lumber, deux compagnies de Sherbrooke, exploitent [129] 500 milles carrés de forêt sur la Côte-Nord. La Saint-Maurice Lumber de Trois-Rivières détient les droits sur une surface tout aussi considérable.

Les industriels attachent une grande importance aux concessions forestières sises à proximité du fleuve Saint-Laurent qui permet un transport facile de la matière première vers les États-Unis, l'Ontario ou d'autres régions du Québec. Les législatures provinciales incitent les industriels à s'installer sur place comme le font les frères Clarke. Cependant, la situation sur la Côte-Nord est différente de celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean où Price s'est assuré une position prédominante. Les intervenants, en effet, y sont plus nombreux qu'au Saguenay et ils cherchent davantage à contrôler les limites forestières voisines des grandes rivières qui débouchent sur le fleuve plutôt qu'à établir des usines. Les gouvernements ont pu forcer certains intervenants à s'installer au Québec, mais ils leur ont laissé une grande marge de manœuvre. Ainsi, les usines établies en Mauricie ou au Saguenay ont pu profiter, pour s’approvisionner, de concessions sur la Côte-Nord ou le Bas-Saint-Laurent. Cette dynamique intra-régionale a favorisé certaines régions au détriment d'autres.

Une production centrée sur l'épinette

Dans les premières décennies de la colonisation, les témoignages font état de superbes pinières qui recouvrent le Saguenay. Cependant, la production de pins, pour importante qu'elle soit sur la scène locale, n'a jamais été très significative par rapport à l'ensemble québécois. En ce domaine, c'est l'Outaouais qui demeure la grande région pourvoyeuse au Québec. Entre 1855 et 1875, le Saguenay-Lac-Saint-Jean ne fournit jamais plus que 6,08 p. 100 du pin produit à l'échelle provinciale (Tableau 1). Les données statistiques qui sont disponibles pendant cette période comprennent, sans possibilité de distinction, le Saguenay et la Côte-Nord. À la lumière de ces séries, il ne fait pas de doute que les pinières locales ont vite été dévastées.

Dès le début de la colonisation, la production d'épinettes (incluant le sapin) est relativement importante dans la région (Graphique I). Dès les années 1860, celle-ci fournit davantage de pièces d'épinette que de pin (Tableau 1). À partir des années 1875, le Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que le Bas-Saguenay/Côte-Nord, dont il devient possible alors de distinguer la production, apparaissent comme les principaux producteurs d'épinettes de la province (total 249 641 pièces, 40,81 p. 100). Au début des années 1870, la coupe de pins devient accessoire dans les stratégies de coupe des régions à l'étude (Tableau 2). Au plan provincial, la production de pièces de pin garde son importance jusqu'en 1890 alors que la production égale celle du sapin.

Si la valeur marchande du pin place cette production à l'avant-scène, pour les régions étudiées ici, l'épinette constitue, dans les années 1875 à 1890, le produit principal sur lequel s'appuie l'industrie forestière (Tableau 3). Le type de production qui caractérise chaque région a des conséquences importantes sur la réaction à la crise économique qui commence au milieu des années 1870. La Mauricie et le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie semblent subir [130] plus fortement les contrecoups du ralentissement économique alors que le Saguenay-Lac-Saint-Jean s'en tire mieux. Ainsi, en 1875 et en 1880, cette dernière région produit respectivement 21,64 et 21,28 p. 100 des épinettes coupées au Québec. Le Bas-Saguenay/Côte-Nord Tait aussi bonne figure durant la même période avec des taux respectifs de 19,17 et 15,86 p. 100. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la situation de relative stabilité des années 1875 à 1880 s'explique par le maintien de la production d'épinette qui se situe à 130 000 billots. Par contre, dans la province en général, la situation est à la baisse, mais la production de l'épinette reste stable. Pendant la décennie 1885-1895, la coupe d'épinettes reprend avec force tant au Québec que dans la région [19].

Sous ce rapport, les effets de la crise économique ne doivent pas être exagérés lorsqu'il s'agit d'analyser l'industrie de l'épinette au Québec. La Mauricie fait moins bonne figure, mais c'est la région, alors, où il se produit le plus de pins. La zone du Bas-Saguenay/Côte-Nord, pour sa part, est touchée plus tardivement, sans doute parce que cette région écoule principalement sa production d'épinettes sur les marchés anglais. Ce qui semble plus évident, c'est que les régions réagissent différemment selon l'importance de l'épinette dans leur production. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'épuisement des pinières est réel. La situation de la coupe de l'épinette est plus complexe. Il y a plafonnement de la production dans ce secteur entre 1875 et 1880, puis une certaine expansion entre 1885-1895. Il reste dangereux de tenter d'expliquer la situation régionale en faisant trop appel à la notion d'épuisement des ressources. Il faut savoir que le Grand feu de 1870 a dévasté principalement la forêt autour du lac Saint-Jean et du Haut-Saguenay. Comment expliquer le peu d'impact de ce feu sur la coupe ? Nous pouvons croire que la coupe forestière autour du lac Saint-Jean reste secondaire jusqu'à l'arrivée du [131] chemin de fer à la fin des années 1880. Avant cette période, le gros des opérations forestières semble s'effectuer surtout à l'est de la rivière Saguenay et sur la Côte-Nord. D'ailleurs, la manière dont les statistiques sont recueillies après 1875, alors qu'on décide de dégager le poids réel de la Côte-Nord dans la coupe, contribue à confirmer notre hypothèse.

S'il faut se fier aux séries statistiques présentées ici, c'est à partir de 1900 que la région subirait son déclin le plus significatif dans la production d'épinettes. De 1895 à 1905, la production régionale s'effondrerait pour passer de 429 967 (9,96 p. 100) à 154 781 (1,62 p. 100). En 1910, la reprise serait telle que la production s'accroîtrait subitement pour atteindre 2,28 millions (11,71 p. 100) soit quinze fois plus que cinq ans plus tôt. Cependant, pour la période 1895 à 1905, les chiffres officiels fournis par le gouvernement doivent être évalués avec précaution. Aucune raison ne porte à croire qu'il y a effondrement de la production au point où, en 1905, la région ne produirait plus que 1,62 p. 100 du total québécois alors que pendant le dernier tiers du 19e siècle, elle produit toujours au-delà de 10 p. 100. Ces statistiques sur la coupe d'épinettes ne tiennent probablement pas compte, jusqu'en 1905, du bois de pulpe alors qu'à partir de 1910, ces données sont intégrées [20]. L'implantation d'usines de pâtes et papier favorise un accroissement de la production locale. L'entrée en opération de la Compagnie de Pulpe de Chicoutimi en 1896 et l'ouverture de l'usine de Jonquière et celle de Val-Jalbert en 1901, suivie de celle de Kénogami en 1911, ne peuvent qu'encourager la production [21].

L'état des revenus perçus par la province dans la région confirme que la crise qui semble toucher le Saguenay-Lac-Saint-Jean entre 1895 et 1905 n'est que le résultat de distorsions statistiques dues au sous-enregistrement de la production locale [22]. En effet, le gouvernement perçoit 18 638 $ en droits de coupe dans la région en 1895, 9 500 en 1900, $15 195 en 1905 et $27 803 en 1910 [23]. Ces données suggèrent qu'il y a une baisse sensible de la production du bois de sciage entre 1895 et 1900, puis une reprise perceptible dès 1905. Le secteur de la pâte, dont les statisticiens ne tiennent pas suffisamment compte avant 1905, vient fausser l'image de la production. Chose certaine à l'échelle locale, il n'y a pas de crise qui permet d'expliquer l'effondrement que connaîtrait la région dans la coupe d'épinettes entre 1895 et 1905.

Au sortir de la Première Guerre mondiale, tant la position du Québec que celle de la région se raffermissent. Pendant les années 1920, malgré les [132] ajustements qui s'imposent pour adapter l'industrie des pâtes et papier à une économie de paix [24], la région n'en continue pas moins de produire entre 20 et 33 p. 100 de toute la production d'épinettes de la province qui atteint alors des sommets avec plus de 67 millions de pièces en 1925. Encore là, le Bas-Saguenay/Côte-Nord fait bonne figure avec une production qui dépasse 10 p. 100 de la production provinciale pendant la décennie 1920-1930 [25]. En comparant la région à la Mauricie, au Bas-Saint-Laurent/Gaspésie et au Bas-Saguenay/Côte-Nord, il ressort que cette dernière région a une importance relative surprenante dans la production du bois (Tableau 4). Il n'y a pas de doute que la proximité du fleuve constitue un facteur déterminant pour la production surtout au 19e siècle. Le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie profite aussi de cet accès direct au fleuve.

La production du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Bas-Saguenay/Côte-Nord est liée étroitement aux marchés britanniques de madriers [26]. D'ailleurs, l'action de Price dans l'est du Québec et ses rapports avec les marchands anglais peuvent expliquer la force vive de la coupe d'épinettes dans cette partie de la province. Les difficultés du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie sont sans doute liées au fait que Price a pu déplacer, pour un temps, l'axe central de ses opérations vers d'autres régions. Pour la Mauricie, dont la production est axée davantage sur la demande américaine, un ralentissement est ressenti plus nettement que dans les autres régions. La production de l'épinette, autour de laquelle s'organise l'industrie au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, place ces régions dans une position difficile jusqu'aux années 1875. La Mauricie garde une plus forte emprise sur le pin. Dans cette dernière région, il faut attendre 1900 pour que le virage se fasse autour de l'épinette. L'analyse, même si elle reste trop sommaire, permet de montrer que, rapidement, les régions situées au nord-est de la ville de Québec se retrouvent parmi les grands pourvoyeurs d'épinettes de la province. Jusqu'en 1880, les régions considérées ici produisent plus de 56 p. 100 des épinettes coupées au Québec. Ce taux baisse à 40,5 p. 100 en 1885 et se situe à 26,5 p. 100 en 1895. Malgré cette baisse relative, il faut préciser que pendant la période 1885-1895 la coupe totale d'épinettes croît de 270 p. 100, passant de 423 212 à 1 143 633. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean se tire mieux de la crise du moins jusqu'en 1895. Par la suite, la situation est moins claire, encore qu'il [133] faille être prudent dans l'interprétation des données. Ce qui est certain, c'est que la Mauricie est la région qui semble le plus souffrir du recul économique, mais elle connaît la reprise la plus vigoureuse. Dès 1905, l'ensemble des régions concernées produisent 51,9 p. 100 de la coupe d'épinettes de la province. En 1920, cette production atteindra de nouveaux sommets avec 78 p. 100.

Conclusion

Le type de développement qui caractérise la région périphérique québécoise résulte d'un désir de l'État de raffermir son arrière-pays en s'appuyant sur le grand capital. Si la notion de monopole est une donnée fondamentale pour comprendre la dynamique forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il existe des différences importantes entre le monopole que Price crée au 19e siècle et celui qu'il consolide au 20e siècle au Saguenay. Sur la Côte-Nord, plusieurs intervenants se partagent la forêt publique et l'économie, comparée au Saguenay, y semble plus fortement tournée vers l'extérieur.

Dans le mouvement spatial de répartition des concessions et de la coupe, le Bas-Saguenay et la Côte-Nord gardent une importance considérable. Le mouvement d'expansion qui a permis d'ouvrir le Lac-Saint-Jean à la colonisation ne doit pas faire oublier qu'un mouvement parallèle se produit vers la Côte-Nord. Le régime des concessions forestières favorise l'exploitation de certaines rivières qui donnent directement sur le fleuve ou le Saguenay. La présence de la population locale est peu importante dans le contrôle de ces concessions. Les régions périphériques québécoises connaissent un accroissement sensible de la production au tournant du 20' siècle lorsque la conjoncture favorable de l'économie internationale renforce la demande pour le papier journal. Ce développement, centré sur une ressource principale, s'appuie encore essentiellement sur des capitaux et des marchés étrangers. Cependant, l'exploitation de produits forestiers, bois de sciage, pâtes ou papier, permet à certaines régions périphériques de se doter d'une structure industrielle et urbaine plus forte. II faut préciser que des régions comme la Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean ont bien mieux réussi à ce chapitre que le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie ou la Côte-Nord.

La mise en valeur du nord-est québécois se caractérise donc, pendant la période 1850-1930, par l'exploitation d'un bois jusque-là peu recherché : l'épinette. L'industrie forestière s'appuie encore grandement sur la navigation et les grands axes de la navigation gardent tout leur attrait comme facteur de localisation des moulins et des usines. À mesure que les exploitants sont appelés à ajuster leur production, surtout au tournant du siècle, ils redécouvrent les avantages économiques de chaque bassin hydrographique qui débouche directement sur le fleuve ou ses principaux affluents. Ainsi, la coupe du bois autour du lac Saint-Jean reste limitée, tant et aussi longtemps que la voie ferrée n'atteint pas Roberval. Sous ce rapport, la Côte-Nord attire rapidement l'attention des industriels. Mais la mise en valeur du vaste [134] territoire forestier du nord-est québécois n'est pas chose facile et il faut attendre l'implantation des usines de pâtes et papier pour que démarre véritablement l'économie des régions plus au nord du Québec.

Il faut convenir enfin que la documentation gouvernementale sur la coupe forestière reste imparfaite pour rendre compte de la production réelle des régions. Tout au plus, peut-on parler d'indicateurs qui paraissent adéquats pendant certaines périodes et pour certaines régions. Serait-ce possible de croire, qu'au cours des ans, le sous-enregistrement ne touche pas également les régions ? Nous le pensons. Les régions elles-mêmes ne semblent pas uniformément touchées, ce qui ajoute aux difficultés de poursuivre des recherches à partir de cette seule source. Il faudra dépouiller les archives des compagnies pour espérer contourner une partie du problème. Toutefois, au-delà des limites plus facilement perceptibles qu'imposent ces sources gouvernementales, il faut reconnaître que cette documentation laisse voir, dès le 19e siècle, une structuration économique et sociale autour d'espaces nettement démarqués sur un plan géographique, ce que nous appelons les régions ressources, lesquelles contribueront à bâtir le Québec contemporain.

[135]

Tableau 1

Coupe de pins et épinettes
Québec, Saguenay-Lac Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord
1855-1930

Année

Québec

Pins (billots)
S.L.SJ.
Bas-Saguenay
Côte-Nord

%*

Épinettes (billots)
S.L.S.J.
Bas-Saguenay
Québec

Côte-Nord

% +

1855(1)

960 408

34 093

3,55

108 384

19 228

17,74

1860(2)

1 545 665

65 838

4,26

398 511

79 257

19,89

1865(3)

1 887 330

93 837

4,97

297 868

28 123

9,44

1870(4)

739 573

45 001

6,08

449 258

77 169

17,18

1875(5)

1 543 020

32 500

2,11

611782

249 641

40,81

1880(6)

1 238 555

20 388

1,65

656434

243 787

37,14

1885(7)

2 193 246

25 577

1,17

1044 976

195 004

18,66

1890(8)

2 201797

40 122

1,82

2 617 062

588 144

22,47

1895(9)

3 882 331

14 872

0,38

4 317 945

556667

12,89

1900(10)

3 401 847

278

0,01

6136 799

290 747

4,74

1905(11)

4156576

5 936

0,14

9 564 719

957 992

10,02

1910(12)

3 499 717

2 888

0,08

19 486 948

3 496 396

17,94

1915(13)

3 477 532

1016

0,03

28 222 177

3 038 208

10,77

1920(14)

2 835 545

3 054

0,11

51800 802

17 060 315

32,93

1925(15)

2 546 804

6 987

0,27

67 496 092

30 046 677

44,52

1930(16)

1 190473

37

0,00

57 768 168

18 875 750

32,68

* Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord/Québec x 100 = pourcentage du Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord. Sources :

(1)

1855

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : billots de sciage : pin blanc, pin rouge ; pin blanc (morceaux).
Épinette : billots de sciage : épinette ; épinette (morceaux).
Source : D.S.C., Appendice des journaux de l'Assemblée législative de la province du Canada, Vol. XV, n° 5, Appendice 25, « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne », 1856.

[136]

(2)

1860

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : billots sciés (cette année-là, l'appellation billots sciés remplace billots de sciage) : pin blanc (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : billots sciés : épinette ; épinette rouge (pièces) ; épinette et cèdre (pièces).
Source : D.S.C., Vol. XX, n° 3 (1862), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne », 1861.

(3)

1865

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : billots de sciage (cette désignation revient) : pin blanc ; pin blanc (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : billots de sciage : épinette et cèdre (pièces).
Source : D.S.C, Vol. I, n° 4 (1867-68), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (pour l'année 1886).

(4)

1870

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : billots de sciage : pin blanc (étalons) ; pin blanc (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : billots de sciage : épinette (pièces) ; épinette rouge (pièces) ; épinette blanche (pièces).
Source : DS.Q., Vol. 5 (1871), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1871).

(5)

1875

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le comté Saguenay comprend alors la Côte-Nord et une partie du Bas-Saguenay.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : billots de sciage ; pin blanc (17 pouces de diamètre et au-dessus) ; pin blanc (au-dessous de 17 pouces de diamètre) ; pin blanc (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : billots de sciage : épinette, épinette rouge (pièces) ; épinette (pièces).
Source : D.S.Q., Vol. 10 (1876), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1876).

(6)

1880

Localisation : Idem.
Les données : Idem.
Source : D.S.Q., Vol. 14 (1880), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1880).

[137]

(7)

1885

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : Idem.
Épinette : Sous la rubrique billots de sciage se trouve une première catégorie « épinette » ; une seconde catégorie « épinette (pièces) » apparaît dans le même rapport annuel ; épinette rouge (pièces) ; petite épinette et cèdre (pièces).
Source : D.S.Q., Vol. 20,1 (1887), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1886).

(8)

1890

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin, etc. à 26 c. par étalon de 200 pieds (pièces) ; pin (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : épinette, etc. à 13 c. par étalon de 200 pieds (pièces) ; merisier, épinette, etc. (pièces).
Source : D.S.Q., Vol. 25,1(1891), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1891).

(9)

1895

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin, etc. à 26 c. par étalon de 200 pieds (pièces) ; petits billots de pin (pièces) ; pin blanc (pièces) ; pin rouge (pièces).
Épinette : épinette, etc. à 13 c. par étalon de 200 pieds (pièces).
Source : D.S.Q., Vol. 30,1(1896), « Rapport du commissaire des Terres de la Couronne » (au 30 juin 1896).

(10)

1900

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin à 1,30 $ par 1 000 pieds M.R (pièces) ; petits billots de pin à 80 c. par 1 000 pieds M.R (pièces) ;
pin blanc et rouge (pièces).
Épinette : épinette à 65 c. par 1 000 pieds M. P. (pièces).
Source : D.S.Q., Vol. 35,1 (1902), « Rapport du commissaire des Terres, Forêts et Pêcheries » (au 30 juin 1901).

[138]

(11)

1905

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean : Bas-Saguenay/Côte-Nord.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin blanc et autres essences. Billots et bois d'estacade (morceaux) ; pin rouge. Billots et bois d'estocade (morceaux) ; pin blanc, 11 po. et moins. Billots (morceaux).
Épinette : épinette, pruche, sapin, cyprès, cèdre, bouleau, peuplier, billots et bois d'estacade. (À partir de 1905, l'entrée qui apparaît sous les grandes catégories ne fait plus état de billots mais plutôt de morceaux. Cela est dû au fait qu'on commence à intégrer le bois à pâte dans les statistiques.)
Source : D.S.Q., Vol. 41, 1 (1908), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au30juin 1907). Fournit l'état du bois manufacturé durant les douze mois terminés le 30 juin 1906.

(12)

1910

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin blanc, chêne, noyer, carya. Billots et bois d'estacade (morceaux) ; pin rouge, orme, frêne, cèdre, bois blanc, merisier, érable, tamarac. Billots et bois d'estacade (morceaux).
Épinette : épinette, sapin, pin gris ou cyprès, pruche, bouleau, tremble et peuplier. Billots et bois d'estacade (morceaux).
(À l'évidence, le bois à pâte est comptabilisé avec le bois de sciage.)
Source : DS.Q., Vol. 46, II (1912), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au 30 juin 1912). Fournit l'état du bois coupé sur les terres de la Couronne durant les douze mois terminés le 30 juin 1911.

(13)

1915

Localisation : Idem.
Les données : Idem.
Source : DS.Q., Vol. 51,1 (1917-1918), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au 30 juin 1917). Fournit l'état du bois coupé sur les terres de la Couronne durant les douze mois terminés le 30 juin 1916.

(14)

1920

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord ; Mauricie ; Bas-Saint-Laurent/Gaspésie. Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin blanc, chêne, noyer. Billots et bois d'estacade (morceaux) ; pin rouge, orme, frêne, merisier, érable, tamarac. Billots et bois d'estacade (morceaux).
Épinette : épinette, sapin, cèdre, pin gris ou cyprès, pruche, bouleau, tremble (morceaux).
Source : D.S.Q., Vol. 56,1 (1922), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au 30 juin 1922). Fournit l'état du bois coupé sur les terres de la Couronne durant les douze mois terminés le 30 juin 1921.

[139]

(15)

1925

Localisation : Idem.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin, chêne, noyer. Billots et bois d'estacade (morceaux) ; pin rouge, orme, frêne, merisier, érable, mélèze. Billots et bois d'estacade (morceaux).
Épinette : épinette, sapin, cèdre, pin gris ou cyprès, pruche, bouleau, tremble (morceaux).
Source : D.S.Q., Vol. 60,1 (1927), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au 30 juin 1926). Fournit l'état du bois coupé sur les terres de la Couronne durant les douze mois terminés le 30 juin 1926.

(16)

1930

Localisation : Saguenay-Lac-Saint-Jean ; Bas-Saguenay/Côte-Nord ; Mauricie ; Bas-Saint-Laurent/Gaspésie.
Les données portent sur les catégories suivantes :
Pin : pin blanc, chêne, noyer. Billots et bois d'estacade ; pin rouge, orme, Mue, merisier, érable, mélèze. Billots et bois d'estacade.
Épinette : épinette, sapin, cèdre, pin gris ou cyprès, pruche, bouleau, tremble. Billots et bois d'estacade (morceaux).
Source : DS.Q., Vol. 66, III (1933), « Rapport du ministre des Terres et Forêts » (au 30 juin 1932). Fournit l'état du bois coupé sur les terres de la Couronne durant les douze mois terminés le 30 juin 1931.


[140]

Tableau 2
Coupe de pins (billots)
Québec, Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord,
Mauricie et Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, 1855-1930

Année

Québec

S.L.SJ.
Bas-Saguenay
Côte-Nord

%*

Mauricie

%*

Bas-Saint-Laurent/
Gaspésie

%*

1855 (1)

960 408

34093

3,55

80 194

8,35

35 150

3,66

1860 (2)

1 545 665

65 838

4,26

104 020

6,73

21 601

1,40

1965 (3)

1 887 330

93 837

4,97

202 636

10,74

6 512

0,35

1870 (4)

739 573

45 001

6,08

181 769

24,58

7 890

1,07

1875 (5)

1 543 020

32 500

2,11

205 351

13,31

12 584

0,82

1880 (6)

1 238 555

20388

1,65

97 028

7,83

2 131

0,17

1885 (7)

2 193 246

25 577

1,17

73 705

3,36

8 526

0,39

1890 (8)

2 201 797

40 122

1,82

73 177

3,32

1 944

0,09

1895 (9)

3 882 331

14872

0,38

361 386

9,31

12 435

0,32

1900 (10)

3 401 847

278

0,01

211 874

6,23

5 669

0,17

1905 (11)

4 156 576

5 936

0,14

367 265

8,84

18 778

0,45

1910 (12)

3 499 717

2 888

0,08

217 827

6,22

512 391

14,64

1915 (13)

3 477 532

1016

0,03

212 391

6,11

502 639

14,45

1920 (14)

2 835 545

3054

0,11

164 887

5,82

38 384

1,35

1925 (15)

2 546804

6987

0,27

126 837

4,98

9 958

0,39

1930 (16)

1 190473

37

0,00

82 289

6,91

1 549

0,13

* Pourcentages de la coupe de pins au Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord, en Mauricie et dans le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, par rapport au Québec.

Source : cf. tableau 1.

[141]

Tableau 3
Coupe crépinettes (billots)
Québec, Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord,
Mauricie et Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, 1855-1930

Année

Québec

S.L.SJ.
Bas-Saguenay
Côte-Nord

%*

Mauricie

%*

Bas-Saint-Laurent
Gaspésie

%*

1855 (1)

108 384

19 228

17,74

9196

8,48

S 514

50,30

1860 (2)

398 511

79 257

19,89

50 242

12,61

101 374

25,44

1865 (3)

297 868

28 123

9,44

47 084

15,81

99387

33,37

1870 (4)

449 258

77 169

17,18

81459

18,13

105 523

23,49

1875 (5)

611 782

249 641

40,81

108 353

17,71

84 338

13,79

1880 (6)

656 434

243 787

37,14

73 749

11,23

52 809

8,04

1885 (7)

1 044 976

195 004

18,66

44 708

4,28

183 500

17,56

1890 (8)

2 617 062

588 144

22,47

220039

8,41

198 868

7,60

1895 (9)

4317 945

556 667

12,89

101092

2,34

485 865

11,25

1900 (10)

6 136 799

290 747

4,74

1 428 054

23,27

I 125 177

18,33

1905 (11)

9 564 719

957 992

10,02

1944 199

20,33

2 068 941

21,63

1910 (12)

19 486 948

3496 396

17,94

6 483 965

33,27

3 131 923

16,07

1915 (13)

28 222 177

3 038 208

10,77

11688135

41,41

3 982 353

14,11

1920 (14)

51800 802

17060315

32,93

18 254 639

35,24

5 592 163

10,80

1925 (15)

67496 092

30046 677

44,52

14 260 374

21,13

8 842 543

13,10

1930 (16)

57 768 168

18 875 750

32,68

9 095 358

15,74

7 300 886

12,64

* Pourcentages de la coupe d'épinettes au Saguenay-Lac-Saint-Jean/Bas-Saguenay/Côte-Nord, en Mauricie et dans le Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, par rapport au Québec.

Source ; cf. tableau 1.

[142]

Tableau 4

Coupe de pins et d'Épi nettes (pourcentages par rapport au Québec)
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Bas-Saguenay/Côte-Nord
Mauricie, Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, 1855-1930

Saguenay—
Lac-Saint-Jean

Bas-Saguenay/
Côte-Nord

Bas-Saint-Laurent/ Gaspésie

Année

%

%

%

%

1855 (1)

-

-

8,36

8,39

1860 (2)

-

-

7,93

6,33

1865 (3)

-

-

11,43

4,85

1870 (4)

-

-

22,14

9,54

1875 (5)

7,13

5,96

14,56

4,50

1880 (6)

7,64

6,30

9,01

2,90

1885 (7)

3,73

3,09

3,66

5,93

1890 (8)

7,95

5,08

6,08

4,17

1895 (9)

5,37

1,60

5,64

6,08

1900 (10)

2,69

0,36

17,19

11,86

1905 (11)

1,14

5,89

16,85

15,22

1910 (12)

9,93

5,30

29,16

15,85

1915 (13)

6,64

2,95

37,54

14,15

1920 (14)

23,68

7,55

33,71

10,31

1925 (15)

32,21

10,70

20,54

12,69

Source : cf. tableau 1.


[143]

Graphique 1
Coupe de pins et d'épinettes
Saguenay—Lac-Saint-Jean
Bas-Saguenay/Côte-Nord (1855-1930)

(% comparé au Québec)




* Camil Girard est professeur-chercheur à l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC) et à l'Université Québec à Chicoutimi.

Version remaniée d'une communication présentée au congrès annuel de la Société historique du Canada, tenu à l'Université de Windsor (Ontario), en juin 1988. Nous remercions Jean-Michel Tremblay pour son assistance dans la préparation du dossier statistique ainsi que le professeur Jean-Claude Robert de l'UQAM et M. Jean-Pierre Gagnon de la Défense nationale pour leurs judicieuses suggestions.

[1] Christian Pouyez, Inventaire descriptif des Documents de la Session, 1841-1936, Chicoutimi, Archives nationales du Québec et Groupe de recherche sur l'histoire (Saguenay-Lac-Saint-Jean), 1984 (édition sur microfiches) ; C. Pouyez, « Un inventaire descriptif des documents de la Session, 1841-1936 », Revue d'histoire de l'Amérique française (RHAF), vol. 31, n° 4 (mars 1978), pp. 563-574.

[2] Pour un survol historiographique, voir Camil Girard, « Développement et régions périphériques », Acadiensis, vol. XVI, n° 1 (automne 1986), pp. 165-173 ; Normand Séguin, La conquête du sol au 19e siècle, Montréal, Boréal Express, 1977 ; Normand Séguin, éd., Agriculture et colonisation au Québec, Montréal, Boréal Express, 1980 ; Bruno Jean, Agriculture et développement dans l’est du Québec, Québec, Les Presses de l'Université du Québec, 1985.

[3] René Hardy et Normand Séguin, Forêt et société en Mauricie, Boréal Express, Musée national de l'Homme, 1984 ; Guy Gaudreau, L'exploitation des forêts publiques au Québec (1842-1905) : cadre juridique, mode d'appropriation et évolution des récoltes, thèse de doctorat, Montréal, Université du Québec à Montréal, 1986.

[4] Serge Côté, « La pénétration du capitalisme dans l'est du Québec » dans Bruno Jean et Danielle Lafontaine, Région, régionalisme et développement régional, Rimouski, Grideq, 1984, pp. 29-54 ; Serge Côté, Benoît Levesque, Juan-Luis Klein et al., Industrie manufacturière et développement inégal des régions du Québec, résultats préliminaires et problématique de recherche, Rimouski, Grideq, 1982 ; Jean Saintonge, Les interrelations entre l'industrie des pâtes et papiers et du sciage et le développement de l'est du Québec, 1950-1980, Rimouski, Grideq, 1982 ; Camil Girard, « Industrialisation et urbanisation en milieu rural (réflexion pour un changement de perspective) » dans Gens de parole... Récits de vie de Laterrière, Camil Girard et Normand Perron, éd., Groupe de recherche sur l'histoire (GRH), Saguenay-Lac-Saint-Jean, Saguenayensia, vol. 28, n° 4 (octobre-décembre 1986), pp. 127-130.

[5] Christian Pouyez, Yolande Lavoie et al, Les Saguenayens, Québec, Les Presses de l'Université du Québec, 1983.

[6] Fernand Harvey, « La question régionale an Québec », Revue d'études canadiennes, Université Trent, Peterborough, vol. 15 (été 1980), pp. 74-88 ; Jules Bélanger, Marc Desjardins et Yves Frenette, Histoire de la Gaspésie, Québec, IQRC/Boréal Express, 1981 ; Guy Gaudreau, L'exploitation des forêts publiques au Québec, 1842-1905, Québec, IQRC, 1986 ; Antonio Lechasseur et Jacques Lemay (coll.), Municipalités et paroisses du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine. Population et limites territoriales, Québec, IQRC, 1987 ; Camil Girard et Jean-Michel Tremblay, Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean (S.LSJ.), dossier statistique préliminaire, Chicoutimi, IQRC et Groupe de recherche sur l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean (GRH), Chicoutimi, 1987 ; Camil Girard, Le Saguenay-Lac-Saint-Jean en 1850. Le Rapport spécial de Jacques Crémazie, Jonquière, Editions Sagamie/Québec, 1988. À paraître, Camil Girard et Normand Perron, Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean (septembre 1989) ; Serge Laurin, Histoire des Laurentides (1989) ; Antonio Lechasseur, Jacques Lemay et al, Histoire du Bas-Saint-Laurent.

[7] Camil Girard et Jean-Michel Tremblay, Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dossier statistique préliminaire, Chicoutimi, Groupe de recherche sur l'histoire, Saguenay-Lac-Saint-Jean (GRH) et IQRC, juin 1987, 194 pages.

[8] Sur les questions de cueillette de données, voir Guy Gaudreau, L'exploitation des forêts publiques au Québec, 1842-1905, Québec, IQRC, 1986, p. 42 s. ; René Hardy et al., L'exploitation forestière en Mauricie, dossier statistique, 1850-1930, Cahier n° 4, Université du Québec à Trois-Rivières, Publication du Groupe de Recherche sur la Mauricie, 1980, pp. 5-31. J.J. Little, "Public Policy and Private Interest in the Lumber Industry of the Eastern Townships : the Case of C.S. Clark and Company, 1854-81", Histoire sociale—Social History, Vol. XIX, n° 37 (mai 1986), pp. 9-38. Nous avons dépouillé les rapports pour chaque année et pour chacune des régions concernées. Les mêmes règles ont été appliquées pour chaque territoire.

[9] Pour les fins de son étude, Gaudreau associe la région Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Bas-Saguenay/Côte-Nord alors que ces deux territoires peuvent être étudiés séparément à partir de 1875. Il regroupe aussi toutes les régions au sud du Saint-Laurent.

[10] Guy Gaudreau, L'exploitation des forêts publiques au Québec (1842-1905) : cadre juridique, mode d'appropriation et évolution des récoltes, thèse de doctorat, Montréal, Université du Québec à Montréal, 1986, p. 63 s.

[11] D.S.Q., vol. 10, 1876, p. 80 s.

[12] Girouard et Beaudet sont aussi très actifs en Gaspésie. Voir Jules Bélanger, Marc Desjardins et Yves Frenette, Histoire de la Gaspésie, Québec, IQRC/Boréal Express, 1981, pp. 356 et 370.

[13] D.S.Q., vol. 32, III, 1898-1899, p. 111 s, et D.S.Q., vol. 40, III, 1907, p. 62s.

[14] Pierre-Yves Pépin, Le royaume du Saguenay en 1968, Ottawa, Ministère de l'Expansion économique régionale, 1969, pp. 72-73.

[15] En collaboration, « Numéro souvenir ; La Vieille pulperie de Chicoutimi », Saguenayensia, vol. 22, nos 3-4 (mai-août), 1980.

[16] Pierre-Yves Pépin, Le royaume…, p. 75.

[17] D.S.Q., vol. 48, V, 1915, n° 28, p. 11 s.

[18] Ibid.

[19] Nous ne pensons pas que la région connaît une cassure dans sa production à la fin des années 1880. Voir Guy Gaudreau, « L'exploitation des forêts publiques au Québec (1874-1905) : transition et nouvel essor », RHAF, vol. 42, n° 1, p. 20. L'arrivée du train à la fin des années 1880, 1a création d'un important moulin à scie sur la Pointe-Scott à Roberval, le dynamisme de la navigation qui s'organise sur le lac Saint-Jean, sans oublier les nombreux témoignages d'époque qui se retrouvent dans le Progrès du Saguenay qui commence à publier en 1887, voilà qui confirme plutôt une période d'expansion dans l'industrie du bois de sciage dans la région. Voir Russel Vien, Histoire de Roberval, Chicoutimi, Société historique du Saguenay, 1954. La notion de volume de coupe tend à privilégier peut-être un peu trop la macro-analyse. Sous ce rapport, les données que nous présentons ici en billots, malgré les précautions qui s'imposent et malgré certaines lacunes, qu'il s'agisse du sous-enregistrement ou de la difficulté de différencier entre bois de sciage et bois de pulpe à partir du 20e siècle, paraissent mieux refléter l'évolution générale de la production à l'échelle régionale, du moins pour certaines périodes. Suggérer que la forêt saguenayenne ou jeannoise souffre d'épuisement suite à une coupe abusive d'épinettes en 1890, cela ne résiste pas à l'analyse. Il est difficile de démontrer que la forêt puisse souffrir d'épuisement lorsque celle-ci s'étend sur un minimum de 150 km de long par 60 de large (9 000 km carrés), toute forêt située à proximité des cours d'eau. À ce rythme, il se coupait quelque 11 billots par km/carré, ce qui est bien insuffisant pour épuiser la forêt. Pas question non plus au cours de cette période de désastre naturel, mais plutôt d'une activité humaine intense en forêt.

[20] Gaudreau constate lui aussi un problème de sous-enregistrement des récoltes de bois à pâte. Voir Guy Gaudreau, L'exploitation des forêts publiques au Québec (1842-1905)..., p. 115.

[21] À partir de 1910, le gouvernement du Québec, dirigé par le chef libéral Lomer Gouin, vote une loi pour inciter les investisseurs étrangers à transformer sur place le bois coupé sur les terres publiques. Voir Camil Girard, Question d'Empire. Le Times de Londres et le Canada : 1908-1922, Jonquière, Éditions Sagamie/Ouébec, 1988, p. 79.

[22] Guy Gaudreau, L'exploitation..., p. 45 (Tableau 4).

[23] Rapport du ministre des Terres et Forêts, années concernées.

[24] Camil Girard, Question d'Empire ..., p. 188.

[25] L'impact de l'industrie sur le marché local et sur la vie quotidienne des populations rurales du Saguenay est analysé dans une enquête d'histoire orale dont certains résultats ont fait l'objet de publications : C. Girard, « La dynamique de l'échange en milieu rural », ACFAS/Saguenayensia, vol. 27, n° 4 (octobre-décembre 1985), pp. 132-137 ; C. Girard, « Industrialisation et urbanisation en milieu rural (réflexion pour un changement de perspective) » dans Gens de parole... Récits de vie de Laterrière, sous la direction de Camil Girard et Normand Perron, Saguenayensia, vol. 28, n° 4 (octobre-décembre 1986), pp. 127-129, 156. Pour en savoir davantage sur l'industrialisation régionale au début du siècle, voir C. Girard, « L'implantation de la grande industrie » dans Camil Girard et Normand Perron, Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, IQRC, septembre 1989.

[26] Guy Gaudreau, L'exploitation ..., p. 95.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 25 octobre 2017 17:04
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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