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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis Gill, Derrière l'étiquette, le contenu ! Notes en marge du dossier sur le mouvement «marxiste-léniniste» au Québec”, Bulletin d'histoire politique, vol. 14, no 1, automne 2005, pp. 299-307. [Avec l'autorisation de l'auteur accordée le 24 janvier 2006.]

[9]

Louis Gill
économiste, professeur à l'UQÀM

Le salaire, d’hier à aujourd’hui.”

Un article publié dans la revue AVENIR, vol. 3, no 9, novembre 1989, p. 9 — dossier.

La manière générale de rémunérer le travail dans la société dans laquelle nous vivons est le versement d'un salaire. Et cela nous apparaît tellement naturel que nous sommes portés à croire qu'il en a toujours été ainsi. Pourtant, l'histoire nous rappelle que dans l'Antiquité, par exemple, le travail était réalisé par des esclaves, au profit de leurs maîtres dont ils étaient la propriété. Ce travail était effectué sans rémunération, si ce n'est le paiement en nature que constituaient les biens nécessaires à l'entretien de cette main-d'oeuvre gratuite : nourriture, vêtements, hébergement.

Plus tard, au Moyen Âge, la forme générale du travail était celle qu'effectuaient les serfs, sorte de fermiers à qui les grands propriétaires fonciers qu'étaient les seigneurs accordaient le droit d'exploiter leurs terres. Les serfs pouvaient conserver une partie de leur production pour assurer leur propre subsistance ; c'était leur rémunération. Ils devaient remettre le reste de cette production aux seigneurs qui vivaient ainsi du travail des serfs.

À ces époques lointaines, la société était encore organisée de manière rudimentaire. On vivait replié sur soi et les échanges étaient limités. À mesure que les moyens techniques se sont développés, on a commencé à produire à moindres coûts et à plus grande échelle. La division du travail s'est élargie, de même que les échanges. Ceux-ci ont été effectués de moins en moins par le biais du troc ou du paiement en nature, et de plus en plus par l'intermédiaire de la monnaie.

La naissance de la rémunération salariale

On a vu émerger une société dans laquelle des petites entreprises privées familiales ont fait place à de plus grandes entreprises, forcées de recourir à une main-d'oeuvre extérieure, salariée, elle-même devenue disponible par la disparition d'une foule de petits producteurs éliminés par la concurrence.

Avec l'extension des échanges et la multiplication des marchés, on a vu naître un marché particulier, celui du travail, où se vendent et s'achètent, en échange d'une rémunération salariale, ces marchandises particulières que sont les différentes compétences ou aptitudes à effectuer des tâches au compte d'employeurs dont l'objectif est de faire fructifier le capital qu'ils ont investi dans leur entreprise.

Dans la société capitaliste avancée dans laquelle nous vivons, une fraction importante de la main-d'oeuvre est employée dans le secteur public où l'objectif n'est pas de réaliser des profits, mais d'assurer des services jugés nécessaires à l'ensemble de la population. La rémunération des salariés du secteur public n'en est pas moins essentiellement déterminée par celle des salariés du secteur privé, même si elle peut, dans certaines circonstances comme un rapport de forces favorable dans les négociations syndicales, jouer un rôle de locomotive et avoir une incidence sur les règlements salariaux ultérieurs dans le secteur privé.

Des limites à ne pas dépasser

De toute façon, elle est contrainte de ne pas s'écarter outre mesure des normes qui guident l'établissement de la rémunération dans le privé, c'est-à-dire du niveau au-delà duquel la fructification du capital privé risque d'être compromise. La rémunération versée au travail, qu'il s'exerce dans le privé ou dans le public, variera en fonction des métiers, des secteurs d'activité, du sexe, de la force syndicale, mais elle ne pourra jamais s'écarter de manière soutenue du niveau jugé nécessaire pour assurer la rentabilité de l'activité économique privée, faute de quoi ce sont les fondements du régime qui sont menacés.

Lorsque ce seuil critique est considéré comme atteint, voire simplement approché, l'État intervient avec ses lois spéciales dans le but de rétablir l'ordre, impose la dégradation du pouvoir d'achat en refusant la pleine indexation des salaires au coût de la vie, maintient les discriminations entre les sexes en refusant de reconnaître l'équité salariale réclamée par les syndiqués, etc. Les négociations qui se terminent dans le secteur public en sont un éloquent témoignage.

De l'Antiquité à nos jours en somme, le travail, qu'il ait été celui de l'esclave, du serf ou du travailleur salarié, a permis à sa manière l'enrichissement des minorités possédantes. Les modalités de la rémunération se sont radicalement transformées au cours des temps, mais les bornes à l'intérieur desquelles celles-ci ont été autorisées à fluctuer ont toujours été limitées par les conditions de cet enrichissement d'une minorité s'appropriant le travail d'autrui.



Retour au texte de l'auteur: Louis Gill, économiste québécois, retraité de l'UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 25 juin 2015 17:48
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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