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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis Gill, “Le militarisme dans l’économie mondiale.” Un article publié dans le journal LA PRESSE, Montréal, édition des 8 et 9 janvier 1979 — libre opinion. [Texte diffusé dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de l'auteur accordée le 11 janvier 2005.]

[économiste, retraité de l’UQÀM.]

Le militarisme
dans l'économie mondiale
.”



1. “Le militarisme dans le monde. -1-” In LA PRESSE, Montréal, édition des 8 janvier 1979 — libre opinion.

La course aux armements
Destruction des forces productives

2. “Le militarisme dans le monde. -2-” In LA PRESSE, Montréal, édition des 9 janvier 1979 — libre opinion.

Militarisme ou « bien-être » ?


PREMIÈRE PARTIE

Un article publié dans le journal LA PRESSE, Montréal, édition du 8 janvier 1979 — libre opinion.

Après six ans de pourparlers au sommet en vue de la signature d'un deuxième accord SALT (Strategic Arms Limitation Treaty), les États-Unis et l'URSS en sont arrivés à un échec peu avant Noël, ce qui a inspiré à M. Louis GILL, économiste et professeur à l'UQAM, deux articles sur le militarisme dans l'économie mondiale contemporaine. Voici, légèrement abrégé, le premier de ces deux articles.

- 1 -

Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, un nouvel ordre économique mondial s'instaure sur les ruines économiques des principaux pays d'Europe : l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Il est fondé sur l'hégémonie ! économique, politique et militaire des États-Unis qui deviennent les planificateurs de l'économie mondiale. Le plan Marshall organise la distribution des crédits internationaux. Les destructions gigantesques de forces productives en Europe et dans le reste du monde et le renouvellement de moyens de production qu'il provoque offrent des débouchés immenses à l'exportation américaine de marchandises et de capitaux.

Pourtant, dès 1949, la crise menace l'économie américaine et par conséquent le reste de l'économie mondiale capitaliste qui repose sur elle. La guerre de Corée au début des années 50 permet d'éviter la crise, puis la « guerre froide » est à l'origine d'un nouvel essor de l'économie d'armement jusqu'alors inconnu en temps de paix. Alors qu'en 1939, les dépenses militaires américaines ne représentaient que 1.4% du PNB, en 1946 elles atteignaient 8.9%. Elles diminuaient à 5% en 1950 pour remonter rapidement à 10.3% en 1951 avec la guerre de Corée et demeurer autour de 10% jusqu'en 1960 avec un sommet de 13.4% en 1952. Elles continuaient ensuite à osciller autour de 8 à 9% d'un PNB sans cesse croissant tout au cours de la décennie 1960-70, période de la guerre au Vietnam et en l'Asie du Sud-Est. Ces pourcentages sont considérablement plus élevés si on inclut dans les « dépenses militaires » une série de dépenses qui en découlent directement ou qui leur sont étroitement liées. Un économiste américain, James Cypher, ajoutant aux dépenses militaires strictes, telles que définies par le département de la Défense des États-Unis, les dépenses de la Commission de l'Énergie atomique, les dépenses de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), 50% du budget affecté aux « Affaires internationales » et à leur financement et 75% de l'intérêt de la dette publique, obtient des « dépenses militaires globales » supérieures aux dépenses militaires strictes d'au moins 30% à 50%. En pourcentage du PNB, ces dépenses s'élèvent à 12.2% en 1947, 10.6% en 1950, 21.9% en 1952, en moyenne 12.5% pour le reste de la décennie 1958-60 et pour la décennie 1960-70. Le fait dominant qui marque les 25 années de « prospérité », du « boom » de l'après-guerre, est incontestablement l'économie d'armement et l'entrée en scène dans cette économie d'armement de la principale puissance capitaliste mondiale, les États-Unis.

La course aux armements

Après 1970, avec le retrait graduel des États-Unis du Vietnam, les dépenses militaires américaines diminuent légèrement en pourcentage du PNB, passant progressivement de 8% en 1970 à 6% en 1975. Mais ce n'est là qu'une pause temporaire. En 1976, le budget de la défense américaine dépasse les $100 milliards. En 1977, Jimmy Carter, élu entre autres sur un programme de modération des dépenses militaires, reprend à quelque chose près le budget militaire de $120 milliards du président Ford, son prédécesseur. En même temps, les États-Unis commencent à exercer de sérieuses pressions sur leurs alliés au sein de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord regroupant 15 pays, dont le siège social est à Bruxelles) pour qu'ils augmentent leur part des dépenses militaires au sein de l'organisme. En 1977, les dépenses des États-Unis au sein de l'OTAN sont de $46 milliards, c'est-à-dire 42% du budget total de l'OTAN ($110 milliards). Au terme de plus d'un an de discussions au plus haut niveau, l'OTAN entérine finalement en mai 1978 à Washington un plan général de « défense » portant sur les 10 ou 15 prochaines années, impliquant une centaine de milliards de dollars, comprenant un plan à court terme pour les années 1979-84 au cours desquelles les pays membres s'engagent à majorer leurs dépenses militaires de 3% par année, et un plan à long terme couvrant l'ensemble de la décennie 1980-1990. On comprend que les États-Unis, principal producteur et exportateur d'armes, aient pu voir dans ce plan à long terme des avantages économiques considérables, et particulièrement nécessaires à une époque où l'économie capitaliste mondiale s'engouffre de plus en plus dans la stagnation et la crise. Le Canada ne sera pas absent de ce programme de relance de l'armement. Il consacrera plus de $2 milliards au renouvellement complet de sa flotte d'avions de combat.

Théoriquement, cet effort militaire sans précédent au niveau de l'OTAN est destiné à faire échec à une éventuelle « attaque soudaine » des pays du Pacte de Varsovie (regroupés autour de l'Union soviétique) et à se donner les moyens d'une « victoire rapide » en cas d'une telle attaque soudaine. « Qui veut la paix prépare la guerre », entend-on souvent. La course aux armements est alimentée par la certitude acquise par les commandements militaires que la stratégie des pays du Pacte de Varsovie est précisément celle d'une attaque soudaine. Elle est renforcée par la publication au début de 1977 de chiffres révisés de la CIA américaine sur l'évaluation des forces militaires soviétiques et de l'ampleur de son effort de guerre : 11% à 13% du PNB de 1970 à 1975 et 14% en 1975 (c'est-à-dire le double de l'effort de guerre américain en % du PNB) comparativement à 8% ou 9% au cours des années 60. Enfin, et pour ainsi dire comme complément au programme d'armement élaboré au sein de l'OTAN, la perspective de réactivation de l'armée japonaise était, en juin 1978, pour la première fois officiellement envisagée depuis son démantèlement après 1945. Sur mandat du ministre de la Défense, l'agence de défense qui fait office d'armée japonaise depuis lors entreprenait une vaste étude destinée à doter le Japon d'un « plan de défense » complet.

Destruction des forces productives

La production des armements modernes représente, il va sans dire, une destruction sans cesse croissante de forces productives, destruction immédiate dans la mesure où des ressources énormes sont canalisées dans cette production destinée à remplacer continuellement du matériel vieilli et devenu inadéquat face aux nouvelles découvertes, destruction potentielle aussi, découlant de la puissance absolument gigantesque des nouveaux engins de guerre. Les armes envisagées ou déjà développées à la fin de l’année 1978, aussi puissantes que techniquement complexes sont, outre la célèbre bombe à neutrons capable de détruire la vie humaine sans détruire immeubles et équipement, le sous-marin nucléaire Trident(capable de lancer 192 ogives nucléaires d'une plateforme grande comme deux champs de football, lorsque enfoui sous la mer à une profondeur d'un édifice à bureaux de quatre étages ; chaque sous-marin Trident coûtait $1 milliard en 1977), le célèbre missile Cruise (au coût de $1 million pièce, les États-Unis évaluaient à 2,300 leur besoin de ce type de missile en 1977), les systèmes AWACS (Airborne Warning and Control Systems) avec radars aéroportés volant à bord de Boeing 707, sans parler des superchars de combat, des armes à rayons Jaser, des aéroglisseurs, etc.

Selon le SIPRI (Institut national de recherche sur la paix) de Stockholm, dans son annuaire de 1978, les dépenses militaires dans le monde entier en 1977 absorbaient près d'un million de dollars par minute ($400 milliards par an) et avaient doublé depuis 20 ans. Les trois quarts de ces sommes étaient dépensées par six pays : les États-Unis, l'URSS, la Chine, la République fédérale allemande, la France et la Grande-Bretagne : les dizaines de milliers d'armes nucléaires stockées dans les arsenaux du monde entier équivalaient à un million de fois la puissance de la bombe qui détruisit Hiroshima en 1945. Plus de soixante millions d'hommes occupaient des emplois liés à des activités militaires qui utilisaient plus du quart des chercheurs et des scientifiques du monde entier. L'annuaire de 1978 du SIPRI indique que les exportations d'armes vers les pays sous-développés ont augmenté de 50 pour cent de 1970 à 1977 et que la quasi-totalité de ce commerce (90%) est assurée par quatre pays : les États-Unis (38 %), l'URSS (34%), la Grande-Bretagne (9%) et la France (9 %) Dans un autre document intitulé « Contrôle des armements : étude et évaluation des accords multilatéraux », publié à la veille de la session de l’ONU sur le désarmement en mai 1978, le SIPRI souligne que les États-Unis, l’URSS et quatre autres pays ont procédé à 1,117 explosions nucléaires expérimentales du 16 juillet 1976 au 31 décembre 1977 (628 pour les États-Unis, 371 pour l'URSS. Sur ce total, 629, c'est-à-dire plus de la moitié, ont eu lieu après la ratification en 1963 du traité interdisant notamment les expérimentations nucléaires dans 1’atmosphère. Il est bien connu que la France et la Chine ont aussi procédé à de telles expériences en contravention avec ces accords internationaux.

(À SUIVRE)

DEUXIÈME PARTIE

Un article publié dans le journal LA PRESSE, Montréal, édition du 9 janvier 1979 — libre opinion.


Après six ans de pourparlers au sommet en vue de la signature d'un deuxième accord SALT (Strategic Arms Limitation Treaty), les États-Unis et l'URSS en sont arrivés à un échec peu avant Noël, ce qui a inspiré à M. Louis Gill, économiste et. professeur à l'UQAM, deux articles sur le militarisme dans l'économie mondiale contemporaine. Voici, légèrement abrégé, le second de ces deux articles.

- 2 -

Les dépenses militaires constituent une part importante des dépenses publiques, sinon de l'ensemble des pays du monde, du moins des grandes puissances économiques. En ce sens, elles ont joué et elles continuent à jouer un rôle de premier plan dans l'histoire mondiale et principalement à l'époque actuelle.

D'aucuns reconnaissent le rôle politique incontestable des dépenses militaires dans la lutte impérialiste pour le partage du monde. Mais les dépenses militaires ne se limitent pas à cet aspect politique ; elles ont une importance économique centrale. Elles sont non seulement une nécessité politique, mais une exigence économique, une pièce maîtresse de l'accumulation du capital. Le pouvoir politique s'érige sur une base économique, et toute analyse du militarisme qui ignorerait son rôle économique fondamental pour n'en retenir que les dimensions politiques est vouée au départ à l'échec.

Ce sont les dépenses militaires de la Seconde Guerre mondiale qui ont assuré la relance et ont tiré l'économie de la longue dépression des années 30. C'est aussi l'effort de guerre qui explique le « boom » économique du début des années 50 (guerre de Corée) et qui a permis une décennie complète sans récession en 60-70 avec les dépenses énormes des interventions militaires au Vietnam et en Asie du Sud-Est. C'étaient également les dépenses militaires qui avaient stimulé l'économie au moment de la Première Guerre mondiale. Enfin, c'est sur la base de la masse gigantesque de forces productives anéanties par la Deuxième Guerre mondiale qu'ont pu se réaliser les « miracles » économiques allemand et japonais et ce qu'il est convenu d'appeler le « boom » de l'après-guerre, période souvent qualifiée « d'années de grande prospérité du capitalisme » et dans laquelle certains ont voulu voir une nouvelle ère, celle du « néocapitalisme ». Le militarisme est un facteur indispensable du fonctionnement d'ensemble du capitalisme. Depuis la fin des années 30, comme toute dépense publique, les dépenses militaires sont utilisées en tant que mesures anticycliques destinées à dominer ou contenir les crises économiques, à assurer la relance économique et une « croissance harmonieuse ».

Militarisme ou « bien-être » ?

Les dépenses militaires sont-elles identiques aux autres dépenses publiques quant à leurs effets économiques ? Existe-t-il en somme un choix indifférent entre l'État militariste et l'État de bien-être, le premier n'étant justifiable que sur des bases politiques ? Ou existe-t-il, au contraire, une spécificité propre aux dépenses militaires, sur le plan strictement économique, qui les distinguerait des autres dépenses publiques, qui justifierait leur emploi croissant et qui expliquerait, entre autres, pourquoi elles sont maintenues et augmentées en période de crise alors que l'État sabre dans les autres dépenses publiques et principalement dans celles qui ont un caractère social ?

Le militarisme, tout en assurant, comme les autres dépenses publiques, l'accroissement recherché de la demande globale et la réalisation d'une production et d'un emploi qui n'auraient pas lieu autrement, remplit également une autre fonction qui, celle-là, lui est propre. Cette fonction en est une de destruction des forces productives, fonction normalement dévolue aux crises capitalistes, que le militarisme exécute de manière violente à l'occasion des guerres et de manière non violente mais régulière et systématique dans le cadre de l'économie d'armement ou de préparation de guerre, où une quantité sans cesse croissante de forces productives sont transformées en armements, c'est-à-dire en forces de destruction, inutilisables pour le reste de l'économie, destinées à être utilisées tôt ou tard à des fins de destruction ou à être elles-mêmes détruites et remplacées par des armes plus perfectionnées.

L'économie d'armement et l'économie de guerre qui en est l'expression de la plus aiguë remplissent donc la fonction de dévalorisation du capital, de destruction permanente des forces productives nécessaires au maintien de la rentabilité du (suite en page A 5).

(suite de la page A 4)

capital. Elles permettent, d'un côté, de contenir le développement régulier de la crise, de l'autre, d'assurer la destruction massive des forces productives que cette crise réaliserait si on la laissait se développer. En ce sens on peut dire que le militarisme manifeste la crise chronique du capitalisme. Les dépenses d'armement constituent à la fois un parasite gigantesque par la masse de forces productives qu'elles transforment en forces destructives, et une force d'entraînement de la production capitaliste, c'est-à-dire de la production pour le capital, pour le profit.

C'est en cela que les dépenses d'armement se distinguent des autres dépenses publiques, c'est de cela que se dégage leur caractère spécifique. C'est aussi, entre autres, ce qui explique qu'en période de crise, les dépenses militaires puissent continuer à s'élever alors que l'État sabre dans les autres dépenses publiques principalement celles qui ont un caractère social.

« Dans l'économie américaine où les dépenses militaires représentent dans la deuxième moitié des années 70 plus du tiers du budget fédéral annuel, celles-ci sont universellement reconnues comme un instrument économique de première importance. Le professeur Lawrence Klein, président élu de l’American Economic Association en 1976 et fondateur du modèle économétrique de la Wharton School of Finance de l'Université de la Pennsylvanie, considéré comme un économiste « libéral » (c'est-à-dire « progressiste » par opposition à « conservateur ») affirme que les dépenses militaires ne devraient pas être réduites et cela, à la fois pour des raisons de « sécurité » et pour des raisons économiques. (...)

La reconnaissance des dépenses militaires comme instrument important de politique économique se traduit par l'aide particulière apportée par les gouvernements capitalistes aux entreprises de production d'armes. Non seulement les gouvernements garantissent-ils l'écoulement de cette production en tant que seul acheteur, mais ils garantissent aussi les marges bénéficiaires de ces entreprises.

La garantie gouvernementale du profit des entreprises d'armement fait de ces entreprises un champ privilégié d'accumulation du capital. Cette garantie apportée au profit des entreprises du secteur de la défense ne se limite pas, quant à son effet, à ce seul secteur. Il est tout autant une garantie apportée au taux général de profit de l'ensemble de l'économie en raison des liens directs et indirects qu'il entretient avec le reste de l'économie.

Cette garantie au profit est également assurée par l'effet essentiellement inflationniste des dépenses militaires qui d'un côté accroissent l'emploi et le revenu et, de l'autre, ne fournissent en contrepartie aucun bien consommable, sauf par l'État qui en est l'unique acheteur et à des fins strictes de destruction.

Les dépenses d'armement sont donc pour l'économie capitaliste une force d'entraînement, un facteur d'équilibration.

Dans le cadre d'une économie planifiée où le capital a été exproprié, les dépenses militaires ne jouent plus le même rôle ; loin d'être un moteur de la « croissance » économique, elles en sont plutôt un frein dans une économie où toutes les ressources disponibles sont nécessaires à l'organisation planifiée de la production, où la transformation des forces productives en forces destructives constitue un fardeau pour le développement.

Cela est d'autant plus lourd que la productivité du travail dans les États ouvriers est encore considérablement inférieure à celle des pays capitalistes industrialisés. En Union soviétique où la productivité est de deux fois inférieure à celle des États-Unis, la production massive d'armements (plus de 11% du PNB annuel à partir de 1970) pèse doublement sur l'économie.

Il est intéressant de constater que c'est précisément la politique de « coexistence pacifique » des États ouvriers qui a amené ceux-ci et au premier titre l'URSS à développer une formidable industrie d'armement à l'instar des puissances impérialistes, et les a précipités dans la voie caractéristique du capitalisme décadent, de la transformation des forces productives en forces destructives.



Retour au texte de l'auteur: Louis Gill, économiste québécois, retraité de l'UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 25 juin 2015 6:34
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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