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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis Gill, “Une mémorable mobilisation. Un déplorable dénouement.” Un article publié dans la revue SPUQ-Info, Bulletin de liaison des professeurs de l’Université du Québec à Montréal, no 273, mai 2009, page 10. [Texte diffusé dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de l'auteur accordée le 5 décembre 2009.]

Louis Gill

Une mémorable mobilisation. 
Un déplorable dénouement
”.

Un article publié dans la revue SPUQ-Info, Bulletin de liaison des professeurs de l’Université du Québec à Montréal, no 273, mai 2009, page 10.


Quand j’ai su que plusieurs membres du Comité exécutif ont voté contre l’entente négociée qui a été entérinée par l’Assemblée générale avec une majorité de 91 %, j’ai eu un choc. Ma réaction spontanée a été de dire : bravo ! Si j’avais eu à voter sur cette entente, j’aurais moi aussi voté contre, sans hésitation. Je m’explique mal toutefois que les membres de l’Exécutif qui ont voté contre l’entente n’aient pas annoncé leur décision à l’Assemblée générale et ne lui aient pas recommandé de faire de même.

Très loin du compte

Pourquoi fallait-il, à mon avis, rejeter cette entente ? D’abord, parce qu’elle est très loin de répondre aux demandes syndicales sur les deux grandes questions qui ont motivé une grève de sept semaines hebdomadairement reconduite avec des majorités de plus de 90 % : le dramatique déficit de postes évalué à 300 et le déficit salarial de 5 % par rapport à l’UQ et de 10 % par rapport à la moyenne des universités québécoises. Sur le plan des postes, non seulement le déficit de 300 n’est pas reconnu par l’administration de l’UQAM et le ministère, mais leur nombre ne sera augmenté au total que de 145… dans cinq ans ! Cela représente une augmentation annuelle moyenne de 2,7 % qui sera en partie compensée par la hausse des effectifs étudiants, de sorte que le rapport étudiants/ professeurs aura à peine diminué au terme de cette période. Quant aux salaires, selon les calculs effectués par le SPUQ, ils seront toujours inférieurs de 3 % à ceux de l’UQAC le 1er juin 2012. Avec l’entente qui vient d’être conclue, l’UQAM demeure l’université des chargés de cours et du cheap labour.

Les doyens cadres : une défaite majeure

La reconnaissance du statut de cadre des doyens et leur retrait de l’unité d’accréditation syndicale n’est pas un fait divers. Il faut être conscient de ce que cette modification tourne la page de quarante ans d’efforts pour garantir un fonctionnement démocratique et collégial par la désignation, à la direction de toutes les unités académiques, d’un membre de l’unité d’accréditation syndicale professorale et non d’un membre de la direction administrative. Ce qui, depuis le début, a distingué l’UQAM et les autres constituantes de l’UQ, est la structure de la prise des décisions, qui a procédé jusqu’ici de la base vers le sommet et non l’inverse. Les directeurs de département par exemple puisent leurs mandats de l’Assemblée départementale et agissent comme porte-parole de l’assemblée auprès de la direction de l’université. Ils ne sont pas des donneurs d’ordres relayant les directives venues d’en haut. Il en a été de même, dès l’origine, des directeurs de module (ou de programmes) et des vice-doyens des familles, inclus dans l’unité d’accréditation syndicale comme les directeurs de département.

Dès l’octroi, en 1970, de notre certificat d’accréditation ainsi défini, l’administration en avait appelé de cette décision, qui a été confirmée peu après par le tribunal du Travail. Continuellement par la suite, nous avons dû défendre ce précieux acquis contre les velléités administratives de le remettre en question. La plus récente de ces tentatives est la création des facultés sous le rectorat de Paule Leduc avec son projet de doyens cadres. À la suite d’un long débat dans nos rangs, nous avons dit non à ce projet et avons imposé en 1998 un statut de doyens membres de l’unité d’accréditation. Cette victoire ne signifiait évidemment pas que le problème était réglé pour toujours. Rien n’est jamais définitivement réglé, et l’administration a tenté de réaliser dans les faits ce qu’elle avait été forcée de concéder en droit. L’entente qui vient d’être conclue lui donne sa première victoire en quarante ans pour inverser la structure de la prise des décisions dans notre université.

Un recul de l’UQAM collégiale

Force est de constater que cela porte un coup sérieux à la conception de l’UQAM collégiale et démocratique que nous avons vécue jusqu’ici. L’entente ne verse qu’un baume illusoire sur la plaie en prévoyant la mise sur pied d’un comité de la quadrature du cercle, dont le mandat serait de définir des dispositions à inclure dans la convention collective, affirmant « le respect des principes de collégialité, de gestion participative et d’autonomie des unités académiques que regroupent les facultés », le tout sous la direction… d’un doyen cadre !

Ce renforcement de la place des cadres dans la vie quotidienne des instances académiques s’inscrit tout à fait dans la tendance promue par la ministre Courchesne et les spécialistes de la « gouvernance » universitaire, qui vise à mettre en échec la gestion collégiale en donnant un poids prépondérant aux représentants extérieurs, provenant le plus souvent du monde des affaires, aux instances supérieures de gestion des universités.

Triste conclusion d’une grève qui a été un modèle de mobilisation, d’engagement à défendre notre université et à réclamer ce qu’il lui faut pour réaliser sa mission. Une grève dont il faut se réjouir qu’elle nourrisse ainsi de réels espoirs de relève syndicale parmi les jeunes membres du corps professoral, ce que les anciens dont je suis n’ont cessé de souhaiter depuis des années.

Valait-il mieux accepter ce règlement que le voir imposé par une loi spéciale dont la menace planait ? À mon avis, lorsqu’on juge un règlement inacceptable, il faut refuser d’y souscrire. Mieux vaut qu’il soit imposé par décret que d’y apposer une signature. C’est le gouvernement seul qui en porte alors l’odieux et la bataille syndicale peut mieux se poursuivre qu’avec des mains liées par un règlement consenti.



Retour au texte de l'auteur: Louis Gill, économiste québécois, retraité de l'UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 17 janvier 2010 15:43
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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