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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L'économie capitaliste en crise. Quelques éléments d'explication (1980)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis Gill (1980), “ L’économie capitaliste en crise. Quelques éléments d’explication ”. Un article publié dans la revue Interventions critiques en économie politique, Montréal, no 5 (La crise), printemps-été 1980 (pp. 54 à 98). [Autorisation accordée le 10 janvier 2003 par Louis Gill].

Introduction

La version initiale du présent texte a été rédigée en janvier 75 à la demande du Secrétariat d'Action Politique de la CSN. Elle a été rédigée comme texte pédagogique pour fin d'utilisation dans le cadre des Colloques régionaux d'action politique organisés avec la participation de la CEQ au printemps 75. Un comité conjoint CSN-CEQ a adopté une version légèrement révisée de ce texte initial dont on prévoyait qu'il soit par la suite utilisé dans le cadre de programmes déformation de syndiqués au niveau de la CSN. Le secrétariat d'action politique de la CSN avait alors prévu à cet effet la production d'acétates permettant une distribution plus large et moins livresque de son contenu ; en cours de réalisation, ce projet a finalement été abandonné. Diverses tranches du contenu de cette version initiale mise à jour et améliorée ont été intégrées dans la deuxième partie de mon livre « L'économie capitaliste : une analyse marxiste », publiée en janvier 79 par les Presses Socialistes Internationales. La présente version reprend le schéma de la version initiale avec quelques modifications, ajouts et mises à jour en particulier des données statistiques qui n'allaient pas au delà de 19 74 dans la version initiale. Elle vise essentiellement à conserver la nature pédagogique de l'exposé dont le but est de mettre à la portée du plus grand nombre la compréhension du phénomène fort complexe de l'accumulation et des crises capitalistes.

De nombreuses questions y sont donc, par la force des choses, présentées sous une forme relativement sommaire. D'autres ont dû être laissées entièrement de côté. C'est le cas, par exemple, de l'analyse de diverses formes du crédit, des dépenses improductives de l'État et des coupures de budget imposées par les crises et enfin du rôle clef que jouent les dépenses militaires dans l'économie mondiale du 20e siècle. Ces questions sont l'objet d'un traitement plus élaboré dans l'ouvrage déjà cité et le lecteur intéressé est invité à s'y référer, en particulier le chapitre 1 « L'accumulation du capital », le chapitre 6 « La tendance à la baisse du taux de profit », le chapitre 7 « Les crises », et le chapitre 8 « Forces productives et déclin du capitalisme ».
* * *

Pourquoi passe-t-on de crise en crise ou de récession en récession ? Pourquoi notre pouvoir d'achat se détériore-t-il continuellement ? Comment se fait-il que l'inflation, phénomène désormais permanent, persiste à un taux de 10 % au Canada en 79 alors que le taux de chômage est près de 8 % au Canada et de 11 % au Québec ? Pourquoi des centaines de milliers de travailleurs à travers le monde sont-ils victimes de mises à pied ? Pourquoi l'État n'intervient-il pas en faveur des travailleurs pour empêcher qu'ils ne soient écartés de leur emploi comme on jetterait de vieux meubles ? La période actuelle est-elle différente des autres qui l'ont précédée? Pourquoi l'économie mondiale s'engage-t-elle en 1980 dans une nouvelle récession sans être jamais parvenue à sortir véritablement de la crise déclenchée en 74-75 ? Enfin, est-il concevable, en régime capitaliste, d'espérer connaître une croissance économique soutenue dont tous pourraient profiter ?

Voilà autant de questions que chacun se pose avec raison, et bien d'autres encore. Pourtant bien peu d'analyses et d'explications cohérentes de ces phénomènes complexes sont fournies aux travailleurs. Les politiciens capitalistes et leurs économistes, en tant que défenseurs du système, entretiennent la confusion et continuent à rendre encore plus difficile la compréhension de ces phénomènes en fournissant des explications ad hoc, le plus souvent de nature à justifier le système, et en proposant des soi-disant remèdes qui ne sont toujours que des mesures de mauvais rapiéçage.

Rares sont les analyses qui s'attaquent aux racines véritables du problème, qui vont chercher dans les principes mêmes du fonctionnement du capitalisme, les explications des problèmes auxquels il donne lieu et que nous vivons tous les jours. Il est normal d'ailleurs que les défenseurs du système se refusent à une telle démarche. Ce serait pour eux marcher au suicide. Leur intérêt est ailleurs. Mieux vaut pour eux d'expliquer que les graves problèmes de l'heure ne sont qu'un incident de parcours, de nature conjoncturelle, ou un phénomène international imposé de l'extérieur et sur lequel nous n'avons aucun contrôle. Il est ensuite facile d'en attribuer la responsabilité à un bouc émissaire comme « les arabes (Note 1) », qui auraient brisé les règles du jeu en augmentant le prix du pétrole, ou encore aux travailleurs qui revendiqueraient trop et dont les grèves nuiraient à l'économie. Mieux vaut pour eux également de proposer des mesures qui font immanquablement porter sur les travailleurs le fardeau de la reprise économique au nom de l'intérêt national, sous prétexte que tout le monde a sa part de responsabilité dans la situation actuelle et que tous, par conséquent, doivent se serrer la ceinture.

Pour comprendre les phénomènes, les manifestations du régime économique capitaliste (chômage, inflation, mises à pied, croissance, expansion, crises, dépressions, récessions), leur raison d'être, il faut aller au-delà de ces phénomènes de surface, au-delà de ce qu'on voit tous les jours et viser à comprendre les fondements du système capitaliste, ce qui lui est propre, ce qui le différencie des autres et ce qui détermine son fonctionnement. C'est seulement de cette manière que nous pourrons savoir s'il est vrai ou faux, par exemple, qu'on peut se débarrasser du chômage ou de l'inflation, des crises, ou de tous les maux qui nous accablent, en restant à l'intérieur du régime capitaliste. Si on arrive à la conclusion qu'on ne peut se débarrasser de ces fléaux, qu'ils sont une conséquence inévitable du système, alors nous saurons que ce que nous chantent les défenseurs du régime n'est que du mensonge ; nous saurons aussi qu'il nous est indispensable de nous organiser en vue de conquérir le pouvoir politique et de travailler à la construction d'une autre société correspondant mieux à nos aspirations.

Notes:
Note 1: Terme péjoratif caractérisant en fait tous les pays exportateurs de pétrole mais démontrant bien vers qui l'agressivité est dirigée afin de mieux conditionner les gens à une éventuelle intervention militaire au Moyen Orient.


Retour au texte de l'auteur: Louis Gill, économiste québécois, retraité de l'UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 20 octobre 2023 10:52
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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