RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Madeleine GAUTHIER, “Les jeunes sans-emploi sont-ils pauvres ?” In ouvrage sous la direction de Madeleine Gauthier, Les nouveaux visages de la pauvreté. Questions de culture, no 12, pp. 45-66. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1987, 260 pp.

[45]

Questions de culture, no 12
“Les nouveaux visages de la pauvreté.”
PREMIÈRE PARTIE
2

 “Les jeunes sans emploi
sont-ils pauvres ?


par
Madeleine GAUTHIER

Les statistiques du chômage chez les jeunes font désormais partie d'un rituel porteur de mauvais présages au début de chaque mois. Mars 1986 n'y échappe pas. Statistique Canada vient de transmettre l'oracle : le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans s'est accru de 0,5 pour atteindre 16,4. Les optimistes diront qu'on a vu pire en 1982 où le taux a grimpé jusqu'à 23,4 pour ce groupe d'âge. Un pourcentage élevé se maintient cependant, malgré l'espoir de jours meilleurs annoncés par certains économistes, dus, en particulier, aux changements démographiques et à d'autres facteurs qui contribuent à faire varier les taux de chômage [1].

Que les grands-prêtres de la statistique prévoient ou pas un avenir plus ensoleillé, un fait demeure : depuis le début des années 1970, un grand nombre de jeunes connaissent des périodes plus ou moins longues de chômage qui conduisent dans beaucoup de cas jusqu'à l'assistance sociale. Cette situation est-elle synonyme de pauvreté pour les jeunes sans emploi ? « Pauvreté », « jeunes » et « sans emploi » : voilà trois termes qui, à eux seuls, exigeraient toute une élaboration pour indiquer dans quel sens on les utilise.

De qui parle-t-on lorsqu'on emploie le mot jeune ? Pour Statistique Canada, il semble bien qu'il s'agisse des 15-24 ans. Pour le ministère québécois de la Main-d'œuvre et de la Sécurité du revenu qui distribue l'« aide sociale », la jeunesse s'étend jusqu'au chiffre magique de 29 ans. Les sociologues observent que [46] des transformations sont en cours en ce qui a trait aux âges de la vie dont les statuts ou les contours semblent de plus en plus incertains sous l'influence de l'allongement de la vie, de la diminution de la natalité, des recyclages professionnels et autres facteurs [2].

Les jeunes sans emploi sont-ils pauvres ? Qu'est-ce qu'être pauvre quand on est jeune et sans emploi ? Les définitions statistiques [3] de la pauvreté permettent de classer les jeunes qui ont quitté l'école et qui se retrouvent sans travail rémunéré parmi les plus pauvres de notre société. La première partie de cet article tentera justement de démontrer comment cette population, sous le regard du statisticien, fait partie des couches les plus pauvres.

L'exposé qui suivra nuancera cette approche à partir de la description que soixante-quinze jeunes sans emploi [4] nous ont faite de leur vie quotidienne au cours de rencontres individuelles. La diversité des situations que vivent ces jeunes, conduit à une typification du rapport chômage-pauvreté qui concentre l'attention vers certains groupes plus que d'autres.

À PREMIÈRE VUE, UNE POPULATION
FRAPPÉE PAR LA PAUVRETÉ


Des analyses produites par des organismes qui s'intéressent au problème du chômage contribuent à nous montrer les jeunes sans emploi comme une population fortement atteinte par les problèmes de pauvreté [5]. Le groupe d'âge des 15-24 ans et plus particulièrement celui des 15-19 ans présente les taux de chômage les plus élevés. Parmi eux, les jeunes qui ont quitté l'école très tôt chôment encore plus que les autres [6].

La durée du chômage est aussi fonction du niveau d'instruction et la tendance à abandonner la recherche d'emploi par désespoir d'en trouver ou pour retourner étudier s'accentue chez les moins scolarisés [7]. En même temps que le taux de chômage augmentait à la fin des années 1970, il devenait plus difficile d'être admissible une première fois à l'assurance-chômage ou d'y [47] revenir (modification au programme d'assurance-chômage en 1979).

De la situation de chômeur, il a donc fallu, dans un nombre toujours grandissant de cas, se retrouver à l'assistance sociale. L'âge moyen d'entrée est passé de 36 ans en 1975 à 28 ans en 1982 [8]. La durée de présence est aussi plus longue. En 1975, une personne de ce groupe d'âge quittait l'aide sociale avant d'avoir atteint six mois de présence. En 1983, seulement une personne sur quatre le fait.

Une étude statistique du ministère québécois de la Main-d'œuvre et de la Sécurité du revenu indique que la clientèle à l'aide sociale est passagère et que l'on ne s'y trouve qu'une fois dans 60% des cas chez les moins de 21 ans et dans 57% des cas chez les 21-24 ans. Chez les 25-29 ans, 56% vont à l'aide sociale pour la première fois. Ce sont les familles monoparentales avec deux enfants qui présentent la plus longue durée de présence à l'aide sociale chez ceux qui sont aptes au travail [9].

Avec la hausse du chômage et du recours à l'aide sociale et l'augmentation de la durée de présence dans l'un et l'autre cas, la situation économique des moins de 30 ans ne cesse de se détériorer. Faut-il rappeler que les personnes de ce groupe d'âge recevaient 146,00$ par mois de prestation d'aide sociale en 1983 et qu'elles n'en perçoivent toujours que 162,00$ en 1985 ? Qui plus est, à compter de mars 1986, l'aide sociale ne sera indexée qu'une seule fois l'an au lieu de l'être tous les trois mois.

Il faut ajouter à cela le fait que le marché du travail est devenu de plus en plus précaire. Le travail à temps partiel est le lot de 54,9% des jeunes de 15 à 19 ans et de 19,8% et 20,9% respectivement pour les 20-24 ans et les 25-29 ans [10]. Ces trois groupes d'âge sont particulièrement atteints par les diverses formes de restructuration du travail. Les derniers arrivés sur le marché du travail sont ou contractuels, ou temporaires, ou occasionnels, et sont bien souvent rémunérés sous forme d'honoraires. Ils sont les premiers touchés par les changements technologiques et [48] les coupures budgétaires. Ce type de travail comporte de plus, l'absence d'avantages sociaux : congés de maladie, assurances collectives, régime de pension, et le reste. Les jeunes subissent encore plus que les autres les effets des réglementations de toutes sortes et les acquis des syndicats comme la sécurité d'emploi liée à l'ancienneté [11].

Les jeunes chômeurs et assistés sociaux sont-ils tous pauvres ? Le profil de pauvreté est particulièrement accentué dans trois situations selon Statistique Canada et divers groupes qui s'intéressent au problème de la pauvreté : lorsque le chef de famille a moins de 25 ans (des familles monoparentales dans la moitié des cas), chez les personnes de moins de 25 ans qui vivent seules et lorsque la famille d'origine est elle-même pauvre. Si les jeunes vivent chez leurs parents, la situation de dépendance économique a tendance à se prolonger [12].

Par ailleurs, le marché du travail chez les jeunes dans les sociétés occidentales présente depuis longtemps des caractéristiques particulières. Beaucoup de jeunes commençaient leur vie de travail dans des emplois marginaux et moins bien rémunérés qui les satisfaisaient momentanément. Ils passaient ensuite à des emplois plus stables. Le problème, dans le contexte actuel, c'est que l'obtention de ce dernier type d'emploi tend à s'éloigner de plus en plus dans le temps et que les intervalles entre les périodes d'activité ont tendance à s'allonger pour certains groupes de jeunes en particulier [13].

Des statistiques et des faits qui précèdent, un pas est facile à faire qui conduirait à la déduction que nous sommes en présence d'un groupe social fortement frappé par la pauvreté. Plusieurs questions demeurent cependant. Les seuls revenus monétaires suffisent-ils à catégoriser les individus en pauvres et en non-pauvres ou riches, à localiser la barrière qui sépare les uns des autres ? Dans le cas des jeunes, en particulier, la pauvreté, si pauvreté il y a, a-t-elle un caractère irréversible ? A-t-elle des conséquences sur l'avenir ? Une définition de la pauvreté qui partirait de l'expérience des individus concernés répondrait-elle mieux à [49] ces questions que les définitions officielles établies à partir de moyennes statistiques ?

DIVERSITÉ DES RAPPORTS
À LA PAUVRETÉ


Les soixante-quinze jeunes sans emploi que nous avons rencontrés parlent rarement de la pauvreté, ne se décrivent pas comme pauvres et ne semblent pas se percevoir comme tels, bien que leur niveau de revenu justifierait un certain nombre de le faire. Avant d'affirmer que l'absence d'utilisation du mot « pauvre » vient ici confirmer certaines théories sur la « culture du pauvre », une lecture de la façon dont les jeunes sans emploi se perçoivent eux-mêmes s'impose. À noter qu'à l'exception de quelques-uns, les plus « riches » parmi nos interviewés recevaient des prestations d'aide sociale dans le cadre des programmes gouvernementaux du type « Opération Déclic », soit 343$ ou 443$ par mois, ce qui les situe pratiquement tous en deçà des seuils de pauvreté.

Il est arrivé dans quelques cas que certains définissent eux-mêmes leur état selon leur conception de la pauvreté. Ce sont ceux-là qui vont se « placer » en meilleure position que d'autres dans la hiérarchie des défavorisés, « les pauvres gens qui sont bien mal pris dans des situations comme ça ». Une décrocheuse de 21 ans fait exception en disant qu'elle se perçoit comme pauvre « matériellement ». Mais elle s'empresse d'ajouter que ce sont surtout les autres qui la voient ainsi. La pauvreté pour elle, ce n'est pas seulement matériel. L'absence de relations sociales, l'isolement, le fait de ne pas savoir lire, de n'être pas organisée, c'est bien pire.

D'autres diront qu'ils ne sont pas exigeants, même s'ils sont conscients de vivre en deçà du seuil de pauvreté : « Je ne me sens pas pauvre, je veux dire. Je ne le suis pas non plus. » C'est comme si un phénomène d'adaptation les conduisait à ramener leurs rêves à la mesure de la réalité. Un jeune homme de 25 ans avoue qu'il a appris à attendre avant de s'acheter quoi que ce soit. « Quand j'étais plus jeune, j'achetais tout de suite », précise-t-il.

[50]

Les bonnes relations avec l'entourage vont parfois compenser pour le peu de ressources matérielles. Ainsi, ce jeune couple qui a reçu des meubles et des vêtements du voisinage. Le bébé qui n'est pas né « est déjà habillé jusqu'à l'âge de trois ou quatre ans », selon les dires de la mère. Un certain type de solidarité s'établit entre le jeune et son milieu immédiat. Mais il y a parfois une contrepartie. Un jeune homme qui avait eu, il y a quelques années, l'aide de quelqu'un qui lui prêtait de l'argent, se trouve plus démuni que jamais sans ce contact. Non seulement lui doit-il une forte somme, mais il a développé une certaine dépendance vis-à-vis lui.

Un autre jeune homme — et il n'est pas le seul — se considère comme privilégié d'être assisté social au Québec. Il comptabilise les bénéfices marginaux accolés à son statut comme les soins dentaires, les lunettes, et il est persuadé qu'il n'en aurait pas autant s'il vivait ailleurs, en particulier aux États-Unis.

Quelques jeunes parmi ceux que nous avons interviewés vont même jusqu'à se réjouir d'une situation où on est bien logé, bien nourri. Le 162,00$ par mois d'aide sociale constitue l'argent de poche pour les sorties et les petites dépenses. Une jeune fille vivant seule avec sa mère veuve qui a un bon emploi à l'extérieur du foyer nous confiait :

Je suis bien, moi, à la maison. Je fais ce que j'ai envie de faire. Puis, j'aime ça être toute seule. C'est pour ça que je ne m'ennuie pas. (21 ans)

D'autres vont identifier certains métiers à la pauvreté. Ainsi en est-il de l'artiste tant qu'il n'est pas parvenu au faîte de la reconnaissance :

Je sais que moi, je suis en bas de l'échelle présentement. C'est pas que je veux y rester, mais c'est à cause que c'est difficile de réussir en artiste, en art visuel, parce que c'est un luxe de riche. [...] C'est à cause qu'il y a deux sortes d'artistes. Il y a l'artiste qui, supposons, est en haut de l'échelle, puis, celui qui est en bas. Celui qui est en bas de l'échelle, il connaît son art puis son B.S. [bien-être social]. Puis, il le connaît longtemps son B.S.

[51]

Les jeunes qui se coiffent du statut d'artiste (l'avenir dira s'il s'agit d'un statut de substitution ou pas) tiennent en général un discours comme celui-là. Ils sont conscients d'avoir à se tailler une place sur le marché, mais il faudra auparavant manger bien des croûtes. Ainsi, ce jeune du milieu rural qui rêve de jouer du « drum » dans un orchestre à New York. Un groupe (une dizaine) du centre-ville de Québec, a constitué un atelier d'arts visuels et a ouvert une galerie pendant un certain temps. Dans ces cas, la pauvreté fait partie d'un cheminement normal et se trouve même intégrée à l'identité du jeune artiste.

Combien de jeunes aspirent à la vie d'artiste ? Nous en avons rencontrés un certain nombre au cours de nos entrevues et nous ne pensons pas que leur situation soit marginale, bien qu'il n'existe pas de statistiques pour le confirmer. Des études à caractère économique montrent cependant que l'économie duale que l'on appréhendait il y a quelques années, — d'aucuns parlent d'économie plurale [14] —, tend à devenir réalité. Travail au noir, travaux d'appoint, artisanat deviennent le gagne-pain d'un nombre grandissant d'individus bien qu'ils ne soient pas l'apanage exclusif des sans-emploi.

Un certain nombre préfère les difficultés liées au statut de chômeur ou d'assisté social plutôt que de faire n'importe quoi. Si on a choisi d'être mécanicien à l'école secondaire, c'est qu'on rêvait de faire de la mécanique un jour ! Ceux qui ont connu l'expérience de plusieurs « jobines » successives ou qui ont fait des études plutôt longues, ont tendance à être plus sélectifs face à l'emploi même si, dans le dernier cas, ils sont aussi davantage ouverts à la possibilité de migrer. Certains en ont assez de « torcher » les autres, de faire des tâches dévalorisantes ou encore d'occuper des petits emplois « en attendant ». Le prochain emploi, il faudra que ce soit le vrai. Et, ils sont prêts à l'attendre même si le statut d'assisté social (le lot de plus de la moitié de nos interviewés) semble toujours comporter des inconvénients pour l'amour-propre.

La raison pour laquelle plusieurs jeunes sans emploi ne se décrivent pas comme pauvres, c'est sans doute qu'ils sont tournés vers l'avenir.

[52]

J'ai confiance que ça va revenir pis que bon... on va avoir un ciel bleu au-dessus de la tête, là. Ça, j'y crois, oui [...] Je suis confiant dans les personnes. Je ne suis pas confiant dans les partis politiques, puis dans les organismes gouvernementaux. [...] Je suis confiant dans l'individu.

Cet avenir, ils vont le construire eux-mêmes. Un bon nombre d'interviewés, à notre étonnement, nous ont vanté les mérites de l'initiative personnelle dans la recherche et la création d'emploi. C'est comme si l'idéologie de l'« entreprenariat » [15] avait fait son cheminement jusque chez ceux qui ont un faible degré de scolarité. Sylvie, 24 ans, secondaire V, commis de bureau, nous communique son rêve : « Avoir mon commerce dans la comptabilité, un petit bureau là, moi-même, toute seule... Je suis patron et employé en même temps. Ça, j'aimerais ça. »

Des jeunes en viennent eux-mêmes à se « sentir » partie prenante des ensembles statistiques :

J'ai rien qu'à penser deux secondes aux statistiques, puis là, je me dis : « O.K. » C'est pas plus compliqué que ça, tu sais. Je ne peux pas me sentir tout seul dans cette situation-là. Ah ! non ! C'est impossible !

Trouvent-ils là une sécurité se disant que le problème est si criant qu'on finira bien par lui chercher une solution ? Ou bien s'agit-il d'une façon d'éviter le stigmate de la pauvreté ?

D'autres justifieront leur présence à l'assistance sociale en disant que « Tous les jeunes de ... sont sur le B.S. » Si cette « conscience sociale » donne l'impression d'une certaine solidarité dans le désarroi, elle peut aussi avoir comme fonction de banaliser une situation qui pourrait être autrement explosive. Ce qui pourrait donner lieu à la révolte devient affirmation d'identité et inclusion dans un groupe social qui, par l'importance qu'il prend, perd son caractère de marginalité [16]. À moins que l'aide sociale n'apparaisse comme une solution palliative pour un certain nombre qui, dans un passé récent, auraient vécu la période d'attente « au crochet » de leurs parents en se contentant des revenus de leurs « jobines » payées « sous la table ». [17]

[53]

Pour ces jeunes, être pauvre, ce n'est pas toujours matériel. C'est beaucoup plus de manqué de relations avec les autres. Traditionnellement, le travail a constitué un champ privilégié de contacts avec l'environnement, en particulier dans les agglomérations urbaines. Plusieurs jeunes soulignent l'importance de travailler pour « rencontrer du monde ». Les statistiques qui fondent les cris d'alarme de l'opinion publique ne font pas ressortir cette dimension de la pauvreté difficilement comptabilisable. La diversité et la gradation des rapports réels ou perçus comme tels à la pauvreté laissent pourtant deviner l'existence de facteurs qui font qu'à un même niveau de revenu, ou en l'absence de revenu, on est plus ou moins mal pris.

Les propos des jeunes sur leur propre situation sont passablement différents de ceux des groupes de pression [18] qui tiennent, pour des raisons évidentes, à confondre l'ensemble des catégories derrière leurs revendications sans tenir compte des différences et de la diversité des situations. Les médias d'information ont tendance à reproduire ce discours et les statistiques qui le sous-tendent [19]. Des journalistes sont allés, dans certains cas, jusqu'à condamner cette « génération perdue [20] » à la pauvreté à perpétuité [21].

La plupart des jeunes que nous avons interviewés ne se définissent pas comme pauvres parce qu'ils perçoivent leur situation comme temporaire, comme un pis-aller dans l'attente de jours meilleurs. S'il est un mot qui les caractérise bien, c'est celui-là. Ils attendent le « coup de fil »... Ils attendent le courrier... Ils attendent l'emploi rêvé... Ont-ils raison ? Les statistiques de l'aide sociale montrent que dans la période actuelle, l'attente risque d'être plus longue. Le temps d'ajuster ses rêves à la réalité du marché du travail ?

Il y a aussi ceux qui n'attendent plus parce qu'ils n'ont plus rien à attendre, ces plus « mal pris » dont il faut maintenant parler.

[54]

DES SITUATIONS D'EXTRÊME PAUVRETÉ

Tous ceux qui ont « la chance » ou la possibilité de vivre dans leur famille d'origine connaissent le même niveau de vie que celle-ci. Il arrive que peu parmi ceux que nous avons rencontrés et qui résidaient chez leurs parents, devaient affronter de véritables problèmes de pauvreté. Tous mangeaient bien, avaient un toit bien chauffé et même se disaient supportés, encouragés par leur famille dans bon nombre de cas.

Ça leur fait de quoi, mais ils sont là pour m'encourager. Ils essaient de m'encourager autant que possible parce que là, à un moment donné, je viens que j'ai des petites crises...
(Jeune homme, 20 ans, secondaire V, milieu rural)

Si l'on s'en tient à une définition matérielle de la pauvreté, ces jeunes-là qui vivent avec leurs parents semblent davantage à l'abri de la misère.

Tel n'est pas le lot de tous cependant. Si certains ont quitté la maison en bas âge, c'est qu'ils avaient des raisons de le faire, soit des conflits avec leurs parents, la dislocation de la famille, des études à poursuivre, le besoin d'autonomie [22] ou tout simplement parce que la famille ne pouvait plus satisfaire à leurs besoins. Ainsi, le cas de ce jeune homme dont les parents sont divorcés. Il dit à propos de sa mère qu'il ne lui reste plus rien quand elle a payé son appartement, sa voiture, sa nourriture. On apprend dans la suite de l'entrevue que « le travail » de sa mère consiste à garder des enfants pour arrondir le chèque d'assistance sociale ! Quant à son père, c'est un homme déchu qui ne bénéficie d'aucune marge de manœuvre pour pouvoir aider son fils à sortir de l'embarras.

L'éloignement de la famille peut trouver aussi sa source dans l'exil volontaire en vue de la recherche d'emploi. Les soldes migratoires des régions autres que celles de la périphérie de Montréal, de Québec et de l'Outaouais sont de plus en plus négatifs d'une année à l'autre [23].

[55]

Parmi ceux-là, on rencontre des situations extrêmes de pauvreté dont les principales caractéristiques sont la prestation d'aide sociale minimale, l'endettement, la détérioration physique, l'absence de moyens de s'en sortir. Certains se privent de nourriture, d'autres n'ont d'autre choix que de tromper la faim pour arriver à conserver leur logement. Un nombre toujours croissant de jeunes dans cette situation se retrouvent dans des maisons qui accueillent gratuitement ou pour des sommes minimes les personnes qui vont y prendre au moins un repas substantiel par jour et qui ont d'abord été créées pour les marginaux des centre-villes : clochards, alcooliques, chambreurs, vieillards abandonnés. Par exemple, Lauberivière à Québec a compté 40% de jeunes de moins de 30 ans parmi sa clientèle en 1984. Cette maison héberge chaque jour entre 40 et 50 personnes pour le coucher et sert entre 180 et 200 soupers, 300 en fin de semaine. Et le nombre de jeunes a plutôt tendance à augmenter. Comment en vient-on là ?

Il y aurait tout un chapitre à écrire sur les divers itinéraires qui conduisent à la limite extrême du vagabondage. On commence souvent par avoir faim. Les tentatives antérieures pour trouver les moyens de se procurer de la nourriture ont toutes échoué : une fois le logement payé, il ne reste pratiquement plus rien du chèque de bien-être. Le support social est inexistant : ou la famille ne peut apporter sa contribution, ou il y a rupture avec celle-ci. Tous les moyens pour combler la faim peuvent devenir acceptables. Certains entrent alors dans le circuit des activités illicites. Des jeunes nous ont raconté comment des filles en viennent à la prostitution. Un certain nombre d'autres se détérioreront peu à peu physiquement. Dans tous ces cas, la motivation et l'énergie pour poursuivre la quête d'un emploi n'y sont plus.

Laissons à un interviewé de 22 ans du centre-ville de Québec, le soin de décrire les tours de passe-passe qu'il doit effectuer pour arriver à survivre :

Supposons que deux jours, je dépense... quatre piastres en deux jours. Ben là, je suis en dessous de trois piastres et demie. Là, il [56] faut que je fasse trois piastres et demie. Peu importe comment. Il faut que je fasse trois piastres et demie...

En réponse à un interviewer qui lui demandait s'il lui arrivait d'être obligé d'emprunter de l'argent, un jeune homme de 21 ans répond d'un ton déconcerté :

... Je, gagne même pas par mois le prix de mon loyer. [...] J'ai besoin de manger, puis j'ai besoin d'argent tout le temps dans mes poches.

Et encore peut-il se compter chanceux de pouvoir effectuer des emprunts ! Certains interviewés ont même raconté s'être vu refuser la location d'un logement parce qu'ils étaient assistés sociaux.

Si les comptoirs de vêtements usagés et les cordonneries se multiplient, ce n'est pas uniquement pour répondre à la demande des jeunes de milieux bourgeois à la recherche d'un style... D'autres y vont par nécessité. Un jociste, à la rencontre-jeunesse de la Fédération des travailleurs du Québec les 25 et 26 janvier 1985, a répondu à Louis Laberge qui invitait les jeunes au nationalisme économique dans l'achat de leurs vêtements : « Je m'habille dans les sous-sols d'églises et les étiquettes sont effacées ! »

Les jeunes qui souffrent de la situation ne sont pas tous aussi loquaces et incisifs. Nous nous sommes rendu compte en constituant notre échantillon que nous avions beaucoup de peine à rejoindre ceux qui cumulent les handicaps : faible niveau de scolarité, problèmes familiaux, isolement, troubles psychologiques. Ils se récusent. Ils ont peur de l'entrevue. Ils ont tendance à se culpabiliser de la situation qu'ils vivent. Ils sont pourtant les plus vulnérables, les premiers atteints par la pénurie d'emplois. C'est aussi ceux qu'on a tendance à oublier parce que leur principal handicap, c'est souvent de ne pas être capables de parler.

Ces jeunes sont-ils pauvres parce qu'ils sont sans emploi ? Même en situation de plein emploi, ne constitueraient-ils pas la couche de la population plus vulnérable parce que moins bien équipée pour faire face à la concurrence et aux exigences de qualification [57] des champs de l'emploi encore ouverts à une main- d'œuvre jeune ? La difficulté, c'est que le nombre de ceux qui se retrouvent sans support familial, qui abandonnent l'école à un âge relativement jeune, qui ont des problèmes de toutes sortes n'a pas tendance à diminuer. Cet état de fait ne tient pas uniquement à la situation de l'emploi, mais dépend aussi d'un changement dans les valeurs, dans les modes de vie, dans l'organisation du travail. On retrouve les victimes de tels changements en plus grand nombre dans les centre-ville où ils viennent grossir les rangs des marginaux [24].

Une analyse de la pauvreté qui ne tiendrait pas compte de l'environnement du jeune risquerait de fausser les données et de considérer comme pauvre un jeune qui s'accommode sans trop de mal de sa situation d'attente de l'emploi rêvé au même titre que celui qui n'a même plus de voix pour se faire entendre.

D'AUTRES FACETTES DE LA PAUVRETÉ
QUAND ON EST JEUNE ET SANS EMPLOI


Le fait de recevoir une prestation en deçà du seuil de pauvreté, de vivre d'aide sociale ou d'assurance-chômage n'est pas automatiquement signe de misère. Certains « bricolent » leur situation : vie en groupe, travail au noir, calculs astucieux [25]. Le Bureau de la statistique du Québec vient confirmer le fait qu'ici comme ailleurs un phénomène de « repli sur la famille » se produit lorsque les jeunes font face à une baisse de revenu [26], ce qui devient une autre mesure d'adaptation à la situation. C'est même parfois la famille qui les retient. Telle cette mère de six enfants d'un quartier pauvre qui garde à la maison quatre de ses grands aux environs de la vingtaine et ne retient que vingt-cinq dollars de leur chèque de bien-être :

Pour vingt-cinq dollars par mois, ils sont logés, nourris. Ils mangent tant qu'ils veulent. Ils mangent quand ils veulent. Mais, c'est pas encore pour eux-autres, comme avoir un petit logement, puis indépendants de leurs parents. C'est ça qui leur met le moral à terre.

[58]

Cette mère souhaiterait bien que ses enfants puissent voler de leurs propres ailes, mais elle ne veut pas les voir s'en aller dans la misère.

C'est peut-être là un nouveau visage de la pauvreté, que cette prolongation de la dépendance jusque tard dans la jeunesse.

T'es là, puis t'attends... T'attends... Je ne me vois pas toute ma vie à attendre, puis dépendre des autres. Non. Déjà là, je suis écœuré, vraiment écœuré de dépendre de mon père. Je ne lui ai pas dit encore, mais je suis vraiment écœuré. J'ai hâte d'avoir mon chez-nous. J'ai des plans avec ma fille...

À cette dépendance matérielle de la famille se greffe l'insécurité face à l'avenir. Les jeunes chômeurs et assistés sociaux interviewés, même ceux qui sont dans la vingtaine, n'envisagent pas pour bientôt de se marier et de fonder une famille. Jacinthe, 24 ans, baccalauréat universitaire, a l'impression de régresser depuis qu'elle est revenue à la maison après avoir quitté l'université.

Je veux être avec moi-même avant d'être avec d'autres. Parce que, ici, je suis encore la petite fille, vois-tu.

Ou ce jeune rural de 20 ans qui « planifie » ses amours :

Elle a juste 15 ans. Il faut que tu les choisisses jeunes aujourd'hui. Quant tu les choisis trop vieilles, elles ont tout de suite l'idée de se marier... Ça fait peur un peu. Moi, pas de job, pas de mariage.

L'insécurité n'est pas liée seulement à l'absence d'emploi, mais aussi à sa précarité. Nous avons analysé le profil de quarante-cinq candidats à un poste d'animateur à temps partiel (fin de semaine) au salaire presque minimum. Ces candidats, qui avaient en majorité moins de 30 ans (38 sur 45), ont connu en moyenne 3,7 expériences de travail en relation avec leur diplôme et 2,5 expériences qui n'ont pas de rapport avec les études qu'ils ont faites. Ces personnes, avaient vécu entre une et dix expériences de travail après avoir terminé un Cégep professionnel ou un baccalauréat universitaire. Elles étaient prêtes à tout pour obtenir un emploi qui avait quelque lien avec leur formation.

[59]

Et nous n'avons pas touché ici aux conséquences sur le plan individuel de la déqualification et de la dévalorisation. Une jeune femme qui détient un baccalauréat universitaire, déclare :

Je suis rendue à me demander si c'est moi qui ai de quoi de pas correct. [...] Tu dis : « Écoute donc ! je ne suis même plus assez bonne pour obtenir un emploi comme ça. » Ça vient que ça démoralise. Tu t'en viens à douter de toi puis à dire : « Écoute donc ! j'étais assez bonne ! » Pourtant, comme je me dis, je ne l'ai pas eu dans une boîte de Corn Flakes ce diplôme-là. J'ai travaillé pour ça. Puis, ça n'a pas l'air de donner grand résultat.

À force d'usure, certains finissent par accepter du travail qui n'a rien à voir avec leur formation. Il arrive même que quelques-uns cachent leurs diplômes [27].

Les jeunes assistés que nous avons rencontrés ont mis le doigt sur une multitude de petits problèmes liés au manque de revenu. On oublie vite, par exemple, quand on détient un bon emploi, ce qu'il peut en coûter pour se déplacer (transport en commun), pour photocopier son curriculum vitæ, pour l'expédier par la poste et surtout la proportion des ressources financières disponibles que cela représente lorsqu'on est assisté social ou en recherche d'un premier emploi.

Plusieurs ont souligné le fait qu'ils n'avaient plus les moyens de faire du sport :

Dans le temps que j'allais à l'école, je jouais au hockey. Là, je n'ai plus les moyens de payer l'inscription. Ça fait que je ne joue plus.

L'oisiveté, l'isolement découlent dans bien des cas du manque d'argent pour participer à des loisirs collectifs ou simplement pour se déplacer à la recherche d'un emploi. Il faut ajouter à cela les dettes d'études que certains remboursent à même leurs prestations d'aide sociale. Ces dettes sont, pour quelques-uns, un obstacle au retour aux études.

Ces conséquences du chômage entraînent-elles inévitablement sur la voie de la pauvreté ou ne sont-elles le fait que d'une [60] pauvreté temporaire ? Les études manquent pour le dire. Un chercheur américain formule l'hypothèse, cependant, qu'il y aura mobilité descendante chez les jeunes travailleurs actuels par rapport à la génération précédente à cause d'effets démographiques liés aux changements du marché du travail, en particulier à la précarité de l'emploi qui a tendance à se prolonger [28].

*
*      *

Si un nombre effarant de jeunes se trouvent statistiquement sous le seuil de la pauvreté et que ce nombre comprend une bonne partie des sans emploi, ce qui ressort de notre enquête, c'est que tous ne vivent pas cette situation avec le même degré d'intensité. Si les statistiques ont tendance à niveler les différences, la lecture que les jeunes eux-mêmes font de leur situation ou celle qu'une observation attentive livre respectent davantage la diversité du réel.

La prolongation de l'attente, la précarité de l'emploi sont peut-être davantage des indicateurs d'appauvrissement que de pauvreté matérielle comme telle. La génération, ou plutôt la portion de la génération qui les connaît risque de subir une mobilité descendante par rapport à celle qui la précède. Sera-t-elle pauvre pour autant ?

Les jeunes sans emploi ne sont pas forcément pauvres. Ils le sont si d'autres conditions s'additionnent liées à l'origine socioéconomique et au fait de se retrouver en milieu défavorisé à cause du chômage.

Loin de vouloir, par cette constatation, minimiser les conséquences que le chômage peut avoir sur les jeunes, nous voulons seulement attirer l'attention sur le fait que le chômage n'est pas le seul facteur de « clochardisation » d'une partie grandissante de la jeunesse. Ce que les statistiques sur la pauvreté ne disent pas, par exemple, c'est que dans les périodes d'attente, la rupture des liens familiaux liée à celle des liens sociaux due à l'inactivité ou à l'éloignement décuplent les risques de misère.

[61]

Il n'y a plus, pour un nombre croissant de jeunes, ce lieu de transition qui permet d'accéder au moindre coût à l'autonomie de la vie adulte, autonomie que les jeunes continuent de rechercher tout autant qu'avant et même davantage étant donné le contexte familial que plusieurs ont connu. L'assistance sociale pourrait adoucir ce passage dans un certain nombre de cas. C'est ce qui se produit pour plusieurs qui peuvent bénéficier de programmes du type des « Stages en milieu de travail ». Dans les circonstances actuelles, cette assistance paraît si menaçante pour les moins de 30 ans aptes au travail (malgré le nombre de ceux qui en bénéficient), qu'elle ne peut procurer, comme il serait souhaitable qu'elle le fasse, la sécurité nécessaire à l'apprentissage de l'autonomie ou à l'élaboration d'un projet de vie.

Par ailleurs, le monde du travail n'a plus à offrir que la perspective du « do it yourself », les restes des champs massivement occupés par les générations précédentes, des exigences discriminatoires d'expérience de travail, ou encore, une période d'apprentissage telle que les projets à plus ou moins long terme s'en trouvent compromis.

Nous avons tendance à croire que le chômage, dans plusieurs cas, ne constitue que le déclencheur d'une situation latente de pauvreté où plusieurs facteurs se conjuguent. On retrouve davantage ce visage de la pauvreté chez les jeunes qui vivent seuls, sans liens familiaux ou autres et qui sont moins scolarisés. Parce qu'ils sont moins bien armés pour faire face à des exigences accrues du marché du travail et à une certaine rareté, et privés du soutien nécessaire pour supporter les périodes d'attente, ils sont plus susceptibles que d'autres de connaître, au moins temporairement, les conséquences de la pauvreté.

Les problèmes tiendraient alors tout autant aux transformations des genres de vie et de l'organisation du travail qu'à la pénurie d'emplois elle-même. C'est la combinaison de ces facteurs dans le temps qui vient accentuer le problème de l'emploi chez les jeunes. Vient à l'appui de cette affirmation la constatation que l'une des jeunesses les plus révoltées du monde occidental se [62] trouve dans un pays où le chômage des jeunes est très bas : la Suisse [29].

Des différences observées dans la façon de vivre le chômage chez les jeunes, expliquent peut-être pourquoi un groupe statistiquement aussi fort n'a pas conduit notre société, comme tous les pays d'Occident touchés par le chômage, à l'explosion sociale ou à la catastrophe que certains leaders pouvaient appréhender.

Il faut mettre en relation l'esprit supposément peu revendicateur des jeunes sans emploi avec le fait qu'ils vivent une situation qu'ils considèrent comme temporaire. Il y a ceux qui espèrent et qui ont des raisons d'espérer. Il y a ceux qui ont perdu espoir parce qu'ils n'ont pas les moyens d'espérer : bagage scolaire, capacité d'initiative, soutien familial, etc. Devant ce fait, il n'y a pas de quoi se tranquilliser. Il faut, cependant, demeurer suffisamment serein pour bien observer les cas, apporter des solutions qui correspondent à la transformation des genres de vie et de l'univers du travail, en particulier assurer une transition plus harmonieuse à la vie adulte, et avoir assez de flair pour capter les messages de ceux qui n'ont pas de voix pour se faire entendre.

[63]

NOTES

Les notes en fin de texte ont toutes été converties en notes de bas de page dans cette édition numérique des Classiques des sciences sociales afin d’en faciliter la lecture. JMT.

[64]

[65]

[66]



[1] Sur l'étude des facteurs qui peuvent soit faire varier les taux de chômage, soit les diminuer, voir : Clément Lemelin, « Les jeunes et le marché du travail », Une société des jeunes ?, Québec, IQRC, 1986, p. 237 à 256 et Pierre Fortin, « Conjoncture, démographie et politiques : où va le chômage des jeunes au Québec », id., p. 111- 207.

[2] Denise Lemieux, « Vision des jeunes, miroir des adultes. Quelques points de vue des adultes sur la jeunesse », Une société des jeunes ?, Québec, IQRC, 1986, p. 61-76.

[3] Notons seulement que les catégories statistiques sont établies à partir de seuils considérés comme minimaux pour répondre aux besoins essentiels dans une société donnée. Voir l'article de Simon Langlois pour la définition et l'établissement des seuils de pauvreté.

[4] Cette recherche est subventionnée par le Conseil québécois de la recherche sociale. Y ont collaboré à titre d'assistants : Édouard Berryman, Danie Desrosiers, Louise Brunet et Pierre Hamelin, et à titre de conseillers : Fernand Harvey et Marc-André Lessard. Des entrevues ont été effectuées auprès de jeunes sans emploi de Sainte-Foy, de la Basse-Ville de Québec, de Thetford, de Montmagny et de diverses localités du comté de Bellechasse.

[5] Conseil national du bien-être social. Profil de la pauvreté, Ottawa, 1985, 76 p.

Rapport du Comité sénatorial spécial sur la jeunesse, jeunesse : un plan d'action, Canada, 1986, 145 p. + 139.

Russel Wilkins, Données sur la pauvreté dans la région métropolitaine de Montréal, Montréal, Comité conjoint du groupe de recherche « Surfacing the Poor » et du Département de santé communautaire de l'Hôpital général de Montréal, 1985, 109 p. + 4 annexes.

[6] Bureau de la statistique du Québec, Les 15-29, Portrait statistique des jeunes par région, Québec, 1985, 102 p.

Ministère de la Main-d'œuvre et de la Sécurité du revenu, La situation des jeunes à l'aide sociale, Québec, Gouvernement du Québec, 1984, 212 p.

Statistique Canada, Moyennes annuelles de l'Enquête sur la population active.

[7] Linda Demers, Aperçu statistique sur les jeunes, Ottawa, Statistique Canada, 1982, p. 30-33.

[8] Ministère de la Main-d'œuvre et de la Sécurité du revenu, Les mouvements de clientèle à l'aide sociale, Québec, 1984, 177 p.

[9] Idem.

[10] BSQ, op. cit., p. 41

[11] Simon Langlois, « Les rigidités sociales et l'insertion des jeunes dans la société québécoise », Une société des jeunes ?, Québec, IQRC, 1986, p. 301-323.

[12] Christiane Collange, Moi, ta mère, Paris Fayard, 1985, 223 p.

Paul C. Click et Sung-Ling Lin, « More Young Adults Living with Their Parents : Who Are They ? » Journal of Marriage and the Family, vol. 48, n° 1, février 1986, p. 107-112.

[13] Paul Osterman, Cetting Started, The Youth Labor Market, Cambridge and London, The MIT Press, 1980, 197 p.

[14] Michel Godet, « À la recherche des emplois de demain », Économie et humanisme, 254, juill.-août, 1980, p. 55-68.

[15] Des groupes de soutien ont même été mis sur pied pour aider les jeunes à se lancer en entreprise.

[16] François Benoît et Philippe Chauveau, Acceptation globale, Montréal, Boréal, 1986, 122 p.

[17] Il n'est pas possible de décrire ici toutes les raisons que les jeunes invoquent pour demander l'aide sociale. À noter que pour quelques-uns au moins parmi ceux que nous avons rencontrés, la suggestion leur venait de la famille : « Tu n'es pas pire que les autres. » Pour l'énoncé de certaines raisons, voir : ministère de la Main- d'œuvre et de la Sécurité du revenu, La situation des jeunes à l'aide sociale, Québec, Gouvernement du Québec, 1984, p. 76.

[18] Pour une analyse plus détaillée des mouvements de jeunes, voir Madeleine Gauthier, « Les associations de jeunes ». Une société des jeunes ?, Québec, IQRC, 1986, p. 337-369.

[19] Pierre Hamelin a produit un rapport de recherche sur les journaux et le chômage en 1984 à l'Institut québécois de recherche sur la culture. Des éléments de ce rapport seront éventuellement intégrés à un document d'ensemble sur le chômage et la culture.

[20] Le Soleil, 4 juillet 1984.

[21] Le Devoir, 18 octobre 1984.

[22] Une étude du MMSR souligne l'importance accordée à cette raison dans la demande d'aide sociale. Et cela vaut autant pour la situation de la famille d'origine que du conjoint, La situation..., p. 19-21 et 83.

[23] Gouvernement du Québec, Le Québec statistique, édition 1985-1986, p. 313.

[24] Justo Michelena, Des jeunes sans avenir : propos et confidences, Centre des services sociaux du Montréal métropolitain, 1983, 101 p. (miméo).

Terry Williams et William Kornblum, Crowing up poor, Lexington, Massachusetts et Toronto, Lexington Books, 1985, 137 p.

[25] Paul Grell et collaborateurs, Étude du chômage et de ses conséquences : les catégories sociales touchées par le non-travail. Histoires de vie et modes de débrouillardises, Université de Montréal, Croupe d'analyse des politiques sociales, 1985, 440 p. (miméo).

[26] Bureau de la statistique du Québec, Vivre seul ou en groupe, 1984, 184 p.

[27] Gabrielle Balazs, « Cing ans après une inscription au chômage », De l'école à l'emploi : différences et concurrences, Paris, PUF, 1983, p. 346-392 (Cahiers du Centre d'étude de l'emploi), pour une étude du décalage entre le « marché des espérances » et le « marché des possibles ».

[28] Gaither Lœwinstein, « The new underclass : a contemporary sociological dilemma », The Sociological Quaterly, 1985, vol. 26, n° 1, p. 38.

[29] G. Béroud, « Valeur travail et mouvement de jeunes », Revue internationale d'action communautaire, vol. 8, n° 48, 1982, p. 5-29.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 17 avril 2018 6:56
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref