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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L’impératif du vivant. Suggestions pour la réorganisation du monde. (2013)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Thierry Gaudin, L’impératif du vivant. Suggestions pour la réorganisation du monde. Paris: Éditions l’Archipel, 2013, 280 pp. Collection: Géographie du futur. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 9 janvier 2016 de diffuser ce livre en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[11]

L’impératif du vivant.
Suggestions pour la réorganisation du monde
.

Introduction

« Qu’est-ce que la vie ? ». Chacun s’interroge sur le sens de ce qu’il fait, de ce qu’il est, de ses relations avec les autres vivants, de pourquoi il est là et de ce qui lui reste à accomplir avant de mourir. À cette question, les sciences contemporaines donnent une réponse encore imparfaite, mais bien différente des habitudes de pensée auxquelles nous avons été éduqués.

Par exemple, nous croyons que nous sommes faits de matière. Certes, nous avons une apparence matérielle, une forme, une enveloppe. Mais, quand on y regarde de plus près, il devient évident que la matière nous traverse. Nous l’assimilons puis nous la rejetons. Au bout de quelques années, tous les atomes qui nous constituaient sont partis ; il ne reste que le squelette, et encore… Le tissu osseux se renouvelle aussi, plus lentement.

Si nous ne sommes pas faits de matière, nous sommes faits de quoi ? Réponse : d’information [1], au sens de ce [12] qui donne forme à la matière[2]. Nous reconnaissons un ami que nous n’avons pas vu depuis trente ans bien que sa matière ait été, pendant tout ce temps, complètement renouvelée. Sans doute, il n’est plus tout à fait le même, il a vieilli. Mais il est quand même reconnaissable, ce qui signifie que quelque chose a été conservé. Ce quelque chose, c’est ce qui donne forme à son corps, c’est l’information.

Les recherches sur les débuts de la vie complètent le tableau. Les premières traces ressemblant à des bactéries datent de 3,8 milliards d’années, seulement quelques 700 millions d’années après la formation de la terre. On estime que, avant la constitution de ces premières cellules, existait une soupe où communiquaient des ARN [3]. Quoi qu’il en soit, la complexité de la chimie du carbone est telle qu’au delà même des catalyses, on peut tout à fait imaginer une diversité des processus d’interaction qui donne lieu à des transmissions et des mémorisations au sens où nous l’entendons.

La constitution de cellules sans noyau capables de se reproduire est la première étape. La seconde est celle des eucaryotes, les cellules avec noyau. Elles survivent et se reproduisent en prélevant de l’énergie et de la matière dans leur environnement. Le système vivant [13] est alors animé par un processus sélectif de lutte pour la vie, qui produit, comme l’écrit Darwin, la « survie du plus apte ».

Mais, il y a 800 millions d’années, l’évolution fait un saut qualitatif. Des bactéries, qui étaient donc en concurrence, s’associent pour former des plantes puis des animaux pluricellulaires. Sans cette transformation, ni les forêts, ni la faune, ni l’espèce humaine n’auraient existé. Pour donner un ordre de grandeur, chacun d’entre nous est constitué d’environ 60 mille milliards d’ex bactéries qui coopèrent pour former notre corps, plus celles qui habitent l’intestin et participent aussi à la vie de l’ensemble.

Donc, si le « struggle for life » avait continué, nous ne serions pas là pour en parler. Ceux qui continuent à prétendre que la lutte pour la vie est le fonctionnement indépassable et structurant de la biosphère, et que l’organisation des sociétés doit inévitablement s’en inspirer, énoncent une contre vérité et surtout orientent les mentalités vers l’accumulation compulsive et la destruction de ce qui gêne. Ils sont à contresens de la construction du vivant.

Il y a environ 50 millions d’années, un nouveau stade est franchi : la pollinisation. Des espèces font appel à d’autres espèces pour se reproduire ! Cet événement inaugure le stade ultime, celui de l’unité de la biosphère. Or cette unité est désormais placée sous la responsabilité de l’espèce humaine, dont le destin est de devenir le jardinier de la planète. Car jardinier a la même étymologie que gardien ; le jardinier est gardien de la vie.

Le code génétique est une écriture. Et il suffit de constater la ressemblance de vrais jumeaux, qui ont le même code, pour comprendre à quel point [14] l’information (contenue dans ce code) est bien ce qui donne forme [4]. La sexualité, qui mélange les codes, de même que les différentes hybridations, s’intègre dans un processus d’essais et erreurs porteur d’adaptation.

Chacun des stades de l’évolution est visible comme transformation de la forme des êtres vivants. Mais cette transformation est guidée par une autre, moins évidente et plus fondamentale, celle du système d’information qui donne forme à la matière. Les fleurs se sont dotées de couleurs, d’odeurs pour attirer les pollinisateurs. Et l’on peut dire que les grandes inventions de la nature sont informationnelles :

- le système nerveux qui accélère les transmissions
- l’odorat, puis la vision et l’audition, qui alertent sur les dangers et les opportunités.
- la musique, puis la parole, la langue et l’écriture, qui créent reconnaissance, mémoire et empathie.
- enfin, les télécom et Internet, système nerveux planétaire, support de l’unification de la conscience.

Cette présentation permet d’imaginer l’ampleur de la transformation en cours et aussi la manière de s’y préparer et de l’accompagner. Les sciences cognitives deviennent le fondement. En ce qui concerne l’évolution des sociétés, le concept d’individuation[5], qui traverse l’ensemble de la biosphère, a toute chance de devenir le pivot des futures formes d’organisation.

[15]

Les clivages entre disciplines et les notions anciennes avec lesquelles nous avons l’habitude de raisonner doivent presque toutes être remises en chantier, et laisser place à de nouveaux concepts. Ma tentative, très partielle, ne peut que commencer un travail qui pourra se déployer après les effondrements [6].

*
*     *

L’effondrement des tours du World Trade Center à New York le 11 septembre 2001 est le symbole du 21ème siècle, celui de l’effondrement [7] du matérialisme et de sa déclinaison économique, le capitalisme.

Le capitalisme est un stade intermédiaire de l’évolution. Contrairement à la doctrine que répandent ses idéologues, il ne respecte pas les lois de la vie. Il s’effondrera, inévitablement, avec ses tours, ses spéculations, ses dévastations et ses monnaies.

Mon but n’est pas de décrire cet évènement. Il est de poser des fondements permettant de reconstruire après. Ce livre est une quête de ce que disent les sciences cognitives de l’évolution combinée des techniques et de la société.

La démarche a été longue. J’espère qu’elle sera utile.

Une vie de doutes

Habité par le désir de comprendre, j’ai commencé ma vie professionnelle, au début des années 60, par [16] un stage chez IBM où je devais construire des modèles économétriques pour le Commissariat au Plan. Très rapidement, je fus pris d’un doute : manifestement, ils ne pouvaient pas représenter la réalité de manière pertinente.

En effet, pour que l’équilibre économique soit un optimum [8], il aurait fallu que l’information soit parfaite et exhaustive sur toutes les possibilités à venir et pour tous les agents. Or, précisément, les humains ne saisissent que des bribes dont l’interprétation demande de longs apprentissages.

Cette imperfection de l’information est, je peux le dire maintenant, la question centrale de l’organisation des sociétés et même des relations entre les êtres vivants de toutes les espèces. Il s’agit même d’une imperfection dans la définition de l’information[9], laquelle n’existe qu’en fonction d’une réceptivité.

Dans un premier temps, vers la fin des années 60, je me ralliai à l’idée que, comme nous n’étions pas si différents des autres primates, l’éthologie [10] devait constituer un point de départ plus solide que l’économie, qu’elle soit libérale, marxiste ou keynésienne, et plus solide que ce qu’on enseigne d’habitude sous le nom de sciences politiques.

Ayant été, pendant la décennie 70, chargé de construire une politique d’innovation, je constatai en [17] effet l’importance des comportements tribaux et des stratégies de reconnaissance que l’espèce humaine partage avec bien d’autres animaux. L’observation éthologique fut à cette époque complétée par les travaux de l’école de Palo Alto [11].

Néanmoins, cette approche ne suffisait pas, car elle ne disait rien de la technique [12]. Or celle-ci était non seulement l’objet du travail de mon équipe, mais aussi un déterminant évident de l’évolution des civilisations. Nous avons alors construit un groupe de recherche [13], appelé groupe ethnotechnologie, dédié à l’étude des interactions technique société.

Ce travail permettait de dépasser la conception instinctive la plus répandue selon laquelle les objets techniques ne sont que des outils bien maîtrisés, des projections neutres dans la matière de scénarios imaginés [18] par l’homme et qu’il n’y a pas à s’inquiéter d’une possible rétroaction sur les mœurs [14].

Lorsque, pendant les années 80, j’ai fondé et dirigé une unité de prospective [15], l’occasion s’est présentée d’abord de recueillir les informations sur l’évolution des techniques dans le monde (veille technologique), ensuite d’explorer si cette évolution permettait de construire des scénarios.

Les deux courants opposés, technophiles et technophobes, s’affrontaient. Les technophiles construisaient des récits délirants d’optimisme, dans lesquels la télé présence confère à tous une ubiquité magique, et les manipulations génétiques éradiquent les pénuries et perfectionnent jusqu’à l’espèce humaine [16].

Les technophobes [17] pensaient au contraire que, vu des mauvais usages que les hommes avaient fait de la technique au 20ème siècle, il ne fallait pas s’attendre que de nouveaux pouvoirs soient exercés avec plus de sagesse. La pollution ne vient-elle pas jusque dans nos assiettes, dans l’air que nous respirons, dans l’eau que nous buvons…

[19]

Il ne faut pas oublier un troisième courant, celui qui, ignorant l’influence de la technique sur les mœurs, prolonge les rapports de force du passé entre états nations [18], entre classes sociales [19] ou entre communautés ethnico religieuses [20].

La démarche qu’a suivie mon équipe, toujours inspirée par le doute, n’appartient à aucun de ces trois courants. Elle essaie d’anticiper les effets de la technique sur l’évolution des sociétés, sans pour autant négliger les analyses plus classiques, en laissant en suspens le caractère plus ou moins désirable des techniques, sauf s’il y a de bonnes raisons d’estimer que leur développement ou leur déclin seront influencées par certaines forces sociales.

En fait, sans le vouloir, ce positionnement nous a conduits à une véritable réécriture de l’Histoire. Les historiens de l’école des annales [21], délaissant le récit classique où l’on mettait en scène les rois et les batailles, combinant aussi les données concrètes archéologiques, avaient commencé d’écrire une histoire de la vie quotidienne.

Restait à intégrer l’histoire des techniques et l’interaction technique société. Seul Bertrand Gille [22], en dégageant la notion de système technique, avait posé un concept clair et opératoire.

[20]

Nous l’avons amplifié, en repérant, dans l’histoire, des transformations systémiques globales où la technique et la société changent simultanément. Ce sont des mutations de civilisation. La plus connue est la « révolution industrielle », qui commence vers 1700 en Angleterre, gagne le continent au 18 et 19ème siècles et devient mondiale au 20ème.

Mais il y eut aussi une autre « révolution industrielle [23] » au Moyen Âge, aux 12ème et 13ème siècles. Elle commence avec le départ des chevaliers aux croisades (1095), ce qui libère la créativité populaire. Les outils ruraux en fer, (râteaux, herses, pioches et socs de charrue), la sélection des semences, l’énergie des moulins coïncident avec des transformations sociales, et l’évolution des croyances.

Alors, la productivité augmente. La densité de population de l’Europe est multipliée par trois en deux siècles, jusqu’à atteindre 40 habitants au Km2. Mais cette révolution se termine mal. Aux 14ème et 15ème siècles, c’est l’automne du Moyen âge [24] : les pestes, les famines et les guerres divisent par deux la population européenne.

Ces deux transformations se ressemblent [25] dans leur partie ascendante par leur durée, le remplacement de la classe dirigeante, le foisonnement d’initiatives, le bouillonnement des idées : la « disputatio [26] » médiévale et la naissance des universités au 12ème, le mouvement philosophique au 18ème.

[21]

Dès lors, on pouvait se demander si ces deux périodes sont des exceptions ou si, au contraire, se trouvent dans l’histoire des sortes de discontinuités d’ampleur séculaire, où la technique, les croyances et les relations sociales changent simultanément en interaction les unes avec les autres.

Un exemple vient immédiatement à l’esprit : le 6ème siècle avant JC. Les Phéniciens créent des ports tout autour de la Méditerranée (Carthage, Marseille, Palerme…). Le commerce, au moyen des caravanes, se développe au long de la future route de la soie. En Lydie, on invente la monnaie frappée. Ce sont aussi les débuts de la philosophie : en Grèce (Ephèse et Milet), Lao Tseu et Confucius en Chine, Bouddha en Inde. C’est donc une transformation mondiale et systémique.

Il semble aussi qu’une mutation importante ait eu lieu au 3ème siècle après JC, centrée sur l’Égypte : une éclosion scientifique autour de la bibliothèque d’Alexandrie, les mouvements gnostiques et les disciples de Mani, en même temps que l’Empire Romain chancelait.

D’autre part, la grande transformation européenne du 12ème siècle est aussi la fille du bouillonnement philosophique des premiers siècles de l’Islâm. Avicenne à Bagdad et surtout Averroès à Cordoue étudient, commentent et retransmettent la philosophie grecque que l’Europe avait oubliée. La nécessité de la preuve par le syllogisme, inspirée d’Aristote, est le ferment de la « disputatio » des universités médiévales. Elle anime à la fois le débat philosophique et la création technique.

En reprenant cette chronologie, il semble que l’on puisse y voir une périodicité d’environ 9 siècles : 6ème avant JC, 3ème après JC, 12ème siècle et… 21ème ! Notre siècle serait-il l’accomplissement de la fermentation commencée au siècle des Lumières où furent [22] inventées les machines, l’économie et les droits de l’Homme ? C’est ce qui a inspiré à un groupe d’amis [27] le projet des « lumières numériques ».

Dans chacune de ces transformations, les trois composantes : la technique, les relations entre les humains et les philosophies changent. Dès lors, on peut se demander si une de ces composantes entraîne et détermine l’évolution des autres et si oui, comment.

En réponse à cette question, le premier mouvement se réfère à la logique darwinienne [28], c’est-à-dire à l’éthologie. Dans cette optique, les « conditions objectives [29] », notamment la technique et les ressources naturelles, « détermineraient » à la fois les relations humaines et les positions philosophiques.

Evidemment, le verbe « déterminer » est trop fort pour décrire cette influence, car plusieurs « solutions du problème de vivre [30] » sont possibles dans un même contexte, comme le montre, dans la nature, la diversité des plantes et des animaux et celle des cultures pour les humains.

Néanmoins, même s’il n’y a pas détermination univoque, la référence à des formes de causalité darwiniennes, comme celles des éthologues, permet de construire des récits plus intelligibles de l’Histoire, et aussi d’alimenter des prospectives, ce qui n’est pas négligeable [31].

[23]

C’est au moyen de cette approche que j’ai construit une prospective des religions, pour répondre aux doutes que m’inspiraient les discours cléricaux. La démarche, inspirée de l’éthologie, illustre notre construction d’hypothèses [32], à la manière des récits racontables de l’ethnométhodologie [33]. La voici :

1/ Comment se fait-il que les pratiques chamaniques [34] se ressemblent d’un bout à l’autre de la planète ? Réponse : les conditions de survie des tribus de chasseurs cueilleurs dans la nature donnent leur utilité à ces symbioses avec les esprits des plantes et des animaux.

2/ Comment se fait-il que, à partir de la sédentarisation et de l’invention de l’agriculture (vers -8000), on voit se multiplier les statuettes féminines, que l’on soupçonne d’être des objets votifs ? Réponse : la connaissance des plantes, les soins aux enfants et au bétail, plus généralement les conditions de survie dans le village néolithique sont en résonance avec la féminité.

3/ Comment se fait-il que, environ à partir de -3000, les divinités masculines, souvent guerrières, s’imposent ? Réponse : les domestications du chameau et du cheval permettent le commerce au long cours. Des ethnies, en Asie centrale notamment, se spécialisent dans le pillage des caravanes. D’où une demande de protection, et une prévalence du rapport de force [24] qu’expriment les divinités masculines et guerrières [35] et, plus tard toutes les mises en scènes liées au pouvoir, qui ont une fonction d’intimidation.

4/ Comment se fait-il que, presque simultanément, au 6ème siècle avant JC, Lao Tseu et Confucius en Chine, Bouddha en Inde et les Présocratiques en Grèce, font prévaloir une simplification radicale du paysage mythique et, chacun à sa manière, une recherche de la Vérité par la voie du doute ? Réponse : le commerce s’était développé, par mer et sur terre, de la méditerranée à la Chine ; les monnaies circulaient et les vendeurs paraient leurs produits de propriétés magiques [36]. Le célèbre poème de Parménide : « II faut penser et dire que ce qui est ; car il y a être : il n’y a pas de non-être ; voilà ce que je t’ordonne de proclamer. » serait aussi un coup d’arrêt : cessons de nous laisser berner par les marchands. C’est en même temps un point de départ, celui de la recherche de la connaissance et de la Voie, que proposent et proclament à la fois le Tao, le Bouddhisme et la philosophie grecque.

5/ S’il en est ainsi, ce 6ème siècle avant JC est d’une actualité brulante. De nos jours, les discours marchands ont envahi l’espace médiatique et le lobbying fait prévaloir partout leurs intérêts économiques. Le 21ème siècle commence sous le règne des sophistes [37] : rien n’est vrai, [25] rien n’est faux, tout est affaire de persuasion. Mais cette emprise sur les consciences se confronte de plus en plus à la perception confuse des limites de la planète, des dangers du réchauffement et des pollutions. Les espèces animales et végétales meurent bien plus vite qu’il ne s’en crée. Les fractions les plus éclairées de l’opinion se demandent si la vie même n’est pas menacée. Une exigence de vérité réapparaît.

La question

Dès lors, la question posée par les présocratiques, qui a guidé depuis 2600 ans la philosophie et la Science, sa fille, se transforme :

Au lieu de : Qu’est-ce qui est ? Qu’est-ce qui n’est pas ? Proclamons ce qui est !

Nous dirions : Qu’est-ce qui est vivant ? Qu’est ce qui n’est pas vivant ? Sauvons ce qui est vivant !

Or, cette question : Qu’est-ce que la vie ? a suscité au moins trois approches différentes

1/ une approche concrète : comment ça marche ?

Depuis la découverte du code génétique, la mise en évidence des mécanismes cellulaires [38] et l’analogie avec la mathématique des fractales, deux visions ont été proposées.

La première [39] compare le code génétique à un programme d’ordinateur qui engendrerait, tel une fractale, [26] de manière déterministe, les molécules nécessaires à la construction des cellules, puis à leur multiplication et à leur différenciation.

La seconde [40], relativisant ce déterminisme génétique, rétablit le rôle du hasard (le mouvement brownien) et insiste sur l’interaction entre le milieu extérieur et l’intérieur de l’être vivant.

2/ une approche historique : quand et comment a commencé la vie ?[41]

Les premières traces ressemblant à des cellules datent d’environ 3,8 milliards d’années.

Un milliard d’années plus tard apparaissent les eucaryotes (cellules avec noyau, plus complexes que les procaryotes, bactéries sans noyau).

C’est seulement vers -0,8 milliards d’années, soit 2 milliards d’années plus tard qu’il se produit un phénomène extraordinaire dont nos sommes issus : quittant le processus sauvage de lutte pour la vie (struggle for life), des cellules s’associent pour former des êtres vivants plus complexes : les végétaux puis les animaux.

Il y a 50 millions d’années, la coopération progresse encore : c’est la pollinisation. Certaines espèces aident d’autres à se reproduire. Les fleurs arborent des couleurs pour mieux attirer les insectes pollinisateurs. La grande poésie de la nature se construit dans le plaisir et la séduction.

Ainsi, l’histoire de la vie, telle que la décrit la Science actuelle, invalide la description sinistre propagée par [27] Spencer [42], puis par les doctrines politiques et économiques depuis deux siècles, à savoir que tout est lutte, justifiant dans un même mouvement la concurrence, la guerre et l’exploitation sans limite des ressources naturelles.

3/ une approche philosophique : saisir l’essence de la vie comme processus.

Aristote est, parmi les philosophes grecs [43], celui qui a le mieux tenté de cerner l’essence de la vie. Pour lui, l’âme, qui se décline sous différentes formes, est présente chez tous les êtres vivants, c’est le principe même qui les rend vivants. Ses idées seront reprises par Averroès [44], puis par Bergson [45]. Parmi les auteurs contemporains, Gilbert Simondon a introduit le concept qui me semble à cet égard le plus intéressant : celui d’individuation [46].

Commençons par un constat : La vie se manifeste dans la matière mais, cela peut paraître surprenant au premier abord, elle n’est pas « faite » de matière. Les molécules qui constituent notre corps, comme celui des plantes et des animaux, sont constamment renouvelées. [28] Les corps absorbent de la matière (par la nutrition) et la rejettent. Ils sont donc traversés par la matière. Seuls les squelettes subsistent [47], et cela se décline à toutes les échelles : la roche calcaire est faite de squelettes de petits coquillages, les ruines antiques sont le squelette des villes du temps passé, les objets techniques sont le squelette du travail.

Si la vie n’est pas faite de matière, elle est faite de quoi ? Réponse : de ce qui donne forme à la matière, c’est-à-dire l’information. Sans doute, le mot « information » évoque, du moins dans la langue française, ce qui donne forme, mais il ne fait que déplacer la question : qu’est-ce que l’information ?

À cet égard, la notion d’information qu’utilisent habituellement les ingénieurs et les informaticiens [48] est bien trop élémentaire pour rendre compte de ce qui est en jeu. Il s’agit en effet non seulement de l’émission de l’information, mais surtout de son décodage et de la rétroaction. Et comment se construit la faculté de décoder ?

L’information n’est que très partiellement à sens unique, car, pour qu’une communication fonctionne, il faut au moins que le récepteur soit en mesure de comprendre ce qui lui est envoyé. Mais où et comment a-t-il appris ce décodage ?

À l’intérieur du cerveau, comme sans doute dans les cellules du corps, ce n’est pas non plus un processus à sens unique, c’est une danse où les différents éléments se parlent en répétant les mêmes messages avec des variantes [49].

[29]

On entrevoit que la construction de communications sophistiquées dans un univers de molécules s’entrechoquant au hasard ait pu prendre des centaines de millions d’années. Il reste que la recherche biologique contemporaine est habitée par l’étude des phénomènes informationnels.

Il me semble que c’est à partir du moment où l’accord se fait, après de multiples tentatives, sur un code commun qu’on peut parler d’individuation [50]. Ce concept d’individuation, quoique difficile à réduire aux notions anciennes de la philosophie, donne l’inspiration nécessaire pour penser le vivant.

Il s’agit en effet d’un processus qui donne forme à la matière par le truchement d’échanges permanents et denses d’informations. Ce processus est temporaire : tout ce qui vit est mortel. L’idée d’immortalité, si souvent caressée par les mythes, n’a pas sa place dans le vivant.

Les espèces aussi sont mortelles [51]. Même les grands sauriens du Jurassique n’ont duré que 165 millions d’années. Un vivant est mortel à cause du principe d’entropie, qui finit toujours par exercer sa loi, mais il lui résiste temporairement, par le travail de l’information. Une fois la vie passée, il ne reste plus que le squelette… l’œuvre et le souvenir génétique ou psychique, car l’information se perpétue, transformée, à travers les mémoires.

Si l’on admet que le vivant est traversé par une même logique depuis la cellule jusqu’à la biosphère tout entière, alors la clef de son évolution est le processus [30] d’individuation, lequel se construit par des fonctionnements permanents de reconnaissance. Comprendre l’individuation est donc indispensable pour l’éducation des personnes ou l’organisation des sociétés.

Au niveau moléculaire, on peut identifier des processus de fabrication (de protéines), d’autres de communication (à travers les membranes cellulaires notamment), enfin des stockages structurants d’information (dans le code génétique).

Ainsi, il semble que les trois fonctions de la conscience, l’alerte, l’empathie et la conceptualisation, que nous détaillerons plus loin, soient comme esquissées à cette échelle élémentaire. On peut même supposer, mais cela reste à confirmer, qu’elles étaient là dès les débuts de la vie et qu’elles sont le berceau du processus d’individuation.

Par rapport aux habitudes de pensée communes, j’insisterai sur quelques points fondamentaux, restés jusqu’à présent hors du champ de ce que transmettent le système éducatif les familles et les médias :

1/ La fabrication des protéines est un processus dynamique auquel les oscillations de molécules impriment un rythme et une mélodie [52]. La musique est présente dans les fonctionnements élémentaires de la vie. Je danse donc je suis ! La musique et la danse sont bien plus que des loisirs. Ce sont des conciliateurs, des fondements de l’individuation.

2/ La transmission d’information dans un milieu vivant n’est pas à sens unique. Elle est l’activation d’un circuit. Le récepteur ne peut recevoir que s’il a appris à [31] décoder, et cet apprentissage se fait par répétition (toujours la danse) et association, jusqu’à ce qu’un circuit interne ait appris à anticiper. En société mieux vaut toujours faire suivre l’information d’un retour.

3/ Le code génétique est une mémoire énorme (3 milliards de paires de base) construite par le jeu de l’hérédité et des mutations. Elle est consultée en permanence, comme une bibliothèque par des lecteurs. La ressemblance des vrais jumeaux, qui ont le même code génétique, est impressionnante. Elle montre à quel point ce code détermine la forme du corps et aussi de nombreux fonctionnements internes, résistance ou vulnérabilité à certaines maladies par exemple.

Ces considérations font ressortir une image de la vie constituée de communication : un immense bavardage entre molécules, dans tous les sens, animé par un « mouvement brownien ». Il en ressort que la vie est faite de reconnaissance, depuis les molécules organiques jusqu’au niveau de l’écosystème tout entier, ce qui mène à une énergique réfutation de l’expression « struggle for life » (lutte pour la vie) promue par l’idéologie ultra libérale.

D’autre part, pendant les années 90, la connaissance de l’apoptose [53] a progressé. Chaque jour, en effet, un être humain moyen perd environ un Kg de cellules qui se dissolvent dans le corps, en même temps qu’un autre Kg se forme. Cette dissolution est programmée. Elle se déclenche automatiquement de l’intérieur, sauf si des messages provenant du voisinage inhibent cette autodestruction.

Ameisen fait observer que, dès que l’œuf est fécondé dans la matrice, il se multiplie d’abord à l’identique, puis [32] progressivement les cellules se différencient. Le fœtus a des mains palmées. Le tissu entre ses doigts s’élimine de lui-même avant la naissance. Les orifices du corps, les poumons, le tube digestif, les ventricules du cœur, les veines et les artères ont pu se former parce que des cellules se sont sacrifiées pour laisser la place à des circulations. Le processus de construction d’un individu, l’individuation, hérité de plusieurs centaines de millions d’années d’évolution, est donc le fruit d’une programmation sophistiquée.

Transposé à la société tout entière, l’actualité du concept d’individuation est évidente. Le 21ème siècle commence par une implosion de l’information, qui va inévitablement transformer les rapports sociaux, qu’ils soient politiques, économiques ou simplement humains. Il faut s’attendre que les formes institutionnelles du passé (les États, les entreprises) soient remplacées par d’autres et que les relations humaines s’expriment par des formes nouvelles d’art et de convivialité. C’est un siècle que l’on pourra comparer au 6ème siècle avant JC, où furent « inventées » la démocratie et la philosophie.

L’interprétation que nous avons construite sous l’appellation d’ethnotechnologie [54] considère dans un même mouvement le processus de création technique (l’innovation) et la transformation sociétale qu’engendre cette technique. Par exemple, l’imprimerie [55], que Gutenberg avait promue, dans l’esprit du [33] protestantisme, pour permettre au public de lire la bible dans sa version originale dépouillée des commentaires de l’Eglise, l’imprimerie a été le support de la littérature laïque, puis de la culture technique avec la grande encyclopédie de Diderot [56], puis du débat politique et social préparant la révolution française [57], les droits de l’homme, le système métrique et donc l’industrialisation, civilisation dans laquelle se trouve actuellement le monde entier.

Or, depuis un demi siècle, une durée très courte dans l’évolution des civilisations, une nouvelle écriture est apparue, une écriture sans autre support que l’électronique, qui transmet du signe du son et de l’image à la vitesse de la lumière, capable d’atteindre n’importe quel individu où qu’il soit. C’est aussi une écriture qui engendre des écritures de manière automatique, en nano secondes, soit cent millions de fois plus vite que nos neurones.

Tenter d’évaluer les conséquences de cette nouvelle écriture sur les civilisations donne le vertige. On peut logiquement supposer qu’elles seront d’ampleur au moins aussi importantes que celles de l’imprimerie. Mais on peut aller plus loin :

Depuis son « invention », vers -3200, l’écriture sert à prendre acte des engagements et des droits. Jean Bottéro observe que la grande majorité des tablettes cunéiformes retrouvées en Mésopotamie sont des « papiers d’affaire » : des titres de propriété, des contrats, de la comptabilité. L’écriture sert de mémoire auxiliaire plus exacte, fiable et indiscutable que la mémoire humaine.

[34]

Or, avec l’électronique, cette écriture, tout en conservant sa fiabilité, devient fluide, multiple, simulant jusqu’aux comportements des êtres vivants. Elle sollicite la perception immédiate et influence directement le fonctionnement des neurones. On en voit quotidiennement des conséquences : par exemple, l’importance croissante de la musique, dont les vibrations sont en prise directe avec les influx neuronaux ; le jeu de l’affectivité aussi, dans l’univers de légende où baignent les médias.

Il faut sans doute s’attendre que la rationalité matérialiste, qui était la philosophie dominante de l’ère industrielle, laisse place à autre chose, plus proche de la réalité des fonctionnements du vivant et de l’appareil neuronal qui nous sert à penser, à sentir et à aimer.

À cet égard, le système monétaire [58] est à la fois le symptôme de la confusion et la cause des désordres contemporains. Si l’on admet en effet que l’information est le concept central, alors la monnaie, véhicule d’information privilégié, structure les comportements et la société tout entière.

En particulier, les relations de l’espèce humaine avec la nature sont encore d’exploitation et de domination. Et l’on sait que, si elles n’évoluent pas vers une symbiose équilibrée, la survie est menacée. D’où, là aussi, des formes d’individuation nouvelles, incluant d’autres espèces, comme l’évoquait autrefois le mythe de l’arche de Noé [59].

Or, l’idéologie de la lutte pour la vie et sa déclinaison politique, l’ultralibéralisme, aboutit, comme on peut le constater actuellement, à une corruption [35] généralisée sacrifiant l’avenir de la planète aux profits immédiats. En cette période périlleuse, c’est le contraire qui s’impose : faire prévaloir l’intérêt général sur les intérêts particuliers, le long terme sur le court terme.

Le projet du troisième millénaire ne peut être que la construction de la conscience, la conscience d’un être global comprenant toutes les formes de vie.

Voilà donc quels furent mes doutes. Voyons maintenant une tentative d’en sortir, en reprenant les fondements. Pour commencer, compte tenu que tout ce que nous pensons est le produit du fonctionnement de notre système nerveux, je vous invite à une méditation sur les possibilités et les limites de ce qui nous sert à penser : le cerveau.

[36]


[1] J’ai commencé à comprendre le jour ou mon père, qui avait fait une thèse de physiologie, ma dit : « la douleur ? ce n’est qu’un signal »

[2] Au sens du philosophe Gibert Simondon, dans son principal ouvrage : L’individuation, à la lumière des notions de forme et d’information. La définition de l’information utilisée par Simondon ne se réduit pas à celle que les ingénieurs utilisent pour les télécommunications. En effet, les techniques de communication ne peuvent se mettre en place que si le principal problème est résolu, à savoir la « connaissance » du « code » par le récepteur. Or, la vitesse de l’évolution est c.elle de l’apprentissage des récepteurs.

[3] Acide Ribo Nucléïque

[4] la découverte récente que la séquence génomique signifiant « œil » est la même pour la mouche et les mammifères bien que la forme de leurs yeux soit si différente donne une autre indication : le vocabulaire génétique serait non seulement ce qui donne forme, mais ce qui engendre une fonction.

[5] au sens de Gilbert Simondon

[6] au sens de Jared Diamond

[7] Au sens de Jared Diamond, dans son ouvrage « effondrements », qui décrit plusieurs cas d’effondrements de civilisations du passé.

[8] Selon le travail de Debreu, Theory of value.

[9] Repérée par le philosophe Gilbert Simondon : l’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.

[10] Peu après ont été publiés le singe nu et le zoo humain de Desmond Morris, l’agression, histoire naturelle du mal de Konrad Lorentz et bien plus tard, de la réconciliation chez les primates de Franz de Waal.

[11] Qu’avait fondée Gregory Bateson, sans doute un des philosophes les plus intéressants du 20ème siècle ; voir entre autres, La nature et la pensée. Watzlawick est l’auteur le plus connu de ce groupe : voir notamment Changements, paradoxes et psychothérapie. Mais il ne faut surtout pas oublier un autre auteur, qui n’est pas dans cette école mais s’en rapproche, Eric Berne et son extraordinaire Que dites vous après avoir dit bonjour ?

[12] Heureusement, trois anglais, Jewkes, Sawers et Stillermann avaient publié une soixantaine de monographies d’innovations récentes, allant du stylo bille à l’hélicoptère et à la streptomycine, sous le titre l’invention dans l’industrie.

[13] Auquel participaient notamment Robert Jaulin, ethnologue, promoteur de la notion d’ethnocide dans La paix blanche, et Philippe Roqueplo, polytechnicien, sociologue et ancien dominicain, auteur de Penser la technique. Ce groupe donna naissance à la revue Culture technique, dirigée par Jocelyn de Noblet, maintenant disponible sur Internet.

[14] Il n’y avait guère que certains humoristes pour l’évoquer. Je me souviens d’un sketch de Romain Bouteille où il mettait en scène l’inventeur du pistolet mitrailleur disant : « c’était pour faire de la dentelle dans de la tôle de 8 ; ce n’est pas de ma faute si certains s’en sont servi pour autre chose »

[15] Il s’agissait du CPE, Centre de Prospective et d’Êvaluation du Ministère français de la Recherche.

[16] C’est la thèse « transhumaniste » selon laquelle l’espèce humaine, dépassant ses imperfections, se transformerait au moyen des techniques de communication et des manipulations génétiques en une espèce supérieure.

[17] Thèse exprimée dès le milieu des années 60 dans les écrits des situationnistes puis dans le livre Les dégâts du progrès, élaboré dans le cadre du syndicat CFDT.

[18] La géopolitique classique, de Bismarck à Kissinger.

[19] L’analyse marxiste, que bien des classes dirigeantes ont retournée à leur profit.

[20] Le choc des civilisations de Huntington, tentative de prolonger la géopolitique classique des conflits après l’ouverture du bloc de l’Est.

[21] Notamment la monumentale Histoire du Capitalisme de Fernand Braudel

[22] Histoire des techniques, La Pléïade.

[23] Décrite dans La révolution industrielle au Moyen âge de Jean Gimpel

[24] Titre du livre de l’historien hollandais Johann Huizinga.

[25] J’en ai fait une comparaison plus détaillée dans L’écoute des silences (1978)

[26] Décrit par Alain de Libéra, La philosophie médiévale.

[27] La Société Européenne de l’Internet (SEI http ://ies-France.eu ) fondée par Dominique Lacroix.

[28] Qui est aussi celle qu’a emprunté Marx, en supposant que les « conditions objectives » déterminent l’évolution. C’est sans doute ce qui amena Engels, sur sa tombe, à le qualifier de « Darwin des sciences sociales ».

[29] Comme disent les marxistes

[30] Expression due à Robert Jaulin.

[31] Comme je l’ai exprimé dans ma thèse, la pensée est, de mon point de vue inspiré du darwinisme, ontologiquement anticipatrice.

[32] Au moins une génération d’universitaires sera nécessaire pour infirmer, confirmer ou ajuster ce regard sur le passé…

[33] Voir par exemple une des plus justes prospectives de la seconde moitié du vingtième siècle, Les dictatures d’intelligenzias, de Lecerf et Parker.

[34] Comme l’observe, avec une grande érudition, Mircéa Eliade dans Le Chamanisme.

[35] Le cas du christianisme est particulier (comme celui de toutes les religions) : Ce n’est pas un abandon du rapport de force, mais son inversion sacrificielle, qui multiplie sa puissance. L’Histoire l’a montré dans de nombreuses circonstances : l’inquisition, le génocide des Amériques du sud et du Nord, les guerres de religion…

[36] Le mot « mage » (les rois mages…) désignait les prêtres zoroastriens.

[37] Dont la posture philosophique n’est pas invalidée ; à la fin du 20ème siècle, elle a été reprise par les ethnométhodologues, disciples de Garfinkel, donnant lieu à d’utiles réfutations de certains dogmatismes, et à des récits prospectifs remarquables : voir Les dictatures d’intelligenzias de Lecerf et Parker.

[38] Notamment l’apoptose : Il s’agit de la présence, dans les cellules, d’un programme d’autodestruction qui s’exerce en l’absence de message inhibiteur. Voir jean Claude Ameisen, La sculpture du vivant.

[39] Celle du prix Nobel de Physique Erwin Schrödinger, dans Qu’est-ce que la vie ?

[40] Défendue par Jean Jacques Kupiec, L’origine des individus.

[41] D’où vient la vie ? par Marie Christine Maurel

[42] On a souvent attribué à Darwin l’expression « struggle for life ». Il est vrai qu’il l’a employée, mais il était bien trop connaisseur de la complexité et des coopérations dans les écosystèmes pour en faire sa doctrine. C’était au contraire un humaniste, partisan d’aider les pauvres et les handicapés. Voir le travail très documenté de Patrick Tort, L’effet Darwin.

[43] Dans de l’âme et l’histoire des animaux. Aristote était un observateur attentif de la vie dans les étangs de Lesbos. On peut le qualifier de premier biologiste. Cet intérêt pour la logique du vivant l’aurait conduit à prendre ses distances avec Platon, dont l’attention se fixait sur des formes pures et immuables.

[44] Commentaire du de anima d’Aristote, Sharh kitâb al-nafs, 1186.

[45] Dans L’évolution créatrice

[46] Gilbert Simondon : L’individuation, à la lumière des notions de forme et d’information.

[47] Voir notamment les commentaires de Simondon sur les coraux dans son chap. 2 Individuation et information.

[48] Dont la mathématique a été élaborée par Shannon et Léon Brillouin, La science et la théorie de l'information.

[49] C’est ce qui nous a fait écrire, dans L’avenir de l’Esprit : « Je danse donc je suis »

[50] Un concept central dans l’œuvre de Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information.

[51] Voir l’analyse que fait Stephen Jay Gould dans La structure de la théorie de l’évolution, p 830 et suiv.

[52] Que Joël Sternheimer a réussi à identifier, et même à utiliser pour des thérapies. Il appelle les « musiques des protéïnes », environ 80 octaves plus rapides que les nôtres des « protéodies »

[53] Décrite dans le livre de Jean Claude Ameisen, La sculpture du vivant.

[54] Voir les numéros de la revue « culture technique » mis en ligne en libre accès par le CNRS http ://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/28357 et le colloque de Cerisy « l’empreinte de la technique », L’Harmattan 2010.

[55] Une invention chinoise, réinventée par Gutemberg en 1453, dont les conséquences en Chine n’ont pas été les mêmes qu’en Europe.

[56] 24000 exemplaires, 8 éditions successives d’après les recherches de Robert Darnton.

[57] Comme l’indique l’ouvrage de Roger Chartier, les antécédents culturels de la révolution française.

[58] Voir à ce sujet les travaux de Bernard Lietaer, notamment Au cœur de la monnaie et le rapport au Club de Rome européen Money and sustainability, the missing link, 2012.

[59] Présent, bien avant la Bible, dans L’épopée de Gilgamesh, traduite par Jean Bottéro.



Retour au texte de l'auteur: Thierry Gaudin, prospectiviste Dernière mise à jour de cette page le mardi 23 février 2016 11:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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