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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Mona-Josée GAGNON, Le syndicalisme: état des lieux et enjeux. (1994)
Présentation de l'auteure


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Mona-Josée GAGNON, Le syndicalisme: état des lieux et enjeux. Québec Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1994, 140 pp. Collection: Diagnostic, no 17. [Autorisation accordée par l'auteure le 23 juin 2003].

Présentation du livre par l'auteure

Le syndicalisme québécois a fait couler beaucoup d'encre, inspiré moult discours et nourri bien des rêves. Il a longtemps été au centre d'une mouvance un peu imprécise dans laquelle on retrouvait les groupes et les individus à la recherche d'une société plus solidaire, plus égalitaire et plus démocratique. Les positions politiques et les contours des organisations qui les incarnent ont évolué, le syndicalisme aussi. Son discours a changé, et les tribunes qui l'accueillent également. Les syndicalistes ne sont plus les rebelles de service, ou plus très souvent.

Cela est juste et pourtant il s'agit d'un diagnostic superficiel. Le syndicalisme est, il est vrai, un acteur politique médiatisé. Mais il est aussi et surtout quelques centaines de milliers de personnes qui, au Québec, l'incarnent au quotidien : un quotidien composite, infiniment plus riche et diversifié que les discours officiels ne le donnent à penser. Un quotidien de questionnements et de débats aussi, dont ces mêmes discours officiels ne peuvent traduire la complexité.

Certains n'hésitent pas à dire que le syndicalisme est en crise et doté d'un avenir incertain. Les bassins de syndicalisation se tarissent et se raréfient au rythme où notre société fabrique l'exclusion. Les syndiqués eux-mêmes ne parviennent qu'avec peine à conserver des avantages qu'ils avaient gagnés, pour certains au fil des générations. Enfin, le syndicalisme court le risque d'être politiquement marginalisé au fur et à mesure que se démantèlent les protections et acquis sociaux caractéristiques des sociétés industrialisées de l'après-guerre.

Renversons les mots : n'avons-nous pas davantage affaire à un syndicalisme de crise ? Un syndicalisme qui essaie de se tracer un chemin et de maintenir ses solidarités vis-à-vis des employeurs et un État qui semblent eux-mêmes dépourvus de moyens et d'imagination pour faire face à la mondialisation de l'économie. Le syndicalisme s'est toujours défini par rapport à ces deux autres acteurs, et voilà que les uns et l'autre sont eux-mêmes ébranlés, en perte de prise sur leur environnement.

C'est dans ce contexte incertain et mouvant que le syndicalisme est fréquemment invité au changement. Pour plusieurs, changer semble être devenu une norme, une impérieuse obligation. À la bonne heure. Le syndicalisme est un habitué du changement : il a su s'y adapter, et il n'a pas manqué non plus d'en réclamer, souvent en vain. Mais on nous pardonnera d'avoir du changement une conception qui ne ressemble pas aux diktats servis au syndicalisme du type « crois ou meurs ». Le changement doit demeurer une porte ouverte vers des possibles, un appel à l'imagination collective. Et il en faudra beaucoup, n'en doutons pas, pour continuer à ancrer dans la réalité les valeurs qui ont toujours été au fondement du syndicalisme.

Ce livre a pour objectif de poser des jalons dans la réflexion sur le passé et sur le présent, mais surtout sur l'avenir du syndicalisme. Nous procéderons à un état des lieux avant d'identifier les enjeux qui affrontent le syndicalisme dans les différentes facettes de son action. Bien qu'il s'agisse d'un ouvrage consacré au syndicalisme québécois, de nombreuses réflexions relatives à ces enjeux pourraient valoir pour d'autres syndicalismes : problèmes et enjeux n'ont pas toujours de frontières. Plusieurs travaux historiques de qualité (cf. bibliographie) sur le syndicalisme québécois sont déjà disponibles. Le présent ouvrage sera donc avare de chronologies et de dates relatives à l'histoire du syndicalisme, tout en en proposant une lecture très ancrée dans notre identité socio-historique.


Retour au texte de l'auteur: Mona-Josée Gagnon, sociologue québécois Dernière mise à jour de cette page le mercredi 4 avril 2007 12:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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