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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Gabriel Gagnon, “ Coopératives, politique et développement ” (1974)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gabriel Gagnon, “ Coopératives, politique et développement ” (*). Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 6, n° 2, novembre 1974, pp. 87-100. Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal. [* Ce texte reprend l'essentiel d'une communication présentée au XXIXe Congrès de l'Institut international de sociologie tenu à Alger du 25 au 30 mars 1974.] [Autorisation accordée par l’auteur, le 3 février 2004.]

Introduction (*)

Depuis la fin de la dernière guerre, le système coopératif a été présenté par la plupart des organismes internationaux comme une panacée aux difficultés économiques des paysans des pays du Tiers monde, comme la voie privilégiée de leur accession à la modernité et surtout comme l'instrument irremplaçable de leur participation aux projets de développement.

Cette idéologie optimiste commence à être remise en question (1) alors que la perspective théorique dominante chez les idéologues du développement est attaquée à la fois par les théoriciens marxistes du néo-impérialisme (2) et par les critiques de la croissance continue des pays capitalistes.

Loin d'être un instrument neutre de développement, valable dans tous les contextes sociaux, le système coopératif ne dissimulerait-il pas un fort caractère de contrainte politique et culturelle? Son idéologie ne tendrait-elle pas à masquer un certain nombre de réalités ayant trait en particulier à la structure de classe des sociétés où il s'implante? C'est à cette interrogation fondamentale que je voudrais tenter de répondre bien sommairement à partir d'un certain nombre d'observations recueillies sur le terrain.

Nous avons en effet eu l'occasion, mes étudiants et moi, au cours des dix dernières années, d'aller observer sur place l'évolution du système coopératif dans trois pays différents par la culture mais assez semblables quant au niveau de leur développement. Ces études sur le terrain ont été effectuées au Sénégal (1962-1963, 1967, 1971-1972), à Cuba (1966, 1967, 1972) et en Tunisie (1969-1970, 1971, 1973) (3) où nous avons pu suivre d'assez près le développement puis l'échec relatif du mouvement coopératif. En effet, nous avons d'abord eu la possibilité d'observer sur le terrain en 1962-1963 la crise politique qui opposa le premier ministre Mamadou Dia au président Léopold Senghor autour de l'orientation du développement économique sénégalais (4). À Cuba, nos principales études de terrain furent effectuées en 1966 et 1967, juste avant la «bataille des dix millions de tonnes» qui devait mettre en veilleuse les diverses formes d'organisation paysanne jusqu'alors encouragées par la révolution socialiste. En Tunisie, un projet conçu pour étudier la mise en coopératives de l'ensemble de l'agriculture, amorcée par le ministre Ben Salah en 1969, se transforma bientôt en une étude de la décoopérativisation, à la suite du conflit opposant le président Bourguiba à son ministre autour de cette question.

Nous nous trouvons donc en présence de trois expériences où la liaison recherchée entre les coopératives et le système politique suscite une crise ouverte ou latente dès qu'elle risque d'amener la transformation des structures de classe: elles évoluent toutes au détriment d'organismes dont l'idéologie dominante faisait pourtant une de ses caractéristiques, si l'on en croit les discours de Bourguiba, de Senghor ou de Castro (5).

Nous analyserons donc brièvement chacun de ces cas pour en tirer un certain nombre de conclusions provisoires sur la nature du système coopératif et de son insertion dans une formation sociale ou une société globale, selon le vocabulaire que l'on préférera. Notre évaluation tiendra compte à la fois de la dimension économique, perçue en termes d'efficacité, et de la dimension politique, perçue en termes de «participation» paysanne à la structure du pouvoir et à la définition des objectifs de développement.


Notes :

* Ce texte reprend l'essentiel d'une communication présentée au XXIXe Congrès de l'Institut international de sociologie tenu à Alger du 25 au 30 mars 1974.

1. Orlando Fals Borda, «Formation et déformation de la politique coopérative en Amérique latine», Bulletin de l'Institut international d'études sociales, 1970, 7: pp. 130-160.

2. Samir Amin, l'Accumulation à l'échelle mondiale, Dakar, Ifan et Paris, Anthropos, 1970; Samir Amin, le Développement inégal, Paris, Éditions de Minuit, 1973; Arrighi Emmanuel, l'Échange inégal, Paris, Maspero, 1969; André Gunder Frank, le Développement du sous-développement : l'Amérique latine, Paris, Maspero, 1972.

3. Je remercie Alfred Sicotte et Jules Savaria, du Département de sociologie de l'Université de Montréal, pour leur contribution importante au travail empirique et théorique dont cet article rend compte.

4. Gabriel Gagnon, Associations économiques modernes et socialisme africain: l'expérience sénégalaise, thèse de doctorat, Paris, E.P.H.E., 1965.

5. Une autre caractéristique des trois cas étudiés, intéressante d'un point de vue comparatif, réside dans le fait que le leadership politique de type charismatique qui y prévaut est demeuré le même depuis l'indépendance de 1956 en Tunisie, de 1960 au Sénégal, ou depuis la révolution de 1959 à Cuba.

Retour au texte de l'auteur: Gabriel Gagnon, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 18 novembre 2004 07:18
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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