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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

DUPLESSIS. Entre la grande noirceur et la société libérale. (1997)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction d'Alain G. Gagnon et Michel Sarra-Bournet, DUPLESSIS. Entre la grande noirceur et la société libérale. Montréal: Les Éditions Québec/Amérique, 1997, 397 pp. Collection Débats. Programme d’études sur le Québec de l’Université McGill. Une édition numérique réalisée par Mme Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedy, Ville Laval, Québec. [Autorisation accordée par l'auteur, vendredi le 17 mars 2006, de diffuser tous ses travaux dans Les Classiques des sciences sociales.]

[11]

DUPLESSIS.
Entre la grande noirceur et la société libérale.

Introduction

Même s'il coïncidait avec le soixantième anniversaire de la prise du pouvoir par l'Union nationale au Québec, ce colloque interdisciplinaire n'était pas une commémoration de cet événement. Il se voulait une occasion privilégiée pour les chercheurs de faire le point sur le régime Duplessis et sur l'influence qu'il a eue sur la société québécoise. Ce sont des années cruciales de l'histoire politique du Québec où se sont entrechoqués, dans des circonstances particulières, des courants idéologiques à portée universelle. Comment expliquer la pérennité du régime mis en place par Maurice Duplessis ? Quelle était l'originalité de son discours et de ses politiques ?

Longtemps qualifiée de « Grande noirceur », la période 1936-1959 est actuellement l'objet d'importantes réinterprétations. Celles-ci sont le reflet des débats de société actuels, car l'histoire est toujours de son temps.

La première génération à se pencher sur le duplessisme était contemporaine des pionniers de la Révolution tranquille et de la construction de l'État du Québec, dans les années 1960 et 1970. En réaction contre le duplessisme, elle a marqué sa rupture avec un passé récent et toujours douloureux en dépeignant l'ensemble des années 1850 à 1960 comme une période de domination, voire d'hégémonie, du conservatisme clérical. Le régime du [12] « Chef », appuyé par l'Église, est souvent dépeint dans leurs œuvres, comme totalitaire, dogmatique et traditionaliste [1].

En général, les chercheurs des années 1980 et 1990 ont fait preuve de plus de détachement. Plus jeunes, ils ont vécu l'ascension d'une nouvelle bourgeoisie économique et la fin de l'expansion étatique. Ils se sont intéressés à d'autres aspects de l'histoire du Québec au XXe siècle, notamment la présence du libéralisme.

Pour l'historien Ronald Rudin, ce virage relèverait du désir d'historiens « révisionnistes » de présenter le Québec comme une société « normale » [2]. Mais au-delà de procès d'intention, on ne peut s'empêcher de remarquer une différence épistémologique fondamentale entre ces deux courants historiographiques : les chercheurs de la seconde période établissent la primauté de l'économique sur le politique. [3] S'agit-il de relents de l'époque où le marxisme régnait en maître sur les sciences sociales au Québec, alors qu'il n'y avait de « superstructure » que dominée par l'« infrastructure » ? Ou de l'influence prolongée sur les historiens québécois de l'école française des Annales, qui [13] s'intéressait davantage aux « structures » qu'aux « conjonctures », à la « longue durée » qu'au « temps court » ?

S'agissant du duplessisme, les travaux de Gilles Bourque, Jules Duchastel et Jacques Beauchemin [4], dans le sillage de l'ouvrage pionnier de Gérard Boismenu [5], ont secoué les idées reçues par leur interprétation tout à fait nouvelle et inattendue du discours de Duplessis. Selon eux, son idéologie était essentiellement libérale et fonctionnelle par rapport au type de société moderne qui s'élaborait alors. Simple réponse au néo-libéralisme ambiant ou spectaculaire bond en avant de notre connaissance de cette période ? Cela se discute encore.

Il était dès lors impératif de laisser une place importante à la discussion de la thèse des trois sociologues de l'UQAM dans le cadre de ce colloque. Outre leur participation, soulignons les prestations remarquables des regrettés Arthur Tremblay et Gérard Pelletier, ainsi que de Madeleine Parent. Leurs témoignages, d'une valeur inestimable, enrichiront nos sources documentaires. D'autres témoins de l'époque, Michael Oliver, François-Albert Angers et Guy Lamarche ont offert leurs contributions sous forme d'analyses. Michel Lévesque, Simon Lapointe, Jacques Rouillard, Gilles Paquet, Robert Comeau et Jean-François Nadeau, Louiselle Lévesque, Jack Jedwab, Richard Desrosiers, Michael D. Behiels, Dorval Brunelle et Jocelyn Létourneau ont joint leurs communications aux [14] nôtres pour compléter le programme. La plupart de ces communications ont été revues à la suite des commentaires dont leurs auteurs ont pu bénéficier et sont publiées dans le présent ouvrage. Enfin, Gérard Boismenu qui ne pouvait être présent au colloque a accepté notre invitation à rédiger un texte mettant en évidence la composante de classes dans le maintien du régime duplessiste au Québec.

Nous tenons à remercier Pierre Godin et François Rocher pour leur dynamisme dans le rôle d'animateurs, ainsi que l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS), l'Association québécoise d'histoire politique et surtout le Programme d'études sur le Québec de l'Université McGill qui ont rendu possible la tenue de ce colloque. Ce livre n'aurait pas été possible sans la participation de Mona Henrion, pour la transcription des bandes magnétiques, de Sarah Fortin et de Charles Grandmont pour leur participation à la préparation de l'ouvrage, de Joséphine Dubois, pour la révision du manuscrit, et de la maison d'éditions Québec Amérique qui a choisi d'inclure cet ouvrage dans sa nouvelle collection Débats.

Alain-G. Gagnon
Michel Sarra-Bournet
Montréal, le 28 juillet 1997



[1] Voir, à titre d'exemple, Jean-Louis Roy, La Marche des Québécois. Le Temps des ruptures (1945-1960). Montréal, Leméac, 1976 ; Hubert Guindon, Tradition, modernité et aspiration nationale de la société québécoise, Montréal, Saint-Martin, 1990 ; Gérard Pelletier, Les années d'impatience 1950-1960, Montréal, Stanké, 1983.

[2] Voir « La quête d'une société normale : critique de la réinterprétation de l'histoire du Québec », dans Bulletin d'histoire politique, 3, 2 (hiver 1995) p. 9-42. La thèse de Rudin a été débattue lors d'une table ronde intitulée « Y-a-t-il une nouvelle histoire du Québec ». Voir Bulletin d'histoire politique 4, 2 (hiver 1996) p. 7-74.

[3] Voir Gérald Bernier et Daniel Salée, Entre l'ordre et la liberté. Colonialisme, pouvoir et transition vers le capitalisme dans le Québec du XIXe siècle. Montréal, Boréal, 1995.

[4] Bourque et Jules Duchastel, Restons traditionnels et progressifs. Pour une nouvelle analyse du discours politique. Le cas du régime Duplessis au Québec, Montréal, Boréal, 1988 ; Gilles Bourque, Jules Duchastel et Jacques Beauchemin, La Société libérale duplessiste. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1994.

[5] Gérard Boismenu, Le Duplessisme. Politique économique et rapports de force, 1944-1960, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1981.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 22 octobre 2014 13:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue,
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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