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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ De la ville-société à la ville-milieu.
L'unité du processus social de constitution et de dissolution et l'objet urbain ” (1971)

Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article du professeur Michel Freitag, professeur de sociologie à l'UQAM, “ De la ville-société à la ville-milieu. L'unité du processus social de constitution et de dissolution et l'objet urbain ”. Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 3, no 1, mai 1971, pp. 25-57. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation accordée mercredi le 23 juillet 2003].
Introduction (*)

Telle qu'elle est donnée dans la représentation commune, la ville offre un champ d'étude pour la sociologie, non un objet. On a beaucoup dit que pour construire l'objet, il fallait rompre d'abord l'unité toute faite de la représentation du sens commun. On a alors parfois oublié de souligner que le principe de la rupture avait son complément nécessaire dans une formulation non arbitraire du mode de reconstruction de l'objet, mode qui détermine fondamentalement la position de celui-ci dans le champ épistémologique et théorique, et donc son rapport à d'autres objets.

Le point de départ de cet essai de reconstruction de l'objet urbain réside dans un postulat (analogue par sa fonction au postulat de la spatio-temporalité qui constitue l'objet physique): c'est que tout objet sociologique est d'abord produit social.

Cela signifie avant tout que l'objet sociologique ne possède pas le principe de sa cohérence objective dans la structure des relations empiriques qui le caractérise du point de vue de tel ou tel système opératoire abstrait et général, mais dans l'unité réelle de son processus social, historique, de production. C'est l'unité historique d'une pratique sociale (que nous appellerons «système d'action») qu'il s'agit en premier lieu de reconstruire d'une manière systématique. Et la spécificité de celle-ci, à son tour, ne peut être définie que par une reconstitution des rapports réels par lesquels elle a été produite à un moment de l'histoire, à partir d'une autre unité de même type.

Le mode fondamental selon lequel une société produit elle-même son unité et la transformation de celle-ci, nous l'appellerons «institutionnalisation». Pour nous, l'institutionnalisation implique l'intervention d'un pouvoir, elle fait toujours référence à un rapport de force et à une légitimation idéologico-culturelle.

La plus grande cohérence objective que possède la ville, et son plus haut degré de spécificité relativement à d'autres objets sociaux analogues, résidera donc, si cela se trouve, dans sa coïncidence avec le système général d'intégration institutionnelle et culturelle de la société. Dans ce sens, nous dirons que la ville possède alors un caractère sociétal, qu'elle représente en tant que telle un type de société globale.

Nous essayerons de montrer que la commune urbaine, bourgeoise et corporative de la fin du Moyen Âge possède, et elle seule, un tel caractère sociétal. En d'autres termes, qu'elle représente alors un mode de production spécifique.

On ne peut pas se contenter de décrire ce type: on le définira par les relations qu'il entretient, structurellement, d'une part avec d'autres types sociétaux qui ne sont pas des villes (notamment dans le contexte historique de cette étude, avec la seigneurie et l'État nation), d'autre part avec d'autres formes de villes qui ne sont pas des réalités sociétales, mais au contraire des réalités objectives partielles qui ne peuvent être saisies que par leur mode d'intégration dans des types sociétaux plus larges.

Le but de cette démarche n'est pas uniquement conceptuel. En nous appuyant sur un mode d'analyse qui tend à une certaine rigueur formelle, nous voudrions avant tout contribuer à la destruction du mythe de la société urbanisée, entendu comme référence à la domination progressive d'une structure de contrôle (ou de détermination) proprement urbaine dans les sociétés industrielles contemporaines; et par là aider à restituer les objets de cette dernière démarche à une problématique plus adéquate.

L'objet, ce sera donc le processus de production et de transformation de la ville, dont on reconstruira un certain nombre d'étapes typiques du point de vue structurel: type 0: la seigneurie; type I: le bourg médiéval; type II: la ville corporative; type III: la ville industrielle: 1) la ville industrielle américaine, 2) la ville industrielle européenne, 3) la ville néo-coloniale; type IV: la société urbanisée ou la fin de la ville.

Tous ces types seront définis par les relations qui permettent de passer de l'un à l'autre, étant entendu que ces relations ne sont que la formalisation des modalités réelles de passage d'une forme sociétale à l'autre dans l'histoire, à travers les transformations du mode de production, les luttes sociales, le développement des différentes formes de rapports de classes, et l'établissement des systèmes institutionnels qui leur correspondent.

Notes:

* Le texte qui est présenté ici tire une partie de sa substance d'un travail effectué il y a deux ans avec Mme S. Salkoff-Cernuschi, attachée de recherche au C.N.R.S. à Paris.

Retour au texte de l'auteur: Michel Freitag, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 22 janvier 2007 8:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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