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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Le statut social de lartiste (1987)
Introduction
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marcel Fournier, Le statut social de lartiste. Un article publié dans la revue Possibles, Montréal, vol. 11, no 2, hiver 1987, pp. 137-147. [Autorisation accordée par l'auteur le 12 décembre 2002 pour cette oeuvre et toutes celles publiées au Québec]
D'un peintre, d'un sculpteur ou d'un graveur, l'on dit habituellement qu'il est un «artiste professionnel». Mais qu'y a-t-il de commun entre l'artiste (en arts visuels) et le membre d'une profession (libérale ou académique)? De toutes les activités professionnelles, celles qui sont liées aux arts semblent échapper aux définitions reconnues des professions: il s'agit d'activités « libres » qui ne relèvent pas du loisir; il s'y fait du travail, mais ce n'est pas du travail au sens strict du terme. Même lorsqu'ils revendiquent pour eux un « statut social », les artistes sont souvent les premiers à refuser une délimitation trop stricte de leur champ d'activités. À un journaliste qui lui posa la question «Vous vous refusez le titre de peintre comme celui d'homme de lettres (...) Quelle est votre profession?», Marcel Duchamp répondit: «Pour-quoi voulez-vous à toute force classer les gens? Qui suis-je? Est-ce que je sais? Un homme tout simplement, un respirateur». Et dans ses Entretiens avec Cabanne, celui-ci apporta la précision suivante:
Au sens social, ordinaire du mot, la création, c'est très gentil, mais au fond je ne crois pas à la fonction créatrice de l'artiste. C'est un homme comme tous les autres, voilà tout. C'est son occupation de faire certaines choses, mais le businessman fait aussi certaines choses, comprenez-vous? (1)
Force est de reconnaître la très grande fluidité de la «profession d'artiste»: non seulement l'accès (formation scolaire, diplômes, etc.) à cette profession est peu contrôlée, mais aussi les modes d'exercice d'une activité artistique sont fort diversifiés. Que faut-il avoir ou faire pour être considéré, dans le domaine des arts visuels, comme un artiste ? Détenir un diplôme d'une école d'art, avoir une production régulière ou participer à des expositions ? Qui a-t-il de commun entre le professeur d'art et l'artiste de galerie? entre l'«artiste du dimanche» et celui qui se spécialise dans les installations et les «performances»? Cette situation révèle, reconnaît le sociologue américain Eliot Freidson, «le défi que l'art représente pour nos notions communes de «profession» et de «travail». Elle nous oblige à prendre en considération l'existence d'une activité productive objective socialement, qui ne peut en aucun cas être qualifiée de «loisir» (et non de « travail ») mais qui échappe à la catégorie usuelle du travail rémunéré, d'une activité à laquelle on s'adonne sur le modèle de l'engagement et de l'identification, sans qu'elle constitue la somme principale de revenu. Bref, les arts offrent l'exemple d'une activité productive réelle mais théoriquement confuse qui n'entre pas dans le champ de la statistique officielle». (2)
Notes (*) Ce texte est la version modifiée d'une conférence donnée au Musée d'art contemporain à Montréal le 4 novembre 1986. (1) Entretiens avec Cabanne (2) Eliot Freidson, «Les professions artistiques comme défi à l'analyse sociologique», Revue française de sociologie, XXVII, 1986, p. 423. Voir aussi Raymonde Moulin, «De l'artisan au professionnel: l'artiste», Sociologie du travail, 25, 1985, pp. 388-403.
Dernière mise à jour de cette page le samedi 20 janvier 200711:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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