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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les sciences sociales et les institutions. En hommage à Jean-Charles Falardeau.” (1990)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marcel Fournier, Les sciences sociales et les institutions. En hommage à Jean-Charles Falardeau.” Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Vincent Lemieux, Les institutions québécoises: leur rôle, leur avenir. Colloque du 50e anniversaire de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval, pp. 297-312. Québec: Les Presses de l'Université Laval, 1990, 330 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 12 décembre 2002 pour cette oeuvre et toutes celles publiées au Québec]
Table des matières

C'est avec plaisir et sans doute une certaine inconscience que j'ai accepté de faire la synthèse des différentes activités-ateliers et conférences - qui ont marqué le cinquantième anniversaire de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. Il m'a fallu être partout à la fois, écouter des conférences nombreuses sur des thèmes fort diversifiés : on a parlé de libre-échange, de la Constitution, de l'État, du syndicalisme, de la famille, de la religion, etc. La diversité est une des caractéristiques de ce congrès.

Mais avant de présenter mon rapport-synthèse, permettez-moi de vous faire quelques confidences. Je ne suis pas un diplômé de la Faculté, mais j'ai une grande affection pour cette institution. J'ai forcé mon destin, car au milieu des années 1960, tout me prédestinait à venir étudier à l'Université Laval : j'étais finissant au Collège de Lévis, des « anciens » du collège - Gérard Bergeron et Vincent Lemieux - étaient professeurs à la Faculté et l'un de mes oncles, Léopold Marquis, était diplômé du Département de relations industrielles. C'est à Montréal, dans la grande métropole, que j'ai poursuivi mes études universitaires... tout en gardant un œil sur l'Université Laval. Étudiant en sociologie, je suis allé assister à des colloques, dont celui sur le pouvoir organisé par la revue Recherches sociographiques, et pendant un semestre je me suis déplacé, chaque semaine, pour suivre les séminaires de sociologie de la connaissance de Fernand Dumont. Enfin, dès le début de ma carrière universitaire, j'ai eu l'honneur de publier un article dans la revue Recherches sociographiques, attentivement lu par Nicole Gagnon. Quelques années plus tard, je devenais membre du comité de rédaction de cette revue et demeurais en relations étroites avec plusieurs collègues de l'Université Laval qui me pardonnent, je l'espère, d'avoir accédé à la présidence de la F.A.P.U.Q. peu de temps après que le Syndicat des professeurs de l'Université Laval (S.P.U.L.) eut quitté cette fédération !

Connaissant bien la Faculté des sciences sociales, je vous avouerai d'entrée de jeu mon étonnement devant le thème du présent colloque : « Nos institutions : leur rôle, leur avenir ». Lorsque le doyen de la Faculté, M. Hubert Laforge, m'en a informé, je suis demeuré bouche bée. Ma perplexité est partagée par certains participants. Dans sa communication, Michel Bélanger exprime sa surprise dans les termes suivants : « Nos institutions ! Pour nous étudiants à la Faculté des sciences sociales dans les années 1940, tout cela était relié aux Semaines sociales du Canada, à l'École sociale populaire. Nous, à l'Université Laval, nous avions dépassé cela. » Mais il ajoute, pour nuancer son propos : « En vieillissant, la terre tourne et on revient à la case de départ. Pourquoi ne pas parler aujourd'hui de Nos institutions ? »

Comme certains Montréalais peuvent être tentés de le faire, il serait (trop) facile d'établir une relation de causalité entre la nature de la ville de Québec et le thème du colloque. Pour tout observateur étranger, la capitale est une ville d'institutions. C'est la première impression que j'ai eue de la ville lorsque, jeune, mes parents ou mes professeurs m'y ont amené : le Parlement, le Petit Séminaire, la basilique, le musée, la citadelle, etc. De la ville de Québec, la connaissance que j'en ai acquise, ce sont les trois É : l'Église, l'École et l'État. Québec est une ville d'institutions, mais le paradoxe demeure, car la Faculté des sciences sociales s'est développée en critiquant les institutions que sont l'École, l'Église et l'État ; elle a été - et j'y reviendrai à la fin de mon exposé - un contre-pouvoir qui a exercé à l'égard des institutions québécoises une fonction critique. Dans un ouvrage que l'un de ses anciens étudiants, M. Parizé, lui consacre, le père Lévesque est présenté comme « le Père de la Révolution tranquille ». Celui que Duplessis appelait « le p'tit rouge » s'est battu contre les pouvoirs politiques et religieux, comme il le rappelle dans ses Souvenances ; il est souvent apparu comme un « incurable rêveur ».

Mais, dira-t-on, les temps ont changé, la Faculté a vieilli... Le père Lévesque lui-même et plusieurs de ses anciens collègues sont devenus des « institutions » ! L'anecdote suivante que m'a racontée un ancien étudiant de la Faculté le prouve. Quelque temps avant qu'il ne prenne sa retraite, Jean-Charles Falardeau fut abordé à la fin de l'un de ses cours par un étudiant qui, intimidé, lui a dit : « C'est très intéressant, M. Falardeau, de discuter avec vous, car nous avons l'impression, ce qui est rare, de parler à une institution. » L'étonnement de Falardeau a dû être grand, d'autant plus qu'à son retour de l'Université de Chicago il a consacré ses premiers cours de sociologie au thème du passage « du mouvement social à l'institution » ! Nous ne pouvons, à l'intérieur d'un colloque dont la fonction première est de souligner le cinquantième anniversaire de la Faculté, éviter d'analyser son histoire et de mettre en valeur la contribution de tous ceux et celles qui y furent associés. « Nos institutions », ce sont vous tous, professeurs, chercheurs et administrateurs qui, au cours des cinq dernières décennies, avez individuellement et collectivement assuré la mise sur pied et le développement de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval.

Les jeunes générations ne doivent pas l'oublier. Malheureusement - et c'est l'un des rares regrets que j'exprimerai -, il faut déplorer la faible présence au colloque des jeunes chercheurs et professeurs et des étudiants en sciences sociales. Dans sa communication, Léon Dion a reproché à la génération des 30-50 ans de ne pas remplir son rôle de « phare pour la jeunesse » comme sa génération l'avait fait. Or, les membres de cette génération, la mienne, qui a vécu Mai 1968, a été bousculée par le mouvement de la contre-culture et s'est laissée séduire par le marxisme, ne sont pas très nombreux dans cette salle. Les thèmes qu'ils ont abordés et les problématiques qu'ils ont élaborées n'ont que peu ressorti dans les différents ateliers. Le présent colloque est à l'image de ceux à qui l'on veut rendre hommage ; il a, si l'on veut faire une comparaison, plusieurs points en commun avec le colloque que la Faculté des sciences sociales organisait trente ans plus tôt autour du thème des « Répercussions sociales de l'industrialisation dans la province de Québec » et dont les communications ont été publiées, sous la direction de Jean-Charles Falardeau, dans les Essais sur le Québec contemporain [1] : aujourd'hui comme hier, qu'il s'agisse d'analyser l'évolution de l'État, de la famille, de la religion ou de l'économie, il est toujours question de la « modernisation » (tardive, trop rapide) de la société québécoise ; la problématique du passage de la société traditionnelle à la société moderne ou technique est centrale pour comprendre l'évolution du Québec au cours des cinquante dernières années.

Mon rapport-synthèse s'articule autour de deux thèmes. Le premier est celui-là même du colloque : « Les institutions dans la société québécoise ». Et j'ajouterai comme sous-titre l'interrogation classique : « Ordre ou changement ? ». Le deuxième thème est relié à l'objectif même de ce colloque, qui est de souligner le cinquantième anniversaire de la Faculté des sciences sociales : « La Faculté des sciences sociales comme institution ».


[1]     Jean-Charles Falardeau (dir.), Essais sur le Québec contemporain, Québec, Lu Presses de l'Université Laval, 1953.


Retour au texte de l'auteur: Marcel Fournier, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le samedi 20 janvier 2007 11:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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