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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Robert Fossaert, L'HIVER EUROPÉEN. ESSAI. (2011)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Robert Fossaert, L'HIVER EUROPÉEN. ESSAI. Paris: janvier 2011. Texte inédit. Deuxième d'une série de trois essais. Chicoutimi: Les Classiques des sciences sociales, 2011, 48 pp. [Autorisation formelle accordée par l'auteur, le 1er février 2011, de diffuser cet essai dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction


La Méditerranée, la Caspienne et l'Oural ne sont pas les frontières "naturelles" d'une Europe qui a pris corps au long d'une histoire multi-millénaire et turbulente, riche en invasions comme en débordements et en replis, sans compter ses expansions très lointaines. Les vingt-sept États membres de l'actuelle Union Européenne sont talonnés par une vingtaine d'États qui aspirent plus ou moins à les rejoindre. Quatre sont des débris de la Yougoslavie. [1] Quand on veut n'omettre aucun candidat ayant une chance d'être agréé, il faut encore compter l'Islande et, peut-être, la Turquie qui piaffe d'impatience. À ces six-là, trois ou quatre États issus de l'URSS s'adjoindraient volontiers. [2] Puis viennent, un peu plus loin dans la file des renforts éventuels, les "associés" à l'Union Européenne, que sont les États du Maghreb et du Machrak, tous riverains de la Méditerranée (hormis la Libye), lesquels sont neuf ou dix si l'on n'oublie pas de leur ajouter Israël et le Liban. Enfin, il faut tenir compte des huit à douze séquelles des empires coloniaux espagnol, portugais et français, ce qui étend l'Europe virtuelle jusqu'aux Caraïbes et au Pacifique. Ne vérifiez pas l'addition, car elle change au gré d'humeurs diplomatiques variables, sans compter les interférences avec d'autres Europes non moins respectables que l'Union Européenne, notamment la CEDH – c'est-à-dire la Cour Européenne des Droits de l'Homme – institution à laquelle la Russie est en train de s'affilier, précédée en cela par la Turquie et divers autres États. Les fabricants d'une Grande Europe peuvent ainsi composer de larges visions d'avenir.

Quant aux comparaisons entre les États-Unis et l'Union Européenne, je ne m'y aventurerai pas, tant les premiers font désordre quand on entrouvre leur "boîte noire" à cinquante États et qu'on tient compte, en outre, de toutes leurs excroissances mondiales, tandis que la pagaille de l'Europe, enrichie d'ajouts incertains, fait penser à un vaste chantier de construction – lui-même étalé sur d'anciens champs de bataille.

La question qui est ici posée est précisément celle du bâti européen, c'est à dire de l'Europe en soi et pour soi, dans le nouveau système mondial qui se met en place depuis la mort de l'URSS. C'est une question qui entraîne peuples et États, sans être endiguée dans des limites prédéterminées. Elle ne se résoud pas, mais se transforme en un réseau d'institutions déjà existantes (parfois de longue date) ou en cours d'édification, si ce n'est à l'état de projets encore incertains ou d'intentions fort vagues. Bref, c'est une question des plus mobiles, qu'il serait déraisonnable d'enfermer dans une grille de lecture préfigurant le résultat d'une histoire qui n'est nulle part écrite. Dans notre monde en devenir, l'Europe n'est pas encore un projet dûment élaboré, mais c'est assurément un énorme faisceau de mémoires vives et un vaste paquet de tentatives.

Pour zigzaguer dans ce chantier, sans préjuger de son architecture finale, le mieux me semble être de partir du système mondial, lui-même en pleine évolution, pour considérer les actions et les humeurs des puissances européennes ayant quelque poids dans ce système. À partir de là, balayant devant ma porte, je prêterai une particulière attention à la France – qui rêve plus qu'elle n'agit. Enfin, j'essaierai de mettre en lumière les aides, parfois substantielles, que les peuples européens, souvent tristes ces temps-ci, pourraient apporter au bâti de leur Europe et à celui du nouveau monde qui se cherche un peu partout.

Ces trois pistes de réflexion pourraient conduire à de longs développements, aussi complexes qu'incertains, mais l'hiver européen ne m'y incite pas. Une crise rampante prive les peuples d'espérances et condamne les États à la circonspection. Je vais donc fragmenter plus encore les quelques remarques porteuses d'avenir et d'espoir que je crois pouvoir avancer sur ces trois pistes.



[1] Albanie, Macédoine, Montenegro et Serbie, en oubliant (pour le moment ?) le Kossovo extrait de cette dernière.

[2] Belarus, Ukraine, Géorgie et Moldavie, les États-Unis soutenant les trois premiers.



Retour au texte de l'auteur: Robert Fossaert Dernière mise à jour de cette page le jeudi 3 mars 2011 20:41
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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