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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de Gérald Fortin, “L’étude du milieu rural”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 3, no 1-2, Avril-juin 1961, pp. 105-116. Québec: Les Presses de l'Université Laval. Texte reproduit dans l’ouvrage de Gérald Fortin, La fin d’un règne. Chapitre 7, pp. 173-186. Montréal: Éditions Hurtubise HMH, ltée, 1971, 397 pp. Collection: Science et humanisme, no 3. [Autorisation accordée par Mme Andrée Fortin, fille aînée de M. Gérald Fortin, sociologue à l'Université Laval, le 6 janvier 2004, de diffuser la totalité de l'oeuvre de son père. Nous lui exprimons notre profonde gratitude de nous permettre de rendre accessible l'oeuvre de ce pionnier de la sociologie au Québec qui fait partie intégrante de notre patrimoine intellectuel].

[105]

Situation de la recherche sur le Canada français
II. Perspectives écologiques

Gérald Fortin

Département de sociologie et d’anthropologie,
Université Laval

L’étude du milieu rural”.

Une édition électronique réalisée à partir de Gérald Fortin, “L’étude du milieu rural”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 3, no 1-2, Avril-juin 1961, pp. 105-116. Québec: Les Presses de l'Université Laval. Texte reproduit dans l’ouvrage de Gérald Fortin, La fin d’un règne. Chapitre 7, pp. 173-186. Montréal: Éditions Hurtubise HMH, ltée, 1971, 397 pp. Collection : Science et humanisme, no 3. [Autorisation accordée par Mme Andrée Fortin, fille aînée de M. Gérald Fortin, sociologue à l'Université Laval, le 6 janvier 2004, de diffuser la totalité de l'oeuvre de son père. Nous lui exprimons notre profonde gratitude de nous permettre de rendre accessible l'oeuvre de ce pionnier de la sociologie au Québec qui fait partie intégrante de notre patrimoine intellectuel].


Pour la sociologie de la connaissance, il est sans doute très significatif qu'au Canada français la sociologie soit née sous le signe du milieu rural. Longtemps même, c'est-à-dire jusqu'aux années 1940, c'est l'analyse de ce milieu qui a surtout retenu l'attention des sociologues et des anthropologues. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette orientation première de la recherche sociologique. Il n'est certes pas de notre propos de présenter ici une sociologie de notre sociologie ; je tiens cependant à souligner deux faits qui sont plus directement liés à notre sujet d'analyse. Le premier de ces faits est d'ordre démographique : en 1886, lorsque Gérin entreprit ses premières monographies, 75% de la population canadienne-française de la province de Québec habitait le milieu rural. Cette prépondérance numérique de la population rurale devait durer jusqu'en 1931.  [1] Sur le plan idéologique, cette fois, la pensée sociale des élites les plus dynamiques de 1900 à 1945 a été fortement ruraliste sinon agriculturiste. [2] Fondée sur la foi et la langue, la culture canadienne-française a été définie par cette pensée sociale comme se réalisant de la façon la meilleure dans le cadre rural.

Il semble tout à fait naturel que ce soit ce milieu numériquement majoritaire et idéologiquement primordial qui ait attiré l'attention de la sociologie naissante. On peut même comprendre qu'il y ait eu tendance chez les pionniers à généraliser les résultats de leur recherche à l'ensemble de la société canadienne-française, à identifier notre culture traditionnelle à la culture observée dans un petit nombre de paroisses rurales.

Pour hâtive que soit cette généralisation, il est très difficile, faute de données, de la rejeter complètement. Ajoutons qu'il est aussi difficile (pour les mêmes raisons) de l'accepter. Nous ne possédons aucune étude de la culture de la population urbaine du début du siècle (nous n'en possédons [106] même que très peu de la population contemporaine). Sans doute l'histoire nous fournit-elle quelques renseignements sur la bourgeoisie de cette époque mais que savons-nous de la majorité ouvrière des villes ? De plus, comme nous le verrons à l'instant, les quelques monographies rurales que nous possédons indiquent clairement que le milieu rural était loin d'être aussi homogène qu'on se plaît parfois à se le représenter. Déjà, dans son ensemble, la société de la fin du XIXe siècle semble présenter l'aspect d'une société complexe où plusieurs sous-cultures co-existent. Il est toutefois possible qu'un système de valeurs commun ait coiffé ces diverses sous-cultures. C'est là un problème trop peu étudié pour qu'on puisse se prononcer.

C'est donc strictement en lui-même que nous voulons examiner le milieu rural et non en tant que représentatif du milieu traditionnel canadien-français. L'image que nous en retrouverons sera une image complexe à la fois dans le temps et dans l'espace.

En 1862, un disciple de LePlay, Gauldrée-Boileau, visite Saint-Irénée, comté de Charlevoix, et écrit une monographie de la famille d'Isidore Gauthier. [3] Il constate un attachement profond de la population de Saint-Irénée à l'agriculture, un esprit communautaire et familial très fort, la transmission intégrale du domaine à un seul fils. Il croit ainsi avoir trouvé la famille-souche qui constituait pour LePlay le prototype de la vie familiale.

Quelque vingt ans plus tard, en 1886, Léon Gérin, cédant aux instances de son maître Edmond Demolins, entreprend lui aussi de décrire le milieu rural québécois à l'aide de la méthode monographique. Par suite d'observations personnelles échelonnées de 1886 à 1930, il a reconstitué l'histoire de plusieurs familles rurales de divers milieux.

La plus célèbre des monographies de Gérin est sans doute celle de la famille Casaubon, de Saint-Justin. [4] L'image que présente Gérin de cet habitant casanier est devenue classique. Pratiquant une agriculture essentiellement vivrière et mixte, le cultivateur de Saint-Justin ne peut survivre que grâce à l'étroite solidarité de sa famille. Chacun de ses membres ayant un rôle précis dans l'œuvre commune, la famille vit en étroite dépendance de la nature. Elle s'appuie sur la nature plus qu'elle ne cherche à la transformer. C'est la famille qui demeure la cellule sociale de base de l'habitant de Saint-Justin ; vient ensuite le rang. Le village et la paroisse sont des centres d'intégration moins importants pour l'individu. Mise à part la prédominance sociale du curé, la stratification est presque inexistante. On a affaire à une simple juxtaposition de familles à peu près [107] égales qui se suffisent à elles-mêmes. Comme à Saint-Irénée, on retrouve le désir de transmettre intact le patrimoine familial à un seul des enfants, quitte à établir ailleurs les autres enfants.

Parce que Gérin a lui-même cédé à la tentation de généraliser les résultats de cette monographie, en particulier cet aspect du « domaine plein », et aussi peut-être parce que l'habitant casanier correspondait presque parfaitement au type d'habitant défini par l'idéologie ruraliste, on a eu tendance à donner trop d'importance à cette étude et à oublier les résultats de trois autres monographies contemporaines de celle de Saint-Justin.

Bien qu'il ait visité Saint-Justin en 1886, ce n'est qu'en 1890 que Gérin a commencé ses observations systématiques auprès de la famille Casaubon. Entretemps, de 1887 à 1890, il avait résidé dans une famille de Saint-Dominique près de Saint-Hyacinthe, visité les Cantons de l'Est, acheté un lot à Clifton et embauché un fermier. De ces diverses expériences, il nous a laissé trois monographies qui présentent une image du milieu rural qui est très différente de celle de Saint-Justin. [5]

Alors que Saint-Justin était un univers fermé par rapport à l'industrie et au commerce, à Saint-Dominique Gérin perçoit « la lente pénétration du milieu rural par le commerce ». La solidarité de la famille a été touchée par ce phénomène. Il observe un début de séparation entre l'atelier et la famille, une plus grande indépendance des membres de la famille les uns vis-à-vis les autres, un changement d'attitude à l'égard de la transmission du bien, un désir plus grand de faire « instruire » les enfants. Certaines industries se sont installées dans la paroisse et l'agriculture elle-même tend vers la commercialisation, vers la spécialisation. La famille, le rang et la paroisse demeurent les trois institutions de base, mais la situation est plus complexe qu'à Saint-Justin. La famille n'a plus autant de stabilité et de cohésion, les relations de voisinage sont moins étroites, la paroisse n'a plus autant de prestige ni d'autorité. On a brisé avec la tradition pour s'orienter vers le progrès.

En 1887, les vieilles paroisses du pays-bas de la rive sud sont déjà surpeuplées. Les jeunes qui désirent s'installer sur une terre doivent reculer vers les hautes terres des Cantons de l'Est. Ayant décidé de devenir cultivateur, Gérin les imitera et s'installera à Clifton. Dans ces paroisses de colonisation, il va rencontrer un type d'habitant plus évolué encore qu'à Saint-Dominique. Faisant face à des conditions nouvelles, le colon doit souvent renoncer aux solutions traditionnelles et innover. De plus, il est en contact avec des gens qui viennent de différents milieux. Il est ainsi forcé à confronter ses normes et ses valeurs. De cette confrontation, une attitude plus dynamique a émergé. S'appuyant sur leur esprit communautaire, sur les traditions familiales et sur la paroisse, les nouveaux [108] colons ont su résister à l'assimilation aux Loyalistes et instaurer eux-mêmes une révolution économique et sociale : l'industrie laitière.

Tous les jeunes des vieilles paroisses n'ont pas pu cependant émigrer vers les hauts tributaires de la Saint-François. Faute de capital, un grand nombre d'entre eux ont dû aller chercher aux États-Unis un moyen de gagner leur vie. L'émigrant déraciné, que décrit Gérin, semble avoir été un type assez répandu à la fin du XIXe siècle. Restant attaché à la terre mais incapable d'y prospérer, il fait la navette entre l'usine et l'agriculture. Parce que cette migration s'est faite en groupes familiaux et que le clergé a accompagné les émigrants pour leur conserver leur cadre paroissial, les Canadiens français ont pu résister à l'influence de la ville et de l'usine, et rester attachés à l'agriculture. Nombre d'entre eux sont revenus s'installer dans la région montagneuse du sud.

Même si Gérin constate que la famille, le rang et la paroisse demeurent les unités de base des localités rurales qu'il a étudiées, ses observations sont suffisantes pour illustrer clairement que, dès le début du XXe siècle, le milieu rural québécois était déjà très diversifié. Selon les régions et selon, comme il l'indique, le degré de pénétration de l'industrie et du commerce et aussi le degré de pénétration de l'influence des villes, les comportements et les normes traditionnels ont plus ou moins de force.

Tout en continuant à rechercher les traits communs sous-jacents aux diverses formes de la vie rurale, il aurait fallu établir de façon précise la complexité de notre monde rural, déterminer les types caractéristiques de chaque région ainsi que les facteurs pouvant expliquer la diversité. De même qu'au sud de Montréal on pouvait distinguer entre les paroisses de la vallée, des hautes terres et des régions montagneuses, des distinctions semblables auraient pu être faites au sud de Québec, dans la région du bas du fleuve, du nord de Montréal, etc.

Malheureusement, l'idée de complexité et de diversité a cédé la place à celle d'homogénéité. En 1920-29, Gérin retournait à Saint-Irénée pour vérifier les résultats de Gauldrée-Boileau. [6] Dès ses premiers contacts, il se rend compte qu'il doit abandonner l'idée de famille-souche et même de domaine plein. Cependant, ses observations lui rappellent tellement celles de Saint-Justin qu'il tend à minimiser les différences pour accentuer l'homogénéité. La culture est familiale, vivrière et traditionnelle ; la famille demeure le centre d'intégration ; le rôle du curé est prédominant. Gérin note toutefois une action lente et dissolvante du commerce. Même si l'argent est rare, les étoffes traditionnelles ont fait place aux étoffes manufacturées. « Dès les premières atteintes de cette force nouvelle qui s'exerce du dehors, une notable partie de la population se trouve ébranlée, instabilisée ». [7]

[109]

En 1936, Horace Miner entreprend une analyse anthropologique de la paroisse de Saint-Denis-de-Kamouraska [8] Employant des techniques différentes de celles de Gérin, l'image qu'il nous présente de cette population rurale est très proche de celle de Saint-Justin : rôle prépondérant de la famille et du rang, attachement à une agriculture vivrière. Miner remarque cependant que les contacts avec la culture urbaine tendent à changer les patterns traditionnels. Cependant, il lui apparaît que la culture traditionnelle à Saint-Denis est assez forte pour intégrer les éléments nouveaux. « Les nouveaux traits sont modifiés et rendus compatibles avec les anciens patterns culturels ». [9] Généralisant lui aussi à partir d'un seul cas qu'il n'a pas situé typologiquement dans l'ensemble, Miner conclut à une culture canadienne-française traditionnelle qui évoluera lentement par suite de l'influence urbaine mais qui demeure et demeurera sans doute très vivante.

L'image de Saint-Justin, Rioux la retrouvait lui aussi à l'Île Verte durant les années 40. [10] Nous-même, nous l'avons retrouvée en essayant de reconstituer la vie sociale de Sainte-Julienne (Dorchester), durant les années 30. [11] Sans doute, à Sainte-Julienne, la forêt joue un rôle très important que les auteurs n'avaient jamais signalé. Mais, malgré une économie à la fois agricole et forestière, l'organisation sociale de même que le système de valeurs restent semblables à ceux de Saint-Justin ou de Saint-Denis.

Cette image du milieu rural sinon de la culture traditionnelle canadienne-française, qui avait été de plus en plus admise jusqu'aux années 1950, a été fortement mise en doute par la suite. Déjà en 1949, Miner retournant à Saint-Denis remarque que l'évolution de la culture a été plus rapide qu'il ne l'avait prévu. [12] Philippe Garigue retournant à Saint-Justin en 1957 constate que la famille et le rang ne sont pas les milieux homogènes qu'avait décrits Gérin. [13] Il y trouve des écoles, des automobiles, des téléviseurs, des appareils électriques de toutes sortes, des industries. L'agriculture y est spécialisée, le domaine plein n'est pas une pratique courante. De toutes ces observations, il conclut que Gérin n'a pas présenté une image exacte de Saint-Justin.

[110]

Nous-même, à Sainte-Julienne, nous faisons en 1956 des observations similaires à celles de Garigue. [14] Une seule différence, l'agriculture ne s'est pas spécialisée, elle a disparu. À la même date, Rioux fait les mêmes observations à Belle-Anse, village de pêcheurs de la Gaspésie, tout en constatant toutefois une forte cohésion communautaire. [15] Gosselin, Tremblay et moi-même constatons, en étudiant le comportement des travailleurs forestiers, que l'attachement à l'agriculture est très faible dans une quarantaine de paroisses rurales. [16] Tremblay et moi-même vérifions qu'en 1959 les normes de consommation de la population rurale non agricole sont exactement les mêmes que celles de la population de Montréal. [17]

Devant les contradictions évidentes entre les études récentes et les études antérieures, il est trop facile de conclure à une erreur magistrale des pionniers. Il faut plutôt supposer que le milieu rural s'est transformé. Cette transformation qui a sans doute pris place de façon accélérée durant les quinze dernières années n'est toutefois pas nouvelle. Déjà les monographies de Gérin la laissaient pressentir. Le cultivateur de Saint-Dominique de 1887 n'est déjà plus l'habitant de Saint-Justin de 1920. Gérin lui-même nous en a indiqué la raison : l'infiltration du mode de vie de la ville et de la mentalité urbaine. Après le dernier conflit mondial cette infiltration est devenue massive, même dans les coins les plus reculés, bouleversant toute la structure sociale du monde rural. Il s'agit là d'une accélération d'un processus plutôt que d'un processus nouveau.

Si, au lieu de retourner à Saint-Justin et à Saint-Irénée, Gérin avait continué l'étude de Saint-Dominique et de Clifton ; si Miner avait étudié Saint-Anselme de Dorchester, Terrebonne ou même Saint-Didace, l'image qu'ils nous auraient laissée du milieu rural canadien-français serait tout autre. Elle n'en serait pas pour autant plus valable. Car même si les indications sont minces, on peut facilement faire l'hypothèse que notre milieu rural était dès 1900 très hétérogène. Le type de Saint-Dominique, comme celui de Clifton, comme celui de l'émigrant, était aussi représentatif que le type de Saint-Justin ou de Saint-Irénée. Sans doute d'autres types existaient aussi, qu'il faudrait déterminer.

Si, dans la recherche de ces types, le degré d'infiltration urbaine (l'isolement relatif) est un facteur important, il est un autre facteur qui a été négligé et qui, lui aussi, peut permettre une différenciation. Je veux parler [111] de la situation de la municipalité rurale dans l'histoire de la colonisation. Le développement agricole de la province est un processus historique très long qui vient à peine de se terminer (s'il l'est). Plusieurs de nos vieilles paroisses étaient des colonies, il y a 60 ans. Et le fait que ces colonies aient été situées dans la plaine, sur le premier plateau ou sur la montagne a eu une influence sur le type d'habitants qu'on y trouvait. Ainsi, on peut facilement faire l'hypothèse que la dernière vague de colonisation en pays de montagne a produit des bûcherons plutôt que des cultivateurs. Cette dernière vague, elle date de 1890 dans le comté de Joliette [18] et de 1935 dans le comté de Matane.

Ainsi, à un moment donné, au lieu d'une grande homogénéité on trouve une grande complexité à la fois au point de vue du stade de développement sur des territoires différents et au point de vue de l'infiltration de la mentalité urbaine.

À cause des transformations rapides que subit actuellement le milieu rural, il devient urgent d'entreprendre des recherches dans cette direction. Dans ce qu'il y a « à faire », c'est peut-être ce qu'il y a de plus urgent : connaître la culture, le système de valeurs et de normes, l'organisation sociale du plus grand nombre possible de municipalité rurales les plus disparates — cette connaissance ne couvrant pas seulement le présent mais aussi, sinon plus, le passé. L'urgence de telles études ne vient pas surtout de leur utilité mais plutôt de la disparition rapide des témoins oculaires du passé. L'anthropologie, en effet, est essentielle à une telle reconstitution du passé. Sans doute, historiens, géographes et démographes ont à apporter une contribution importante. Des études comme celles de Blanchard, de Louis-Edmond Hamelin, de Yves Martin sur l'histoire du peuplement d'une région constituent un point de départ indispensable. [19] Ce secteur d'analyse est malheureusement trop peu développé. Là aussi tout est à faire avant que nous puissions connaître vraiment notre milieu rural. Il n'en reste pas moins que c'est à l'anthropologue secondé par le folkloriste qu'il appartient surtout de découvrir toutes les facettes de la culture traditionnelle du milieu rural et de montrer les cheminements de son évolution. Pour l'anthropologie, le milieu rural québécois est un monde inexploré où tout reste à découvrir, surtout dans sa dimension temporelle.

[112]

Même si j'ai mis l'accent, à propos de ce premier groupe de recherches à faire, sur la diversité et la complexité, je ne veux pas exclure a priori l'hypothèse d'une certaine culture rurale traditionnelle commune à tous les types de communautés rurales d'une époque donnée. Cependant, si je n'exclus pas a priori cette hypothèse, je ne l'accepte pas non plus. Si cette culture existe ou a existé, elle transparaîtra d'elle-même à travers la diversité.

Un phénomène particulièrement important à étudier par rapport à la nature de la culture rurale traditionnelle est celui de la migration. Contrairement au stéréotype courant de l'habitant casanier, rivé à sa paroisse, il semble que la population rurale, ou du moins une partie considérable de cette population, ait été extrêmement mobile géographiquement. L'histoire de la colonisation en est une preuve. L'émigration vers les États-Unis en est une autre. Ce phénomène de mobilité de la population rurale à l'intérieur du milieu rural et vers les villes est encore assez mal connu. Gérin y fait souvent allusion : la famille Gauthier, famille-souche de Saint-Irénée s'est établie dans les Cantons de l'Est ; les colons de Clifton viennent de tous les coins de la province ; l'émigrant est un de ses types. L'histoire du peuplement nous fait aussi soupçonner une grande mobilité. Louis-Edmond Hamelin, dans une étude sommaire du diocèse de Juliette, estime à près de 230,000 le nombre des personnes qui sont sorties des paroisses de ce diocèse entre 1850 et 1950. [20] De ce nombre, 30,000 étaient des colons ; les autres auraient émigré aux Etats-Unis ou vers la ville. C'est dire que parmi les personnes nées dans cette région, près de la moitié l'ont quittée. Des contacts ont quand même continué à exister entre les émigrants et la population rurale. Quels effets ont eu ces contacts sur la culture de ceux qui restaient ? Joliette est-il représentatif des autres diocèses ou régions ? Autant de questions sans réponses tant que des études précises n'auront pas été entreprises sur l'origine, l'intensité et la destination des grands courants migratoires qui ont agité la population rurale. Quant à l'influence de ces migrations sur la culture rurale, il sera probablement impossible de jamais l'évaluer complètement surtout en ce qui concerne les migrations passées.

Jusqu'ici je me suis surtout attaché à l'aspect historique de l'évolution de notre milieu rural, négligeant ainsi les caractéristiques contemporaines de ce milieu. Car peu importe ce qu'a été le monde rural au début du siècle ou même il y a vingt ans : ses caractéristiques actuelles ne sont plus les mêmes. Trois faits peuvent suffire à illustrer cette affirmation. Premièrement, la population agricole (c'est-à-dire vivant sur une ferme) n'est plus l'élément de base du milieu rural. Depuis 1956, la population rurale non agricole est en majorité dans les municipalités rurales. Le village a ainsi remplacé les rangs comme centre de la vie rurale. Deuxièmement, la proportion [113] de la main-d'œuvre active qui travaille à l'agriculture est en août 1962 de 4.2%. [21] En dix ans cette proportion est passé de 18% à 4.2%. Du point de vue de la main-d'œuvre, la province de Ouébec est actuellement la moins agricole de toutes les provinces du Canada. Troisièmement, en dépit de la diminution de la main-d'œuvre agricole, la production s'est maintenue et a même légèrement augmenté ; il y a donc eu augmentation très rapide de la productivité grâce à la mécanisation et même à l'automation dans le cas de la production animale (poulet de gril, par exemple). Cette augmentation de la productivité a été rendue possible dans certains cas par des contrats intégrés de production qui ont réduit le cultivateur à un rôle à peine plus responsable que celui de l'opérateur dans une chaîne de production.

Globalement, on assiste à une émigration non seulement des surplus de population rurale mais aussi à un abandon de l'agriculture par les cultivateurs eux-mêmes. Parallèlement, ceux qui veulent continuer leur métier d'habitants doivent, pour survivre, abandonner les techniques traditionnelles et devenir de véritables chefs d'entreprise. Enfin, les travailleurs qui ont abandonné l'agriculture ne se dirigent pas nécessairement vers la ville mais cherchent plutôt à demeurer dans le milieu rural en s'établissant au village. D'où une possibilité d'encombrement du marché du travail rural et une possibilité de chômage chronique.

Il s'agit là toutefois d'une vue globale qui demeure largement intuitive. Pour arriver à cerner toutes les dimensions de la situation actuelle, des études générales aussi bien que des monographies détaillées sont nécessaires. Le genre de recherches nécessaires diffère toutefois selon que celles-ci devront servir à procurer une connaissance du milieu ou servir a préparer des plans d'action, même si ces deux fins ne sont nullement exclusives l'une de l'autre.

Sur le plan de la connaissance de notre milieu, on pourrait noter les questions suivantes :

1° Jusqu'à quel point la transformation radicale qui apparaît au niveau global est-elle généralisée à toutes les régions et à tous les types de municipalités ? Quels sont les secteurs de forte résistance et quels sont les secteurs de faible résistance ? Quelles sont les modalités de la transformation selon les secteurs ?

Une classification socio-économique sommaire des municipalités m'a permis d'élaborer à ce sujet un certain nombre d'hypothèses par rapport à trois types de municipalités rurales. [22] Ces hypothèses n'ont été vérifiées que pour le cas des municipalités où l'agriculture est « moyenne ». Cette vérification ne s'appuie d'ailleurs que sur une seule monographie et sur des [114] observations rapides d'une quarantaine de municipalités de la région de Québec et du Bas Saint-Laurent. La classification employée reste provisoire et ne tient pas compte, par exemple, des régions et du niveau de revenu des cultivateurs. Mettre au point une typologie plus valable et déterminer pour chaque type la situation réelle, cela reste à faire.

2° Pourquoi cette transformation s'est-elle produite si rapidement ? L'étude de Sainte-Julienne permet de croire que la non-rentabilité de l'agriculture n'est pas une cause suffisante et que le facteur le plus important est la pénétration de la mentalité urbaine dans le milieu rural, cette mentalité s'exprimant surtout par le désir d'un niveau de vie supérieur. Une autre condition de la transformation serait la possibilité pour le rural de s'adonner à des occupations non agricoles offrant un revenu supérieur à celui de l'agriculture. Il s'agit là d'une hypothèse qu'ont confirmée l'étude de Sainte-Julienne et l'étude de la mobilité des travailleurs forestiers, mais qui reste à vérifier dans d'autres milieux. Ces deux études ont permis de préciser les circonstances concrètes qui avaient facilité la pénétration de la mentalité urbaine et l'orientation en masse de la main-d'œuvre vers des activités non agricoles. Ces circonstances varient cependant selon les régions et les types de municipalités et il est important de les connaître.

3° Quelles sont et seront les conséquences de cette transformation sur la culture rurale ? L'étude sur les conditions de vie des familles salariées montre que les familles rurales non agricoles ont exactement les mêmes normes de consommation et les mêmes aspirations économiques que les familles urbaines. On constate même que les familles rurales sont plus attirées que les familles urbaines par les nouvelles normes définies par la publicité de masse. Sans doute, il ne s'agit là que d'un niveau de la vie culturelle, mais on peut faire l'hypothèse que ce niveau prend de plus en plus d'importance dans le système culturel de la population rurale. À Sainte-Julienne, nous avons constaté des répercussions dans tous les aspects de la vie sociale : structure de la famille, définition du mode de vie idéal, stratification sociale, orientation vers le présent plutôt que vers le passé, etc. Les autres monographies récentes (Rioux, Garigue, Miner) montrent des phénomènes semblables. Il semble toutefois que l'évolution culturelle n'est pas achevée et que la majorité rurale soit encore attachée aux valeurs traditionnelles tout en vivant selon de nouvelles valeurs et tout en commençant à accepter ces nouvelles valeurs. Elle semble souffrir de cette forme d'ambivalence culturelle que décrit Merton en parlant d’anomie. Encore là, ce sont autant d'hypothèses que trop peu de faits viennent confirmer. Pour connaître ce qu'est et ce que sera la culture rurale comme pour connaître ce qu'elle a été, de très nombreuses monographies seront nécessaires. Ces monographies, qui devront tenir compte de la diversité et de la complexité de notre milieu rural, devront avoir un caractère beaucoup plus historique que la plupart des monographies existantes.    Pour saisir l'évolution [115] du milieu rural, il ne suffit pas de connaître ce qu'il est maintenant, il faut aussi savoir ce qu'il a été.

Cette connaissance de l'évolution de notre milieu rural, elle sera très utile non seulement au plan théorique mais aussi au plan de l'action. Cependant l'action pose sur le milieu rural un certain nombre de questions plus précises. Je veux n'en signaler que quelques-unes en guise de conclusion.

Une première série de questions se rapporte à l'émigration rurale. Oui sont les émigrants par rapport à ceux qui demeurent dans le milieu ? M.-Adélard Tremblay et Régis Lessard ont montré que dans Kamouraska les émigrants étaient mieux instruits que ceux qui héritaient le bien paternel. [23] Est-ce vrai partout ? Est-ce vrai aussi des cultivateurs qui abandonnent actuellement l'agriculture ? Si oui, les possibilités de renouveau rural sont d'autant compromises. Que deviennent les émigrants ruraux dans la grande ville au point de vue professionnel et au point de vue familial ? Bien des préjugés existent sur ce point, mais aucune étude sérieuse. Pourtant on parle de plus en plus de la nécessité de vider certaines paroisses rurales — sans savoir où orienter leur population et comment la préparer au changement.

Dans un autre ordre d'idées, il semble bien clair que l'agriculture, pour survivre chez nous, doit cesser d'être un mode de vie pour devenir une industrie rationnelle. Il va donc falloir que cette agriculture soit adaptée aux possibilités du sol et aux exigences du marché. L'inventaire pédologique de notre province n'est même pas complété, l'inventaire des marchés l'est encore moins. La gestion de la ferme prendra aussi de plus en plus d'importance. Mais avant de vouloir changer les techniques de gestion de nos cultivateurs, il faudrait savoir quelles sont les techniques courantes. Encore là, l'inventaire des travaux sérieux est vite fait : une étude de Charles Lemelin, une de Ferdinand Ouellet, quelques-unes de Maurice Carel. [24] Sans doute, les agronomes de comté possèdent-ils une somme importante de connaissances empiriques à ce sujet, mais aucun effort d'explicitation de ces connaissances n'a été fait.

Il serait possible ici de continuer à multiplier les questions et d'accumuler les absences de réponses. J'aimerais soulever seulement une dernière question, qui est peut-être la question capitale par rapport à l'avenir même du milieu rural. Comment la population rurale non agricole (c'est-à-dire la majorité de la population rurale) va-t-elle pouvoir s'assurer des revenus suffisants pour conserver le niveau de vie qu'elle désire ? En d'autres termes, quelle est la structure du marché du travail dans le milieu rural ?

[116]

Jusqu'ici la forêt constituait la base de ce marché. Il n'est pas sûr qu'il en soit toujours ainsi. Déjà la mécanisation a été introduite dans cette industrie et des expériences d'automation sont actuellement conduites avec succès. Le problème de l'aménagement rural et régional se pose dès maintenant de façon aiguë. Le prolongement des tendances sur le plan des occupations et de la satisfaction au travail laisse prévoir un exode total du village de Sainte-Julienne dans une ou deux générations si les conditions actuelles persistent et dans dix ans, si le marché du travail rural se restreint. La connaissance du marché du travail rural et la restructuration de ce marché s'imposent dès maintenant, si l'on veut qu'en l'an 2000 le milieu rural québécois soit autre chose qu'un objet de musée ou une banlieue de Montréal.

Gérald Fortin

Département de sociologie et d’anthropologie,
Université Laval.

[117]


COMMENTAIRE

Napoléon LeBlanc

Doyen de la Faculté des sciences sociales,
Université Laval.

[pp. 117-118.]

Monsieur Fortin a choisi d'examiner le milieu rural en lui-même, et non en tant que représentatif du milieu canadien-français, pour nous en fournir une image complexe qui déroute nos rationalisations à l'appui de la vocation rurale de notre population.

Nous avons sûrement mal interprété Léon Gérin en projetant sur toute la province son habitant de Saint-Justin comme le type idéal de la famille rurale. J'en trouve un indice dans l'essai de M. Gérard Filion, « Le paysan et ses institutions sociales », publié dans le volume Agriculture de la collection « Notre Milieu ».

« C'est le plus Américain des Américains et cependant ce n'est pas un Américain, écrit-il, c'est un paysan de tradition française qui pense et agit comme un paysan français, mais sur des choses et dans un milieu qui ne sont pas français ». Il en voit une preuve évidente dans sa vie sociale bien différente de celle de l'entrepreneur agricole américain et de celle du paysan français. « C'est un type original, conclut-il, que les sociologues dissèquent avec un extrême plaisir. » La liste des travaux que donne Fortin indique que ces dissections n'ont pas été tellement fréquentes.

Parmi les éléments originaux de la vie sociale en milieu rural, M. Filion inscrit en premier lieu la famille : « Cette famille communautaire, écrit-il, a solidement résisté à tous les agents de désagrégation qui se sont ligués contre elle. Encore en 1942, continue M. Filion, elle forme un tout pour lequel chacun se sacrifie avec ou sans espoir de récompense. »

Les quelques études récentes, décrites par G. Fortin, laissent entrevoir que des familles rurales sont moins résistantes et qu'elles ne forment plus « ce tout pour lequel chacun se sacrifie avec ou sans espoir de récompense ».

Aujourd'hui le milieu rural ne jouit plus du splendide isolement d'autrefois. Si nous devons l'étudier en lui-même, pour mieux le connaître tant dans le temps que dans l'espace, nous ne pouvons cependant négliger de ^'étudier dans ses relations dynamiques avec le milieu urbain et industriel. À ce sujet, G. Fortin nous indique les études complémentaires et variées que postule une saisie cohérente du milieu rural actuel si nous ne voulons pas qu'il devienne « un objet de musée ou une banlieue de Montréal ». Il aurait pu mentionner l'étude de Claude Morin et de M.-A. Tremblay portant sur l'introduction d'une agence de service social en milieu rural. [25]

Invoquant les transformations rapides que subit le milieu rural, Fortin souligne l'urgence d'entreprendre des recherches qui nous permettront de connaître la culture, le système de valeurs et de normes, l'organisation sociale du plus grand nombre possible de municipalités rurales les plus disparates. Cependant, ces recherches devraient être complétées par d'autres études qui nous permettraient d'apprécier la qualité du leadership du milieu rural à différents moments de l'histoire. Ces recherches pourraient rejoindre les études de Taylor consacrées aux Farmers' Movements (1620-1920) aux États-Unis. [26]

En effet, des études de cette nature nous permettraient de mieux connaître l'action des groupements d'agriculteurs qui ont existé dans le [118] passé. Dans quelle mesure ces mouvements rencontreraient-ils la définition qu'en donne Taylor : « Un type de conduite affectant un large segment de la population non satisfaite des conditions culturelles, sociales, économiques et politiques qui lui sont faites. »

Que savons-nous des circonstances qui ont inspiré l'œuvre de l'abbé Pilote, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, de l'influence de ce dernier auprès des élites agricoles ? Que savons-nous également des cercles agricoles qui existèrent entre 1870 et 1896 ? Pourtant, ces cercles, réunis en association nationale, ont manifesté un dynamisme remarquable jusqu'au jour où ils s'en remirent au patronage du gouvernement. Peut-être que cette mise en tutelle révélait une anémie résultant soit d'une conjoncture socio-économique favorable, soit d'un leadership inapproprié qui s'imposa de l'extérieur.

Il en est de même des débuts du mouvement coopératif. La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle marquent un effort intense pour renflouer l'agriculture. Rappelons Desjardins et sa caisse populaire, l'abbé Allaire et la fondation des premières coopératives agricoles. Ces derniers, sûrement, ont été des innovateurs après s'être inspirés des expériences belges, françaises, allemandes et italiennes. Après avoir traversé des périodes difficiles, le mouvement coopératif a atteint aujourd'hui une dimension imposante. Toutefois, dans quelle mesure pouvons-nous le considérer comme un agent de changement socio-culturel ?

Plus près de nous, l'histoire de l'évolution de l'Union catholique des cultivateurs pourrait nous instruire sur l'évolution de la mentalité des ruraux.

Cette étude des mouvements agricoles nous permettrait de retracer les normes et les valeurs qui ont inspiré et continuent peut-être d'inspirer le comportement des ruraux. Nous y trouverions peut-être une explication à l'hypothèse de G. Fortin selon laquelle « l'évolution culturelle n'est pas achevée et la majorité rurale (est) encore attachée aux valeurs traditionnelles tout en vivant selon de nouvelles valeurs et tout en commençant à accepter ces nouvelles valeurs ». Encore faudrait-il identifier les oppositions entre les valeurs traditionnelles et les valeurs nouvelles.

Enfin, une étude du leadership actuel en milieu rural s'impose. Le leadership rural est forcément dispersé. À cause des problèmes qui retiennent son attention, le leader rural travaille nécessairement à l'échelon local et régional. Le plus souvent engagé dans le traitement de situations d'urgence, il risque de ne pas accéder à cette vision de la société globale que postule le devenir du milieu rural.

Napoléon LeBlanc

Doyen de la Faculté des sciences sociales,
Université Laval.



[1] Voir : Agriculture and the Farm Population, McGill University, Social Research Bulletin No. 1, 1938.

[2] Voir : Maurice Tremblay, « Orientations de la pensée sociale », dans : Jean-C. Falardeau, éd., Essais sur le Québec contemporain, Québec, Les Presses Universitaires Laval, 1953, 193-215 ; Gérald Fortin, The Analysis of a French-Canadian Nalionalist Ideology, 1917-1954, thesis presented for the degree of Doctor of philosophy, Cornell University, 1956.

[3] GauldrÉe-Boileau, « Paysan de Saint-Irénée », dans : Frédéric LePlay, Ouvriers des deux Mondes, tome V, cité par Léon Gérin, Le type économique et social des Canadiens, Montréal, Éditions de l'A.C.F., 1938, 13.

[4] Léon GÉRIN, L'habitant de Saint-Justin, Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada, série II, tome IV, 1898.

[6] Ibid.

[7] Ibid., 44.

[8] Horace Miner, Saint-Denis, A French-Canadian Parish, University of Chicago Press, 1939. [La version française du livre est disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[9] Ibid., 241.

[10] Marcel Rioux, Description de la culture de l'Île Verte, Musée national du Canada, Bulletin n° 133, Ottawa, 1954.

[11] Gérald Fortin, « Les changements socio-culturels dans une paroisse agricole », Recherches sociographiques, II, 2, avril-juin 1961, 151-170.

[12] Horace Miner, « A New Epoch in Rural Quebec », The American Journal of Soclology, 56, 1, 1-16.

[13] Philip Garigue, « St. Justin : A Case Study in French Canadian Rural Organization », The Canadian Journal of Economies and Political Science, 22, 3, August 1956, 301-318.

[14] Gérald Fortin, « Les changements socio-culturels dans une paroisse agricole », op. cit.

[15] Marcel Rioux, Belle-Anse, Musée national du Canada, Bulletin n° 138, Ottawa, 1938.

[16] Gérald Fortin et Émile Gosselin, « La professionnalisation du travail en forêt », Recherches sociographiques, I, 1, janvier-mars 1960, 33-61.

[17] Marc-Adélard Tremblay et Gérald Fortin, Étude des conditions de vie des familles salariées, tome I, Centre de recherches sociales, Université Laval, 1962 (miméo).

[18] Louis-Edmond Hamelin, « La marche du peuplement à l'intérieur du diocèse de Joliette », texte présenté au dix-septième Congrès annuel de la Société canadienne d'Histoire de l'Église catholique, Joliette, septembre 1950. Publié dans le Rapport du Congrès, Hull, 1951, 4-13.

[19] Voir par exemple : Raoul Blanchard, L'Est du Canada français, Paris et Montréal, 1935, tome I ; Raoul Blanchard, L'Ouest du Canada français, Montréal 1953, I, 86 ; Yves Martin, Étude démographique de la région du Bas Saint-Laurent, [Rimouski], Le Conseil d'orientation économique du Bas Saint-Laurent, 1959 ; Louis-Edmond Hamelin, « Émigration rurale à l'échelon paroissial », Le géographe canadien, 5, 1955 ; Louis-Edmond Hamelin, « Le rang à Saint-Didace de Maskinongé », Notes de Géographie (Université Laval), 3, mai 1953.

[20] Louis-Edmond Hamelin, « La marche du peuplement à l'intérieur du diocèse de Joliette », op. cit.

[21] D'après les données de l'enquête mensuelle sur la main-d'œuvre (Bureau fédéral de la statistique).

[22] Gérald Fortin, « Une classification socio-économique des municipalités agricoles du Québec », Recherches sociographiques, I, 2, avril-juin 1960, 207-216.

[23] Régis Lessard, La ferme familiale de Saint-Alexandre de Kamouraska, thèse de maîtrise, Université Laval, Québec, 1950 ; M.-Adélard Tremblay, La ferme familiale du comté de Kamouraska, thèse de maîtrise, Université Laval, Québec, 1950.

[24] Maurice Carel, « Exemple d'étude de groupes », Agriculture, XVII, 1, janvier 1960.

[25] Claude Morin et M.-Adélard Tremblay, « Intégration à la communauté : étude d'une agence rurale de service social », Service social, 9, 1, janvier 1960, 6-24.

[26] Carl C. Taylor, The Farmers' Movement, New-York, American Book Co., 1953.



Retour au texte de l'auteur: Gérald Fortin, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le lundi 3 juin 2013 9:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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