Mme Andrée Fortin, sociologue, “Familles, réseaux et stratégies de sociabilité ?” (1985)

“Familles, réseaux et stratégies de sociabilité ?” (1985)
Introduction

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Mme Andrée Fortin, [sociologue, professeure au département de sociologie, Université Laval], “Familles, réseaux et stratégies de sociabilité ?” (1985) publié dans l'ouvrage intitulé La morphologie sociale en mutation au Québec. Les Cahiers de l'ACFAS, no 41. Textes publiés sous la direction de Simon Langlois et François Trudel, pp. 159-171. Actes du colloque annuel de l'ACSALF, 1985. Montréal: ACSALF, 1986, 349 pp. [Autorisation accordée par l’auteure le 15 mars 2004].

Introduction

Les modèles de sociabilité hérités de nos ancêtres ruraux se disloquent sous la pression conjuguée de la dénatalité, de la mobilité géographique et de la vie urbaine. La famille élargie traditionnelle, important vecteur d'entraide, d'échange de biens, de services et d'informations, se transforme. En vient-on au règne de la "foule solitaire", ou de nouveaux réseaux d'amitié, d'échange et d'entraide sont-ils à se mettre en place? Voici brièvement les questions à la base de notre démarche.

Été 1983: une équipe rencontre quarante-sept familles de la région de Québec, pour pré-tester et affiner des hypothèses. Été 1984: trois cent soixante deux familles réparties dans onze quartiers de l'agglomération québécoise sont questionnées sur leurs fréquentations, leurs amis, leur voisinage et leurs échanges (1). L'analyse, dont nous ne présentons ici que les résultats qualitatifs, permet de repérer un noyau de base de sociabilité, présent chez toutes les familles, sur lequel peuvent se greffer différents types de réseaux plus ou moins étendus.

Note:

(1) L'équipe était composée de Denys DELAGE, Jean-Didier DUFOUR et de l'auteure (été 83), auxquels se sont joints Louise BRUNET et Lynda FORTIN (année 1984), Luc LAFONTAINE, Carolle PLAMONDON et Madeleine MORIN (été 84).

À partir d'une définition de la famille la plus générale possible [un ménage comprenant un ou des enfant(s) vivant avec un ou des adultes (s)], nous avons rencontré des familles nucléaires, des familles monoparentales, des familles "reconstituées" (ces deux derniers groupes totalisant le tiers de notre échantillon), en les sélectionnant via les listes d'inscrits aux écoles primaires de différentes commissions scolaires de la région, en partant des enfants pour remonter aux parents. Ce procédé nous a permis de rencontrer des familles non pas dispersées dans l'espace, mais appartenant à des quartiers, à des paroisses spécifiques, et ainsi de mettre à jour des réseaux bien précis.

Nous avons discerné différents types de réseaux et de sociabilité correspondant plus ou moins à différents quartiers. Les paroisses "sondées" sont situées aussi bien au centre-ville qu'en banlieue, milieux aisés, moyens ou défavorisés. Nous avons porté une attention particulière aux quartiers où existent des coopératives d'habitation et diverses formes de copropriétés (ce qui regroupe plus du quart de notre échantillon). Voici la liste des paroisses-quartiers visités: St-Jean Baptiste, Montcalm, St-Sacrement, St-Sauveur, St-Roch, St-François d'Asssise (Limoilou), Maria Goretti et St-Jérôme (Charlesbourg), Notre-Dame-des-neiges à Neufchatel, St-Charles et Jean XXIII (Duberger). Enfin, nous avons réinclus dans l'analyse finale une paroisse qui avait fait partie du pré-test et qui présentait des particularités qu'aucune autre ne partageait: St-Louis de France (Ste-Foy). Ceci rajoute 15 entrevues aux 362 de l'été 1984, pour un échantillon total de 377 familles.