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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Traité de relations internationales. Tome III. Les théories de la mondialité. ” (2009)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Gérard DUSSOUY, Traité de relations internationales. Tome III. Les théories de la mondialité. Paris: Éditions L'Harmattan, 2009, 316 pp. Collection: Pouvoirs comparés dirigée par Michel Bergès. [Autorisation formelle accordée par l’auteur et le directeur de la collection le 4 mai 2011 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

La généralisation depuis la fin de la seconde guerre mondiale du libre-échange, et plus encore depuis la fin de la guerre froide, la globalisation de l’économie, n’ont sans doute pas exaucé le rêve d’universalité d’un grand nombre d’hommes. Parce qu’à l’interdépendance (de plus en plus coercitive comme on l’a remarqué avec Harlan Wilson [1]) engendrée par la mondialisation correspond une configuration chaotique. Cependant, ces phénomènes ont installé les humains dans une mondialité concrète que chacun d’entre eux peut, pour différentes raisons et de façon positive ou négative, apprécier quotidiennement. C’est un état de fait que tout un chacun, qu’il en ait conscience ou non, qu’il ait le sentiment ou non d’appartenir à la même humanité, est désormais concerné par des actes et des pratiques de portée planétaire. La victoire encore récente du capitalisme sur le communisme fait vivre au monde une seconde « grande transformation » selon l’expression couramment empruntée à Karl Polanyi qui l’utilisait pour signifier les changements qu’avait engendrés la naissance du capitalisme industriel, en même temps que l’institutionnalisation du marché [2]. Il insistait sur l’importance décisive de ce moment historique de la réalité sociale, parce qu’il était porteur de l’une des premières dérégulations (abolition du système de Speenhamland ou « loi sur les pauvres » en 1834 qui libéralisait le marché du travail en Angleterre), bientôt suivie par les mesures unilatérales du Royaume-Uni en matière de désarmement douanier. Le caractère délibéré de cet acte permet la [10] comparaison avec la mondialisation contemporaine quand on considère avec l’économiste français Elie Cohen (adepte de cette analogie) que la planétarisation du marché capitaliste résulte de « la convergence de trois mouvements : la libéralisation des échanges mondiaux, la déréglementation des économies nationales et la globalisation des grandes firmes industrielles et de services » [3]. Le critère stratégique ou téléologique s’impose donc comme le critère de différenciation essentiel pour distinguer des phases spécifiques au sein du processus de la globalisation que d’aucuns tiennent pour fort ancien, pluriséculaire et non limité à son aspect commercial et marchand.

Les historiens, ceux par exemple qu’a réunis A.G. Hopkins pour essayer d’éclairer la question, découpent la globalisation en quatre périodes : archaïque (avant 1600), proto (de 1600 à 1800), moderne (de 1800 à 1950) et postcoloniale ou contemporaine (depuis 1950-1980) [4]. La première aurait ceci d’original qu’elle serait assez largement non occidentale et surtout asiatique (rôle précoce de la diaspora chinoise, des marchands arabes et hindous) [5]. L’intérêt de sa recension est alors de montrer qu’il est historiquement faux de réduire la mondialisation à une occidentalisation du monde. Il est aussi de faire comprendre, comme en est persuadé Edward Friedman, qu’après l’interrègne européen et américain, les grandes civilisations de l’Asie vont redevenir les grands acteurs du marché mondial et les principaux producteurs de la culture mondiale [6]. Parce qu’il serait illusoire d’imaginer que celle-ci n’est pas influencée par les rapports de force démographiques et économiques. N’a-t-on pas déjà entendu un dirigeant indien évoquer l’idée que les surplus démographiques de l’Inde permettront demain de combler, par la voie de l’émigration, les vides laissés par la dénatalité dans les nations frappées d’un fort vieillissement ? Ce qui ne saurait aller sans impliquer des changements culturels radicaux.

On commence seulement maintenant à comprendre que la principale conséquence de la globalisation aura été l’émergence des grandes puissances asiatiques. Et que l’ordre géopolitique mondial va s’en trouver bouleversé. D’ailleurs, écrit le diplomate singapourien Kishore Mahbubani, la désoccidentalisation de l’Asie a commencé parallèlement à la croissance économique [7]. [11] Les Asiatiques, commente-t-il, ont repris confiance en eux-mêmes. Ils ne pensent plus que la partie la plus civilisée du monde est à l’Ouest, et ils vont justement exiger une redistribution des responsabilités mondiales, quittes à s’emparer du leadership. Sans doute ce haut fonctionnaire international sous-estime-t-il, de ce point de vue, les failles inhérentes à la rivalité entre la Chine et une Inde qu’il perçoit comme un pont civilisationnel entre les deux hémisphères.

La seconde période est mieux connue et est généralement considérée comme la première quand, à la suite de Fernand Braudel et d’Immanuel Wallerstein, on fait de l’époque des Grandes Découvertes l’origine de l’extension du capitalisme à l’ensemble de la planète. Hormis la réserve qu’inspire le caractère ethnocentrique de ce point de départ par rapport à la phase archaïque, il faut préciser que l’existence du Pacte colonial demeura un obstacle assez rédhibitoire à l’expansion du marché capitaliste. Et qu’elle rend, malgré la mise en place dans les années 1760 d’un espace marchand euroaméricain incluant une partie de l’Afrique dans le cadre du commerce triangulaire, toute comparaison avec la globalisation contemporaine, multidimensionnelle et totalement dérégulée, très aléatoire. Car il convient de savoir de quoi l’on parle exactement quand on utilise le terme globalisation, ou encore celui, plus exigeant, de mondialisation. Hopkins et ses collègues, qui ne connaissent que le premier, lui donnent un sens large. Ils ne le retiennent que pour sa valeur heuristique qui recouvre tout ce qui a trait à l’échange. Il désigne alors un phénomène extrêmement divers, contingent et complexe à la fois, qui pourrait être le fil conducteur d’une histoire du monde et d’une globalisation de l’histoire [8]. Mais cela reste peu discriminant, et plutôt flou. Car, sans vouloir réduire la mondialisation à sa dimension économique, on doit néanmoins se demander si le passage à la mondialité des histoires nationales ne correspond pas avant tout au passage de l’échange précisément, qui a toujours existé car il y a toujours eu des marchands comme il y a toujours eu des emprunts culturels, à celui de l’interdépendance (elle-même soumise à la dialectique de l’intégration et de la désintégration). Il faut s’interdire de tout confondre.

[12]

De ce point de vue, parce qu’il fonde une logique dominante, essentiellement marchande, de la mondialité, l’événement crucial n’est-il pas le triomphe du paradigme du libre-échange (et non pas de sa théorie – pour ne pas offusquer les économistes) qui est advenu au cours de la seconde moitié du vingtième siècle après une première expérience au milieu du précédent. Ce qui implique qu’au sens strict de la mise en place du marché capitaliste sans entraves, puis de la généralisation de la logique marchande à toutes les activités humaines, ce que l’on appelle aujourd’hui la mondialisation n’a connu que deux moments décisifs.

En effet, l’adoption unilatérale du libre-échange par l’Angleterre, avec l’abandon des droits de douanes sur les céréales en 1846 (loi Cobden ou Anti-Corn Law Bill), fut la première application du credo libéral selon lequel l’alliance entre le laissez-passer, l’étalon-or et un marché du travail concurrentiel était la clef de la croissance et d’un enrichissement mutuel. Ce fut, comme le souligne Polanyi, un « acte de foi » des Anglais que de sacrifier du même coup leur agriculture et de dépendre pour leur ravitaillement de sources situées outre-mer, face à la conviction d’être capables de vendre partout dans le monde les biens industriels les moins chers et de conserver leur avance manufacturière inventive [9]. L’Angleterre fut d’ailleurs la seule (à l’exception du traité de libre-échange signé avec la France en 1860, mais de courte durée puisqu’il ne survécut pas au Second Empire) à pratiquer l’ouverture économique jusqu’à la crise des années trente qui finit par avoir raison de son obstination libérale. Toutes les autres économies nationales demeurèrent préoccupées par le souci de leur autosuffisance.

Ce n’est que plus tard, avec la globalisation contemporaine, que l’interdépen­dance est devenue une réalité. Elle est la conséquence de l’effet multiplicateur des nouvelles technologies de communication, de la production et de la consommation de masse, mais aussi de la dissuasion nucléaire, et de l’impact global des États-Unis en matière de politique économique, de normes sociétales, ou de pratiques culturelles. Ces derniers ont initié la structuration planétaire des échanges, des mouvements de capitaux, ainsi que l’expansion des firmes qui développent des stratégies mondiales de conquête de marché. Tous ces phénomènes [13] sont devenus tellement prégnants, que les analystes postulent aujourd’hui l’existence d’un système économique mondial intégré. Pour certains d’entre eux, l’économie enfermerait désormais le monde dans un réseau de relations marchandes, d’intérêts réciproques, corsetant les rapports de force, délégitimant les volontés de puissance, enlevant toute substance aux formes irrationnelles d’inimitiés. Toutefois, cette thèse d’une économie mondiale connexionniste, telle que l’a soutenue Robert Reich [10], et qui tient l’économie internationale traditionnelle pour caduque, est contestée par les tenants d’un néomercantilisme qui voient dans la globalisation, parce qu’elle est devenue coercitive, une source de tensions et d’antagonismes. Du même coup, selon Fanny Coulomb, l’on s’est retrouvé, au niveau du débat théorique, à la fin du XXe siècle, dans la situation « qui prévalait à la fin du XVIIIe siècle, avec une idéologie dominante promouvant l’idée de la paix par le développement des échanges internationaux (théorie de la globalisation) et des contestations fortes, notamment autour de la notion de la guerre économique » [11]. Pour sa part, dans la préface de la réédition de son best-seller, False Dawn, le philosophe britannique John Gray perçoit le retour de la géopolitique au cœur de la globalisation et prédit la fin proche du « global laissez-faire » [12]. Le premier, il l’attribue à la concurrence acharnée des grandes puissances, à leurs guerres à venir pour les ressources naturelles et à la prolifération des technologies militaires de destruction de masse. La seconde, il l’impute aux vulnérabilités des États-Unis et à leur incapacité à remplir leur fonction d’économie dominante (en particulier celle de banquier du monde), contrairement à la Grande Bretagne au XIXe siècle. La crise qui les frappe vient conforter ce jugement.

Jusqu’à ce que celle-ci n’éclate, sans aller jusqu’à assimiler l’économie mondiale à l’idéaltype avancé par Reich (celui d’une économie-réseau planétaire faîte de participations croisées dans tous les secteurs d’activités productives, financières, monétaires et autres), il est évident que l’on a assisté à une économicisation des relations internationales. Aussi bien au niveau pratique, parce que les enjeux économiques sont devenus essentiels dans les relations entre les États et entre les sociétés, qu’au niveau théorique avec, d’une part, l’imprégnation remarquée de la [14] science politique par la sémantique des économistes (chez Kenneth Waltz en particulier) et, d’autre part, avec l’apport interprétatif indispensable que lui procure la théorie économique. C’est ainsi que la prise en charge théorique de l’emprise de l’économie sur les affaires internationales a commencé dans les années 1972-1973, par le biais d’une réflexion d’ensemble sur « la politique des relations économiques internationales ». Elle le fut, a-t-il été rappelé, à l’initiative de la revue International Organizations qui lui consacra un numéro spécial [13]. Elle est née alors des inquiétudes engendrées par la détérioration du système monétaire international (Smi) par les chocs pétroliers, par le déclin économique supposé et exagéré des États-Unis qui ont fait craindre pour l’échange international et surtout pour les régimes [14]. C’est-à-dire les accords, tels ceux du Gatt (General Agreement on Tariffs and Trade), mais encore les institutions, les conventions et les normes qui permettent à la coopération internationale de fonctionner [15]. Très tôt critiquée, par Susan Strange en particulier, pour son imprécision, son éphémère contextualité et son aspect ethnocentrique, la notion de régime international est aujourd’hui tout à fait dépassée par la dérégulation de l’économie mondiale [16]. Néanmoins, la controverse théorique à laquelle elle a donné lieu dans les années quatre-vingt a contribué à l’institutionnalisation d’une discipline dénommée « l’économie politique internationale (Épi) », dont le champ de la réflexion a été étendu à tous les phénomènes d’interaction entre le politique et l’économique. Selon Robert Gilpin (un de ses principaux initiateurs), l’un des objets fondamentaux de l’Épi est « le conflit persistant entre l’interdépendance croissante de l’économie internationale et le désir des États de maintenir leur indépendance économique et leur autonomie politique » [17] ; avec subséquemment, des thèmes tels que le rapport entre le changement économique et le changement politique ou l’impact du marché mondial sur les économies domestiques.

La théorie des régimes a ainsi accaparé toute la discussion la plus récente entre néoréalistes et néolibéraux, pris tous sous le charme de l’économie mondiale. Or, c’est cette forme de tropisme qui va conforter l’accusation de matérialisme des constructivistes qui présenteront leur propre version des régimes [15] internationaux en « intégrant les changements internes aux économies et aux sociétés nationales dans l’analyse du rôle des États au sein de l’économie mondiale » [18]. Quoi qu’il en soit, l’attention portée par les uns et par les autres à l’économie internationale devait nécessairement entraîner que la globalisation devint l’objet central de l’Épi, au point de la transformer. En effet, alors que la première économie politique internationale s’est voulue, à travers la théorie des régimes, une « économie de la coopération entre États » [19], ne procurant qu’une vision extrêmement pauvre de l’ordre international [20], l’émergence à côté de ces derniers d’acteurs économiques souvent plus puissants qu’eux-mêmes a imposé une mutation telle que l’on peut parler d’une seconde Épi centrée désormais sur la question de la transnationalité et des rapports entre les États et les entreprises. Susan Strange a fixé la nouvelle donne de la façon suivante [21]. À savoir, premièrement, que le succès incontestable et « définitif » de la « démocratie de marché » fait que « la paix et la guerre entre les nations ont cessé d’être une préoccupation première ». Au contraire, l’économicisation des relations internationales entraîne que les États sont désormais soucieux principalement « d’offrir un environnement suffisamment attractif pour encourager les activités créatrices de richesses et séduire les investissements des firmes multinationales » [22]. Deuxièmement, « les États ont vu leur pouvoir et leur autorité entamés, car il leur a fallu partager certaines de leurs fonctions avec un nombre toujours croissant de tiers » [23]. Cependant, Strange, qui distinguait les États-Unis en tant que seule grande puissance mondiale, contestait la thèse de leur déclin et au contraire leur reconnaissait un « pouvoir structurel » sans précédent. Lequel « est le pouvoir de façonner et de déterminer les structures de l’économie politique globale à l’intérieur desquelles d’autres États – leurs institutions politiques, leurs entreprises, leurs scientifiques et autres professionnels – doivent opérer » [24]. Troisièmement, si « le pouvoir est passé des États aux marchés », c’est surtout vrai pour les puissances autres que les États-Unis, et cela tient, d’un côté, à la multinationalisation de l’économie productive, et d’un autre, à l’expansion des marchés financiers mondiaux sur lesquels les États n’ont plus aucune prise [25]. Quatrièmement, Strange fait sienne une hypothèse [16] d’Hedley Bull quand elle écrit que le monde évolue vers un « nouveau Moyen Age », « caractérisé par la dispersion des pouvoirs et la mise en concurrence des différentes instances détenant l’autorité » [26].

Si la mondialisation est devenue un objet central pour les théoriciens des relations internationales, il n’est pas sûr qu’ils soient d’accord avec les quatre propositions de la politologue britannique. D’autant plus que son contexte est encore entrain de changer. Chacun la problématise à sa façon et en tire des conclusions qui peuvent diverger. Du côté des économistes, nous avons observé dans un ouvrage précédent que la mondialisation correspond à ce que Pierre Dockès et Bernard Rosier ont défini comme la dernière forme-étape du capitalisme. Elle se traduit par un ordre productif spécifique global de ce dernier qui s’appuie en l’occurrence sur le développement inouï des nouvelles technologies d’information et de communication (Ntic) [27]. Cependant, la régulation, qui est l’autre clef de l’ordre productif, ne se trouve pas au rendez-vous. Elle n’existe plus dans la phase de transnationalisation contemporaine en raison du démantèlement volontaire des instruments étatiques ad hoc. Ou, si l’on veut, du fait du changement d’échelle (du national au global), elle est redevenue « concurrentielle » (ou faussement concurrentielle en raison de l’oligopolisation des marchés) et elle se traduit par une lutte intensive entre les firmes, entre les économies nationales et entre les individus. La règle des avantages comparatifs est elle-même mise en cause, comme nous l’examinerons, par ses propres interprètes et avocats. Dans l’ordre nouveau mondial, marqué par un retour très net des droits de la propriété, où la productivité établit la hiérarchie du système et par conséquent la position de chaque acteur économique dans l’économie globalisée, il n’est guère étonnant que « les études économétriques montrent que l’ouverture économique s’est accompagnée, pour certains pays, d’un effet favorable, pour d’autres d’un effet défavorable, pour d’autres enfin, d’un effet indécidable » [28]. Générateur de richesses, le même ordre productif crée en effet autant d’inégalités que de contradictions sociales. C’est pourquoi, contrairement au discours de la « théorie standard » de la science économique sur l’échange, comme l’appelle Gérard Kébabdjian [29], et plus encore [17] à l’opposé de celui de nombreux politologues transnationalistes peu au fait des mécanismes économiques, il n’est pas pensable que tous soient gagnants. Le dernier bilan du Bureau international du Travail, sur lequel nous reviendrons, l’admet sans le dire. Et pour certains analystes, le système économique mondial tend vers l’absurde tant il détruit d’un côté ce qu’il fait gagner de l’autre tout en multipliant les transports qui accentuent la pollution et la dépense en énergie [30].

Tout phénomène économique, on l’a vu avec Polanyi, aussi vaste soit-il, n’a rien de naturel ou de spontané. Le marché libre global est la création des puissances étatiques, principalement anglo-saxonnes, intervenue quand leurs dirigeants, convaincus de ce que l’État minimal et le laissez-passer étaient deux choses désirables et indispensables pour le monde entier, ont imposé aux autres le consensus de Washington, selon les termes utilisés par l’économiste américain J. Williamson pour désigner leur accord tacite et informel sur le credo libéral [31]. Un consensus mal en point maintenant que la crise est là. Dès 1997, la crise asiatique avait conduit plusieurs économies émergentes à réviser radicalement leurs stratégies financières et commerciales. Dix ans plus tard, la crise américaine du crédit qui dégénère en récession mondiale, mais aussi la crise alimentaire, la paupérisation en marche des travailleurs des pays développés, menacent de faire imploser le système libéral mondial. Du coup, il y a de quoi douter de la pérennité de ce qui est passé un certain temps pour être le nouveau paradigme de l’organisation du monde [32]. En vérité, le phénomène de la globalisation n’a rien d’irréversible. Il est à la merci du déchaînement d’une crise elle-même globale (parce qu’elle concernerait les différentes parties du monde) et systémique (parce qu’elle impliquerait d’autres champs que l’économique). Comme il n’est pas du tout certain que les institutions de la gouvernance globale soient en mesure de la juguler, il n’est pas surprenant que la science économique doive compter avec le retour de l’économie politique [33] et de la géoéconomie [34]. Moins que jamais, les phénomènes de pouvoir, de domination et de dépendance, de résistance sociale, ne sauraient être laissés de côté. Ils étaient déjà à l’origine des controverses entre libéraux et réalistes d’une part, entre libéraux et marxistes de l’autre. Et ils sont désormais pris en considération, [18] car tout finit par arriver, par les constructivistes qui analysent le fonctionnement de la gouvernance globale [35]. Ils n’en avaient que trop privilégié une version irénique peu compatible avec la complexité et les tur­bu­lences du monde qu’ils décrivent.

Dans un premier chapitre, après avoir retracé la contextualité et les grandes lignes de la théorie des « régimes internationaux », il sera donc intéressant de voir comment elle s’est dissoute dans la réalité de la globalisation en marche. Comment ses protagonistes en sont réduits à parler de régimes dès qu’une simple concertation est mise en route. Comment elle cède le pas à l’économie politique internationale dont l’émergence a une double signification. D’un côté, elle marque la reconnaissance de la mondialisation en tant qu’objet prépondérant dans l’analyse des relations internationales contemporaines. D’un autre côté, compte tenu des contradictions, des tensions et de la redistribution de la puissance qu’engendre le phénomène, elle s’invite à l’étude des rapports de force et de la compétition qui caractérisent l’économie mondiale sous tous ses aspects. De sorte que l’Épi se focalise plus que jamais sur le rapport entre l’économique et le politique en posant de nombreuses questions : celle de la souveraineté des États face aux forces du marché, celle des nouvelles hiérarchies d’acteurs, celle des limites et des impasses de la gouvernance mondiale face aux contradictions du système capitaliste globalisé, celle d’une crise systémique potentielle. C’est pourquoi les configurations de la globalisation, celle de la géofinance comme celle des ressources énergétiques par exemple, avec les inégalités et avec les limites qu’elles opposent au mythe de la croissance généralisée et de l’enrichissement mutuel, méritent d’être étudiées de près.

Ainsi, en dépit de la pause et même de la baisse que l’on remarque dans l’évolution présente des prix des hydrocarbures, les perspectives liées à l’épuisement programmé du pétrole à partir de son « pic de production » qui interviendra entre 2010 et 2016, pour les plus pessimistes, entre 2020 et 2030 pour les optimistes, sont telles que, selon le rapport dressé par les parlementaires français, « nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise particulièrement préoccupante, durable et globale… » [36]. Elle est bien sûr susceptible d’avoir des effets systémiques. [19] Quand le renchérissement du prix du baril de pétrole atteindra un niveau prohibitif, ou quand le rationnement du carburant s’imposera, si aucune solution de substitution rentable n’est trouvée, cela portera un rude coup aux échanges internationaux, par le biais des prix des transports (terrestres et aériens surtout, maritimes dans une moindre mesure) quand on sait combien la mondialisation a été encouragée par la baisse de leurs coûts. Tout peut arriver dans l’espace énergétique, compte tenu des besoins à venir, quand on sait que là où les États-Unis brûlent 25 barils de pétrole par personne et par an les Européens en consomment 12, les Chinois 2 et les Indiens un seul [37]. Certes, l’offre pétrolière est peut-être extensible (Arctique par exemple). Mais jusqu’à quel niveau, jusqu’à quand et pour qui ? Bien sûr, on peut toujours se consoler du ralentissement forcé de l’activité économique mondiale respectivement à ses aspects les plus agressifs pour l’environnement, en se disant qu’il réduira alors le « choc climatique  » qui s’annonce…

À partir seulement de ce premier niveau de la réalité mondiale, on s’évertuera dans un second chapitre à mesurer la portée des thèses transnationalistes et à évaluer la pertinence des concepts de société mondiale et de société civile globale (Scg) qu’elles mobilisent. Ces deux notions sont différenciables, mais elles sont le plus souvent conjointement comprises comme constitutives du contre-pouvoir au capitalisme mondial. Mieux encore, comme le soubassement de la démocratie mondiale suite à la transnationalisation d’associations et d’organisations de toutes sortes, et à la connexion, grâce à l’Internet, de tous ceux qui se rêvent être les citoyens du monde, de tous ceux qui, adeptes du « sans-frontiérisme », en appellent à une régulation sociale mondiale qui se substituerait à celle des États d’ores et déjà dépassée. S’agissant d’y voir clair dans ces interprétations et d’évaluer la consistance des dimensions sociales et culturelles de la mondialité, il serait dommageable en la matière de se priver des analyses produites par l’école anglaise des relations internationales.

En effet, depuis une cinquantaine d’années, la question de la société mondiale (World Society) est un des axes de la réflexion que mènent l’English School [38] (laquelle constitue en soi, comme [20] cela a été noté, un programme de recherche fondé sur ses trois traditions : réaliste, rationaliste et révolutionniste [39]) et d’autres auteurs britanniques qui lui sont périphériques parce qu’ils privilégient une approche tantôt holiste (R. J. Vincent) tantôt sociologique (J. W. Burton, E. Luard, M. Shaw) [40]. Fondamentalement, l’école anglaise s’appuie sur le concept de société internationale ou société des États dans laquelle ces derniers coopèrent, dialoguent et ont en partage un certain nombre de valeurs, de normes et d’institutions qu’ils s’efforcent de sauvegarder et de faire vivre. En parallèle, elle conçoit que se constitue progressivement, en dehors des États, une société mondiale qui réunirait les individus, les organisations privées, les groupes humains de toutes natures jusqu’à rassembler la population mondiale. La question qui se pose aussitôt est de savoir s’il faut maintenir les deux sociétés distinctes, et les analyser séparément, comme l’ont fait les premiers auteurs tels Wight et Bull et qui ne s’intéressaient véritablement qu’à la société internationale, ou bien s’il est opportun d’intégrer celle-ci à la société mondiale pour saisir leurs interactions, comme le pense présentement Buzan. Ce dernier a sans doute raison, mais c’est alors que les choses se compliquent, et que plusieurs interrogations surgissent et s’emboîtent. En premier lieu, peut-on considérer qu’il existe une société mondiale au sens où Hedley Bull la définissait, en expliquant, rappelons-le, que « par société mondiale nous entendons qu’il existe non seulement un haut degré d’interaction entre tous les membres de la communauté humaine, mais aussi un sens de l’intérêt commun et des valeurs communes sur la base desquels des règles et des institutions communes pourraient être bâties » [41] ?

Sachant que la mondialité est multiréférentielle autant qu’elle est multidimensionnelle, voilà qui pose la question de savoir s’il peut y avoir homogénéisation des valeurs et si oui, sous quelles conditions, pourquoi et comment ? Barry Buzan convient de l’importance du sujet et y voit le cœur du débat entre les pluralistes et les cosmopolitistes. Pour sa part, il propose une synthèse de la « triade épistémologique » britannique (système international-société internationale-société mondiale) qui l’autorise à préférer au concept de système mondial (World System), qui à ses yeux comme à ceux d’Alexander Wendt (qu’il rejoint sur ce  [21] point) ne met pas suffisamment l’accent sur les interactions sociales, celui de société mondiale (World Society), bien qu’il penche lui-même plutôt du côté du pluralisme [42]. Et qu’il admet la nécessité de confronter ce concept aux réalités géographiques, c’est-à-dire aux rapports entre le global et le local, et aux relations qui existent entre les différents sous-systèmes régionaux, intersociétaux et interétatiques [43]. En d’autres termes, au-delà de la connaissance de la société des États, et afin de juger de l’homogénéité et de la portée réelle des interactions sociales susceptibles de justifier de l’usage du vocable société (mondiale) de préférence à celui de système (mondial), s’impose l’analyse empirique des relations non étatiques, celles du monde des individus, des réseaux, des diasporas, des Ong, mais encore des maffias et des mouvements terroristes. En second lieu, et par la même occasion, Buzan confirme sa position en soulignant la connotation idéologique du concept de société civile globale [44]. Tandis que la catégorie société mondiale se contente d’associer analytiquement les acteurs étatiques et non étatiques pour tenter ensuite de théoriser leurs rapports, la notion de société civile renvoie, quant à elle, à « une profonde et longue dispute idéologique entre les interprétations conservatrice et libérale de la condition humaine, et à des visions sur les moyens de parvenir à la bonne vie » [45]. De surcroît, il est présupposé alors que la Scg est suffisamment cohérente et naturellement démocratique pour être le contrepoids du système des États et en corriger les errances. Problématique par essence, cette thèse, quand elle est transposée au niveau d’un groupe de bientôt neuf milliards d’humains d’une hétérogénéité infinie, aux aspirations tellement multiples et différentes, ne peut évidemment qu’inspirer le scepticisme. Elle n’en est pas moins soutenue par des auteurs comme Rosenau et Held et nombre de leurs épigones français qui confondent l’explosion des égocentrismes avec les progrès de la démocratie. Selon Buzan, qui ne se fait pas d’illusions parce que la Scg n’est pas par nature une « bonne chose », il faudrait pour qu’elle démontre la capacité de régulation qui lui est prêtée qu’elle soit en mesure de maîtriser deux phénomènes : d’une part, « la face grise du monde non étatique représentée par les différentes sortes d’organisations extrémistes ou criminelles », et [22] d’autre part, « l’économie globale et ses acteurs non étatiques » [46]. Déjà peu pertinent au plan théorique, quand il désigne une force ou une entité susceptible de transformer ou de s’opposer à la mondialisation, le concept de société civile globale est, en outre, mis à mal par les crises qui se produisent dans les différents champs où la Scg est censée intervenir. C’est que sa conception est un défi aux représentations multiples du monde qu’entretiennent ses différentes parties tellement hétérogènes.

La vision finalement très occidentale selon laquelle l’humanité est une et selon laquelle le devoir des dirigeants et des élites politiques est de traduire dans les faits la solidarité latente des intérêts et des valeurs est-elle en conformité avec le réel ? Ne sous-estime-t-elle pas les divergences des trajectoires politiques, culturelles et sociales d’acteurs réunis à des fins exclusivement marchandes. À ce jour, dans ses pratiques, la mondialisation confirme à notre avis, en le poussant jusqu’à sa dernière extrémité, le pronostic de Georg Simmel d’une culture moderne dominée par le rôle de l’argent, et qui se retrouve écartelée entre deux directions opposées : l’interdépendance et l’indifférence [47]. L’explication qu’il donne est que l’argent a, d’un côté, libéré l’agir économique de presque toutes les contraintes physiques et permis l’unification de la sphère sociale globale, alors que d’un autre côté, il a produit une dépersonnalisation sans précédent de chaque agent et, plutôt qu’une autonomie réelle, il a engendré un faux sentiment d’indépendance de l’individu. Parce que de « simple moyen et de préalable qu’il était – l’argent prend intrinsèquement l’importance d’une fin téléologique… » [48] – il est devenu le référent de l’universel humain. Cet état de choses fait que la mondialité ne saurait être assimilée à une humanité intégrée et solidaire, elle n’existe qu’à travers l’échange marchand. Il est donc possible que son état de totalité agrégée ne soit que provisoire. Sa réalité configurationnelle n’implique pas l’objectivation d’une humanité concrète. Elle est système de réseaux et d’échanges, rien de plus. Pierre-Noël Giraud insiste justement sur le caractère très peu inclusif du capitalisme mondialisé qui ignore des masses d’hommes parce que « la globalisation actuelle est une globalisation engendrée par des nomades qui, au lieu d’interagir avec des sédentaires dans leur environnement immédiat, agissent désormais à une échelle mondiale » et [23] aussi parce que « l’inégalité interne est gage de compétitivité externe ! » [49]. Un système fermé sur lui-même, sans au-delà, menacé d’implosion par les dégradations environnementales, par le retour de la rareté des matières premières et des ressources agricoles, par les facettes multiples de la crise démographique, et allant de pair avec elle, par la précipitation des trajectoires civilisationnelles les unes vers (et parfois contre) les autres, tel est le visage de la mondialité. Encore que, selon bien d’autres que nous, le maniement du concept de civilisation ne soit pas forcément du meilleur aloi en matière d’étude des relations internationales, parce qu’il réfère à une contextualité complexe, à un faisceau de phénomènes et de facteurs, et non pas à un acteur intentionnel.

« La notion de civilisation, en effet, est au moins double. Elle désigne, à la fois, des valeurs morales et des valeurs matérielles » rappelait Fernand Braudel [50]. Lequel considérait, ce qui témoigne de leur complexité, que « les civilisations sont des espaces […] des sociétés […] des économies […] des mentalités collectives […] des continuités » [51]. Autrement dit, elles ont chacune leur dynamique propre qui décline des ères historiques spécifiques, elles se dissocient chacune en sous-espaces ou aires culturelles, elles englobent des sociétés proches mais non identiques aux structures évolutives, elles varient au gré du progrès technique et économique, et enfin, même si du point de vue des mentalités « la religion est le trait le plus fort, au cœur des civilisations, à la fois leur passé et leur présent » [52], force est de constater que leur marquage par ce facteur est lui aussi sujet à des fluctuations ou à la sclérose. En outre, on peut penser avec Pierre Chaunu, parce que les civilisations ne sont pas hermétiques, et qu’en dernier ressort c’est l’histoire démographique (en relation avec les conditions naturelles et le progrès technique) qui prime sur tout, qu’il est légitime de dégager une « succession des systèmes de civilisation » consécutive à quatre phénomènes décisifs : 1) « le tournant du monde plein », c’est à dire le balancement en faveur de l’Occident (dans le passé, en attendant le retour prochain du balancier vers l’Asie) de l’axe Méditerranée-Inde-Chine « sur lequel tout se joue » ; 2) le désenclavement planétaire, à partir du XVIe siècle ; 3) la révolution scientifique ; 4) la mutation de la croissance des hommes et des moyens, elle-même [24] fondatrice d’une mondialité toujours plus uniforme [53]. Tout cela amène à penser que l’usage du concept n’est pas évident, à approuver que si « les civilisations sont des puissances aveugles, sourdes et muettes, elles ne sont pas des acteurs politiques comme les États ou des acteurs économiques comme les entreprises, elles ne pensent pas, elles ne communiquent pas, elles n’agissent pas en tant que telles » comme l’écrit un auteur, qui malheureusement n’hésite pas à tenir ensuite les critères civilisationnels, en les systématisant quelque peu, pour les facteurs déterminants des relations internationales contemporaines [54]. Ni acteurs (c’est le reproche le plus justifié que l’on ait pu adresser à Samuel Huntington que de les qualifier ainsi), ni puissances en elles-mêmes (parce qu’elles peuvent souffrir de trop graves carences ou insuffisances, et qu’on ne saurait surtout leur attribuer une intentionnalité) bien qu’il existe entre elles des rapports de puissance, les civilisations ne sont, en fin de compte, que des contextes matériels (soit les états d’avancement des conditions de vie qui tendent à s’égaliser) et historico-culturels qui conditionnent plus ou moins les acteurs individuels ou collectifs qui en sont issus. Dès lors, en raison de toutes ces ambiguïtés, et parce qu’en général les auteurs font principalement référence à la composante immatérielle, pourquoi ne pas s’en tenir à « l’adjectif culturel, inventé en Allemagne vers 1850, et dont l’usage est si commode » (en tout cas bien plus que celui de civilisation) comme l’avançait Fernand Braudel (pour qui la civilisation reste un objet d’étude en tant que contexte multifactoriel et multiphénoménal de longue durée) [55] ? Car sous la connotation réductrice et un peu simpliste où le terme civilisation est aujourd’hui souvent employé, il désigne surtout un ethnocentrisme enraciné dans le temps et porteur d’une vision du monde, et de traits culturels tous souvent plus complexes que les schématisations qui sont proposées. Ce qui ne dispense pas, bien au contraire, d’une approche inter-ethnocentrique du monde contemporain.

En tout état de cause, la question de fond reste celle de la structuration et du fonctionnement de la mondialité. Comme il n’y a pas de réponse qui aille de soi, qu’il n’existe pas de théorie générale satisfaisante, sachant qu’une théorie ne saurait être autre chose qu’un outil d’analyse, la seule issue est de se doter [25] d’un instrument d’interprétation global, avec l’espoir non pas de produire la copie du réel, mais d’en proposer une approche la plus cohérente possible. Dans le chapitre conclusif de ce tome, mais aussi du traité dans son ensemble, nous reviendrons à cet effet sur la systémologie à base géopolitique et herméneutique [56] dont nous avons présenté les principes et la méthode dans nos livres précédents [57].



[1] Cité dans notre Tome II, Les Théories de l’interétatique, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 308.

[2] Karl Polanyi, La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 1983.

[3] Élie Cohen, La Tentation hexagonale. La souveraineté à l’épreuve de la mondialisation, Paris, Fayard, 1996, p. 15.

[4] A. G. Hopkins (edited by) Globalization in World History, Londres, Pimlico, 2002, p. 3.

[5] Ibid., p. 50-62.

[6] Edward Friedman, « Reinterpreting the Asianization of the World and the Role of the State in the Rise of China », dans David A. Smith, Dorothy J.Salinger, Steven C.Topik (eds.), States and Sovereignty in the Global Economy, Londres, Cambridge University Press, 1999, p. 246-263.

[7] Kishore Mahbubani, The New Asian Hemisphere. The Irresistible Shift of Global Power to the East, New York, Public affairs, 2008.

[8] A.G.Hopkins, op. cit., p. 11-36.

[9] Karl Polanyi, op. cit., p. 187.

[10] Robert Reich, L’Économie mondialisée, Paris, Dunod, 1993.

[11] Fanny Coulomb, « Les relations internationales au cœur du débat entre science économique et économie politique », Annuaire français des Relations internationales, Paris, La Documentation française / Bruylant, Vol. 1, 2000, p. 138-139.

[12] John Gray, False Dawn. The Delusions of Global Capitalism, preface à l’édition de 2002, XVIII-XXIII, Londres, Granta Books.

[13] Jean-Christophe Graz, « Les nouvelles approches de l’économie politique internationale », Annuaire français des Relations internationales, Vol. 1, 2000, Paris, La Documentation française / Bruylant, p. 557-569.

[14] Robert O. Keohane, « The Theory of Hegemonic Stability and Changes in International Economic Regimes, 1967-1977 », in C. Roe Goddard, Patrick Cronin & Kishore C. Dash (edited by), International Political Economy. State-Market Relations in a Changing Global Order, Londres, Palgrave, 2003, p. 99-117.

[15] Stephen D. Krasner (edited by) International Regimes, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 1983, p. 2.

[16] Susan Strange, “Cave! hic dragones : a critique of regime analysis”, International Organisation 36,2,Spring 1982, repris dans Stephen D.Krasner, ibid., p. 337-354.

[17] Robert Gilpin, Global Political Economy. Understanding the International Economic Order, Princeton, Princeton University Press, 2001, p. 80.

[18] Jean-Christophe Graz, op.cit., p. 563.

[19] Pierre Noël, « Théorie des ”régimes”. Économie politique internationale et science politique : réflexions critiques », Annuaire français des Relations internationales, Vol. 1, 2000, Paris, La Documentation française/Bruylant, p. 141.

[20] Ibid., p. 153.

[21] Jonathan Story, « Le système mondial de Susan Strange », Politique étrangère, 2/2001, p. 433-447.

[22] Ibid., p. 437.

[23] Ibid., p. 438.

[24] Susan Strange, States and Markets. An Introduction to International Political Economy, Printer, Londres, 1988, p. 24-25.

[25] Jonathan Story, op. cit., p. 438-439.

[26] Ibid., p. 439.

[27] Bernard  Rosier, Pierre Dockès, Rythmes économiques. Crises et changement social, une perspective historique, Paris, La Découverte/Maspero, 1983, p. 180 et sq.

[28] F. Rodriguez, Dani Rodrik, « Trade Policy and Economic Growth : A Skeptic’s Guide to Cross National Evidence » dans NBER Working Paper, N° 7081, 1999, cité par Gérard Kébabdjian, « L’objet international dans la théorie économique », Annuaire français des Relations internationales, Paris, Bruylant/La Documentation française, Volume 4, 2003, p. 78.

[29] G. Kébabdjian, ibid, p. 69.

[30] Laurence Benhamou, Le Grand Bazar mondial, Paris, Bourin Éditeur, 2007.

[31] Charles-Albert Michalet, Qu’est-ce que la mondialisation ?, Paris, La Découverte, 2002, p. 98-100.

[32] Charles Gore, « The Rise and Fall of the Washington Consensus as a Paradigm for Developing Countries », in C. R. Goddard, P. Cronin, K. C. Dash, op. cit., p. 317-340.

[33] Fanny Coulomb, op. cit., p. 135.

[34] Par géoéconomie, nous entendons, à la fois, l’analyse des stratégies des États et des firmes dans l’organisation de la géographie des ressources, des flux, des productions, et celle de l’impact spatio-politique (vulnérabilités, distorsions spatiales, pôles de décision, etc.) des oligopoles, des opérateurs financiers sur les États et les milieux sociaux.

[35] Michael Barnett and Raymond Duvall (édit.), Power in Global Governance, Cambridge, Cambridge, University Press, 2005.

[36] Assemblée nationale, « Énergie et géopolitique », Rapport d’information du 8 Février 2006 (Président Paul Quilès, rapporteur Jean-Jacques Guillet).

[37] Ibid.

[38] Barry Buzan, From International to World Society ? English School Theory and the Social Structure of Globalisation, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.

[39] Cf. notre Tome II, p. 215 et p. 261-263.

[40] Barry Buzan, op. cit., p. 63-70.

[41] Hedley Bull, The Anarchical Society.Study of Order in World Politics, Londres, Palgrave, 3ème édit., 2002, p. 279.

[42] Barry Buzan, op.cit., p. 90-138.

[43] Ibid., p. 218.

[44] Ibid., p. 77.

[45] Ibid., p. 79.

[46] Ibid., p. 77.

[47] Georg Simmel, « L’argent dans la culture moderne », in L’Argent dans la culture moderne et autres essais sur l’économie de la vie, Paris, Maison des Sciences de l’Homme / Presses de l’Université Laval, 2005, p. 27.

[48] Ibid., p. 32.

[49] Pierre-Noël Giraud, « Comment la globalisation façonne le monde », Politique étrangère, 4-2006, p. 927-940.

[50] Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Flammarion, Coll. Champs, 1993, p. 35.

[51] Ibid., définitions, chapitres 2 et 3.

[52] Ibid., p. 54.

[53] Pierre Chaunu, Histoire, science sociale. La durée, l’espace et l’homme à l’époque moderne, Paris, Sedes, 1974, 1ère partie, chapitre 4, p. 83 et 292.

[54] Bernard Nadoulek, L’Épopée des civilisations, Paris, Eyrolles, 2005, p. 56.

[55] Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Flammarion, col. « Champs », 1987, p. 36.

[56] Nous acquiesçons volontiers au terme de systémologie utilisé par Guy Mandon, inspecteur général de l’Éducation nationale, pour qualifier la méthode en géopolitique systémique complexe que nous défendons. Cf. Guy Mandon, « De l’histoire et géographie économiques à l’histoire, géographie et géopolitique : le monde au XXe siècle », Référence, n° 37, mai 2005.

[57] Gérard Dussouy, Quelle géopolitique au XXIe siècle ?, Bruxelles, Paris, Complexe, col. « Théorie politique », 2001 et « L’interprétation du système international », Les Théories de l’interétatique. Traité Tome II, op. cit., p. 299-312.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 24 août 2011 15:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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