En 1980, les dépenses consacrées aux soins et services sanitaires au Québec représentaient plus de 7% du produit intérieur brut (Régie de l'assurance-maladie du Québec, 1981). Plus de 80% de ces dépenses sont publiques et la majeure partie sert à rémunérer les services de dizaines de milliers de travailleurs de la santé. Ne serait-ce qu'en raison de son importance économique, cette catégorie de travailleurs mérite l'attention. Il y a longtemps maintenant que nous sommes devenus conscients que la santé avait bel et bien « un prix » et il est de plus en plus évident que ce prix ne pourra croître indéfiniment. De là les interrogations, toujours plus nombreuses dans les sociétés occidentales, sur l'efficience de l'organisation actuelle du travail sanitaire. Le poids des contraintes économiques amène les gouvernements et les citoyens en général à se demander si le système de santé que nous nous sommes donné à grands frais est bien celui qui produit les meilleurs résultats à meilleur compte. L'examen sérieux d'alternatives au système sanitaire actuel est rendu d'autant plus impératif que son efficacité, c'est-à-dire sa capacité de favoriser le recouvrement de la santé ou plus généralement d'améliorer le niveau de qualité de vie de la population, n'est pas évidente. 

Le système de distribution de soins médicaux réunit un ensemble complexe de ressources matérielles, financières, institutionnelles et surtout humaines. 

Je tiens à remercier MM. Donald Bouffard, directeur de la recherche à l'office des professions du Québec, et Michel Germain, chercheur au service de Planification et de Développement de la main-d'oeuvre du Ministère des Affaires sociales pour leur précieuse collaboration. 

L'organisation de ces ressources est soumise à de nombreuses règles et normes qui déterminent l'aménagement des moyens mis en oeuvre pour atteindre les objectifs du système. Parmi ces ressources, les fournisseurs de soins et services occupent une place centrale et il n'y a pas de doute que la compréhension de la dynamique du système sanitaire passe par une meilleure connaissance de ces groupes de producteurs et de leurs rapports entre eux. 

Notre objectif ici se limitera à décrire les groupes occupationnels qui se partagent le champ du travail sanitaire. Il ne sera pas possible de considérer l'ensemble de ceux qui participent d'une façon ou d'une autre à la production de soins et services sanitaires, ce qui nous amènerait à inclure l'ensemble du personnel hospitalier, les fabricants de produits de santé, etc. Plutôt, nous limiterons la description aux occupations sanitaires comme telles c'est-à-dire celles qui regroupent des membres qui ont reçu une formation spécifique en santé.' Au total, nous retiendrons 26 occupations dont la grande majorité sont reconnues par le Code des professions du Québec (L.Q., 1973, c. 43). 

Nous établirons, pour chaque groupe, ses effectifs actuels et leurs principales caractéristiques. Mais auparavant nous allons esquisser une problématique de la division du travail sanitaire qui nous permettra en particulier de définir trois grandes catégories d'occupations de la santé et de mieux justifier l'examen de certaines caractéristiques personnelles et professionnelles des effectifs sanitaires.