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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de René Durocher, “Le Faciste canadien, 1935-1938.” Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Fernand DUMONT, Jean-Paul MONTMINY et Jean HAMELIN, IDÉOLOGIES AU Canada FRANÇAIS, 1930-1939, pp. 257-271. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 1978, 361 pp. Collection: Histoire et sociologie de la culture, no 11. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, Chomedey, Laval, Québec. [Autorisation formelle accordée le 7 décembre 2009, par le directeur général des Presses de l’Université Laval, M. Denis DION, de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[257]

« Le Fasciste canadien »,
1935-1938
.”

par René Durocher


Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Fernand DUMONT, Jean-Paul MONTMINY et Jean HAMELIN, IDÉOLOGIES AU Canada FRANÇAIS, 1930-1939, pp. 257-271. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 1978, 361 pp. Collection: Histoire et sociologie de la culture, no 11. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, Chomedey, Laval, Québec. [Autorisation formelle accordée le 7 décembre 2009, par le directeur général des Presses de l’Université Laval, M. Denis DION, de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

I. Le parti fasciste canadien
1. Une dictature

2. Les contradictions de la pensée et de l'action d'Adrien Arcand
II. Les principaux thèmes du journal
1. La doctrine fasciste

2. La politique
3. Les questions socio-économiques
4. La religion
5. L'antisémitisme

En 1934, après cinq années d'activités politiques intenses, Adrien Arcand fonde le Parti national social chrétien (PNSC) et, l'année suivante, il commence la publication du Fasciste canadien qui en sera l'organe officiel. C'était l'aboutissement d'une aventure politique commencée en 1929 avec le Goglu et « l'Ordre patriotique des Goglus » de caractère préfasciste par son idéologie, son organisation et son antisémitisme virulent [1].

Le premier numéro du Fasciste canadien [2] est publié en juin 1935 sous forme de bulletin polycopié mensuel d'une dizaine de pages. À partir de décembre de la même année, il prend la forme d'un journal imprimé de format tabloïd qui passe graduellement de quatre à douze pages. Le dernier numéro paraît en juin 1938 et annonce la dissolution du PNSC qui se fusionne avec les autres partis fascistes du Canada pour devenir, sous la direction d'Arcand, le Parti de l'Unité nationale qui publiera le Combat national.

De 1935 à 1938, le mouvement fasciste, sous le leadership d'Arcand, atteint sa maturité et c'est sans doute le meilleur moment pour tenter d'en analyser l'idéologie. Cette tâche est difficile cependant, car même si le PNSC et son chef ont fait couler beaucoup d'encre dans les années 30, on connaît assez mal l'un et l'autre. En effet, le PNSC, soit par nécessité tactique, soit pour des raisons qui relèvent de la psychologie du conspirateur, s'entoure d'un voile épais de secret ou encore s'ingénie, par une habile propagande, à brouiller les pistes des observateurs. Ainsi nous savons peu de chose sur le tirage, l'aire de rayonnement, les rédacteurs, les lecteurs du journal, etc. Les estimations sur le nombre de membres du PNSC - qui formaient sans doute la majorité des lecteurs du Fasciste canadien puisqu'ils étaient tenus de s'y abonner - varient de mille huit cents à quatre-vingt mille [3] ! La seule estimation un peu [258] plausible, encore qu'elle concerne le Parti de l'Unité nationale en janvier 1940, est celle de la Gendarmerie royale. D'après ce corps policier qui avait saisi les papiers du parti, il y avait au Canada un total de 7 083 membres dont 5 942 dans la région de Montréal et 982 dans le reste du Québec [4].

Le PNSC se contente d'exploiter la confusion qui règne à son sujet. Il excelle dans la propagande et réussit, grâce à son caractère flamboyant, à profiter au maximum de la curiosité et de l'inquiétude de ses adversaires pour obtenir de la « publicité gratuite » dans les media d'information canadiens et américains. Les dirigeants répètent sans cesse que le nombre de membres du parti de même que le tirage du journal augmentent mais sans donner de chiffres dignes de foi. Par exemple, on rapporte que : « Le tirage de ce premier numéro a dépassé le chiffre qui avait d'abord été espéré [5] » ; « Le présent numéro du Fasciste canadien a un tirage trois fois supérieur à celui du premier numéro [6] » ; en juin 1936, on rapporte que le nombre de membres du PNSC s'est accru de 46 pour cent dans Montréal seulement et que le tirage du journal a été quintuplé depuis le 31 décembre 1935 [7]. Ce genre de « précisions » ne nous avance guère puisque nous ne connaissons ni le tirage de juin ni celui de décembre.

Il semble quand même assuré que, de 1935 à 1938, le PNSC et son journal ont fait de réels progrès. Le passage de bulletin polycopié au journal imprimé puis l'augmentation du nombre de pages en sont des indices. Ce progrès dont nous ne savons pas l'ampleur, est certainement limité car, contrairement au désir exprimé par la direction, la périodicité du journal resta la même.

Dans ce journal de parti il est pratiquement inutile d'essayer de distinguer opinion et information. C'est pourquoi il importe d'analyser à peu près tout le contenu du journal. Même si le Fasciste canadien a changé de format et que de nouveaux collaborateurs sont venus appuyer Arcand, on peut dire qu'au point de vue idéologique il est resté remarquablement homogène de 1935 à 1938. C'est pourquoi il m'est apparu légitime, après une lecture attentive de chacun des numéros, de choisir un échantillon pour l'aspect quantitatif de cette analyse. J'ai pris un numéro sur trois pour chaque année de publication, soit douze numéros sur trente-sept. Chaque numéro retenu représente un mois différent et, à l'intérieur de chaque année, un trimestre différent [8]. L'ensemble des douze numéros totalise quatre-vingt-quatorze pages dont j'ai soustrait six pages qui sont des annonces sans signification sur le plan idéologique. Donc, les pourcentages que l'on trouvera dans le tableau suivant ont été établis sur un total de quatre-vingt-huit pages.

Les principaux thèmes du fasciste canadien (1935-1938)
et répartition procentuelle à partir d'un échantillon de 88 pages

Les partis fascistes

Doctrine fasciste

Politique

Économie

Société

      PNSC            14

      État                5.6

Internationale    27,5

      Canada
(moins Québec)    0,7

      Nation            0,7

Québec                 6,7

      Corporatisme  1

Canada
(moins Québec)   11,4

Total                  12,7

                          12,

                          45,6

                            0,9

                            4

Religion

Non compris dans les six thèmes

TOTAL

Antisémitisme *

Question juive     4,7

Autres                  1

       Domination mondiale                 24,4
       Communisme                             13,3
       Religion                                     11
       Capitalisme                                 4,8
       Démocratie-libéralisme              4,7
       Race                                            4,6
       Autres                                      37,2

TOTAL                5,7

                          14,2

                        100

       TOTAL                                   100

* Étant  donné l'importance de ce thème (54,9 pages sur 88, soit 62,4%), il a été traité séparément.


 [260]

Cette analyse quantitative a permis de recueillir certaines données sur le PNSC, de repérer les principaux thèmes développés dans le journal, de saisir l'importance relative de chacun d'entre eux et d'en montrer l'articulation en un tout plus ou moins cohérent [9].


I. - Le parti fasciste canadien

1. Une dictature

Suivre les progrès du PNSC et des autres partis fascistes dans le monde constitue l'un des objectifs majeurs du Fasciste canadien. Il importe de faire connaître aux membres les décisions et les orientations du parti, de décrire les manifestations - toujours réussies - du PNSC, de rapporter les interventions ou les discours du chef. Ce thème important occupe 17,3% de l'espace dans le journal. Même si la part consacrée au Canada (moins le Québec) et aux autres pays est minime, respectivement 0,7% et 2,6%, cela est important pour convaincre les membres qu'ils participent à un grand mouvement mondial progressant de jour en jour vers le triomphe final.

Le parti, au dire d'Arcand lui-même, est « à base de dictature [10] ». Dans cette structure autoritaire, fortement hiérarchisée, le chef qu'on présente comme le « Pontifex Maximus » et l'« homme providentiel [11] » est l'autorité suprême. Les membres d'un tel parti, dont la devise est Serviam, ont des devoirs précis : faire de la propagande pour assurer la diffusion des idées du Parti en recruter de nouveaux membres, assister aux assemblées pour y étudier le programme du Parti, souscrire au Fasciste canadien, payer la cotisation mensuelle et obéir aux directives des chefs [12]. Dans ce parti, l'obéissance et la discipline sont suprêmes. Les membres sont là pour écouter et exécuter car « notre évangile politique [13] », c'est-à-dire le programme, « a TOUT prévu, n'a RIEN oublié [14] ».

Le journal se montre d'une très grande discrétion sur la vie interne et les débats à l'intérieur du parti. Pourtant le PNSC, malgré des succès certains de 1934 à 1938, connaît quelques problèmes sérieux. D'abord il y eut, de février à novembre 1935, une réorganisation profonde du parti qui mena à l'expulsion de certains membres sans qu'aucune explication ne soit donnée [15]. Puis, en novembre 1937, il y eut une scission aboutissant au départ de quelques membres influents qui utilisèrent la Nation pour épancher leurs griefs contre Arcand [16]. Finalement, en mai 1938, un schisme majeur se produisit lorsque le Dr Lambert, le principal [261] lieutenant d'Arcand, J.E. Lessard et une vingtaine d'autres officiers quittèrent le parti en dénonçant leur chef, ses méthodes et l'orientation qu'il imposait au PNSC [17].

À l'origine de tous ces conflits, on trouve la nature du leadership d'Arcand qui accapare tout le pouvoir alors que la constitution prévoit que l'instance suprême du parti est le Grand Conseil. Ce conflit était d'une certaine façon inévitable dans le contexte d'un parti « à base de dictature ».

2. Les contradictions de la pensée et de l'action d'Adrien Arcand

Il y a aussi, comme source de division, les hésitations et les contradictions dans la pensée et l'action politiques d'Arcand, en particulier sur la question nationale. Arcand rejette avec force le séparatisme de la Nation comme le nationalisme traditionnel représenté par Henri Bourassa et le Devoir [18]. Il est convaincu que les problèmes des Canadiens français proviennent de la démocratie et des juifs plutôt que des « Anglais [19] ». En instaurant le fascisme au Canada, on résoudrait du même coup la question nationale [20]. Tout en insistant sur la nécessité de l'unité canadienne voire même de l'Empire britannique, Arcand se révèle « séparatiste » lorsqu'il affirme avec force que le PNSC est et restera un Parti exclusivement canadien-français. En effet, dit-il, en 1936 : « Que les Fascistes anglais s'organisent comme ils l'entendent c'est leur souci. Notre seule base de discussion avec eux ne sera toujours que notre unité raciste [21]. » Il ajoute :

Notre parti est essentiellement raciste, c'est-à-dire qu'il veut et va faire disparaître tous les partis politiques pour incorporer dans ses rangs toute la race canadienne-française (...) de sorte que, lorsque le chef du « parti-race » parlementera avec le chef du groupe de langue anglaise, il parlera au nom de toute la race et non seulement au nom de 40% de la population canadienne-française (...) Le régime Fasciste sera en ce pays un régime de duumvirat (...) C'est une nécessité. Même en démocratie, ce fut sous des duumvirats - Cartier-Macdonald, Baldwin-Lafontaine (sic) que nous eûmes le plus de justice [22].

Mais lorsque vint la fusion entre le PNSC et les groupes fascistes de l'Ouest et de l'Ontario, certains réalisèrent, à juste titre, qu'en fait la structure adoptée n'avait rien à voir avec l'idée de duumvirat. Cela était sans doute difficile à accepter pour ceux qui pensaient comme ce rédacteur que le fascisme « est la seule formule qui répond à toutes nos exigences de Canadien français et de catholique » et que la doctrine du [262] PNSC « c'est le corporatisme national chrétien, celui des Papes [23] ». Si l'Empire n'est guère populaire au Canada français, le Pape ne l'est probablement pas plus au Canada anglais. Finalement, on peut se demander comment un parti qui exalte autant l'unité, la hiérarchie, l'autorité, l'« État indivisé et fort »peut reposer sur une dictature bicéphale.


II. - Les principaux thèmes du journal

1. La doctrine fasciste

La doctrine fasciste est toujours la norme utilisée pour juger des hommes et des événements. Ce qu'on pourrait appeler une réflexion doctrinale occupe 12,3 pour cent du contenu du journal. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est difficile de trouver dans le Fasciste canadien une définition satisfaisante du fascisme. Certes, on explique l'étymologie latine et italienne du mot en insistant sur le fait que la doctrine est universelle et susceptible d'application dans chaque pays du monde. Il y a aussi de nombreuses définitions s'appuyant sur des comparaisons, peu subtiles d'ailleurs, avec la démocratie ou le communisme. Finalement il y a les définitions fourre-tout du genre :

Fascisme signifie : patriotisme, nationalisme, respect des traditions, amour de son pays, contrôle de la nation par les nationaux, justice sociale, fin de l'exploitation. Autorité assez forte pour discipliner les puissances d'argent, écrasement de la subversité et du mensonge, élimination de toute propagande empoisonneuse, dignité, droiture, honneur [24].

Ou encore, d'une manière un peu plus concise : « Le Fascisme : révolution radicale signifiant la destruction implacable du libéralisme et la reconstruction d'un monde nouveau sur les bases du droit divin, national, familial, naturel, personnel [25]. »

Le libéralisme qui, à cause de ses principes de tolérance et d'égalité de tous les hommes, refuse de reconnaître les différences de religion et de race constitue la grande erreur des temps modernes. Il a été condamné par l'Église pour la « non-distinction de religion » et il doit l'être aussi vigoureusement pour la « non-distinction de race [26] » qu'il enseigne. Dans un cas comme dans l'autre, il contrevient à la loi divine et à la loi naturelle.

La race est, en effet, le prolongement de la famille et les deux reposent sur le lien du sang [27]. Plus encore, « c'est Dieu lui-même qui a voulu et fait les races différentes. Ces races ont physiquement leurs [263] aptitudes particulières [28]. » La meilleure preuve en est dans la Bible : « Jésus-Christ a Lui-même condamné le melting pot racial rêvé par les internationalistes. Il a demandé d'enseigner LES NATIONS et non « la nation [29] ». À l'internationalisme, néfaste hors du domaine spirituel, il faut opposer le nationalisme, ou plus précisément le racisme car « dans le nationalisme, la seule chose qui soit vraie, réelle, conforme à la nature, c'est la race, le sang [30] ». Sur les notions de race, nation, nationalisme, on chercherait en vain dans le Fasciste canadien la moindre apparence scientifique. On n'y trouvera qu'un ensemble confus d'arguments basés sur une interprétation simpliste de la Bible et de la supposée loi naturelle. Mais, chose certaine, l'application politique du principe raciste est claire : la citoyenneté canadienne sera « conférée seulement aux Aryens, communément appelés de « race blanche » et aux Indiens indigènes émancipés, tous autres ne pouvant être que « Sujets » [31] ».

Le libéralisme nous a donné la démocratie. Ce système politique, inefficace et pourri, repose sur les faux principes de l'égalité des citoyens et du règne de la majorité alors que la nature nous enseigne que seule une élite peut diriger. D'ailleurs, « Dieu n'a rien fait qui ne soit une dictature, que ce soit la famille, le mosaïsme, l'Église et la « Nouvelle Alliance », que ce soit dans le monde des fourmis ou des abeilles [32] ». La démocratie est aussi condamnable parce qu'elle met en danger la vie de la nation. Dans ce système, l'État est divisé, l'intérêt général est sacrifié aux intérêts particuliers. Ainsi les fascistes considèrent que l'intérêt national est une forme grotesque lorsque, dans un Parlement, on a près de la moitié des députés qui tentent de renverser le gouvernement [33]. Le PNSC clame bien haut que, s'il prend le pouvoir, il abolira tous les partis politiques afin de rendre à l'État son unité, son autorité et son efficacité. Dans le système fasciste on peut se dispenser des partis car : « La nation devenant son propre parti, tous les Canadiens devant être dans, avec et pour l'État canadien, nul ne devant être en dehors ou contre [34]. »

Les institutions du nouvel État fasciste seront fondées sur le corporatisme. Tout citoyen, employeur ou employé devra s'inscrire dans le syndicat ou l'association de son métier ou de sa profession et il devra élire les délégués qui représenteront sa corporation au Parlement. Le Fasciste canadien qui promet la vraie démocratie ne prend pas la peine d'expliquer quels seront les pouvoirs réels de ce Parlement et de ces corporations nécessairement manipulés par le chef à qui reviennent tous les pouvoirs comme il convient dans une dictature. Ce qu'on nous dit du droit à l'opposition n'est guère rassurant puisque « la discussion et [264] l'opposition seront permises seulement au sein des corporations compétentes sur les questions qui les intéressent [35] ».

L'acharnement qu'on met à combattre le libéralisme est d'autant plus justifié qu'il mène au communisme. Le Fasciste canadien, en plus de souligner que ce n'est pas par hasard que les démocrates, les socialistes et les communistes combattent le fascisme, ne peut trouver de meilleur argument que l'autorité du Pape lui-même qui écrivait dans Quadragesimo Anno : « Le socialisme a le libéralisme pour père et le communisme pour héritier [36]. » Or, le communisme - ce plan juif [37] - est une abomination suprême puisqu'il a pour objectif de déclencher une « révolution radicale signifiant la destruction implacable de la religion, de la famille, le droit de propriété, l'initiative personnelle, la patrie, les traditions [38] ».

À la dictature internationaliste, judéo-communiste, il faut opposer la dictature nationale fondée sur le racisme et le christianisme qui animent le fascisme. Dès la prise du pouvoir, il y aura : « Proclamation et application pratique du Christianisme et de la morale chrétienne dans toutes les actions de l'État Corporatiste Canadien ; extirpation immédiate de toute manifestation publique d'athéisme, subversité, immoralité, menaces antinationales, judéo-communisme et dangers similaires [39] ».

2. La politique

La politique à tous ses niveaux est le grand centre d'intérêt du Fasciste canadien qui y consacre 45,6 pour cent de l'espace du journal, sans compter le 17,3 pour cent consacré aux partis fascistes.

La politique québécoise ne retient pas l'attention outre mesure surtout après la défaite du régime Taschereau qui était sa cible favorite. Même si seul le fascisme peut vraiment résoudre tous les problèmes, il n'en reste pas moins que Duplessis et l'Union nationale représentent une nette amélioration et les fascistes leur témoignent une sympathie certaine.

Il en va de même pour le régime conservateur de R.B. Bennett à Ottawa qui, au dire du Fasciste canadien, tend vers le fascisme [40]. À l'élection fédérale de 1935, le thème majeur de la campagne, selon le journal, est le débat sur l'article 98 du Code criminel qui permet d'emprisonner les membres d'organisations subversives tels les communistes. Selon les fascistes, l'abolition de cet article, tel que promis par les libéraux, ouvrira la porte au communisme. Le CCF et le Crédit social - du juif Douglas - sont tous deux condamnés formellement parce que socialistes [41].

[265]

Le grand combat entre fascisme et socialisme qui se déroule au Canada et dans le monde entier est suivi avec un intérêt extrême par le journal. Déjà quelques pays ont su choisir le fascisme : l'Allemagne, le Japon ; d'autres comme le Portugal, l'Autriche, la Pologne, s'apprêtent à joindre les pays fascistes. Ce sont les modèles à imiter. Malheureusement, des pays comme la Russie, l'Espagne, le Mexique, n'ont pas su prévoir et ils doivent souffrir atrocement sous la domination judéo-communiste. Mais la réaction nationaliste et chrétienne se prépare et le fascisme triomphera des forces du mal. Ultimement, dans cette vision manichéenne, toute la politique internationale se ramène à la conspiration des juifs pour dominer le monde.

3. Les questions socio-économiques

La politique occupe tellement de place qu'il en reste fort peu pour les problèmes économiques (0,9%) et sociaux (4%) qui ne manquent pourtant pas dans les années 30. Certes, le journal fait allusion à la « Crise », au chômage, mais presque toujours cela aboutit à stigmatiser le juif responsable de tous ces maux, car comme le dit le Fasciste canadien : « Qui n'a pas étudié la question juive ne connaît pas la question sociale [42]. » L'obsession raciste des fascistes les rend incapables d'analyser quelque problème que ce soit en termes économiques ou sociologiques. Cela ne les empêche pas d'avoir la solution à tous les problèmes. Ils utilisent comme preuve irréfutable le cas de l'Italie ou de l'Allemagne où « le Reich manque de main-d'oeuvre tandis qu'avec la juivocratie c'est le chômage [43] ».

La solution fasciste est simple : révolution politique qui permettra à l'État de rétablir les valeurs nationales et sociales. Le programme du PNSC préconise l'élimination de tout contrôle internationaliste sur la monnaie, le crédit, le commerce, la production et les travailleurs. L'État, disposant d'une autorité absolue et bien informé par les corporations, pourra jouer son rôle de régulateur de l'économie et établir la coopération entre toutes les classes de la société qui ont chacune leurs droits mais aussi leurs devoirs. L'État verra à purger le capitalisme de toute possibilité d'abus tout en protégeant le capital, la propriété privée et l'initiative personnelle. Quant aux agriculteurs et aux travailleurs ils auront « la transcendance » dans l'État corporatiste [44].

4. La religion

Le PNSC et son journal « chrétien d'esprit et d'inspiration »consacrent 5,7 pour cent de l'espace du Fasciste canadien à la religion.

[266]

Les fascistes, sachant fort bien que l'Église catholique québécoise n'allait pas se compromettre à leurs côtés, n'essaient pas d'obtenir de sa part un appui public. Ils se contentent d'affirmer à temps et à contretemps que leurs principes fondamentaux comme le racisme, le nationalisme, la dictature, etc., sont conformes à la loi naturelle et divine. Ils proclament bien haut que dans l'État fasciste la religion et la morale chrétienne seront à l'honneur et que toutes les doctrines subversives, en particulier le socialisme et le communisme si obsessivement dénoncés par l'Église, seront impitoyablement réprimées [45].

Chaque « attaque » contre Dieu ou l'Église, que ce soit en Russie, en Espagne ou au Canada, est dénoncée avec vigueur par le Fasciste canadien. En contrepartie, on essaie de montrer que dans les pays fascistes, surtout en Allemagne, les relations entre l'Église et l'État sont excellentes. Ainsi, on dit de l'Allemagne que c'est « un pays plus chrétien que le nôtre depuis l'avènement d'Hitler [46] ». Ou encore, on coiffe un article du titre « Hitler sauveur du catholicisme [47] ». Mais cela devient un peu plus difficile après la mise en garde du Pape contre le nazisme dans son encyclique Mit brennender Sorge. Le Fasciste canadien n'ose publier aucun extrait de l'encyclique. Il se contente d'un seul commentaire pour blâmer avec modération la politique allemande : « Les gouvernants allemands n'ont absolument rien à gagner et beaucoup à perdre, en s'aliénant la sympathie catholique mondiale, qui suivra sans hésiter le Saint-Père dans ses directions. » Mais il s'empresse d'ajouter : « Comme l'Allemagne est destinée à recevoir le premier choc des légions soviétiques, elle a grand tort de ne pas vivre dans la meilleure amitié avec ceux qui, moralement, seraient ses meilleurs alliés [48]. » Tout semble rentrer dans l'ordre puisque, par la suite, on publie un article intitulé « Hitler exécute la volonté de Dieu, dit le cardinal Innitzer [49] ».

Le plus souvent, c'est-à-dire dans 82 pour cent des cas où il est question de religion, celle-ci sert à justifier l'antisémitisme du Fasciste canadien. Chaque déclaration directement ou indirectement antisémite d'un ecclésiastique est mise en relief. S'il est vrai que, dans les années 30, il est arrivé que certains cardinaux et évêques ont effectivement sombré dans l'antisémitisme, il n'en reste pas moins qu'à d'autres moments le Fasciste canadien utilise avec une malhonnêteté flagrante certaines paroles du Pape. Ainsi, on présente une encyclique qui dénonce la démoralisation par le cinéma sous le titre « Le Pape condamne les Juifs [50] » ; après tout, les juifs ne contrôlent-ils pas le cinéma ? Ailleurs, on écrit que le Pape donne sa bénédiction au fascisme puisqu'il a dit qu'il bénissait ceux qui combattaient le communisme [51]. À un autre moment, on trouve le moyen d'associer le Pape et Hitler contre les juifs [267] dans une note intitulée « Le Pape les (Juifs) dénonce de nouveau » qui se lit ainsi : « À l'occasion d'une audience accordée à des réfugiés espagnols et au lendemain même des accusations d'Hitler contre le communisme, S.S. Pie XI a fulminé contre le matérialisme (répandu dans le monde par les Juifs) et contre le communisme [52]

5. L'antisémitisme

Si la religion n'est qu'un prétexte pour Arcand et ses disciples nazis, l'antisémitisme est l'essence même de leur doctrine. La place occupée par ce thème est telle qu'il a fallu en faire une catégorie à part pour tenter d'en mesurer l'ampleur. On peut dire que 62,4 pour cent de l'ensemble du Fasciste canadien est clairement antisémite.

Pour parler des juifs, le Fasciste canadien recourt aux mots et aux expressions les plus odieuses, par exemple : sales, puants, laids, cochons, race dégénérée, rats de Mésopotamie, descendants de Judas, représentants de Satan, etc. On les accuse des pires crimes susceptibles de frapper l'imagination populaire. Ainsi, on nous apprend qu'un juif a violé vingt-deux petites chrétiennes de cinq à douze ans [53]. Ou encore, on nous rapporte cette nouvelle aussi invraisemblable :

L'an dernier, dans un pays d'Europe, on a découvert que des serviettes sanitaires pour femmes étaient infectées de germes de maladies vénériennes, et qu'ainsi un grand nombre de femmes saines avaient été physiquement dégénérées. La source de cette diabolique manoeuvre était juive, et l'on étouffe hermétiquement la nouvelle afin d'éviter le plus terrible progrome de tous les temps [54].

Pour le Fasciste canadien, le juif est responsable de tous les maux qui affligent le monde : « La question juive touche à tout, c'est la seule question à régler pour la paix mondiale, pour le salut de la civilisation mondiale [55]. » En d'autres mots, comme on l'écrit en très gros caractères : « Le Juif voilà l'ennemi [56] ! » « Juiverie, malheur du monde [57] ».

Les fascistes n'essaient même pas de donner une apparence scientifique à leur obsession. Il leur suffit d'affirmer qu'il y a une race « sémitique » qui descend de Sem comme il y a une race blanche qui descend de Japhet. Les races - voulues par Dieu - ont chacune leur caractère particulier. Ce qui caractérise le juif, c'est son instinct matérialiste. On ne peut ni expliquer le juif ni le changer, car nous dit benoîtement le Fasciste canadien : « C'est Dieu qui les a faits ainsi, et nous n'avons pas à demander les raisons de SA redoutable Justice [58]. »

[268]

Dieu, dans son infinie bonté, a tenté de sauver cette race dégénérée en envoyant son Fils parmi eux ; ce fut en vain, ils l'assassinèrent. L'accusation de déicide revient très souvent dans le journal qui, pour l'expliquer, recourt au Christ lui-même : « Le Sauveur a dit des Juifs avec raison : « Ils font l'oeuvre d'homicide de leur père, qui est Satan [59]. » L'instinct matérialiste des juifs les a amenés à tuer le Messie qui ne leur apportait qu'un message spirituel ; ce même instinct leur a fait interpréter leur titre de « peuple-élu » comme une promesse qu'ils domineraient le monde. Le Talmud, en enseignant que les Gentils ne sont que des animaux, confirme leur conviction. La preuve de cette conspiration juive a d'ailleurs été étalée dans les Protocoles des Sages de Sion, ce faux notoire.

Historiquement, c'est avec la Révolution française fomentée par la franc-maçonnerie juive qu'ont commencé les malheurs de l'Occident. La Révolution dont la philosophie était le libéralisme a prêché la tolérance et condamné la discrimination raciale et religieuse pour aboutir à l'instauration de la démocratie. Les juifs, ainsi sortis des ghettos où le Moyen Âge, ce sommet de la civilisation occidentale, avait eu la sagesse de les confiner, purent entreprendre leur conquête. Peu à peu, ils contrôlèrent l'or, le commerce, la presse, le cinéma, les ouvriers. Ils provoquèrent des guerres pour s'enrichir et affaiblir la race blanche. En 1929, ils déclenchèrent artificiellement une crise économique pour amener les ouvriers au communisme. C'est ainsi, de conclure Arcand, que « Les Juifs contrôlent 90 pour cent du pouvoir mondial et des leviers de la vie des nations. Il ne leur manque plus qu'une seule chose : le pouvoir politique final dans chaque pays. Le communisme est leur moyen d'y arriver [60]. »

Le communisme, au dire du Fasciste canadien, n'est même pas une doctrine, mais tout simplement « un plan juif » dont la philosophie de base est le terrorisme puisé dans le Talmud [61]. On le voit en Russie où on pratique un régime de terreur et où 98 pour cent des dirigeants sont des juifs [62]. Pis encore, les juifs dominent aussi les démocraties qu'on appelle fréquemment les juivocraties. Cela se comprend puisque « démocratie libérale, socialisme et communisme ne sont que les trois stages d'une même idée juive [63] ».

Que faire ? « Purger le monde du juivisme et des juifs dont il est imprégné [64] », en les forçant tous à s'exiler à Madagascar comme on force les lépreux à s'isoler [65]. Comme il y a au Canada déjà trop de juifs qui sont d'ailleurs la source de tous ses problèmes, il faut combattre toute tentative d'immigration juive. De toute façon, le PNSC prévient « la racaille d'Europe [66] » que s'ils viennent s'établir au Canada, ils [269] seront hors la loi dès que le parti accédera au pouvoir. Quant aux juifs déjà établis au pays, n'étant ni aryens ni chrétiens, ils ne pourraient jamais obtenir la citoyenneté canadienne que le PNSC promet d'établir. S'il est vrai que « la seule différence entre Fascisme italien et Nazisme allemand est la considération et le traitement de la question juive [67] », on sait où se situe le PNSC qui, d'ailleurs, utilise beaucoup la Croix gammée, nourrit une grande admiration pour le génie d'Hitler, le plus grand homme d'Europe [68], etc. Les fascistes canadiens poussent même le mimétisme jusqu'à utiliser l'abréviation NASO [69]. Pour Arcand, comme pour Hitler, le juif explique tout. C'est bien entendu le parfait bouc émissaire comme on peut le voir dans l'interprétation suivante de l'histoire du Canada depuis Champlain :

Depuis que l'Anglais est au Canada, le juif s'est servi de son nom et de son manteau pour nous donner des coups mortels dont nous a encore sauvés la Providence. Étudiez l'histoire du Canada, la vraie (...) Examinez de près les frères Kirke, Wolfe et Montcalm, la dispersion des Acadiens, 1837 avec Papineau financé et sauvé par les juifs [70].

S'ils connaissent l'histoire vraie, ils connaissent tout autant le christianisme vrai comme en témoigne un rédacteur pour qui « c'est être chrétien, juste, charitable [71] » que de déporter tous les juifs à Madagascar. Et comme il fallait s'y attendre, les fascistes prétendent s'appuyer sur Dieu, saint Jean, saint Paul, saint Thomas d'Aquin et Luther pour justifier leur antisémitisme [72].

* * *

Il est difficile de cerner davantage l'idéologie du Fasciste canadien car, en définitive, comme l'écrit un spécialiste, l'idéologie fasciste est « un amalgame d'éléments contradictoires, qui ne peuvent être finalement saisis, dans leur articulation, que par leur incarnation en pratiques et en appareils [73]. Cependant, les cas de l'Allemagne et de l'Italie nous montrent que, malgré toutes ses faiblesses et ses contradictions, cette idéologie, dans une conjoncture propice, peut s'imposer.

René DUROCHER

Département d'histoire,

Université de Montréal.



[1] Réal CAUX, le Parti national social chrétien : Adrien Arcand, ses idées, son oeuvre et son influence. Thèse de M.A. (science politique), université Laval.

[2] La collection complète de ce journal se trouve sur les bobines 3 et 4 du fonds Adrien Arcand microfilmé par l'École des hautes études commerciales de Montréal.

[3] Ce chiffre de 1 800 vient de J. E. Lessard et du Dr Lambert, dissidents expulsés du parti, The Montreal Star, 1er juin 1938.  Le chiffre de 80 000 a été donné par Adrien Arcand lors d'une interview à Nation le 12 février 1938. Ces renseignements ont été puisés dans Linda SILVER, Fascism in Quebec, 1929-1940, essai non publié, Toronto, s.d., 45, 19.

[4] RCMP, Law and Order in Canadian Democracy (Ottawa, King's Printer, 1949), 147. Cité par Linda SILVER., op. cit., 60.

[5] Le Fasciste canadien, I, 1, juin 1935. (Dorénavant F. C.)

[6] Ibid., 1, 3, août 1935.

[7] Ibid., II, 1, juin 1936.

[8] Les numéros qui ont servi pour l'analyse quantitative sont les suivants : I, 1, juin 1935 ; I, 4, septembre 1935 ; I, 7, décembre 1935 ; I, 10, mars 1936 ; II, 2, juillet 1936 ; II, 5, octobre 1936 ; II, 8, janvier 1937 ; II, 11, avril 1937 ; III, 3, août 1937 ; III, 6, novembre 1937 ; III, 9, février 1938 ; III, 12, mai 1938.

[9] Je tiens à remercier Michael Behiels, candidat au doctorat à York, qui a bien voulu m'aider pour l'aspect quantitatif de ce travail.

[10] F.C., II, 6, novembre 1936.

[11] Ibid.

[12] F.C., I, 7, décembre 1935.

[13] Ibid.

[14] F.C., 1, 6, novembre 1935.

[15] F.C., II, 6, novembre 1936.

[16] F.C., II, 11, avril 1937.

[17] Voir Linda SILVER, op. cit., 44-45.

[18] F.C., II, 6, novembre 1936.

[19] Ibid.

[20] Ibid.

[21] Ibid.

[22] Ibid.

[23] F.C. III, 9, février 1938.

[24] F.C., IV, 1, juin 1938.

[25] F.C, II, 6, novembre 1936.

[26] F.C., II, 2, juillet 1936.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] Ibid.

[31] F.C., III, 10, mars 1938.

[32] F.C., II, 6, novembre 1936.

[33] F.C, III, 12, mai 1938.

[34] F.C, III, 10, mars 1938.

[35] Ibid.

[36] F.C, III, 11, avril 1938.

[37] F.C., III, 7, décembre 1937.

[38] F.C., II, 6, novembre 1936.

[39] F.C, III, 10, mars 1938.

[40] F.C., I, 4, septembre 1935.

[41] F.C., II, 12, mai 1937.

[42] F.C., I, 5, octobre 1935.

[43] F.C., III, 11, avril 1938.

[44] F.C, III, 10, mars 1938.

[45] F.C., I, 1, juin 1935.

[46] F.C., I, 5, octobre 1935.

[47] F.C., I, 12, mai 1936.

[48] F.C., II, 11, avril 1937.

[49] F.C., III, 11, avril 1938.

[50] F.C, II, 3, août 1936.

[51] F.C., II, 6, novembre 1936.

[52] F.C., II, 5, octobre 1936.

[53] F.C., I, 3, août 1935.

[54] F.C, I, 8, janvier 1936.

[55] F.C, III, 6, novembre 1937.

[56] F.C., I, 7, décembre 1935.

[57] F.C., II, 6, novembre 1936.

[58] F.C, III, 5, octobre 1937.

[59] F.C., I, 2, juillet 1935.

[60] F.C, III, 7, décembre 1937.

[61] F.C., III, 12, mai 1938.

[62] F.C, I, 8, janvier 1936.

[63] F.C., III, 12, mai 1938.

[64] F.C, III, 11, avril 1938.

[65] Ibid.

[66] F.C., III, 12, mai 1938.

[67] F.C., II, 9, février 1937.

[68] F.C., I, 7, décembre 1935.

[69] F.C, I, 5, octobre 1935.

[70] F.C., III, 9, février 1938.

[71] F.C., III, 11, avril 1938.

[72] F.C., II, 1, juin 1938.

[73] Nicos POULANTZAS, Fascisme et Dictature, Paris, Maspéro, 1970, p. 275.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 14 mars 2011 14:01
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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