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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le devoir de philo - Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste. (2007)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Francis Dupuis-Deri, “Le devoir de philo - Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste. «À l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre ; il n'est plus», écrivait le philosophe.” Un article publié dans le journal Le Devoir, Montréal, édition du samedi, 9 juin 2007, page B-6 — philosophie. [Autorisation accordée par l'auteur de diffuser cet article dans Les Classiques des science sociales le 11 juin 2007.]

Introduction

La philosophie nous permet de mieux comprendre le monde actuel : tel est un des arguments les plus souvent évoqués par les professeurs de philosophie pour justifier l'enseignement de leur matière au collégial. Le Devoir leur a lancé le défi, non seulement à eux mais aussi à d'autres auteurs, de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un grand philosophe. Nous publions ici leur « devoir de philo », dont voici le dernier de la saison. 

Au printemps 2007, deux élections présidentielles ont été marquées par des taux de participation très contrastés. En France, environ 85% des inscrits aux listes électorales ont exprimé leur suffrage. Au Mali, le taux de participation n'était que de 36%. Quant au Canada et au Québec, si la tendance se maintient, seulement 70% des adultes inscrits sur les listes électorales voteront lors des prochaines élections. Le taux d'abstention était en effet de 29% aux élections québécoises du 26 mars dernier, si on ne compte que les adultes inscrits. Lorsqu'on comptabilise l'ensemble des adultes en droit de voter et non seulement les inscrits sur les listes électorales, le taux d'abstention atteint en général 50% au Canada et aux États-Unis. 

 

 

 Francis Dupuis-Déri : « Le philosophe Rousseau propose une des critiques les plus acerbes du processus électoral, mis à part, bien sûr, celles des auteurs anarchistes, qu’il précède et annonce. »

 

La relecture de Jean-Jacques Rousseau peut aider à comprendre ce phénomène, car ce philosophe propose une des critiques les plus acerbes du processus électoral, mis à part, bien sûr, celles des auteurs anarchistes, qu'il précède et annonce. 

Il n'y a rien d'étonnant à ce que des philosophes critiquent le système électoral puisqu'ils se targuent souvent de savoir dégager la vérité par la raison. Or c'est la force du nombre et non de la raison qui fait le résultat d'une élection et la majorité peut se tromper en ce qui a trait au bien et au bon. 

Rousseau, dont la pensée n'est pas toujours cohérente à ce sujet, critique pour sa part l'élection non pas en affirmant que le peuple est fondamentalement irrationnel mais plutôt dans le cadre de sa dénonciation de l'élitisme et des inégalités entre les hommes (mâles). 

Dans son ouvrage Du contrat social, Rousseau laisse entendre que c'est lorsqu'il cède son pouvoir à des dirigeants par le biais d'élections que le peuple fait preuve d'irrationalité. Évoquant l'Angleterre de son époque, où les hommes pouvaient élire les membres de la Chambre des communes, il explique que la « souveraineté ne peut être représentée », pas plus que la «volonté générale », avant d'ajouter, cinglant : « Le peuple anglais pense être libre; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement ; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. » 

 

Dans son ouvrage Du Contrat social, Jean-Jacques Rousseau laisse entendre que c’est lorsqu’il cède son pouvoir à des dirigeants par le biais d’élections que le peuple fait preuve d’irrationalité.

 

Les critiques que propose Rousseau de la représentation politique influenceront de nombreux activistes des mouvements populaires lors de la Révolution française. Ainsi, John Oswald, un Écossais qui se rend en France pour participer à la révolution et s'y faire tuer par des contre-révolutionnaires, signe un pamphlet intitulé Le Gouvernement du peuple, dans lequel il s'approprie les idées de Rousseau contre la représentation électorale. « Être libre, c'est vivre selon sa volonté ; vivre selon la volonté d'un autre, c'est être esclave », déclare-t-il. 

Il explique ensuite que « la représentation est le voile spécieux à l'ombre duquel se sont introduits tous les genres de despotisme », les uns se prétendant représentants de la lune, les autres du soleil ou des ancêtres, puis finalement de la nation. 

Ces prétendus représentants de la nation ne la déclarent souveraine que dans la mesure où elle abdique cette souveraineté à leur profit, qu'elle la leur confie («Voilà le grand secret de la représentation!»). Or, rappellent Rousseau puis Oswald, cette représentation n'est toujours qu'une «fiction» relevant d'une pensée magique et malheureusement héritée du Moyen Âge féodal, d'où nous viennent les parlements institués alors par les rois pour les aider à lever taxes et impôts.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 11 juin 2007 21:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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