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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Micheline DUMONT “Historienne et sujet de l’histoire.” Un article publié dans la revue sous la direction de Fernand Dumont, Questions de culture, no 9 : “Identités féminines : mémoire et création”, pp. 21-34. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1986, 199 pp.

[21]

Questions de culture, no 9
“Identités féminines : mémoire et création.”

Historienne
et sujet de l’histoire
.”

par
Micheline DUMONT *

Deux courtes lettres, reçues à l'automne de 1982, par le Collectif Clio.

Laval, 12 novembre 1982

Chère Micheline,

Votre livre me touche profondément; le ton surtout qui rejoint l'intuition vibrante, la simplicité et la rigueur, le ton de ces paroles qui donnent la vie de façon si naturelle et si vraie.
C'est beau comme... les photos de ma grand-mère.
Au plaisir de te revoir.
Paulette


Rimouski, 24 novembre 1982

Bonjour,

Je ne peux m'empêcher d'écrire ces quelques lignes pour vous féliciter pour le livre sur l'histoire des femmes, j'en termine à l'instant la lecture et je suis très contente de retrouver ramassés, enfin, des détails si pertinents et intéressants. J'ai apprécié que la lecture soit rendue facile à tous et à toutes et mes voisines sont sur la liste d'attente pour lire le livre. Elles l'ont feuilleté... et ont dit: « Enfin, il était temps! »
Louise

[22]

Trois ans déjà ! Comme le temps passe ! La publication de l'Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles cristallisait, en 1982, dix ans d'efforts collectifs pour faire émerger une histoire différente, l'histoire des femmes version québécoise. Les réactions spontanées ont été vives, senties et sont parvenues aux auteures de tous les milieux. Une sorte de courant, c'était manifeste, passait entre les femmes et leur histoire.

Aujourd'hui, cette histoire au féminin se trouve encore, au bout du compte, en marge de l'histoire officielle. On l'aperçoit à côté, en deçà, en creux, en noir, en blanc, en rose ! Au fond, cette histoire-là n'est pas encore intégrée à l'ancienne. Mais elle existe, elle se lit, elle se dit, et, comme plusieurs historiennes en ont fait l'expérience, elle se révèle un puissant catalyseur d'une prise de conscience féminine, voire (disons-le à voix basse) féministe. Certes, la voie est toujours étroite pour une histoire qui ne serait ni plaidoyer ni réquisitoire, ni bavardage ni occultation, ni objectivité (impossible) ni émotion (impossible aussi !). Mais, sur cette voie étroite, un savoir neuf continue de se constituer. Depuis quelques années, il est venu nourrir la culture des femmes et cette zone indistincte et fragile qu'il faut bien appeler la conscience.

Les occasions n'ont pas manqué de nous reprocher notre émotion, notre engagement, notre « intention téléologique [1] » de conscientiser les femmes par la connaissance de leur condition historique. Des collègues nous on fait la leçon. Ne répétez pas les erreurs de l'histoire ouvrière ! Ne soyez pas misérabilistes ! Replacez-vous dans le contexte ! Ne vous moquez pas des aberrations des générations passées. Article 181 du Code civil : « La femme ne peut exercer une profession différente de celle de son mari ». Ne souriez pas ! En 1956, à la Commission scolaire de Montréal, l'instituteur qui se marie reçoit une augmentation de salaire de 300$, 12% de son salaire ! L'institutrice qui se marie, elle, perd son emploi. Ne vous indignez pas ! Surtout toi, Louise, qui as dissimulé ta grossesse et ton enfant durant deux ans pour conserver ton emploi afin que ton mari continue ses études. « Le pardon vient plus naturellement au coeur de l'épouse », écrivent les responsables de la Commission Dorion en 1931. Chut ! Pas d'éclat. Cette psychologie à la noix ne doit pas vous émouvoir. La science doit rester objective. Il faut comprendre les commissaires d'avoir souscrit à de telles affirmations.

* * *

La naissante confrérie (y a-t-il un équivalent féminin dans le dictionnaire ?) des historiennes, chercheuses, étudiantes qui documentent le passé collectif des femmes remercie bien gentiment ses collègues de leurs bienveillants conseils, mais elle considère qu'il est possible et temps de passer à autre chose. Primo : nous rejetons la comparaison avec l'histoire ouvrière. Cette histoire-là a été établie par les intellectuels et non par les ouvriers [23] eux-mêmes. Secundo : nous SOMMES le sujet que nous avons identifié dans l'histoire. « L'histoire des femmes, écrit Arlette Farge, intervient dans la discipline historique en redoublant son parti pris idéologique d'une identification à son objet [2] ». C'est dérangeant pour les historiens ? On n'y peut rien. Croyez-le bien : c'est dérangeant pour nous aussi, les historiennes. La nécessité de cette perspective s'est imposée à nous par la contradiction de nos vies. Et c'est contre notre volonté que cette contradiction se retrouve dans plusieurs de nos analyses. Car quelles que soient les pistes que nous relevons, nous nous heurtons au discours des hommes sur « la » femme : le corps féminin, la nature féminine, la condition féminine, etc. On ne se libère pas d'un coup de volonté du statut d'épithète. Et comme nos consœurs françaises, il nous arrive de rêver à l'Histoire sans qualité [3].

Par voie de conséquence, nous nous sentons mal à l'aise également dans les secteurs où on nous a classées : histoire des mentalités, histoire des marginaux, histoire des exclus de l'histoire. Nous n'aimons pas cette place assignée qui nous enracine dans le particulier. Nous ne voulons pas non plus être des historiennes-alibis, affichant la preuve que les départements ou les organismes de recherches sont dans le vent et bien au fait des idéologies les plus progressistes. Nous croyons plutôt que la catégorie « sexe » n'est pas une variable historique comme les autres et nous le croyons même si l'état de nos réflexions ne nous a pas encore permis de définir exactement la nature de cette variable. Après tout, grâce au conditionnement qui a été le nôtre, il n'y a pas si longtemps que nous réfléchissons.

Nous avons exploré pour ce faire plusieurs problématiques [4]. Le couple égalité/différence avec toutes ses modulations : égalité dans la différence — complémentarité, achève de nous leurrer. Il y a un siècle, Suzanne Voilquin espérait que « l'égalité des sexes, en féminisant la société, en dégagerait) l'inconnu ». Aujourd'hui, les chartes sont signées, le mot personne a remplacé le mot homme et « l'inconnu est toujours à notre porte, au seuil du visible et de l'invisible [5] ». Et si l'égalité nous a entraînées dans la quadrature du cercle, la différence nous a menées dans les pièges de la biosociologie, comparant les deux lobes du cerveau ou [24] coupant en deux les gamètes des chromosomes. Notre histoire venait à peine d'être connue, elle ne faisait que commencer à alimenter notre culture, que des milliers de travaux nous réintroduisaient dans notre nature. Ainsi, et parmi les premiers, les travaux de démographie historique ont introduit les femmes au coeur de leur objet d'études. Mais dans ce secteur d'études, « la réduction des catégories de sexes à leur détermination biologique [6] » a contribué longtemps à occulter l'examen des fonctions sociales liées au sexe. Pourtant, toutes les femmes savent et sentent quelle est la différence entre le taux de fécondité et le désir d'enfant : entre le taux de natalité et le poids de la grossesse. Et quant à savoir si ces concepts « désir d'enfant », « poids de la grossesse » sont historiques (donc culturels) ou anhistoriques (donc naturels), bien malin qui pourra proposer une réponse documentée, scientifique et neutre à la question.

Nous avons souvent par ailleurs, on nous l'a tellement reproché, analysé l'oppression des femmes. Ou, au contraire, nous avons recherché dans les siècles passés, les signes de notre libération progressive. Cet autre couple, oppression/libération, est tout aussi rempli d'embûches que le précédent. Mais que de belles analyses il a permis ! Et que d'énergies il a suscité ! Et comme, en histoire des femmes, l'urgence et l'ampleur des recherches à effectuer nous a lancées sur tous les fronts à la fois (la famille, l'éducation, le travail rémunéré ou domestique, la sexualité, la création, le militantisme, etc.), nous avons provisoirement renoncé à articuler toute l'histoire des femmes autour d'un seul concept en nous disant qu'avant tout, il importait de savoir.

Il semble même opportun d'examiner comment s'est effectuée la dialectique savoir historique/culture des femmes depuis un quart de siècle dans notre milieu. On nous a si longtemps associées « au silence de la reproduction, à l'infinie répétition des tâches quotidiennes, à une division sexuelle du monde qu'on croirait immobile [7] » qu'on a cru longtemps que l'association femmes/histoire était inopérante et que la culture des femmes ne se pensait pas historiquement. Or, il se pourrait, au contraire, que la culture des femmes soit un univers en perpétuelle mutation et que la découverte, par les femmes, de ces mutations ait un effet catalyseur sur les transformations présentes. Soyons rigoureuse : examinons comment cela s'est passé.

On me pardonnera d'utiliser, pour établir cette rétrospective, des événements auxquels j'ai été mêlée. Comme ces circonstances correspondent en un certain sens à trois étapes de la dialectique savoir historique/ culture des femmes chez nous, nous pourrons mieux saisir comment les Québécoises en sont venues à se penser comme sujet de l'histoire.

* * *

[25]

La plus grande surprise des jeunes est souvent de découvrir que les femmes étaient présentes dans les premières synthèses historiques québécoises et les manuels d'« histoire du Canada » bien avant qu'on institue l'histoire des femmes. Nous avons eu droit, en effet au Québec, à une histoire collective qui faisait large place aux héroïnes du XVIIe siècle, et tout livre d'histoire qui se respectait contenait l'inévitable couplet panégyrique sur la « mère canadienne-française ». L'enseignement populaire avait propagé encore davantage ces images de sorte que les écolières, les couventines, les étudiantes avaient conscience que, d'une certaine manière, les femmes étaient dans l'histoire. Mgr Albert Tessier diffusait son histoire au féminin sur les ondes de Radio-Collège [8], et ce discours rejoignait, en quelque sorte, le discours officiel sur le rôle de la femme dans la société. « Mais en donnant aux femmes comme seules ancêtres des vierges héroïques, des religieuses mystiques et des mères comme il ne s'en fait plus [9] », cette histoire, restait une vision des femmes imposée aux femmes. Elle était un effet du discours historique qui reproduisait à merveille le discours sociétal sur les femmes. Dans une société qui a choisi pour devise « Je me souviens », l'histoire venait tout cautionner de son sceau majestueux.

J'en prendrai pour témoignage un événement oublié de notre histoire collective : le défilé de la Saint-Jean-Baptiste de 1961. Cette manifestation patriotique avait, au moins à deux reprises, choisi de rendre hommage à « la femme », en 1931 et en 1943. L'année 1961 fut témoin du dernier défilé « historique ». Dès l'année suivante, dans l'exaltation de la Révolution tranquille, les responsables du défilé auront choisi d'illustrer plutôt le futur et l'élan économique du Québec. Mais, en 1961, on avait choisi comme thème : Hommage à la femme canadienne-française [10]. Ici je vais vous faire un aveu que j'ai longtemps hésité à révéler : j'ai assumé dans l'anonymat et pour le compte d'un historien célèbre, la recherche, le choix des thèmes et la rédaction des textes de toute cette manifestation. Il y avait de tout dans ce dérisoire défilé : le passé et le présent ; les anciennes héroïnes et les anonymes ; un premier char allégorique, obligé en quelque sorte, sur « les mères de la nation », mais pour le reste, voyez plutôt :

Maquettes du défilé de la saint Jean-Baptiste, Montréal, 1961.
© Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.



[26]
1. Mères de la nation
Aux premières étapes
2. Au début de la colonie
3. La première mère canadienne : Guillemette Hébert
4. Une éducatrice : Marguerite Bourgeoys
5. Devant le péril iroquois
6. Un modèle de dévouement : Jeanne Mance
7. Une femme d'affaires
8. Âmes mystiques



Témoin d'une société en formation
9. Épouses de soldats
10. Hommage à la femme du seigneur
11. En pays de colonisation
12. Un groupe de fondatrices
13. Première femme écrivain : Laure Conan
14. Femmes journalistes
15. Albani : artiste internationale



[27]



Artisane d'une société nouvelle
16. Conquête de la vie professionnelle
17. Conquête des droits politiques
18. Les joies du plein air
19. Défense de la langue maternelle : Jeanne Lajoie
20. Artisanat et instituts familiaux
21. Le monde du travail
22. La création artistique
23. Saint Jean-Baptiste



Le programme-souvenir proposait autant de courts textes qui servaient à commenter le défilé.

Le lendemain, le Devoir titrait : « Un spectacle pitoyable : le défilé du 24 [11] ». On ne s'en prenait pas au thème mais au spectacle, jugé de mauvais goût, des majorettes, des fanfares jouant « Never on Sunday », des décapotables remplies d'« officiels » souriants, des commanditaires tapageurs, de la camionnette d'un poste de radio osant faire tourner, devant l'estrade d'honneur, Édith Piaf : « Non je ne regrette rien ! ». Chose certaine, l'impact des « révélations historiques » proposées par le thème s'est révélé absolument nul sur les femmes. Car, en 1961, les Québécoises n'ont aucun atome crochu avec l'histoire : elles sont essentiellement mobilisées dans le présent et par le présent. Le cahier spécial publié par le Devoir à cette occasion (je viens de le déterrer de mes archives) permet un diagnostic clair : les femmes sont dans l'impasse. Jetons un coup d'œil sur ce cahier.

Renée Geoffroy intitule son article « Feue... la femme d'hier », et ce titre pourrait qualifier tout le cahier. Elle explique : « Peut-on être surpris que la femme qui veut rompre une certaine tradition parce qu'elle en sent l'urgence soit aux prises avec un dilemme qui engendre un malaise ? [...] Deux solutions sont possibles : ou démissionner, ou accepter la lutte [12] ». Michèle Asselin-Mailhot réclame « des cours de psychologie féminine qui ne soient pas faussés par les sempiternelles rengaines où l'on a délayé la [28] femme [13] ». « Être femme n'est pas une profession ni un statut social [14]», proclame Adèle Lauzon. Judith Jasmin suggère : « C'est à la jeune fille d'aujourd'hui, plus lucide, moins romanesque, qu'il appartiendra de rompre le cycle infernal [15] ».

Thérèse Casgrain attend « la femme de demain [16] ». « Il faut prendre nos problèmes en main et refuser catégoriquement de nous laisser cantonner dans des sphères dites féminines [17] », propose Solange Chaput-Rolland. « La jeune fille d'aujourd'hui, affirme Andréanne Lafond, constate que liberté et égalité n'existent pas ». Et elle ajoute : « Applaudir nos héroïnes sur des chars allégoriques nous rappellera que nous, dont on ne se souviendra peut-être pas des noms [mais oui Andréanne, on se souvient], aurons fait notre part sur terre en tentant de parler à des gens qui ne nous entendent pas [18] ». « La jeune Canadienne française, face à la carrière et au mariage a des problèmes nombreux et des préoccupations troublantes [19] », souligne Louise Laurin. Thérèse Gouin-Décarie estime qu'il n'y a que deux problèmes pour les femmes, celui de la compétence et celui de l'engagement [20]. « Je me demande, dit Jeanne Sauvé, demande, dit Jeanne Sauvé, si les Canadiennes françaises sont aussi heureuses dans leur foyer qu'on le suppose. [...] L'égalité nous est très difficile. [...] Ce qui est important, c'est que la femme se sente valorisée, qu'elle se sente indépendante matériellement ». Et elle ajoute : « La femme est-elle passive par nature ou par éducation [21] ? »

Bien sûr, tous ces articles ont été écrits par des femmes publiquement engagées dans l'action, l'écriture ou la parole. Qu'en est-il des femmes ordinaires ? Francine Montpetit-Poirier, rédactrice en chef de la Revue populaire écrit : « Cette femme qui n'évolue pas... : elle cuisine, lave et coud à merveille mais elle ne sait pas peupler sa vie car son attitude est [29] souvent négative [22] ». Constat pessimiste que dément toutefois une femme au foyer : « Mariée, mère de deux enfants, accomplissant à plein temps et sans aide mon travail domestique, vivant en banlieue, je suis une femme comme les autres, écrit Madeleine Ryan mais avec toute la couleur, toute la chaleur et tout le dynamisme possible [23] ».

Vous le voyez, je voudrais citer les douze pages de ce cahier au complet. Mais le plus étonnant de ces textes est sans contredit celui qui parle de féminisme. « Il y a assez longtemps, écrit Germaine Bernier, que le vent du large, c'est-à-dire, le souffle de la promotion humaine, a déchiré la soie de la bannière des suffragettes d'hier. [...] Un féminisme rationnel a remplacé un féminisme revendicateur, étroit, non sans mérites, mais tout de même insuffisant dans ses vues et objectifs [24] ». Il se dégage que les femmes de 1961 sont en chicane avec leur passé. Elles veulent rompre avec la tradition, avec les modèles hérités de l'histoire, avec le féminisme du début du siècle. Mais dans cette entreprise, les femmes se sentent coincées. C'est l'impasse que le Collectif Clio a voulu décrire dans la cinquième partie de l'Histoire des femmes au Québec [25]. À la lecture de ce cahier du 24 juin 1961, on peut même s'étonner que le nouveau féminisme organisé ait mis plus de cinq ans avant de réapparaître. Et c'est peut-être cette réapparition qui a fait que le rapport des femmes avec l'histoire s'est progressivement modifié.

* * *

L'AFÉAS (Association féminine d'éducation et d'action sociale) et la Fédération des femmes du Québec datent de 1966. Et ces deux fondations coïncident avec des mouvements analogues dans la majorité des pays occidentaux. Au Canada, la Commission Bird est venue polariser, dès 1967, l'attention de toutes les femmes. C'est dans la foulée de la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada que de nouvelles recherches ont été entreprises sur l'histoire des femmes. C'est dans ce cadre qu'a été publié en 1970, Tradition culturelle et Histoire politique de la femme au Canada [26].

J'avais rédigé le texte consacré à « L'histoire de la condition de la femme dans la Province Québec ». Le titre même de cet essai, avec ses trois concepts : « la » condition, « la » femme et la « province de Québec » en détermine presque la date. J'avais fait cette recherche durant ma troisième grossesse. Je me souviens même avoir envoyé mes dernières corrections sur [30] la traduction anglaise quelques heures avant d'accoucher, « sur rendez-vous », comme on pouvait le faire à ce moment-là, en 1969, quand on se croyait une femme organisée ! La ligne directrice de ce travail est désormais familière : situation relativement positive des femmes à l'époque de la colonie française ; détérioration de leur statut et de leur rôle au XIXe siècle ; lent réveil des Québécoises vers l'égalité et une mentalité nouvelle durant le XXe siècle, le tout se terminant sur un constat résolument triomphaliste. La dernière phrase est typique. « Dans une société désormais transformée, elle songe davantage à agir qu'à revendiquer : au fond elle ne demande que de meilleurs moyens d'action [27] ».

Cette vision optimiste de l'histoire, avec sa noirceur victorienne/napoléonienne/capitaliste n'était pas spécifique au Québec. C'était celle de Geneviève Texier et Andrée Michel dans la Condition de la Française aujourd'hui [28]. C'était celle des premiers travaux américains en histoire des femmes [29].

Mais les Québécoises, cette fois, ont reçu ce texte bien différemment. Les étudiantes y ont trouvé des pistes de recherches ; les journalistes y ont puisé des titres à sensation ; les féministes y ont trouvé des raisons supplémentaires de se mobiliser. Ce n'était certes pas le texte lui-même qui était responsable de cette effervescence : c'était le rapport des femmes à l'histoire qui était transformé. Dans les analyses qu'elles venaient de faire collectivement pour préparer des mémoires à la Commission Bird ; dans les discussions interminables qu'elles avaient eues autour de la contraception, du bill 16, du divorce, de la révolution tranquille ; dans leurs lectures des premiers écrits féministes des années soixante-dix, les femmes s'étaient heurtées au silence de l'histoire officielle sur le vécu des femmes. Dès lors, elles ont cherché des traces de leurs devancières ; elles ont entendu et lu les arguments des autorités contre leurs revendications et se sont indignées des inepties qu'on leur servait ; elles ont pris conscience des injustices inqualifiables qui avaient eu lieu et qui avaient été pudiquement dissimulées sous « la mission de la femme » ; elles ont découvert des événements historiques que la mémoire collective avait occultés. Des catégories de femmes ont été identifiées : les maîtresses d'école, les mères de familles nombreuses, les [31] suffragettes, les artistes, etc. Soudainement, les femmes ont réalisé que « la » femme n'existait pas, qu'on les avait enfermées dans un discours aliénant, qu'il fallait de toute urgence établir un nouveau savoir sur le passé collectif des femmes. Mais, en 1970, l'histoire des femmes est encore à se faire. Des cours s'organisent, des bibliographies se constituent, des thèses et des articles s'écrivent. De Québec à Montréal, un immense chantier où des « rates » de bibliothèques préparent les « retailles » qui ont servi au Collectif Clio pour écrire sa synthèse.

Dès lors, entre l'histoire et les femmes, le courant s'est mis à passer. Les historiennes ne suffisaient plus à la tâche. Les écrivaines ont emboîté le pas. Et les poètes, les cinéastes, les comédiennes, les chanteuses, les journalistes. Anne-Claire Poirier présente son film : Les Filles du roi. On ressuscite l'ancienne fête (jamais fêtée au Québec) du 8 mars. Les Têtes de pioche tiennent une rubrique : « On n'est pas les premières ». Jovette Marchessault fait jouer la Saga des poules mouillées. Les éditions du Remue-Ménage lancent leur premier agenda, en 1978, sous le signe de l'histoire des femmes. L'AFÉAS amorce son enquête, Pendant que les hommes travaillaient, les femmes elles... Des grands-mères publient leur autobiographie. On dévore le livre de Simonne Monet-Chartrand : Ma vie comme rivière. Le colloque « Perçons le mur du silence » analyse la situation des femmes journalistes, si longtemps prisonnières des pages féminines. La Dinner Party de Judy Chicago attire des foules records au Musée d'art contemporain de Montréal.

Mais, quand l'Histoire des femmes au Québec est parue en 1982, elle ne mettait en évidence qu'un aspect seulement de la recherche sur les femmes. Car l'histoire, bien sûr, n'est plus seule au rendez-vous de la recherche féministe. Sociologues, anthropologues, économistes, politicologues, philosophes, linguistes (et n'oubliez pas de lire ces mots au féminin malgré leurs terminaisons censément neutres) entreprennent, à leur tour, des recherches qui viennent bouleverser les connaissances et interpeller chacune des disciplines. Certes, les emprunts entre les disciplines sont considérés comme indispensables. Toutefois, dans le nouveau champ des études sur les femmes, l'histoire semble souvent une interlocutrice privilégiée. Plus privilégiée que les autres ? Je ne saurais dire. Mais à cause de sa longue tradition populaire, de ses multiples registres d'expression, l'histoire peut rejoindre un public plus varié. Les généalogistes commencent à chercher des ascendances maternelles. Les histoires de paroisses insèrent des sections consacrées aux femmes. La préoccupation collective autour du patrimoine fait une large place au travail des femmes et à leur savoir-faire : les courtepointes, le tissage, la dentelle, les recettes de cuisine. On recherche les antécédents millénaires d'un métier qu'on croyait désuet : celui des sages-femmes. Les femmes de théâtre situent le sujet de leurs dramatiques dans un passé lointain ou récent. Le roman historique refleurit et, dans l'univers des téléromans, personne ne s'étonne que l'héroïne principale du Temps d'une paix soit une femme : Rose-Anna Saint-Cyr.

*  *  *

[32]

Au fond, les femmes ont cessé d'analyser leur situation personnelle uniquement avec les instruments de la psychologie ainsi qu'elles le faisaient volontiers il y a vingt-cinq ans. Elles ont cessé également de miser sur la seule détermination personnelle pour s'affranchir des diktats de la culture et de la tradition. Les femmes d'action qui s'étaient exprimées dans le Devoir du 24 juin 1961 semblaient ne compter que sur elles-mêmes. Nous devons constater que, depuis cette date, les femmes ont découvert la solidarité intergénérationnelle des femmes. Au Forum, en mai 1980, les 15 000 Yvettes ont découvert, souvent à leur propre stupéfaction, la force collective des femmes. Plusieurs ont trouvé là l'occasion de se lancer en politique active. Dans le champ si intime, si personnel, si traditionnellement individuel de la santé, physique ou mentale, les approches sont désormais globales et basées sur des analyses collectives de situations [30]. Un bilan de toute la recherche qui s'est faite sur les femmes au Québec depuis une dizaine d'années démontrerait que, dans tous les secteurs, la majorité des chercheuses ont adopté un point de vue collectif et féministe. Un consensus se dégage également pour dénoncer le caractère sexiste de toute la recherche traditionnelle et des efforts de réflexion établissant les bases d'une recherche non sexiste [31].

Dans la myriade des objectifs qui les mobilisent, les femmes savent maintenant qu'elles peuvent trouver dans l'histoire des explications inédites, des constats nouveaux, des solidarités oubliées, des luttes occultées, des gestes trop longtemps restés dans l'ombre. « La « vraie histoire » peut ainsi surgir d'une pratique et d'une critique, non d'une rigueur affectée, mais d'une justesse manifestée par l'absence de tout contresens [32] ».

Il est bien évident que la tentative d'écrire une autre histoire, à partir de l'expérience collective des femmes fait apparaître des embûches redoutables. En se réappropriant leur histoire, les historiennes commettent à l'occasion des anachronismes. Qui n'en fait pas ? Les autres historiens en ont énoncé des légions au nom de l'Europe, du libéralisme, du parlementarisme, de la race blanche, de la loi naturelle ou de la religion. Il est bien évident aussi que s'il faut toujours se « replacer dans le contexte », on répétera jusqu'à saturation les mêmes fausses vérités et on repoussera toujours les femmes à la frontière de l'historisable. La vraie histoire, au fond, n'existe pas. Il n'existe que le pouvoir de déclarer ce qui est vrai et important parmi les millions d'événements qui se produisent à chaque seconde depuis des milliers d'années. « Quelle est la place, dans la culture des classes et la culture des peuples, [des] belles séquences de la chronique [33] officielle où une discipline et une société ne font que réfléchir leur bonne, c'est-à-dire le masque de leur mauvaise conscience [33] ? » On n'ose répondre à cette question. Pourtant si on demande : quelle est la place, dans la culture des femmes, de ce savoir nouveau qu'elles viennent de découvrir sur leur histoire ? on doit constater que ce savoir est mobilisateur. J'en prends pour témoin quelques réactions au livre du Collectif CIio [34] :

« Je ne peux que me choquer de ce silence si longtemps gardé ».
« De ce regard sur la vie des femmes dans le temps, il me reste un sentiment d'amertume et d'impatience ».
« Ce livre, je le qualifie de tempête qui secoue, révolte, émeut ».
« Je n'avais jamais songé à ces à-côtés de l'histoire et je trouve important maintenant de les connaître ».
« J'ai l'impression de m'être réapproprié mon passé ».
« J'ai reconnu mes grands-mères, ma mère et je me suis reconnue moi-même à travers ces pages ».
« Ce livre m'a permis de mieux structurer ma réflexion sur la condition féminine et sur ma propre vie, en tant que femme, étudiante et amoureuse ».
« C'est fascinant de voir à quel point la solidarité féminine a été présente durant une bonne partie des quatre siècles ».
« Il était temps de montrer que la colère des femmes est légitime ».

Oh ! certes, ces réactions sont suspectes. Elles ternissent, aux yeux de certains, le halo d'objectivité qui devrait entourer tout ouvrage sérieux. C'est peut-être qu'il n'y a rien de plus dérangeant que l'analyse féministe. C'est une perspective foncièrement acérée : elle ne laisse rien d'intact de ce qu'elle touche. Et on doit la mettre sur le même plan que les grandes interrogations de l'ère contemporaine : l'opposition Nord/Sud ; la menace nucléaire ; la nature entre la pureté et la pollution ; les pièges de l'informatique et de l'automation. Le mouvement des femmes, s'il n'est pas interrompu par l'une ou l'autre des forces que je viens d'énumérer et qui risquent de nous renvoyer à l'âge de pierre ou de nous transformer en robots aseptisés, ne laissera rien comme avant : ni la famille, ni le travail, ni l'organisation sociale, ni la définition du spirituel, ni les relations entre les sexes. On peut se boucher les yeux ; on ne peut pas prétendre que c'est dépassé [35]. On ne peut non plus rendre cette analyse exclusivement « tributaire d'un volontarisme militant » ou prétendre que la problématique de l'égalité « réduit l'histoire à quelques mouvements et à une poignée de femmes éclairées [36] ». Car l'analyse féministe est une interrogation globale.

* * *

[34]

Il y a vingt-cinq ans, les références historiques au sujet des femmes suscitaient l'ennui. Les Québécoises refusaient de se voir imposer comme unique modèle, les mères de famille dépareillées ou les saintes fondatrices de la Nouvelle-France. Leur rapport avec l'histoire était problématique, car l'histoire qui leur était présentée les maintenait dans une voie sans issue.

Quelques années plus tard, se révélait à elles cette évidence : ce n'est pas notre histoire qui est écrite dans les livres. Notre histoire est à faire ; nous devons de toute urgence multiplier les recherches pour la reconstituer et la faire apparaître à côté de l'histoire dite officielle. Et, à première vue, il semble que cette entreprise ait réussi. Aujourd'hui, Marguerite Bourgeoys a son comté ; Marguerite d'Youville, sa place ; Laure Conan, son école ; Marie Gérin-Lajoie, sa salle ; Judith Jasmin, son pavillon ; Denise Pelletier, son théâtre ; Laure Gaudreault, son manoir, etc. Les historiennes reçoivent des demandes de noms de femmes pour baptiser de nouveaux parcs, édifices, stades et autres lieux publics. Cette constatation ne doit toutefois pas faire perdre de vue que rien n'est plus éphémère qu'une place dans le jardin des gloires historiques. Ce talon, dans le parterre de l'histoire officielle, fait une bien petite empreinte : c'est une trace, ma parole, de talon haut !

Aussi, ce n'est plus cet aspect-là qui alimente actuellement le rapport des femmes à leur histoire. C'est le besoin de savoir, de comprendre, de se sentir solidaire. L'histoire des femmes écrite dans une perspective féministe pose les femmes comme sujet de l'histoire. Ce faisant, les historiennes et leurs lectrices se situent dans « le territoire de l'historien » et y occupent une position qui semble encore inquiétante. Car elles interrogent les pratiques sociales, les discours, les images, les dichotomies nature/culture, domestique/public. De plus en plus, on sent qu'il faudra « préférer aux lignes de partage trop claires les zones de brouillage, d'interférence, d'indifférenciation, d'inversion et aux complémentarités trop harmonieuses, les conflits, les contradictions ; accepter l'ambivalence des choses. [...] On le voit, il ne s'agit pas de constituer un nouveau territoire qui serait l'histoire des femmes, tranquille concession où elles se déploieraient à l'aise, à l'abri de toute contradiction ; mais bien davantage de changer la direction du regard historique, en posant la question du rapport des sexes comme centrale. L'histoire des femmes, en somme, n'est possible qu'à ce prix [37] ».

Au fond, notre histoire, à peine reconstituée, est déjà à refaire. Car l'histoire a toujours répondu aux interrogations de l'aujourd'hui. Or, qui sait quelles sont les questions que nous poserons demain ? Et qui peut prévoir ce qui peut arriver quand le Je du « Je me souviens » est prononcé par les femmes ?



* L'auteure remercie Denise Lemieux et Renée Brien-Dandurand pour leurs commentaires et suggestions.

[1] Yolande Cohen, « Femmes et Histoire », Recherches sociographiques, vol. XXV, n° 3, 1984, p. 469.

[2] Arlette Farge, « Pratique et effets de l'histoire des femmes », dans Une histoire des femmes est-elle possible ?, sous la direction de Michelle Perrot, Marseille et Paris, Rivage, 1984, p. 18.

[3] L'Histoire sans qualité. Paris, Galilée, 1979. (Essais sur l'histoire des femmes).

[4] Les deux paragraphes suivants sont le résumé d'un texte récent : Les Pièges de l'histoire préparé pour le colloque international de la Société de philosophie du Québec en novembre 1984. Ce texte examine plus longuement les problématiques utilisées en histoire des femmes et doit paraître dans les actes de ce colloque, dans un ouvrage intitulé Différentes mais égales à l'automne 1985. On lira aussi, sur cette question, l'article du Collectif Clio « Histoire d'un livre d'histoire », Canadian Issues/Thèmes canadiens, vol. VI, 1984, pp. 24-33.

[5] Marie-Jo Bonnet, « Adieux à l'histoire... », dans Stratégie des femmes, Livre collectif, (Coll. « Femmes et sociétés »). Paris, Tiercé, 1984, p. 371.

[6] Jacques Revel, « Masculin/féminin : sur l'usage historiographique des rôles sexuels », dans Une histoire des femmes est-elle possible ? , p. 123.

[7] Michelle Perrot, « Préface » à Une histoire des femmes..., p. 8.

[8] Les textes de ces émissions ont été publiés : Albert Tessier. Canadiennes. Fides, 1962, 160 p.

[9] Marie Lavigne et Yolande Pinard, « Présentation », dans Les Femmes dans la société québécoise, Montréal, Boréal-Express, 1977, p. 5.

[10] La fête nationale 1961 à Montréal, Programme-souvenir du défilé de la Saint-Jean-Baptiste-Montréal. 1961. 96 p.

[11] Jean-Marc Léger, « Un spectacle pitoyable : le défilé du 24 », Le Devoir, 27juin 1961, p. 1.

[12] Renée Geoffroy, « Feue... la femme d'hier », Le Devoir, 24 juin 1961, cahier spécial, p.27.

[13] Michèle Asselin-Mailhot, « La triple vocation de la femme : l'épouse, la mère, la personne », Ibid., p. 19.

[14] Adèle Lauzon, Ibid., p. 22.

[15] Judith Jasmin, « La Canadienne française se manifeste quand elle en a le tempérament malgré le Code civil et les tabous sociaux », Ibid., p. 22.

[16] Thérèse Casgrain, « Combien de temps la Canadienne française attendra-t-elle encore pour jouer pleinement son rôle dans l'édification de la vie nationale ? Pour réclamer et occuper les postes de commande qui lui reviennent », Ibid., p. 23.

[17] Solange Chaput-Rolland, « La femme n'a pas à résoudre d'équations strictement féminines mais elle doit tendre à s'intégrer davantage à la société », Ibid., p. 25.

[18] Andréanne Lafond, « Les dieux monstrueux de l'illusion féminine empruntent un visage : liberté et égalité », Ibid., p. 20.

[19] Louise Lorrain, Ibid., p. 27.

[20] Thérèse Gouin-Décarie, « Deux problèmes essentiels se posent à la Canadienne française d'aujourd'hui: celui de la compétence, celui de l'engagement», Ibid., p.27.

[21] « Table ronde : — l'éducation des femmes — le statut de la femme - travail et maternité », Ibid., p. 1 et 30. (Participantes : Fernande Saint-Martin, rédactrice en chef de Châtelaine, Florence Martel, fondatrice des « Femmes universitaires », Jeanne Sauvé, journaliste. Sœur Marie-Laurent de Rome, philosophe, membre de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement, Denise Gauthier, présidente de la JOCF).

[22] Francine Montpetit-Poirier, « Cette femme qui n'évolue pas... », Ibid., p. 25.

[23] Madeleine Ryan, « Je suis une femme comme les autres », Ibid., p. 19.

[24] Germaine Bernier, « Du féminisme dépassé à la promotion humaine en marche », Ibid., p. 29.

[25] Le Collectif Clio, Histoire des femmes au Québec, pp. 349-350, 395-424, 465-467.

[26] Tradition culturelle et Histoire politique de la femme au Canada. Trois essais par Margaret Wade-Labarge, Micheline D.-Johnson, Margaret E.-Maclellan, Études préparées pour la Commission d'enquête sur la situation de la femme au Canada, n° 8. Ottawa, 1970. 39, 57 et 36 p.

[27] Ibid., p. 41.

[28] Geneviève Texier et Andrée Michel. La Condition de la Française d'aujourd'hui. 2 vol. Paris, Gonthier, 1964.

[29] Elisabeth Anthony Dexter est la première sans doute à avoir avancé cette problématique en 1920 dans son Colonial Women of Affairs (Boston) tandis que Mary Ritter Beard a généralisé et diffusé dans un large public une opinion semblable en 1946 avec Woman as Force in History (New York, MacMillan). Une note critique récente de Olwen Hufton dans Past and Present, n° 101, November 1983, « Women in History : Early Modem Europe » établit la même constatation pour toute l'histoire de l'Europe occidentale. Voir p. 126. Les populaires ouvrages de Régine Pernoud ont contribué récemment à diffuser largement cette impression dans le monde francophone. On trouve une analyse critique sérieuse de cette problématique dans Mary Beth Norton et Carol Ruth Berkin, « Women and American History » dans Women of America, A History, Boston, Houghton Mifflin Company, pp. 3-15 et Mary Beth Norton, « The Evolution of White Women's Experience in Early America » dans American Historical Review, vol. 89, n° 3 (juin 1984), pp. 593-619.

[30] Les ouvrages récents L'Intervention féministe (1983), Essai sur la santé des femmes (1983), Va te faire soigner, t'es malade (1981), en sont une bonne illustration.

[31] Voir le dernier de ces textes, publié et diffusé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, ce qui pourrait lui donner un caractère plus politique et officiel : Jeanne Lapointe et Margrit Eichler, Le Traitement objectif des sexes dans la recherche (1985).

[32] Pierre Vilar, « Histoire marxiste, histoire en construction », dans Faire l'histoire, vol. I : Nouveaux Problèmes, Paris, Gallimard, 1974, p. 189.

[33] Ibid., p. 187, citant en partie Althusser.

[34] Extraits de travaux à un cours sur L'Histoire des femmes au Québec, Université de Sherbrooke, 1984.

[35] Micheline Dumont, « Les femmes dans la société canadienne : aperçus sur le féminisme contemporain », dans Donum Dei, 1984.

[36] Yolande Cohen, « Femmes et histoire », op. cit., p. 476.

[37] Michelle Perrot, « Préface » à Une histoire des femmes est-elle possible ?, p. 15.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 13 mars 2018 7:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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