sous la direction de Fernand DUMONT et Yves MARTIN, IMAGINAIRE SOCIAL ET REPRÉSENTATIONS COLLECTIVES. Mélanges offerts à Jean-Charles FALARDEAU.

Fig. p. 7. Jean-Charles FALARDEAU.	Fig. p. 101. Le conceptuel et le non-conceptuel.

Fig. p. 143. Panneau d'information historique. Le vocabulaire de cette plaque officielle du Québec traduit l’émotion que peut provoquer l’histoire d’Anticosti. Avec des mots comme « somptueuse villa », « richissime », « seigneur », « légendaire », « pirate et contrebandier », « prospérité », le rédacteur semble s’être efforcé de choisir des signifiants propres à ouvrir l’appétit des lecteurs sur certains dits d’Anticosti.	Fig. p. 144. Moyens de transport lors d'expéditions de pêche. Le Jupiter, affluent de la façade méridionale d’Anticosti, est la reine des cours d’eau à saumons. Jusqu’à récemment, et encore, il s’agissait d’une pêche élitiste sur invitation. L’on venait de Port-Menier en bateau, peut-être même sur le yacht princier d’Henri Menier, La Velléda, puis La Bacchante. Le Jupiter dont le lit est installé dans des terrains sédimentaires perd beaucoup par infiltration, la profondeur de la nappe est faible et l’eau claire. Le haut rang des pêcheurs (Gouverneur général du Canada, Sir Lomer Gouin...), l’honneur des hôtes et la nature vierge nécessitaient une organisation à grand déploiement. La « barque de Cléopâtre » et des attelages de chevaux composaient les types les plus solennels de déplacement. Cette barque était une embarcation à fond plat et « ferrée » pour glisser sans dommage sur les seuils rocheux du lit ; elle était munie d’un baldaquin blanc servant à protéger des rayons du soleil lors de banquets pris sur l’eau ; donc loin des moustiques des rives ; des toiles latérales pouvaient se rabattre en cas de pluie. Des attelages de chevaux montés tiraient la barque au loin ou transportaient les pêcheurs aux mouilles poissonneuses (fosses ou pools). Le saumon de Jupiter en particulier faisait les frais des relations familiales, sociales et politiques de l’empire Menier, puis, plus tard mais différemment, ceux de la Consol.

Fig. p. 145. Naufrages à l’extrémité sud-est de l’île d’Anticosti Le phare East Point Light ou Heath Point, le deuxième de l’île, a été bâti à partir de 1835. Le dessin révèle que la presque totalité des navires échoués étaient des bateaux à voile. Le trait de côte représente 60 km au long duquel se sont produits trente-six naufrages en 68 ans. L’on constatera avec étonnement que les catastrophes sont surtout arrivées après l’installation du phare. Au nord de la Pointe Heath, se trouve le dessin du Granicus dont le désastre de 1828 est tristement célèbre. Les échouements de la baie du Renard, eux, sont plutôt reliés à des tentatives de colonisation. Près de là, à Fox Point, la carte mentionne un old provision post, dépôt de provisions installé d’abord au bénéfice des naufragés : pêcheurs, puis marins et voyageurs au long cours. L’intérieur des terres ne comporte pas de mentions excepté un sentier sud-nord de 26 km et un trait pointillé formant la limite méridionale des « tourbes ». Au XIX^e siècle, le principal écoumène d’Anticosti, c’était encore la mer. SOURCE : Map of the Island of Anticosti... showing wrecks since 1736, (par D. Têtu et J.U. Gregory ?, Québec ?, 1908 ?) Québec, Cartothèque de l’Université Laval. Reproduction par Claude Demers, Service de l’audio-visuel, Université du Québec à Trois-Rivières.	Fig. p. 146. Anticosti peu avant l’arrivée de Menier. L’original de cette carte, publiée à Londres en 1885, accompagnait un prospectus fort alléchant sur les avantages de File (agriculture, pêche, chasse et transport). Pour sa part, l’Allan Line Royal Mail Steamers offrait des assisted passages aux colons de même qu’aux Female Domestic Servants. Le document nous informe des trajets des transatlantiques (bateaux à vapeur ou encore à voiles), du récent câble sous-marin reliant Anticosti à la Gaspésie, de la « ligne télégraphique » suivant le rivage méridional de l’île, des trois villages et bureaux de poste d’English Bay, de Fox Bay et de S.W. Point, enfin des quatre phares de West Point, S.W. Point, South Point et Heath Point. En outre, l’on indique deux sources possibles de charbon de l’extérieur. Ce tableau de l’écoumène, rédigé en langue anglaise, n’avait pas beaucoup changé depuis une quarantaine d’années et il restera valable jusqu’au début du XX^e siècle. Pour 1891, le Recensement donnera 253 habitants. En fonction de la charge mythique d’Anticosti, ce document apparemment anodin se situe dans une phase de « réparation de réputation ». Les villages rappellent davantage de purs plans de développement que des agglomérations dûment organisées. On ne fait plus allusion aux nombreux naufrages et l’on ne localise aucun « dépôt de provisions », destiné aux sinistrés. L’île était passée d’enfer à paradis. Un système télégraphique relativement élaboré pour avertir des désastres de navigation venait de faire l’objet d’une motion au parlement fédéral en vue de son utilisation comme véhicule électoral ; Anticosti produirait alors des « votes par télégraphe ». Un tel moyen de votation a alimenté, dans tout le Québec laurentien, une tradition haute en couleurs. SOURCE : The Governor and Company of the Island of Anticosti, The Settler and Sportsman, London, Morris, 1885.

Fig. p. 332. Composantes d’un système culturel.	Fig. p. 344. Double articulation entre les représentations culturelles et les pratiques productives