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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Culture marine et temporalité: du quotidien au mythe.” (2000)
Rsumé


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Serge Dufoulon, “Culture marine et temporalité: du quotidien au mythe.” (2000). Un article publié dans la revue Anthropologie française, vol. XXX, no 3, 2000, pp. 473-485. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 24 novembre 2008 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Résumé

À partir d'une enquête ethnographique sur les navires de la Marine nationale, cet article analyse les représentations du temps chez les marins, dégageant les moments forts - à terre, à la mer, en escale - qui fondent leur identité.

Mots-clés: Marine.  Temps.  Mémoire.  identité.  Anthropologie du travail.

De 1993 à 1998, notre équipe composée d'ethnologues et de un seul sociologue a eu l'opportunité d'observer et d'analyser la vie et le travail à bord de deux frégates anti-sous-marines de la Marine nationale [Dufoulon, 1997][1]  L'enjeu de ces travaux consistait à tester la pertinence des outils d'analyse classique en sociologie et en anthropologie du travail, dans leur capacité à décrire une structure et des situations de travail non classiques.  Un navire de combat est en effet une organisation de travail d'un type particulier: elle a une activité non productrice, elle est dans une relation de soumission à une institution qui a un rôle civique.  De plus, elle peut s'assimiler à une "institution totale" [Goffman, 1968 : 47-48] : deux cent cinquante hommes vivent, travaillent et se distraient à bord sous le contrôle d'une même autorité.

Chaque moment de la vie quotidienne du marin repose sur des espaces et des temps symboliques spécifiques, séparés ou conjugués aux autres pour constituer ce que l'on pourrait appeler une "culture marine" du temps et de l'espace.  Nous pouvons discerner grosso modo trois moments particuliers, propres à cette culture, qui structurent les représentations du temps chez les marins : le temps de la terre ou le foyer, le temps du voyage ou la mer, les escales ou la marge/transgression.

Nous verrons que les temporalités socio-symboliques des marins sont disposées selon deux axes principaux : un axe horizontal, qui correspondra à la traversée des différents espaces/temps évoqués plus haut; un axe vertical qui verra la progression du marin dans le grade et l'accumulation d'expériences professionnelles, creuset de formes spécifiques de l'honneur.  D'une manière générale, le temps de la navigation (la mer) peut signifier la référence à la tradition des gens de la marine, mais également comme nous le verrons l'expression de la tradition technicienne du métier dans la journée de travail.

Précisément, les déplacements que les marins effectuent, de la terre à la mer et en escale, sont les signifiants d'un espace et d'un temps qui les subsument tous et qui les relient les uns aux autres : il s'agit du "temps des rêves d'enfant" - qui se fond avec celui des origines de la Marine - lequel anime le marin, avant même son entrée dans la marine et dès ses premiers échanges avec l'institution.  On pourra percevoir les différentes temporalités qui construisent le travail et la vie du marin comme des mises en forme singulières, extrêmement ritualisées, de pratiques profanes qui autorisent la réactualisation d'éléments d'une organisation mythique [2] ou ceux d'une "mémoire collective" qui sont partagés par les gens de mer.

Ces moments forts de la vie des marins dessinent les contours d'agrégats identitaires.  Etre marin, c'est naviguer entre hommes, c'est également être technicien (essentiellement, mais pas seulement, pour le corps des officiers mariniers), donc référer à une identité de métier et enfin être militaire, appartenir à l'armée et, plus spécifiquement, à la Marine nationale.



[1]Je remercie mes collègues Marie-Pascale Trompette et Jean Saglio pour leurs suggestions et la relecture de cet article.

[2] Au sens de M. Eliade [1963].  On peut se référer aussi aux ouvrages de M.O. Géraud, 0.Leservoisier, R. Pottier [1998 : 294-295] et de D. Sperber [1982].



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 25 décembre 2008 11:41
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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