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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Henri Dorvil, “Prise de médicaments et désinstitutionnalisation (2006)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Henri Dorvil, “Prise de médicaments et désinstitutionnalisation”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Johanne Collin, Marcelo Otero, Laurence Monnais, avec la collaboration de Rémi Coignard-Friedman, Le médicament au coeur de la socialité contemporaine: regards croisés sur un objet complexe, chapitre 2, pp. 35-66. Montréal: PUQ, 2006, 284 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 5 juin 2008 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

La chlorpromazine a été synthétisée en France. La firme pharmaceutique Rhône-Poulenc l’a baptisée Largactil. La reconnaissance de ses effets uniques sur le système nerveux par Laborit et ses collègues en 1952 (p. 207) et son utilisation chez les malades psychotiques par Delay et Denicker (1952, p. 38) ont marqué le début de la pharmacologie moderne. À l’origine la promazine, une substance de base, était utilisée contre les affections pulmonaires. Les chercheurs ont constaté qu’en y ajoutant un atome de chlore, on lui donnait des effets sédatifs importants sur les patients agités. C’est aussi par un pur hasard [1] que le premier antidépresseur a vu le jour. Au départ, l’iproniazide (Kline, 1958, p. 74 ; Crane, 1959, p. 147) était un antituberculeux à qui on a trouvé par la suite des effets antidépresseurs et qui est devenu l’imipramine. Jusqu’à cette date, l’Occident avait une conception magique ou religieuse de la maladie mentale. Le fait psychopathologique était conçu et combattu comme une manifestation du Mal. L’on se souviendra qu’au Québec, comme dans la plupart des pays occidentaux, la folie était prise en charge par des communautés religieuses et la prière, l’exorcisme constituaient le principal remède à même de faire reculer l’emprise du diable sur l’aliéné mental, un chrétien baptisé après tout. Une étude remarquable et remarquée par l’intelligentsia psychiatrique (Boudreau, 1984, 274 p.) rapporte qu’à cette époque la maladie mentale était conçue comme incurable, un don (ou une punition) de Dieu. D’ailleurs, la vieille loi (1909) qui régissait les asiles d’aliénés jusqu’aux années 1950 ne mentionne aucunement cette branche spécifique de la médecine qu’est la psychiatrie. Il est plutôt question de loger, nourrir, vêtir et traiter physiquement le pensionnaire si par hasard il tombait malade. La Révolution tranquille au début des années 1960 a eu des retombées bénéfiques sur la psychiatrie, l’un des bastions du conservatisme et des mythes ruraux au Québec. Cette période d’effervescence donne lieu à une bataille entre deux conceptions de la folie. D’un côté une maladie pas comme les autres selon le clergé et les anciens neurologues traditionalistes, de l’autre une maladie comme les autres, à l’instigation des jeunes psychiatres modernistes, un trouble essentiellement organique qui se traite par des médicaments principalement psychotropes. Dans ce chapitre, nous allons situer l’apparition des médicaments à l’orée même de la pensée en psychiatrie ainsi que dans les tendances du XXIe siècle ; ensuite nous présenterons les courants pharmacologiques de la première et de la seconde génération, sans oublier le point de vue des pharmaciens et celui des utilisateurs de prescriptions ; en dernier lieu, nous situerons la prise de médicaments dans le contexte désinstitutionnel d’aujourd’hui en prenant l’hôpital général ou psychiatrique comme point de comparaison.


[1] Le hasard, dit-on, fait bien les choses. Il en est de même du stéthoscope. Le seul génie de son inventeur aurait consisté à transférer sur le corps humain la technique des vignerons qui évaluent le contenu des fûts selon le son qu’ils émettent lorsqu’ils les frappent. Sa mise au point et en service s’avère plus miraculeuse encore. Avec un simple rouleau de papier, puis des cylindres de bois artisanalement « bricolés », Laënnec réussit à mieux entendre les sons des cavités pulmonaires tout en respectant sa pudeur et celle de ses patientes. Cf. Faure, 2005, p. 23.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 31 juillet 2008 16:58
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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