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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le centenaire de la 1re Internationale ouvrière ” (1964)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article du professeur Jacques Dofny (1923-1994) Jacques Dofny, “ Le centenaire de la 1re Internationale ouvrière ”. Un article publié dans la revue Socialisme 64, Revue du socialisme international et québécois, no 2, automne 1964, pp. 3-15. [Autorisation accordée par l'épouse de M. Dofny le 29 décembre 2003]. Je tiens à remercier infiniment Mme Céline Saint-Pierre, sociologue à l'INRS-urbanisation de l'Université du Québec, pour ses démarches auprès de Mme Dofny qui nous a autorisé à diffuser toute l'oeuvre de son mari, le professeur Dofny. Sans les démarches de Mme Saint-Pierre, nous n'aurions pas obtenu cette autorisation. Merci.

Introduction

Le 8 septembre 1864 se réunit à Londres une assemblée qui fonde la première Association Internationale des Travailleurs. Elle publie un manifeste qui se termine par une phrase que des générations de travailleurs du mande entier ne cessent de répéter : "Travailleurs de tous les pays unissez-vous!" "Socialisme 64" tient à commémorer cet anniversaire en rappelant les conditions de la naissance de la 1re Internationale, ses buts, ses problèmes, ses participants et ses luttes. L'Institut Universitaire des Hautes Études Internationales de l'Université de Genève a publié récemment le recueil de documents le plus complet sur la vie de cette association, nous nous y référons dans cet article (1).

La naissance de la 1re Internationale est en gestation dès 1836 lorsque l'Association des ouvriers de Londres fait parvenir une "Adresse internationale aux classes ouvrières de Belgique" pour protester contre l'emprisonnement d'un ouvrier bruxellois. Les ouvriers de Bruxelles, Gand et Liège y répondirent par une "Adresse des ouvriers de Belgique." (2)

C'est Baboeuf qui avait lancé l'idée que la Révolution française n'était que le prélude d'une autre révolution, mondiale celle-là. L'Anglais W. Lovett, qui avait rédigé l'adresse aux ouvriers belges, publie en 1838 une "Adresse aux ouvriers d'Europe" dans laquelle il propose: "Camarades, producteurs de richesses, étant donné que nos oppresseurs sont unis, pourquoi ne nous unirions-nous pas à notre tour dans un zèle sacré pour montrer l'injustice de la guerre, la cruauté du despotisme, et la misère qui en découle pour notre classe?"

Autour des années "quarante," Paris est le "Boulevard de la Révolution," dont Bakounine disait qu'il suffisait d'y être deux mois pour se transformer de libéral en socialiste. Paris est le lieu de rencontre de toutes les avant-gardes de l'époque, sociales ou nationales: Marx, Bakounine, Mazzini, Blanqui y aiguisent leurs projets. Flora Tristan publie en 1843: "L'Union ouvrière," où elle pousse les ouvriers français à former une union internationale avec les autres ouvriers d'Europe.

À cette époque, les ouvriers allemands d'Angleterre et de France forment la ligue communiste. Pour eux, en 1847, Marx et Engels rédigeront leur fameux Manifeste communiste.

"Les travailleurs n'ont pas de patrie, y lit-on. On ne peut leur dérober ce qu'ils ne possèdent pas. Le prolétariat doit d'abord s'emparer du pouvoir politique, s'ériger en classe nationale, se constituer lui-même en tant que nation. Par cet acte, il est sans doute, encore national, mais nullement au sens de la bourgeoisie.

"Les particularités et contrastes nationaux des peuples s'effacent de plus en plus en même temps que se développent la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l'uniformité de la production industrielle et les conditions de vie qui en résultent.

"Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus radicalement encore. Une des premières conditions de son émancipation, c'est l'action unifiée, tout au moins des travailleurs des pays civilisés.

"Dans la mesure où l'on supprime l'exploitation de l'homme par l'homme, on supprime l'exploitation d'une nation par une autre nation.

"En même temps que l'opposition des classes au sein des nations disparaît l'antagonisme des nations!" (3)

Les années 50-60 se caractérisent par un ralentissement des activités, révolutionnaires, mais c'est aussi la période d'organisation des syndicats. L'Angleterre, en tête de l'industrialisation, devance les autres pays; c'est là qu'on voit se former le plus de clubs, associations, coopératives ouvrières. C'est parmi ces associations que va prendre corps définitivement l'idée d'une internationale.

En 1861, la Société générale des ouvriers de Naples écrit au "Trades' Council" de Londres réclamant l'aide des ouvriers anglais dans la lutte que menaient leurs camarades italiens pour la formation de syndicats et la libération nationale. Les travailleurs anglais leur font parvenir un rapport sur leurs organisations. Ce rapport sera diffusé ensuite dans beaucoup d'autres pays d'Europe.

En 1862, se tient à Londres une exposition internationale. Les Saint-Simoniens de l'entourage de Napoléon III suggèrent l'envoi d'une délégation de 183 ouvriers parisiens. Ceux-ci, lors de leur visite, prennent contact avec les travailleurs anglais et constatent le grand développement de leurs organisations. Le contact est chaleureux. De retour en France, les délégués font connaître leur intention de renouveler ces rencontres. Les ouvriers anglais organisent, en effet, l'année suivante, un meeting en faveur de la Pologne. Tolain et les délégués français, à l'occasion du meeting de Saint James Hall, proposèrent aux Anglais et aux émigrés de différentes nationalités, présents à Londres, de fonder une association internationale.

Plus que tous les autres, les ouvriers anglais souhaitaient la création d'une telle organisation. Ils se plaignaient, en effet, de ce que leurs patrons recrutent des ouvriers du continent. Cette main-d’œuvre à bon marché faisait pression sur les salaires, les unions anglaises cherchaient à créer des organisations semblables aux leurs avec lesquelles elles passeraient des accords sur l'émigration,

Le 28 septembre 1864, l'assemblée de fondation se tenait au Saint Martin's Hall à Londres. S'y trouvaient les socialistes français, les mazziniens d'Italie, les révolutionnaires polonais et quelques membres de l'ancienne ligue communiste dont Karl Marx. Un comité provisoire est créé comprenant: 21 Anglais, 10 Allemands, 9 Français, 6 Italiens, 2 Polonais et 2 Suisses. Ce comité doit préparer le programme et les statuts de la nouvelle association. Marx, à qui l'on avait demandé de rédiger l'adresse inaugurale du premier congrès, dressa un tableau du capitalisme et des classes ouvrières en Europe.

Ceux qui fondent l'Internationale poursuivent plusieurs buts: pour les uns, il s'agit premièrement de diffuser le modèle des organisations syndicales anglaises afin de contrôler le marché de la main-d’œuvre qui s'internationalise; pour les autres, il s'agit de créer un mouvement international qui va permettre aux petits pays de se défendre ou d'accéder à l'indépendance; pour d'autres, il s'agit de mettre en marche une société internationale. Dans les travaux de l'Internationale, on verra apparaître toutes les tendances idéologiques de l'époque: l'influence de Proudhon y est très forte lors des premiers congrès, ensuite celles de Marx et Bakounine prennent le dessus. Les pays qui tiendront la scène dans ces congrès seront les pays d'Europe occidentale, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, la Belgique et la Suisse, l'Italie et l'Espagne. Mais il y sera aussi question de la Russie et des États-Unis, en termes assez lointains toutefois: la Russie comme le bastion de la réaction, les États-Unis, au contraire, comme une terre d'espoir.

Notes:

(1) "La Première Internationale" sous la direction de Jacques Freymond, Genève, 1962, Librairie Droz, 2 vol., 454 et 500 pp.

(2) Lewis Lorwin: "L'internationalisme et la classe ouvrière," traduit en français, Gallimard, Paris (1re édition, Washington, 1929).

(3) "Le Manifeste communiste," 1848, trad. M. Rubel et L. Evrard, Paris, La Pléiade, 1963.

Retour au texte de l'auteur: Jacques Dofny, sociologue, Université de Montréal (1923-1994) Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 19 novembre 2004 12:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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