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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
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Pierrette Paule Désy, Fort-George ou Tsesa-Sippi. (1968)
Présentation méthodologique

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Pierrette Paule Désy, Fort-George ou Tsesa-Sippi. Thèse de doctorat présentée à l'Université de Paris - La Sorbonne, 1968, 325 pp. La thèse a été entièrement saisie en traitement de textes par Madame Janick Gilbert, interprète en langage des signes, Chicoutimi. [Avec l'autorisation formelle de l'auteure accordée le 24 juillet 2007.]

Présentation méthodologique

 

Le but de ce travail consiste à rechercher, et parfois à expliquer, les causes de l’évolution sociale et de la désintégration culturelle de la communauté indienne du poste de Fort-George ou Tsesa-sippi, anciennement Big River, situé sur la baie James, à partir de documents écrits et de l’observation directe sur le terrain. 

L’étude s’est faite en plusieurs temps : sur le terrain, une partie de l’été et de l’automne 1963, l’automne 1965 et une part de l’hiver 1965-66; en bibliothèques, aux bureaux des archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la "Church Missionary Society" de Londres, Angleterre, à la "V. Stefanson Collection" de Hanover, Mass. et à la "Scott Polar Institute" de Cambridge, Angleterre. 

Les recherches ont présenté certaines difficultés à plusieurs moments différents. D’abord, on possède très peu de renseignements sur Fort-George. Des spécialistes y sont bien passés au cours des années : les géologues A. P. Low, C. K. Leith et A. T. Leith, le géologue et cinéaste R. Flaherty, et plus tard les anthropologues R. Fannery, J. M. Cooper, J. J. Honigmann pour ne citer que ceux-là; on retrouve souvent le nom de Fort-George dans beaucoup d’ouvrages, notamment chez F. G. Speck, C. Elton, L. Mc-Shan Turner, mais personne, à notre connaissance, n’a jamais publié un document partiel ou complet sur le poste. 

Ainsi, nous ne pouvions nous servir de cet outil compétent qu’est celui de la comparaison laquelle aurait pu, certes et souvent, renforcer la validité diachronique ou la valeur synchronique. 

D’autre part, nous avions la possibilité de pallier cette lacune en nous servant de documents écrits : les carnets quotidiens des employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui se sont succédé à Fort-George; ceux des missionnaires de la Church Missionary Society, et à partir de 1903, de ceux des employés de Revillon Frères. Cependant, à cause des transactions financières que l’on devine, la Compagnie de la Baie d’Hudson nous donne la possibilité d’étudier certaines de ses archives jusqu’en 1870; quant à Revillon Frères, cette société parisienne ayant exploité le poste à une date relativement récente, il nous fut impossible de consulter ses documents; les activités de la Church Missionar nous intéressaient pour le 19ème siècle et nous pûmes recueillir des données utiles. Malgré la grande amabilité de ces trois sociétés, nous ne pouvons à aucun moment nous réclamer de sources stratifiées ou étagées dans le temps. Il se trouve forcément un desideratum regrettable après 1870, par exemple ou au début du siècle. 

C’est donc par l’observation directe sur le terrain, par l’interrogation d’interlocuteurs nés il y a cinquante ans et plus, à travers les annotations sporadiques d’observateurs qui passaient des réflexions des missionnaires catholiques et anglicans, et finalement, en utilisant comme critère de comparaison, certains travaux d’ordre ethnographique réalisés dans un milieu analogue, que nous avons essayé de combler ce hiatus. 

De toute façon, les sources historiques ne présentent qu’un aspect du problème, auraient-elles été plus exhaustives que nous aurions dû en négliger bien des points, ne désirant nullement faire un travail historique. Ici, l’aspect diachronique est non seulement acceptable mais bien essentiel dans la mesure où il ai à confirmer les causes qui enchaîné le processus de la désintégration culturelle; l’aspect synchronique servira à décrire et à identifier les résultats de l’accumulation. 

Une autre difficulté, qui s’est présentée, a été celle de la sélection. Nous ne nous interrogeons par sur le choix proprement dit, Fort-George, à cause de sa situation bio-géographique, est un endroit où des perspectives multiples s’entrecroisent : du point de vue ethnologique, zones de contact intra-indien, esquimau-indien, relations inter-culturelles complexes, association et dissociation de groupes ou de ce qu’on peut appeler bandes; du point de vue économique, dualité de la mer et de la terre, combinaison de la forêt toundrique et de la côte. Ces deux derniers points sont des éléments de démarcation dans la mesure où l’attraction de la mer et de la côte, ou de la forêt et de l’intérieur joue sur la population locale. Là où la tâche fut plus embarrassante, mais non insurmontable, résidait dans notre condition individuelle. Une équipe aurait pu, sur un tel terrain, s’offrir le luxe de se disposer sur plusieurs zones, de s’attacher à un nombre précis de sujets et plus tard de les rassembler. Un individu, est-il un tant soit peu réceptif, il accumule alors un nombre invraisemblable de renseignements, et c’est lorsqu’il opère les vérifications qu’il doit sélectionner et laisser de côté des sujets parfois passionnants : légendes, mythes, études autobiographiques, et autres. 

Un autre problème est celui du lieu de résidence. Les premiers contacts sont toujours très importants mais ils s’opèrent forcément dans une périphérie limitée. Nous fîmes des séjours dans des familles, au poste, sur la côte et dans les territoires de chasse de l’intérieur. Le reste du temps, il nous fut possible de vivre dans une maisonnette appartenant au gouvernement québecois. Une femme indienne partageait notre maison, nous servant d’informatrice, d’interprète et surtout d’amie. Aussi, avons-nous pu entretenir des liens étroits avec des membres de sa parenté, ses amis; enfin, nous visitions fréquemment les gens, en particuliers les groupes de voisinage et nous recevions de nombreux visiteurs. 

Ces contacts étroits et suivis restèrent limités à une part du poste. Fort-George rassemble plus de 1,000 habitants et la topographie de l’île est telle que le poste compte de nombreux groupes. Ces facteurs ne pouvaient permettre à une seule personne d’entretenir des liens familiers avec tant de monde. Fort-George est composé de micro-bandes, les Indiens eux-mêmes opèrent une forme aléatoire de séparation entre les habitants dits de l’intérieur et ceux dits de la côte. Ces derniers sont installés du côté nord de l’île, tandis que les premiers restent un peu à l’écart vers le sud-est. Nous vivions parmi les côtiers et beaucoup de nos informateurs appartenaient à ce milieu. 

À cause de la barrière linguistique, il est très difficile de s’intégrer à la population au point d’y être assimilé à part entière. Le désir d’apprendre la langue est déjà un pas et une marque d’appréciation de part et d’autre. La parler très gauchement est surtout un handicap au niveau des rapports quotidiens mais n’a pas d’effets spécialement ennuyeux, sauf évidemment le rire! 

Quant aux relations avec les Euro-Canadiens, nous les avions limitées au stricts minimum. À cause de l’engagement marginal des Euro-Canadiens dans le Nord, le chercheur devra à son tour être marginal à cette même population euro-canadienne, s’il veut être en mesure de s’associer librement. Autrement dit, aux Indiens et aux Esquimaux s’ajoutent des Canadiens anglais anglicans et des Canadiens français catholiques qui forment deux forcent distincte ce qui fait que l’ethnographe, dans son rôle somme toute passager qui désire éviter de se rallier officiellement à un parti ou à un autre, aura comme solution d’établir une communication, la plus habile possible, du côté des indigènes, et il devra, s’il veut que cette communication soit durable, négliger les blancs. L’opération assurée, il risque moins d’avoir à partager des points de vue qui le concernent plus en tant que spectateur que censeur. Cela tient aussi à une question "d’adaptabilité" à la situation donnée, d’imperméabilité dans des circonstances qui exigent plutôt du chercheur d’être observateur que collaborateur. 

Avertissement : Vu l’abondance des documents et des interviews en anglais, afin de garder l’unité du texte, nous avons fait chaque fois la traduction de l’anglais au français, sauf dans certains cas où nous avons également reproduit le texte original.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 30 juillet 2008 10:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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