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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Réflexions sur «Veritatis Splendor» (1993)
Présentation de Jacques Faucher


Une édition électronique réalisée à partir du texte de M. Jean-Paul Desbiens (philosophe et essayiste québécois), Réflexions sur «Veritatis Splendor». Conférence prononcée à Ottawa le 17 novembre 1993. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 janvier 2005 de diffuser la totalité de ses publications dans Les Classiques des sciencdes sociales.]


Présentation


Jacques Faucher.
Gatineau, le 15 janvier 2009.

Cette conférence de Jean-Paul Desbiens est publiée intégralement pour la première fois. Ceci peut surprendre compte tenu de l’importance du sujet abordé et aussi d’un aspect polémique qu’elle comporte. Elle n’a fait l’objet d’aucun reportage dans la presse au moment de sa présentation. 

En ouvrant le journal de Jean-Paul Desbiens publié sous le titre Les années novembre  (1993-1995), (Éditions Logiques, 1996),  on peut lire en date du 17 novembre 1993, en page 85 : « Conférence dans le cadre des rencontres de Cité Libre, à Ottawa. Cent cinquante personnes, environ, sont présentes. Bon nombre de fonctionnaires fédéraux et de professeurs de l’Université d’Ottawa. Je suis plutôt favorable à la position du Pape. On m’écoute poliment, sans plus… »

J’ai assisté à cette conférence en compagnie de l’historien Pierre Savard, professeur à l’Université d’Ottawa. Ce dernier y avait organisé en 1985 un colloque pour commémorer le 25e anniversaire de la publication des Insolences du Frère Untel. La soirée se déroula au restaurant de la Tribune de la presse parlementaire canadienne.

Le sénateur Jacques Hébert, impliqué dans la promotion de ces rencontres de Cité Libre à Montréal et à Ottawa, y a invité Jean-Paul Desbiens comme conférencier. Tout le monde sait que la publication des Insolences en 1960 a été menée rondement à l’initiative audacieuse de Jacques Hébert, fondateur des Éditions de l’homme à Montréal. Initiative visant à contrecarrer les autorités de la Congrégation des Frères Maristes à Rome qui désiraient empêcher la parution sous forme de livre des lettres anonymes parues tout au long de l’année précédente dans Le Devoir. Nous retrouvons donc ce soir du 17 novembre à Ottawa deux acteurs majeurs, complices dans la publication du premier best-seller dans l’histoire de l’édition au Canada. Mais c’est Jean-Paul Desbiens qui a choisi le sujet de la conférence : la récente encyclique de Jean-Paul II portant le titre Veritatis Splendor. Un sujet théologique fort sérieux, étranger aux objectifs courants de la revue Cité Libre.

On pourrait presque affirmer que Jean-Paul Desbiens a choisi de se montrer « insolent » (au sens étymologique : inhabituel, non-conformiste) dans le cadre de cette soirée organisée à deux pas du Parlement canadien, au cœur de la Capitale du pays. Il a ses raisons bien mûries : Jean-Paul II est devenu, au fil des ans, un objet de grande admiration de la part du Frère Mariste. Ce dernier a parcouru toute une évolution intellectuelle depuis la parution de ses Insolences qui avaient fait trembler un certain establishment culturel et religieux en 1960. Face à toute une série de dérives de la Révolution tranquille, face à la montée d’un « réflexe anti-romain » (Paul VI) chez une bonne partie de l’intelligentsia catholique au cours des années 1970, Jean-Paul Desbiens est devenu au fil des ans un des rares porte-parole québécois d’un mouvement de résistance à la liquidation d’un héritage religieux traditionnel chez les siens.

Il me paraît capital de situer ce contexte pour apprécier le ton « viril » et parfois virulent des observations du conférencier. Le Catéchisme de l’Église catholique (publié en 1992) suivi de l’encyclique La Splendeur de la vérité deviennent pour Jean-Paul Desbiens des sortes d’oriflammes qu’il tient à lever bien haut dans le ciel québécois à l’heure où une bonne partie des responsables religieux locaux ont préféré faire silence sur ces documents du Magistère. Aux yeux de Jean-Paul Desbiens, le Pape polonais a été le héros qui a su tenir tête avec succès au régime communiste athée dans son pays d’origine, jusqu’à l’effondrement de l’empire soviétique. Un héros de la résistance catholique traditionnelle! Selon son jugement, la voix d’un tel prophète mérite d’être entendue et respectée au pays du Québec à l’heure où règne une véritable confusion des esprits sous l’influence de « la dictature du relativisme. »

Les pages qui suivent sont le fruit d’un labeur sérieux. Jean-Paul Desbiens souhaite se montrer à la hauteur de son sujet. C’est tout un défi de présenter un document théologique de deux cents pages en y ajoutant la pointe polémique pertinente devant un auditoire où des journalistes ont pris place. Un « tribun » prend la parole dans une salle de « La Tribune de la presse parlementaire canadienne » à Ottawa. Selon son habitude bien connue, le conférencier lance d’abord en anglais une citation d’un de ses auteurs préférés, Chesterton : un converti anglais qui a ramé à contre-courant tout au long de sa carrière. Le ton est donné pour la suite du texte.

Jean-Paul Desbiens n’a jamais publié ce texte, à ma connaissance. On ne le trouve pas reproduit parmi les 24 documents « annexes » du livre Les années novembre (1993-1995). Dans les tranches suivantes de son journal, l’auteur publiera en annexe plusieurs de ses conférences publiques ainsi que des articles nombreux offerts à des journaux. Ce qui facilite la consultation pour disciples... et adversaires de sa pensée.

Il faut évoquer brièvement ces « adversaires »... non de Jean-Paul Desbiens, mais de Jean-Paul II, à l’automne de 1993. Au début du mois d’octobre, la Société canadienne de théologie tenait ses assises régulières au Québec. Ouvrons le journal de Desbiens en date du 24 octobre : « Le Soleil publie quelques paragraphes d’une lettre ouverte à l’épiscopat québécois, signée par soixante théologiens, qui marquent leur distance vis-à-vis de la récente encyclique ». Une dissidence que Jean-Paul Desbiens tolère mal de la part de personnalités qui occupent, pour la plupart, des chaires d’enseignement catholique au Québec.

J’estime que cette dissidence étalée sur la place publique, encouragée par la classe médiatique, a provoqué l’auteur des anciennes Insolences à mettre un effort redoublé dans la rédaction de sa conférence, sous le patronage d’une affirmation choc de  Chesterton : « We need a Church that is right when we are wrong ». Le lecteur ne sera donc pas surpris de trouver, à partir de la quatrième partie du texte intitulée « Opportunités », des commentaires élaborés, parfois mordants, en lien avec « les critiques » qui se sont élevées ici et ailleurs face à l’encyclique en question.

Les lecteurs familiers avec la pensée de Jean-Paul Desbiens ne seront pas étonnés du ton choisi par l’auteur pour présenter Veritatis Splendor. Ils seront peut-être stimulés à découvrir le texte original de l’encyclique. D’autres visiteurs sur ce site feront possiblement la découverte d’un penseur hors-normes qui a passé une bonne partie de sa vie à ramer à contre-courant dans notre société depuis belle lurette. De la même manière, quinze ans plus tard, le message de Jean-Paul II touchant les fondements de la théologie morale catholique demeure nettement à contre-courant; comprenne qui pourra!

On pourra lire avec profit le récit de sa vie que faisait déjà Jean-Paul Desbiens dans Sous le soleil de la pitié (1965). Il citait souvent, en latin, selon son habitude, une interrogation du prophète Isaïe (21:11) : « Custos, quid de nocte? » – « Veilleur, dis-nous où en est la nuit? »

Jacques Faucher.
Gatineau, le 15 janvier 2009.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Paul Desbiens, philosophe et essayiste Dernière mise à jour de cette page le mardi 27 janvier 2009 20:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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