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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Paul Desbiens, Sélection de citations. Journal d'un homme farouche 1983-1992 (1993). Une présentation et une sélection de Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer, Qc. Chicoutimi: Les Classiques des sciences sociales, octobre 2009, 47 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 janvier 2005 de diffuser la totalité de ses publications.]

Présentation
Sélection de citations.

Présentation

Par Laurent Potvin,
frère mariste, octobre 2009.

« Un journal ne sort dans le monde
qu'après avoir fait sa toilette. »
Jean-Paul Desbiens

Je viens de consacrer plusieurs heures à parcourir  attentivement « Le Journal d’un homme farouche »  de Jean-Paul Desbiens en jouant  un rôle de prospecteur. J’ai sélectionné à votre intention ce que vous vous apprêtez à lire dans ces pages qui s’offrent à vous.

Les originaux des « Journaux personnels de 1983 à 1992 » de Jean-Paul Desbiens  à partir desquels  « Le Journal d’un homme farouche » a été préparé sont conservés aux Archives des Frères Maristes du Canada, à Château-Richer.

Je dois vous avouer que ce qui n’a pas été  retenu ici  de ce « Journal » de 360 pages  est tout de même de grande valeur car cela   comporte un grand nombre citations d’écrivains de renom. L’index des noms cités dans ce volume en compte plus de 550! Toutes ces personnes n’ont pas eu l’honneur d’y avoir  une citation, mais les pensées de plusieurs écrivains  s’y trouvent citées. Cette richesse à elle seule  mériterait que vous vous procuriez ce volume qui se signale  par sa valeur littéraire et historique dans la série des ouvrages de Jean-Paul Desbiens.

Dans la présente « Sélection de citations », certains aspects de la pensée de Jean-Paul Desbiens ont reçu, par la force des choses, un traitement de faveur en ce sens que certains thèmes comportent plusieurs mentions.  Cela peut s’expliquer facilement par  les priorités que Jean-Paul Desbiens plaçait sur certaines de ses particularités, de ses centres d’intérêt en tant  que religieux,  éducateur,  conférencier,   écrivain,  journaliste,  consultant, homme de relations…

Tous les aspects  de cette personnalité  aux si nombreux volets n’ont pas reçu ici un traitement égal.  Tel n’était pas l’objectif visé par le sélectionneur pour la simple raison que Jean-Paul Desbiens lui-même, en faisant  ce qu’il appelle « la toilette de son  Journal », ne s’est pas arrêté à cette sorte d’équilibre que certains  lecteurs pourraient souhaiter.

Néanmoins, le choix que nous vous présentons vous permettra de mieux saisir plusieurs aspects de cette riche personnalité, celle d’un homme qui  figure parmi les cent personnalités québécoises les plus remarquables du vingtième siècle.

J’espère que ma récolte, pour limitée qu’elle est, vous  permettra de découvrir, ou de redécouvrir, des aspects  des valeurs qui captivaient Jean-Paul Desbiens  alors qu’il jouait parmi nous, dans une franchise parfois  directe,  trop directe peut-être…   un rôle  de guide  et d’éclaireur.

Ses écrits,  autant de monuments à sa mémoire.

Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer,
3 octobre 2009
Les Classiques des sciences sociales




SÉLECTION DE CITATIONS

JOURNAL D'UN HOMME FAROUCHE
1983-1992
 (1993)

 (Jean-Paul Desbiens)

Une sélection de Laurent Potvin, frère mariste.


A


Amitié et métier

« C'est d'abord un métier commun qui unit les hommes. Dès que l'on sort de cette assiette, les occasions de rencontres et le contenu même des rencontres se raréfient. L'amitié demeure intacte, mais elle est, pour ainsi dire, en hibernation. »

Amour

« On aime d'abord la beauté et ensuite, seulement, l'âme, si l'on s'y rend. »

Amour, amitié

« Quand deux êtres n'ont rien en commun, ils ne risquent guère de se heurter. L'amour et l'amitié supposent un espace commun. Aussi bien, l'amour (surtout) et l'amitié (aussi) annoncent beaucoup de souffrance. »

Amour chez Jésus

« Je lis l'autobiographie du père Couturier. Je note : « Le Christ n'a pas d'ennemis. » Des êtres peuvent le haïr ; il est même mort de cette haine. Mais lui, il ne haïssait personne. »

Amour de la réalité

« L'amour de la réalité, c'est-à-dire de la vérité, par opposition au rêve ou à l'idéologie, est certainement un trait de mon caractère. Et, sinon l'amour, du moins le goût d'y voir clair. Bref, la lucidité. »

Amour en Dieu

« Dieu n'aime pas moins l'un parce qu'il aime l'autre, tous les autres. « Lui seul a façonné le cœur de chacun » (Ps 33, 15). Nous recevons dans nos limites son amour infini. Et j'aurais la prétention d'être aimé exclusivement par un être limité, limité moi-même et pauvre en amour ! Déjà pourtant, une mère aime tous ses enfants. »

Amour et pardon

« À la limite, peut-être faut-il demander pardon à celui qui nous a offensé. L'amour change le signe de toute chose. Il transforme le moins en plus. Rude algèbre ! »

Amour et service

« Un inconnu de Roberval m'écrit pour me demander le texte de mon poème sur le lac Saint-Jean. Cela me réjouit. Faire aimer le lac, faire aimer le pays, c'est une forme de service. »

Amour, sa puissance

« Nul ne convainc jamais personne. Seuls la souffrance ou l'amour percent les êtres ; jamais les raisons. »

Amour vient de Dieu

« Aimons-nous les uns les autres, parce que l'amour vient de Dieu » (1 Jn 4, 7). C'est la raison qui est donnée : parce que l'amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu : qui diligit ex Deo natus est. »

Angoisse et pitié créatrice

« Dieu rit-il de mes angoisses, ou bien en a-t-il pitié ? Mais la pitié de Dieu est active, et elle peut être chirurgicale ; elle n'est pas une pitié de complicité ; c'est une pitié créatrice. »

Angoisse, doute, solitude

« À propos de mes récents articles dans Le Devoir, je reçois un mot de Jacques Dufresne qui commence ainsi : « Frère solide... » Je lui réponds : « Quelles que soient les apparences "stylistiques", vous savez bien que j'écris ce que j'écris dans l'angoisse, le doute et la solitude totale... »

Artistes

« Les artistes expriment le peuple ; ils ne le définissent pas. Shakespeare exprimait et continue d'exprimer le peuple anglais, ou plutôt il créait la langue anglaise. Par ailleurs, ses personnages sont universels. »

Assemblées chrétiennes

« Messe du jour : « Ne délaissez pas nos assemblées, comme certains en ont pris l'habitude » (He 10, 25). Ainsi donc, l'auteur de l'épître aux Hébreux, moins de cent ans après la mort du Christ, sentait le besoin de faire ce rappel. »

Atmosphère lourde

« L'atmosphère est lourde, au Québec. Je vis la chose intensément et avec angoisse. Nous sommes en état de guerre civile larvée. Quand la plupart des employés de la fonction publique ou parapublique sont en grève, on est rendu bas ; on est hors civilisation. Il y a dix ans que je le dis publiquement. Cela n'a évidemment rien changé, rien paré. »

Atomisation sociale

« On a séparé les Québécois d'avec le reste du pays -, on a ensuite séparé les Québécois d'avec les « autres » : anglophones, allophones ; parallèlement, on séparait les « travailleurs » d'avec les boss ; les jeunes d'avec les vieux ; les mâles d'avec les femelles ; les catholiques d'avec les neutres, etc. La logique de la division conduit à l'atomisation sociale. Je ne vois qu'un grand malheur pour nous ressouder sous « fusion ». 

Avortement

« Hier soir, à la télévision, film-reportage sur l'avortement. On assiste à un avortement clinique de A à Z. On transforme une société en voyeurs…..Une des femmes interviewées disait : « ... signe de la libération de la femme... ». Il est absurde de lier la libération de la femme à la mort d'un foetus. »


B


Bible

« Qu'est-ce que la Bible, les psaumes surtout, sinon le journal des misères de l'homme, mais de l'homme qui sait à qui demander pardon ? Nul ne peut se pardonner. Pour être pardonné, il faut être deux : le pardonné et le pardonnant. »


Biens matériels et biens spirituels

« Ce matin encore, je pensais : je vis sans produire. Ni nourriture, ni vêtements, ni abri, ni transport, ni énergie. Les cinq grandes catégories de besoins matériels. Quant aux biens spirituels, quelle est la valeur de ma « production » ? J'appelle ici biens spirituels : la pensée, la beauté, le gouvernement, l'administration, l'amour, la prière. »

Bloy

« Bloy ! Ma découverte, au scolasticat de Valcartier, en 1945. La communauté venait d'y ouvrir un scolasticat-école normale. Nous partions de zéro. La « bibliothèque » devait contenir quelques dizaines de volumes ! Il s'agissait, en fait, d'un article de la revue Études, publié à l'occasion du centenaire de la naissance de Léon Bloy. Les quelques citations contenues dans l'article suffirent à me faire tomber en amour avec ce contempteur féroce. »


C


Capitalisme vs syndicalisme

« Il n'y a pas de risque à condamner le capitalisme ; il y en a à condamner le syndicalisme tel qu'il est pratiqué par ici depuis quinze ans. Je connais des exemples de barbarie par centaines. »

Cardinal Léger

« Le cardinal Léger ne m'a pas demandé de cesser d'être insolent. On me l'avait déjà ordonné, et il n'y était pour rien. Mais il m'a mis à l'ombre de son chapeau cardinalice. »

Cardinal Léger  Hommage

« L'essentiel de l'hommage que je veux rendre ce soir au Cardinal s'exprime comme suit : ouverture de coeur, sens de l'Église, c'est-à-dire du rassemblement ; porteur et supporteur de la tension chrétienne. Je dis tension en pensant aux pylônes d'Hydro-Québec. Le Cardinal s'établit dans la ligne des pylônes de l'Esprit d'Amour. »

Cassure

« En toute logique et en toute logique subliminale, quand on n'est pas membre du Parti québécois, on est membre d'un Parti anti-québécois. Elle est là, la cassure, M. (Fernand) Dumont. Et ce n’est pas moi qui l'ai faite. »

Chansons et spectacles

« Tino Rossi ou Rina Ketty chantaient des chansons qui ne cassaient rien, mais qui avaient un semblant de sens. Aujourd'hui, l'éclairage est meilleur. Tout le progrès est là. L'inspiration n'a pas suivi la technique. »

Choisir

« Devant un choix d'ordre politique ou domestique, tout est facile si l'on est placé devant l'évidence. Il s'agit simplement alors de se demander quel prix on est prêt à payer. »

Cœur vieux, cœur jeune

« Le cœur vieux, c'est le coeur sans pitié. « Cet âge est sans pitié », disait La Fontaine en parlant des enfants. Le cœur neuf, c'est le cœur miséricordieux. On n'y arrive généralement qu'après avoir fait l'expérience de sa propre misère. »

Conscience d’écrivain

« La conscience d'un écrivain, c'est l'alambic des événements et des opinions qui se produisent ou s'expriment à un moment donné. L'alambic ne crée rien et il fonctionne à partir du jus où il plonge par un bout. »

Conseil d’un ami

De Marcel Colin : « Je vous redis, simplement, ce mot de Montherlant qui doit rester une consigne pour votre spiritualité, votre style, votre vie, votre travail : "J'aime la réalité ; elle n'a pas pour moi d'infiniment petits ; rien en elle ne me semble indigne. »  (Les Olympiques.)

Consultant

« 28 septembre 1983 : Je travaille, à titre de « consultant » au ministère de l'Éducation, en vue de préparer un rapport sur le rôle et la taille du ministère. »

Convaincre quelqu’un

« Nul ne convainc jamais personne. Seuls la souffrance ou l'amour percent les êtres ; jamais les raisons. »

Course au pouvoir

« Je trouve, effectivement, qu'il y a quelque chose de tordu dans la course au pouvoir. On devrait être contraint au pouvoir, et pour un mandat limité. Si le pouvoir n'est pas accepté pour servir, il est convoité pour asservir. »

Credo

« En récitant le Credo, je me dis : c'est le curriculum vitœ de Jésus. »

Crise  de confiance

« La crise de confiance dans les gouvernements, la crise de confiance envers la classe politique, est générale dans les démocraties, les vieilles comme les jeunes. Le monde se réorganise. « La vraie démocratie est devant nous, non derrière : elle est à créer. » (De Gaulle, in Les chênes qu'on abat.) »

Croire, prier

« Croire, au fond, c'est prier. C'est être sûr que je communique avec Dieu, Jésus, Marie, les saints. Qu'est-ce que prier pour quelqu'un ? Un ami malade, par exemple. C'est être sûr que je rejoins cet ami par Jésus-Christ ; que j'obtiens une assistance de Jésus auprès de lui. »

Croyances au Québec

« Enquête sur les croyances religieuses des Québécois : huit cents sectes ; quatre mille cinq cents énoncés de croyance (je crois au cosmos, je crois en moi, en Dieu, au destin, etc.). Plus rien ne veut plus rien dire. »


D


De Bien

« J'apprends que « De Bien » (sans s) serait une corruption de Bians, commune des Basses-Pyrénées, et que bian signifie corvée. Ainsi donc, « Desbiens » signifierait : « de corvée » ! 

Décadence

« Décadence : en l'absence de toute certitude, il reste le corps. Le corps à tuer, le corps à jouir.  Comment ne pas voir que nous sommes en barbarie, sous le clignotement des ordinateurs ? »

Déchristianisation

« 29 juillet 1984.  La déchristianisation est plus profonde qu'on ne peut l'imaginer. »

Démagogie

« 8 octobre : Hier, colloque de la Fédération des cégeps, à Montréal. Je suis l'un des participants, avec Jacques Tremblay, Lysiane Gagnon, Fernand Morin. Je serais un bon tribun, je pense. Je cède parfois à la tentation démagogique quand je sens que le courant passe. Hier, à certains moments, le courant passait très fort. »

Déménagements

J’ai connu « vingt-cinq déménagements complets en quarante-quatre ans. Mes déménagements, toutefois, ne sont pas comparables à ceux d'une famille. À part quelques livres, je n'ai pas grand-chose à déménager. »

Désobéir

« Désobéir, c'est rejeter des lois connues, rodées et, somme toute, adaptées à l'homme, pour se jeter dans les filets, souples et accommodants, au départ, d'autres lois autrement plus étranglantes et mortelles. »

Devenir, sens de ce mot

« Qu'est-ce que « devenir », pour un chrétien, qu'il soit religieux ou laïc ? C'est être en voie de divinisation, et nul ne sait où il en est dans cette aventure spirituelle. »

Déviants

« Déviants idéologiques, ceux qui sont contre l'idéologie régnante. »

Doctorats : deux sortes

« Au cas où quelqu'un ne connaîtrait pas la plaisanterie classique au sujet des doctorats, je rappelle qu'il y en a deux sortes : les doctorats honoris causa (obtenus par honneur) et les doctorats sudoris causa (obtenus par la sueur). »

Donner

« On ne donne pas pour se débarrasser. De toute façon, on ne garde que ce que l'on donne. »

Droite, gauche

« Je suis peut-être de « droite », mais je lis beaucoup à « gauche ». L'arbre penche du côté où il pense ! Je tenais à sauver ce jeu de mots. »


Droitiers vs gauchers

« J'apprends que les gauchers vivent moins longtemps que les droitiers ! Je comprends : avec toutes les misères que leur fait une civilisation conçue pour les droitiers ! »


E


École. A-t-elle fait son temps?

« L'école, telle que nous la connaissons, a-t-elle fait son temps ? Un peu comme les chemins de fer, remplacés par les camions et les autos ? Ce fait confirme-t-il notre enfoncement dans une nouvelle barbarie ? S'explique-t-il, en partie, par les abus syndicaux, comme le featherbedding a tué le chemin de fer ? »

Écrire

« Pourquoi écrire ? C'est le titre de la dernière page du dernier livre de Marcel Légaut : Vie spirituelle et Modernité (Le Centurion, 1992). À sa question, il répond : « Pour mieux penser. »

Écrire

« Gide répondait que l'on écrit pour « mettre quelque chose à l'abri de la mort ». Job ne disait pas autre chose : « Ah ! que soient écrites mes paroles, qu'avec un burin de fer elles soient pour toujours sculptées sur le roc ! » (19, 23-24). Rilke pousse dans le même sens : « Cherchez le besoin qui vous fait écrire. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? » (Lettres à un jeune poète, Grasset, 1937.) »

Écrire en il/elle

« Je lis ceci, millième exemplaire d'une bêtise précise : « Dieu aime celui/celle qui donne avec joie. » Il va falloir réécrire la Bible au il/elle. »

Écritures, obscurité

« Obscurité des Écritures. Il y en a beaucoup, pour moi, mais je sais que des réponses existent. Non pas toutes les réponses, mais beaucoup de réponses, et il en viendra d'autres. »

Éducation

« Quiconque parle de culture générale, de formation fondamentale, on peut être sûr qu'il n'est pas mécontent de la sienne. Autrement dit - et il ne le dira pas, - il se pose comme étalon. »

Église  et enseignement

« Si l'on supprimait l'enseignement de l'Église, en moins d'une génération, on se retrouverait devant une poussière d'interprétations divergentes et, au bout du compte, insignifiantes. »

Église et Écriture

« Nul ne peut être laissé seul en face de l'Écriture. Ni les juifs devant la Thora, ni les musulmans devant le Coran, ni les chrétiens devant la Bible. Aussi bien, l'Église est la dépositaire de la Parole. »

Église et sexualité

« Que les relations du catholicisme avec la sexualité aient été et demeurent difficiles, nul ne le conteste. Une première raison de ce fait, c'est que les relations de l'homme avec la sexualité sont difficiles. »

Espoir de l’Église

« L'espoir de l'Église, ce ne sont ni les jeunes, ni les mûrs, ni les vieux. L'espoir de l'Église, c'est Jésus-Christ et personne d'autre. »

Évangile

« L'Évangile n'est ni à gauche, ni à droite, ni optimiste, ni pessimiste ; il est au-dessus. »

Évidence

« Devant un choix d'ordre politique ou domestique, tout est facile si l'on est placé devant l'évidence. Il s'agit simplement alors de se demander quel prix on est prêt à payer pour le choix que l'on fait. On est rarement devant l'évidence. Le devoir, c'est ce qui ne fait pas de doute. »

Excellence

« On pourrait écrire un livre avec, comme titre : « L'Être-de-trop. » Je dis « être » au sens ontologique : toute excellence, tout dépassement déclasse. D'une part, on tend vers l'excellence ; d'autre part, dans quelque domaine que ce soit, le bout qui dépasse, c'est le bout qui accroche, qui fait mal. Qui fait mal aux autres et à soi. »


F


Faire attendre

« Faire attendre, c'est voler le temps d'un autre, c'est voler la substance de sa vie. »

Fast food

« Le fast food est quelque chose de proprement inhumain. Que cela existe et prospère dans une société d'abondance montre bien que le diable est la grimace de Dieu. »

Fête de saint Jean-Baptiste

« 24 juin. La Saint-Jean. Nous ne célébrons plus saint Jean-Baptiste, sauf l'Église, bien sûr. Aucune référence religieuse dans le message du premier ministre, à l'occasion de notre fête nationale. Il fait référence à l'histoire, mais c'est une histoire coupée de ses racines spirituelles. Je n'attends pas d'homélie de la part d'un chef civil. Seulement un peu d'altitude. »

Fin d’année

« La fin de l'année est un moment de vérité ou, en tout cas, de gravité. On entend souvent la réflexion : « J'ai perdu mes illusions. » On entend toujours dire cela sur un ton triste ou blasé. Mais qu'est-ce que perdre une illusion, sinon, et par définition, faire un pas vers davantage de vérité ? »

Folie

« Aux « idées chrétiennes devenues folles », de Chesterton, il faudrait maintenant ajouter la morale chrétienne devenue folle. Exemple : cet acharnement touchant la vie privée des hommes politiques. »

Formation

« Deux dimensions dans toute formation. Appelons-les : la dimension technique et la dimension humaniste. »


G


Gauche, droite…

« Je suis peut-être de « droite », mais je lis beaucoup à « gauche ». L'arbre penche du côté où il pense ! Je tenais à sauver ce jeu de mots. »

Gouvernement

« Ce qui fait que malgré tout, les communautés religieuses sont mieux gouvernées que les sociétés civiles, et qu'elles sont plus justes, c'est que la plupart des chefs le sont contre leur gré. La tradition catholique a toujours distingué les exigences du gouvernement de celles des autres fonctions. Que l'intelligent dirige et que le saint prie. »


H


Héros fatigués

« On ne devrait pas dire « les héros sont fatigués », mais « les fatigués sont des héros ».


I


Influence d’un écrivain

« Denis de Rougemont a eu une influence considérable sur moi avec L'Aventure occidentale de l'homme, qui est une magistrale démonstration des origines et de l'influence de la pensée judéo-chrétienne sur la civilisation occidentale. »

Insularisation

« L'argent, la sensibilité, la culture : trois facteurs d'insularisation, mais non pas par rapport aux mêmes continents. »

Intellectuels

« La race des intellectuels sait toujours remettre sa montre à l'heure de la mode. »

Invasion des barbares

« Dans notre fin de siècle, à quoi cela sert-il d'écrire d'assez fortes choses devant l'invasion des barbares ? Archimède a été tué par un soldat romain pour avoir été « distrait » et n'avoir pas répondu au soldat. Quelqu'un lira ce qui précède, ce sera un barbare, et il dira : « Pour qui se prenait-il, ce Desbiens ? »


J


Jargon

« Toute une langue seconde, une langue parallèle, une langue faussée s'est développée en marge de la bonne vieille langue. Je ne parle pas ici de l'argot ; je parle du jargon. La décomposition de la langue : un bien commun livré à la pâture. Chacun broute la largeur de sa bêtise. »

Jésus en croissance

« Pendant neuf mois, Marie fut le tabernacle de chair de Jésus ; maintenant, c'est la foi de l'Église qui est le tabernacle spirituel de Jésus ressuscité. Dans le sein de sa mère, Jésus croissait ; dans la foi de l'Église, Jésus continue de croître dans la conscience que l'Église prend d'elle-même, dans l'expression de la foi et de sa mission dans l'histoire. »

Jésus et Socrate

« Cette semaine, j'ai reçu deux lettres qui reviennent substantiellement à ceci : « Jésus était un grand rêveur récupéré par un mythe intelligent. » Comment se fait-il que personne ne « récupère » Socrate ? »

Joie

« On ne ferait pas deux minutes sans respirer, mais on peut refuser ou négliger la joie pendant longtemps. On lui préfère à peu près n'importe quoi, y compris son contraire. »

Journal et vérité

« Un journal ne sort dans le monde qu'après avoir fait sa toilette. Un secret n'est pas un mensonge. L'important, c'est que ce qui est retenu soit conforme à ce qui a été noté en son temps. Autrement, il ne s'agit plus d'un journal ; il s'agit de mémoires ou d'un roman. Le journal d'un curé de campagne, de Bernanos, est une invention, une création. Ce n'est pas la transcription d'un journal qu'aurait effectivement tenu tel curé de France dans les années 30. »

Journal et curiosité

« L'homme est curieux de l'homme ; cela est vieux comme l'homme. Des ragots de cordes à linge aux tribunes téléphoniques, en passant par les journaux à potins et les aménités que les « chers collègues » se croquent dans le dos les uns des autres, il s'agit toujours de chercher à savoir ce que l'autre a fait, fera ou ne fera pas ; de ce que l'autre a dit et de ce que l'autre a dit que l'autre avait dit. »

Journal personnel (1)

« J'écris très peu dans ce journal. La cause est bien connue : un journal, c'est le mastic dans les fentes d'une vie relâchée. Par « relâchée », j'entends non commandée, non structurée par des devoirs précis et extérieurs à soi. Or, ma vie actuelle est serrée. Il y a peu d'interstices entre les planches. »

Journal personnel (2)

« Un journal, par définition, est un ouvrage discontinu. L'unité vient de l'auteur : ses thèmes, ses références, sa ligne de pensée. La limaille des événements, des réflexions, des impressions s'organise en champs sous l'aimant de l'auteur. »

Journal personnel : son importance

« Je tiens journal depuis quarante ans. J'en ai détruit une bonne partie qui avait rempli son office thérapeutique. Durant tout ce temps, par ailleurs, je n'ai pas tenu mon journal de façon régulière. Pendant les années où j'étais plongé dans l'action, je me suis écarté de cette discipline et de cette ressource. Je le regrette. J'y retrouverais aujourd'hui quelque secourable ravitaillement. »

Journal : son utilité

« L'utilité d'un journal peut consister à montrer comment les craquements du monde trouvent leur écho dans une conscience individuelle. »

Justice

« L'accès à la justice pour tous ne signifie pas l'accès de tous à la justice. »


K


L


L’Analyste

« Je reçois le dernier numéro de L'Analyste. Un numéro d'adieu, si l'on peut dire. Chaque membre du comité de rédaction de même qu'un certain nombre de collaborateurs réguliers racontent comment ils sont venus à la revue, comment ils ont vécu cette expérience de réflexion et d'écriture. Assez émouvant. »

Lecteur vampire

« Je lis, donc je vampirise la solitude d'êtres qui ne me connaissaient évidemment pas. J'écris, comme ceux que je lis ont fait. »

Lectrice intéressée

« Une femme me dit : « On achète La Presse le mercredi, juste pour vous lire. » Elle ajoute : « Quand on vous lit, on dirait que vous nous parlez. »

Lévesque, Georges-Henri

« Le père G.-H. Lévesque m'envoie  ses mémoires intitulés Souvenances. J'ai lu les trois tomes avec émerveillement devant une vie aussi remplie, aussi créatrice. Quel amour pour son Ordre, et quelle sérénité! »

Liberté et démocratie

« Ce que nous avons de plus précieux dans notre pays, c'est la liberté ; la bonne vieille liberté civique, libérale, démocratique. Je me moque bien de ce que les syndicats disent sur la loi 111. C'est du chocolat. Et leur démocratie, on la connaît. »

Liturgie. Une leçon

« La liturgie soude la mort d'Étienne à la naissance de Jésus, comme pour nous indiquer qu'il ne faut pas nous scandaliser de l'échec apparent de la Rédemption. »

Loi 111

« La loi 111 a coûté cher au Parti québécois sur le plan électoral ; c'était pourtant une loi nécessaire, une loi en vue du bien commun, au-delà des intérêts corporatistes. »


M


Marie

« La Vierge est immaculée ; nous, nous ne pouvons qu'être purifiés. Nous sommes en voie de purification. Qu'est-ce que je gagne, chaque jour, en pureté ? Est-ce que je me salis davantage chaque jour ? »

Marie, aimer

« Marie » est l'anagramme d'« aimer ».

Mère

« Ma mère. Comprimée toute sa vie, cette compression même l'a transformée en un diamant de liberté. »

Messadié. Deux ouvrages

« Le Jésus et le Paul de Messadié, du Renan en moins sirupeux, en plus acide. »

Ministère de l’éducation

« 5 octobre 1983) : Je sors de la deuxième séance de travail (comme consultant) au ministère de l'Éducation. Des équipes de cadres des différents services « comparaissent » devant nous. Je vois que le problème est toujours le même : l'administration contre la politique. »

Mort

« La mort, la sienne, est le seul moment de vérité pure, celui qui évacue tout alibi, toute prétention. »

Mort d’un ami

«Mon ami LL que je visite ne sait toutefois pas qu'il n'en a plus que pour quelques jours. Une dizaine, d'après le médecin qui en a informé sa fille, infirmière. Il me répète qu'il n'a aucune peur de la mort. « Mourir, me dit-il, c'est comme sortir du lit. Tu mets un pied dehors, l'autre suit. » Et il fait le geste ! »

Mots et maux

« Marcel Aymé dénonçait, dès 1949, les maux et les mots (à la mode) dont nous souffrons plus que jamais. Il n'a rien empêché, rien bloqué. La dérive du langage continue à charrier le peu de clarté que donnent les mots dans un torrent de confusion. »


N


O


Obéir

« On ne mène et on ne se mène qu'en obéissant. « Obéissance, toujours ; respect à l'esprit seulement », disait Alain. Le marin domine la mer parce qu'il lui obéit. Sinon, il fait naufrage. »


P


Parler pour soi-même

« Tout le monde se prononce au nom de tout le monde. Seule une personne peut parler au nom de l'homme. »

Pascal

« Je note ici la souveraineté de la langue de Pascal. De Montaigne à Pascal, le français a fait un bond vers la perfection. C'est Pascal qui a fixé le français. On ne peut plus lire Montaigne, aujourd'hui, à moins qu'il ait été « toiletté ». »

Pauvres

« La révélation de Jésus la plus importante, je veux dire : « Les pauvres sont évangélisés » (Mt 11, 5) est accomplie. Elle l'est misérablement ; elle l'est de façon historique ; elle l'est dans l'action humaine, mais elle l'est. Tous les chefs d'État, aujourd'hui, font profession d'aimer les pauvres. »

Phrase parfaite

« Vouloir pouvoir espérer. Voilà une phrase parfaite : trois infinitifs. C'est tout le Credo, moins l'amen final. »

Pierre-Jérôme

« C'est avec quelque regret que j'ai repris mon nom civil, en 1961. Mais je n'ai pas quitté l'invocation de saint Jérôme, « le notaire du Saint-Esprit », comme disait Léon Bloy. »

Pilote et mots

« Les mots se laissent dire ; un avion doit être dominé. Si nous gouvernions les mots, comme un pilote est bien obligé de gouverner son avion, il n'y aurait plus de mensonge. »

Pilotes

« Les pilotes me fascinent. Ils ont tous quelque chose de commun : un mélange d'arrogance rentrée, de calme, de certitude. »

Poème : Le lac St-Jean

Le dieu de l'hiver, c'est l'homme (Alain).

Béni sois-tu, Seigneur,

Pour le lac Saint-Jean.

Je te remercie de me l'avoir donné

Gratis.

Il était avant moi

Il sera après moi.

Je te remercie de me donner le pouvoir

De marcher dessus.

Politique vs Évangile

« Le fondement du mensonge politique, c'est de promettre le bonheur pour demain et de charger aujourd'hui de malheur. La politique, de plus en plus, c'est l'envers de l'Évangile. L'Évangile ne promet rien pour demain. L'Évangile est écrit à l'indicatif présent. L'Évangile ne parle pas d'un futur où je ne serai pas ; il parle d'un présent urgent et éternel. »

Ponctualité

« La ponctualité, c'est la fatalité des petits et l'élégance des seigneurs. »

Poste et civilisation

« Si l'on me demandait quelle est la principale caractéristique d'une civilisation, c'est-à-dire un certain état d'organisation sociale, je répondrais : la poste. Or, depuis une vingtaine d'années, au Québec, la poste n'est plus fiable. D'où la prolifération des services privés et très coûteux. Même la poste officielle offre des « services rapides » et très coûteux, parallèlement à ceux qu'elle devrait normalement assurer. »

Prière (1)

« La prière est l'acte le plus efficace que nous puissions faire. Ce que nous faisons ensuite de bon et de profitable tire son efficacité des moments que nous avons passés avec Celui qui, seul, crée. »

Prière (2)

« Dans une extrême angoisse existentielle (J'étais alors condamné par les médecins), j'ai dit au Seigneur : « Utilise-moi pour ta gloire, qui est le salut de l'homme. » Depuis, je n'ai cessé de répéter cette prière. »

Prière à l’Esprit

Depuis des années, je récite tous les jours - et parfois plusieurs fois par jour - le Veni, Creator et le Veni, Sancte Spiritus. Dans la première prière, il est question de « don septiforme » (septiformis munere) ; dans la seconde, du sacrum septenarium….. Il s'agit des sept dons du Saint-Esprit. Les sept dons sont : la sagesse, l'intelligence,  la science, la force, le conseil, la piété et la crainte de Dieu.

Pourquoi écrire? (1)

« Pourquoi écrire ? C'est le titre de la dernière page du dernier livre de Marcel Légaut : Vie spirituelle et Modernité (Le Centurion, 1992). À sa question, il répond : « Pour mieux penser. »

Pourquoi écrire? (2)

« Gide répondait que l'on écrit pour « mettre quelque chose à l'abri de la mort ». Job ne disait pas autre chose : « Ah ! Que soient écrites mes paroles, qu'avec un burin de fer. Qu’elles elles soient pour toujours sculptées sur le roc ! » (19, 23-24). Rilke pousse dans le même sens : « Cherchez le besoin qui vous fait écrire. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? » (Lettres à un jeune poète, Grasset, 1937.)

Pourquoi écrire? (3)

« On pourrait bien dire tout simplement que l'on écrit pour être lu. On n'écrit pas pour les arbres ou pour l'information des galaxies. »

Pourquoi je publie mon journal

« Je publie mon journal pour la raison qui m'amène à lire le journal des autres, car je suis amateur de journaux. Je fais fond sur la curiosité de l'homme pour l'homme. »

Pourquoi lire

« On lit pour se distraire, se divertir; on lit pour s'informer, s'instruire. On lit pour se comprendre et comprendre le monde. »

Pourquoi publier son journal ?

« Pourquoi publier son journal » ? On pourrait, en effet, tenir son journal, pour son profit personnel, pour se peigner l'âme, pour garnir le grenier où l'on ira se ravitailler pour d'autres travaux. »

Prescription évangélique ou civique?

« Bon nombre de prescriptions évangéliques sont assumées par la société, sans porter le label évangélique. Par exemple, le respect des faibles, du moins en ceci que le pouvoir doit au moins faire semblant de les respecter. Autrement dit, nul pouvoir ne peut afficher son mépris des faibles. »

Prier avant de parler

« Je prie toujours avant de parler en public et aussi en cours de rédaction. Au demeurant, puisque la prière agit dans l'éternité, il est possible que, si je dis maintenant : « Sermone ditans guttura », tel vieux texte, telle conférence prononcée il y a longtemps, aient été porteurs de Dieu. »

Produire

« Ce matin encore, je pensais : je vis sans produire. Ni nourriture, ni vêtements, ni abri, ni transport, ni énergie. Les cinq grandes catégories de besoins matériels. Quant aux biens spirituels, quelle est la valeur de ma « production » ? J'appelle ici biens spirituels : la pensée, la beauté, le gouvernement, l'administration, l'amour, la prière. »

Prudence

« Les fauvettes se tiennent loin des fauves. »

Publier. Un choix

« Il est plus brave de publier, tels quels, ses articles passés que de publier ses mémoires, ce qui n'est jamais que distiller ses souvenirs. »


Q


Questions posées à Jésus

« Jésus, quand je te parle, est-ce que je me parle ? N'es-tu pour moi qu'un psychothérapeute glorifié ? N'es-tu que moi me parlant à moi-même ? Ou bien es-tu le Dieu vulnérable « que l'on peut si fort blesser en blessant l'homme », et si vraiment aimer en aimant l'homme ? »


R


Raymond Aron

« Raymond Aron, voici les quatre paramètres de sa pensée politique : anticommunisme, américanisme critique, distinction de la morale et de la politique, souci de se demander : « Que ferais-je à la place de ceux que je critique ? »

Réforme scolaire

« La réforme scolaire, à notre échelle à nous, fut une aventure considérable. Les transformations de cette envergure, même voulues et longuement voulues, engendrent du bon et du mauvais, des profits et des pertes. L'action est toujours impure. Toute autre réforme aurait été impure, elle aussi. »

Réforme scolaire : rôle des Frères et des Soeurs

« À travers ma personne, les frères maristes ont joué un rôle dans la réforme scolaire. Ils en avaient joué un autre bien avant, et avec les autres communautés religieuses de frères et de sœurs, contempteurs du système en place, forceurs et pionniers de la réforme scolaire, avant l'intervention de l'État. »

Réforme scolaire : deux locomotives

« Nul ne peut décemment parler de la réforme scolaire sans mentionner Arthur Tremblay et Paul Gérin-Lajoie. Ces deux hommes, en effet, l'un sur le plan politique, l'autre sur le plan technocratique, ont été les deux locomotives de la réforme scolaire. »

Regretter ses péchés

« Regretter ses péchés, ce n'est pas avoir honte de soi, ce qui est élémentaire ; c'est être peiné d'avoir bafoué l'Amour. »

Religion

« La religion qui appelle Dieu AMOUR est une religion indépassable. En s'incarnant, Jésus a fait le bond définitif, si j'ose dire. »

Réparation

« On peut réparer certains torts, dans l'ordre matériel, surtout. Mais on ne peut pas refaire l'histoire : faire que ce qui a été vécu n'ait pas été vécu. »

Rôle du chrétien

« Rôle du chrétien comme « sel de la terre » : lutter contre ce qui dégrade l'homme ; redonner goût à la vie à ceux qui l'ont perdu. Rôle du sel vis-à-vis des aliments : empêcher la corruption, donner de la saveur. »

Russie

« Il a fallu cinq ans à la révolution bolchevique pour s'implanter ; son implantation a duré soixante-dix ans ; cinq jours ont suffi pour mettre l'empire en pièces. »


S


Silence

« Le silence est un terrible conducteur de sens. »

Snob

« Snob : celui qui attend que son voisin désire quelque chose pour se mettre à le désirer, lui aussi. À noter que l'inversion du snobisme est encore du snobisme. On sait que « snob » est la contraction de sine nobilitate. »

Solitude

« Je me sens oppressé, physiquement et psychologiquement. Et seul, seul, seul. »

Suicide : parmi ses causes

« Les mouvements fondamentalistes, les sectes sont les refuges de ceux qui cherchent des réponses faciles et sommaires à la confusion et à l'incertitude de l'époque. »


T


Technique

« L'humanité est un bébé gardé et menacé par la Technique. Notre technique nous effraie et nous dépasse. Nous ne nous comprenons plus. »

Télévision et tourisme

« La télévision et le grand tourisme sont les deux mamelles de l'existence néo-bourgeoise. La télévision, c'est du grand tourisme sur place ; le grand tourisme, une télévision en mouvement. Sightseeing : consommation oculaire. »

Terrorisme

« Le terrorisme est vil, parce qu'il frappe à l'abri pour ceux qui le pratiquent. »

Textes d’opinion

« Avoir beaucoup écrit et n'avoir écrit que des textes d'opinion est une entreprise dangereuse. Relire ses vieux textes, c'est se faire renvoyer son image d'il y a vingt ou trente ans. »

Texte, sa valeur

« Un texte est utile s'il libère des intelligences sur le plan des concepts, ou des âmes, sur le plan des valeurs et du témoignage. »

Tino Rossi

« 27 septembre 1983 : Tino Rossi est mort cette nuit, à soixante-seize ans. Il fut le premier des grands chanteurs de charme de langue française. Dans les années 30, on copiait les paroles de ses chansons à partir de l'audition à la radio. La radio elle-même n'avait pas dix ans !...... Il a enregistré deux mille chansons ; ses disques se sont vendus à plus de deux cents millions d'exemplaires…… Tino Rossi est apparu presque en même temps que la radio. Il est le premier véritable phénomène de l'ère des mass media. »

Tristesse

« La plainte de Jésus : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. » Son âme n'est plus triste ; elle continue de l'être, cependant, dans tous les désolés. Ce n'est pas Jésus qu'il faut consoler maintenant, mais les tristes qui m'entourent. »


U


Umberto  Eco

« Je lis Le Nom de la rose de Umberto Eco. Ouvrage altier et décontracté. Il cite de longs passages en latin, sans les traduire…. Une érudition époustouflante. Comment un homme peut-il porter un tel ouvrage ? »

Univers concentrationnaire

« 23 juin 1992 : Mort de Virgil Gheorghiu. La 25e Heure est l'un des premiers grands témoignages sur l'univers concentrationnaire. Je l'ai lu à l'hôpital Laval. Le monde n'est guère sorti de la 25e heure. C'est toujours la 25e heure. »


V


Vérité d’un Journal

« Nous voici maintenant devant la question de la vérité d'un journal, de son intégrité et de son intégralité. Est-ce que l'auteur dit tout ? Est-ce qu'il se livre tel qu'il s'est dit lui-même à lui-même, jour après jour, dans ses cahiers ? Je réponds que l'entreprise est impossible. Nul ne peut fixer par écrit la totalité de la conversation qu'il soutient avec lui-même et ce, indépendamment de toute pudeur et de toute forme de secret. De plus, l'auteur n'est nullement tenu de retenir toutes les réflexions, tous les sentiments, tous les jugements qu'il a pu consigner au long des jours et des années.

Vérité et vie tordues

« Le réductionnisme en science ; le fondamentalisme en religion ; le fanatisme en politique, trois manières de tordre la vérité et la vie. »

Vie humaine

« La vie humaine, la vie en société est un vaste circuit de délégations. Les uns sont délégués à l'héroïsme (les saints) ; les autres sont délégués à l'expression (les poètes) ; d'autres sont délégués à la pensée (les philosophes, les écrivains) ; d'autres encore, à l'organisation de la cité (les hommes politiques) ; etc. Mais chaque délégué, à son tour, dépend de plusieurs autres délégations. Je ne peux écrire, par exemple, que si d'autres délégués remplissent leur office. Et cela va jusqu'au vidangeur. »


W


X


Y

Z

F I N


Retour au texte de l'auteur: Jean-Paul Desbiens, philosophe et essayiste Dernière mise à jour de cette page le dimanche 4 octobre 2009 9:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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